A nos amis inquiets

Le Forum Catholique

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Chouette -  2013-03-17 21:28:26

A nos amis inquiets

Les Parisiens et banlieusards sont bienheureux : de magnifiques conférences de Carême sont prononcés dans les églises et nous n'avons que l'embarras du choix.
Pour ma part, j'ai opté pour celles qui sont prononcés dans la chapelle de l'Immaculée Conception, la plus proche de chez moi. Pourquoi m'en priver, alors que sermons et conférences de Carême sont d'une richesse dignes de celles que devaient préférer les grands prédicateurs de la cour des rois à Versailles ?

Aujourd'hui, 4 jours après l'élection du pape, nous avions l'un des prédicateurs, Bossuet des temps modernes, l'abbé Chanut.
Prêtre à la personnalité fort riche, profonde, curé de paroisse dans le "91" dans les années 80 qui accueillait bien souvent mariages et enterrements pour ceux qui souhaitaient des messes tridentines.

Au regard des récents événements dans l'Eglise, il profita du prêche qu'il nous faisait pour parler du nouveau pape : le style est parlé bien sûr, la diction parfaite. Il faut donc, en lisant le texte ci-dessous, vous mettre dans la peau du fidèle entendant ce magnifique prédicateur :



…Avez-vous entendu la première homélie que donna notre nouveau pape, le lendemain de son élection ?
Je cite - ce que j'aurais craint de dire moi-même, il n'y a pas si longtemps, du haut de la chaire -
"Quand on ne confesse pas Jésus-Christ, me vient la phrase de Léon Bloy" - c'est assez badin le premier auteur du monde que cite François Ier soit Léon Bloy !!!
Ça vous serait venu à l'idée, vous ? Le catholique apocalyptique ?
Je n'aurais pas eu ce culot-là, en tout cas pas là, pas à ma première homélie pontificale – (rires et sourires discrets, mais bien réels de l'assistance).

"Celui qui ne prie pas le seigneur prie le diable", voilà ce qu'il cite de Léon Bloy.
"Quand on ne confesse pas Jésus-Christ", continue le pape, "on confesse la mondanité du diable et la mondanité"…
Il est argentin, mondanité, ça n'a pas le même sens qu'à Versailles… Vous l'aurez compris…(là encore, sourires et rires discrets de l'assemblée)

Mais je sens qu'il faut que je vous dise deux mots pour vous rassurer de ce pontificat qui a l'air de vous inquiéter :

Vous avez lieu de vous inquiéter esthétiquement.

Mais pour le reste, qu'est-ce qui pourrait bien vous gêner ? L'option préférentielle pour les pauvres ? Comme Saint Pie X ? Comme le Curé d'Ars ? Comme Saint Vincent de Paul ?

Tout dépend ce que nous appelons pauvreté.

Si c'est faire pauvre, comme nous l'avons subi pendant 50 ans, nous le rejetons tout à fait.

Si c'est être pauvre, à la manière évangélique, c'est toute autre affaire.

Ce curieux pape, premier pape jésuite, nous emmène à une époque très lointaine, c'est à dire à la première compagnie de Jésus, à l'époque où Saint Ignace était un dévôt de saint François d'Assise.

Ce n'est pas le misérabilisme dont il s'agit, c'est de la véritable pauvreté évangélique qui ne peut appauvrir ni la doctrine, ni la morale, ni la parole de Dieu.

Pour le reste :
contre vous, sont coalisés deux ennemis, à l'occasion alliés quand ils ne peuvent pas trouver mieux :
- le marxiste révolutionnaire : et vous avez un adversaire de la théologie de la libération, c'est assez dire.
- et le libéral réformateur : lisez ce qu'il a dit contre le néo-libéralisme et vous serez tout à fait rassurés.

Oui, mais…

Quoi ?
Le précédent pape, dont la mémoire est à jamais glorieuse, nous a fait passé d'un état de ghetto à un état de droit commun : vous étiez une parenthèse miséricordieuse, après on ne sait pas très bien ce que vous avez été. Et puis depuis certain motu proprio dont vous avez entendu parler sans doute, vous êtes dans le droit ordinaire, vous êtes dans le droit normal : qu'est-ce qui va vous arriver ? On va piétiner ce droit ? C'est peu pensable.
Oui, mais, le pape ne nous a donné aucun signe.
Parce que Benoît XVI vous en avait donné avant le motu proprio ? A part une certaine esthétique…

…..

Alors j'ai extrait, dans son audience aux cardinaux du vendredi 15 mars, ce paragraphe, "et cette connaissance et cette ouverture mutuelle nous ont facilité la docilité à l'action de l'Esprit-Saint. Lui, le Paraclet, est l'acteur premier de toute initiative et manifestation de la Foi. C'est curieux, cela me fait penser" – Evidemment, il n'a pas un style écrit, nous avons un pape prédicateur, cela ne nous est pas arrivé depuis longtemps, ça va pas durer, notez-bien, même pour l'Angélus ce matin, il avait déjà un texte écrit et pourtant…

Mais là, il parle, profitons-en, cueillons la fleur, ça ne va pas durer 100 ans.

Cela me fait penser, le Paraclet fait toute les différences dans les églises – vous avez entendu, le Paraclet fait, "face" (le mot latin), toutes les différences dans les églises - et il semble que ce soit un apôtre de Babel.
Mais d'autre part, il est celui qui fait l'unité de ces différences, non dans les qualités, mais dans l'harmonie. Je me rappelle ce père de l'Eglise qui le définissait ainsi : Ipse harmonia est. Le Paraclet qui donne à chacun de nous des charismes différents, nous unit dans cette communauté de l'église qui adore le Père, le Fils et Lui.

Est-ce qu'après avoir dit une chose pareille, avant de déclarer un amour universel pour je ne sais quel mystère vous seriez exclus, vous, de ce grand mouvement ?

Allons…

Il dit dans le même discours aux cardinaux – et je vous le dis à vous – "
ne cédons jamais au pessimisme, à cette amertume que le diable nous offre chaque jour, ne cédons pas au pessimisme et au découragement, nous avons la ferme certitude que l'Esprit-Saint donne à l'Eglise par son Souffle puissant, le courage de perséverer"…

Et bien, jusqu'à la preuve du contraire, persévérons.

Ces bonnes choses étant dites….

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