mysterium fidei

Le Forum Catholique

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Lycobates -  2013-04-04 01:53:32

mysterium fidei

Je suis entièrement d’accord avec vos analyses, cher N.M.

Étudions les "signes"!
Concernant le "mysterium fidei" dans la consécration du Sang quelques remarques supplémentaires.

Il est clair à mon avis que la simple omission de ces mots dans le NOM (quoique bien entendu gravement illicite! ces mots se retrouvent dans les sacramentaires les plus anciens et les Conciles de Florence en de Trente les ont consacrés comme apostoliques: Romana Ecclesia Apostolorum doctrina et auctoritate firmata semper uti consuevit) eût été moins grave (et moins fatal pour la validité du sacrement) que leur déplacement sournois comme il a été fait par les modernistes.

Je tiens avec St. Thomas (IIIa 78, 3) que ces mots "pertinent ad integritatem locutionis", ce qu’il faut comprendre, je crois, non point dans un sens strictement formel (que ces mots en tant que tels seraient nécessaires pour la validité, c’est impossible, car ces mots manquent dans certains rites non-romains dont ne doutait pas non plus St. Thomas, comme nous le savons), mais dans un sens idéel (que leur sens, ce qui est exprimé par eux, est nécessaire, et que leur omission, leur déviation sémantique, est fatale).

Dans la théologie et par conséquent la liturgie catholique, comme tout le monde le sait, le "mystère de la foi" s’accomplit au moment même où le prêtre validement ordonné prononce "in persona Christi" les paroles du Christ. Il ne fait pas de "narratio institutionis", de récit de l’institution (comme dans l’épître de la Fête-Dieu), il ne bavarde pas (comme dans le NOM), non, il pose un acte, englobé dans le "canon actionis" comme il s’appelle bien significativement. Et pendant cet acte posé consciemment au nom du Christ s’accomplit le mystère, que le prêtre, faible instrument, reconnaît aussitôt, en s’agenouillant, avant même l’élévation, notons le bien: (statim) genuflexus adorat, pour s’agenouiller une deuxième fois après l’élévation et l’adoration par le peuple (ostendit populo ... et genuflexus iterum adorat).

Pour les luthériens, notamment, que je connais bien (ne parlons pas des calvinistes ou zwingliens que certains modernistes doublent encore par la droite), la présence réelle du Christ s’accomplit seulement par la foi de l’assemblée présente.
Pas d’assemblée, pas de Christ. Pas de foi, pas de présence réelle.
Pour eux, il n’y a dans la Messe pas d’action sacrificielle du Christ (vue strictement comme fait purement historique, accomplie une fois pour toutes à Golgotha, sans actualisation, en méconnaissant de façon terrible l’épître aux Hébreux et toute la théologie des Pères, Orient et Occident réunis), ni de mystère actuel propitiatoire, opérant par un signe. Il n’y a que la foi de l’assemblée dans le sacrifice christique accompli qui opère le "miracle", qui reste spirituel, voire symbolique.

Or, le NOM, notre cher père Bugnini (de son aveu explicite dans l‘Osservatore romano du 15.3.1965 d’enlever des rites catholiques "toute pierre d’achoppement" pour ses "frères sépares") que font-ils?
Eh bien, ils ont justement enlevé cette pierre d’achoppement que furent les paroles "mysterium fidei", et qui donnaient cette impression affreuse qu’un mystère s’accomplissait hic et nunc pendant que le prêtre prononçait "secrete, distincte et attente" les paroles consécratoires; leur nouvelle rubrique ne distingue plus typographiquement la forme du sacrement et la génuflexion avant l'élévation a logiquement disparue. Il ne reste que: "Calicem ostendit populo ... et genuflexus adorat. Deinde dicit: Mysterium fidei." Etc.
Leur "mystère de la foi" suit l’élévation et l’adoration. Il n’en est point la source ni la motivation.

Il n’y a donc aucun doute que le NOM, avec ce déplacement de "mysterium fidei", et avec une légion d’autres omissions, déplacements ou ajouts, tout pris ensemble, opère une "intentio sacramento contraria" dans les termes d'Apostolicae curae du Pape Léon XIII (significatio ex adiunctis), comme vous et d’autres, ici et ailleurs, depuis bientôt 50 ans, l’avez bien démontré.
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