Ultime tentative

Le Forum Catholique

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Gaudium -  2012-07-28 23:44:32

Ultime tentative

Sur le premier point (l'objet du DLR est-il un bien ou un mal ?), je crains qu'il faille acter notre désaccord, sans quoi nous risquerions vite de tourner en rond.

Je ne crois pas confondre le sujet et l'objet du droit. Le sujet du droit à la liberté religieuse, c'est la personne humaine, seule ou associée à d'autres. Son objet (en soi), c'est l'immunité (civile) de coercition dont doit jouir la personne humaine. L'agir religieux désordonné n'est qu'un objet par ricochet du DLR, jamais voulu en lui-même, nullement autorisé (au sens positif du terme) juridiquement, ni permis moralement, mais simplement toléré. Si vous préférez, ça n'est pas l'objet véritable du DLR.

Je suis d'accord avec vous pour estimer que l'objet d'un droit ne saurait être qu'un bien. Or précisément, l'immunité civile, reconnue comme un droit de l'homme en matière religieuse, n'est pas un mal, mais un bien. Même quand l'homme s'égare. Il est bon qu'il existe dans la société civile un sphère d'autonomie juridique compatible avec l'ordre public. Tout comme est un bien la création par Dieu de la liberté humaine, bien qu'il en puisse résulter le péché. La dignité de l'homme implique que, dans les justes limites de l'ordre public, il ne soit pas empêché d'exercer sa liberté, au risque d'en abuser moralement, et qu'il engage sa responsabilité devant Dieu.

Encore une fois, si la loi civile doit être en accord avec la loi naturelle et surnaturelle, pour autant toutes les exigences de celles-ci ne doivent pas nécessairement être expressément recueillies dans la loi civile. Ce serait même un mal qu'elles le fussent toutes. Le critère, c'est le bien commun. Mais, en matière religieuse comme en matière morale, la liberté de l'homme ne doit être limitée qu'autant que cela est rendu nécessaire en vue du bien commun. La liberté doit rester le principe.

La vraie difficulté est la suivante : quid de l'exercice public de faux cultes qui risquent d'entraîner autrui (surtout les esprits faibles ou peu formés) dans l'erreur ?

La réponse me semble tenir en trois points :
1° Le droit à la liberté religieuse (tel que défini ci-dessus : une liberté civile et négative, avec comme corollaire l'obligation morale de rechercher la vérité et d'y adhérer) est un principe fondamental ;
2° La liberté de l'Eglise (comme liberté positive), de par le mandat divin qu'elle a reçu, d'évangéliser et de convertir est un principe encore plus fondamental (DH 13) ;
3° Les justes limites du DLR, qui ne doivent pas être comprises de manière "positiviste" ou "naturaliste" (Cf. CEC), peuvent et doivent être déterminées de façon d'autant plus restrictives dudit DLR que l'état de la société (en l'occurrence catholique) le permet, selon la prudence politique et en considération du bien commun, restant sauve la substance du DLR.


Pour finir, la doctrine sur la liberté religieuse est un approfondissement de la doctrine de la tolérance, avec un changement d'angle : la question est abordée non plus à partir de l'erreur, mais à partir de la personne humaine et de ses droits fondamentaux. L'Eglise a perçu que la liberté de l'homme (l'immunité civile), requise par sa dignité naturelle et radicale, est toujours un bien supérieur, de sorte qu'il faille, par principe, lui garantir cette liberté et, par accident, lorsqu'il se trouve dans l'erreur, tolérer l'erreur dans les justes limites requises par l'ordre public.

Cordialement,
Gaudium

http://www.leforumcatholique.org/message.php?num=641695