«… un être lumineux, qui ne connaît pas de déclin» (Transfiguration : Bréviaire)

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Alexandre -  2011-08-05 23:06:17

«… un être lumineux, qui ne connaît pas de déclin» (Transfiguration : Bréviaire)


La Transfiguration (Raphaël)


Le 6 août

TRANSFIGURATION DE N. S. JÉSUS-CHRIST

A Matines et Vêpres

Hymne (Prudence: PL 59, 901)
Quicúmque Christum quǽritis,
Oculos in altum tóllite :
Illic licébit visere
Signum perénnis glóriæ.

<i>O vous tous qui cherchez le Christ,
Levez les yeux vers le ciel:
Il vous sera donné d’y contempler
Le signe de la gloire éternelle.</i>

Illústre quiddam cérnimus,
Quod nésciat finem pati,
Sublíme, celsum, intérminum,
Antíquius cælo et chao.

<i>Nous découvrons un être lumineux,
Qui ne connaît pas de déclin,
Très élevé, très grand, sans limites,
Plus ancien que le ciel et que le chaos.</i>

Hic ille Rex est Géntium
Populíque Rex Judáici,
Promíssus Abráhæ patri
Ejúsque in ævum sémini.

<i>C’est là le Roi des nations
Et le Roi du peuple juif,
Promis à notre père Abraham,
A sa descendance immortelle.

Hunc, et prophétis téstibus
Iisdémque signatóribus,
Testátor et Pater jubet
Audíre nos et crédere.

<i>Devant ses témoins, les Prophètes,
Qui jadis l’ont figuré,
Témoignant à son tour, le Père nous ordonne
De l’écouter, de croire en lui.

Jesu, tibi sit glória,
Qui te revélas párvulis,
Cum Patre, et almo Spíritu,
In sempitérna sǽcula. Amen.

<i>Gloire à vous, ô Jésus,
Qui vous manifestez aux petits;
Gloire aussi au Père et au vivifiant Esprit,
Dans les siècles éternels. Amen.</i>


La Transfiguration (Bx fra Angelico)


<i><b>A Matines</i></b>

Premier Nocturne

De la première Épître de saint Pierre, apôtre (1, 10-21)
Mes frères, appliquez-vous davantage à affermir par les bonnes œuvres votre vocation et votre élection; car, en faisant cela, vous ne pécherez jamais, et ainsi vous sera pleinement accordée l’entrée dans le royaume éternel de notre Seigneur et Sauveur Jésus-Christ. Voilà pourquoi j’aurai soin de vous rappeler constamment ces choses, quoique vous les connaissiez et que vous soyez affermis dans la vérité présente. J’estime qu’il est juste, aussi longtemps que je suis dans cette tente, de vous tenir en éveil en vous les rappelant; car je sais que je quitterai bientôt ma tente, comme notre Seigneur Jésus-Christ me l’a fait connaître.

Mais j’aurai soin que, même après mon départ, vous puissiez toujours conserver le souvenir de ces choses. Ce n’est pas, en effet, en suivant des fables ingénieuses que nous vous avons fait connaître la puissance et l’avènement de notre Seigneur Jésus-Christ; mais c’est après avoir été les témoins oculaires de sa majesté. Car il reçut de Dieu le Père honneur et gloire, lorsque la gloire magnifique lui fit entendre une voix qui disait: « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui je me suis complu; écoutez-le » (Mt 17, 5).

Et nous avons entendu nous-mêmes cette voix qui venait du Ciel, lorsque nous étions avec lui sur la sainte montagne. Nous avons aussi la parole des prophètes, d’autant plus certaine, à laquelle vous faites bien de prêter attention comme à une lampe qui luit dans un lieu obscur, jusqu’à ce que le jour vienne à paraître, et que l’étoile du matin se lève dans vos cœurs; étant persuadés avant tout qu’aucune prophétie de l’Écriture ne s’explique par une interprétation particulière. Car ce n’est point par une volonté humaine que la prophétie a été autrefois apportée; mais c’est inspirés par l’Esprit-Saint que les saints hommes de Dieu ont parlé.


La Transfiguration

Second Nocturne

Sermon de saint Léon, pape (Sermon 51, 3. 4. 5: SC 74, 17-19)
Le Seigneur découvre sa gloire devant des témoins choisis et cette condition corporelle qui lui est commune avec le reste des hommes, il l’éclaire d’une telle splendeur que son visage ressemble à l’éclat du soleil et son vêtement égale la blancheur des neiges. Sans doute cette transfiguration a surtout pour but d’ôter du cœur des disciples le scandale de la croix. Ainsi l’humilité de la passion volontairement subie ne doit pas troubler la foi de ceux à qui est révélée l’éminence de sa dignité cachée. Mais, par une égale prévoyance, il donne un fondement à l’espérance de la sainte Église. De la sorte le corps tout entier du Christ reconnaît la transformation dont il sera gratifié, promesse pour les membres de participer à l’honneur qui a déjà resplendi dans la tête.

Cependant les Apôtres, qui doivent être affermis dans leur foi et initiés à la connaissance de toutes choses, reçoivent par ce prodige un autre enseignement. En effet, Moïse et Élie, c’est-à-dire la Loi et les Prophètes, apparurent s’entretenant avec le Seigneur: ainsi s’accomplit très exactement dans cette présence de cinq hommes ce qui est dit: «Toute parole sera ferme, proférée en présence de deux ou trois témoins» (Dt 19, 15 et Mt 18, 16). Quoi de mieux établi, quoi de plus ferme que cette parole? Pour la proclamer, la trompette de l’Ancien et du Nouveau Testament résonne en plein accord et tout ce qui servit à témoigner dans les temps anciens se rencontre avec la doctrine de l’Évangile! Les pages de l’une et de l’autre alliance, en effet, se confirment mutuellement, et celui que des signes précurseurs ont promis sous un voile de mystères, la splendeur de la gloire présente en montre l’évidente manifestation.

Entraîné donc par ces découvertes des mystères saisi de mépris pour les biens de ce monde et de dégoût pour les réalités terrestres, l’apôtre Pierre se laisse emporter à une sorte de ravissement d’esprit dans les biens éternels. Rempli de joie par toute cette vision, il souhaite demeurer là avec Jésus dont la gloire visible le réjouit. Aussi dit-il: «Seigneur, quel bonheur pour nous d’être ici. Si tu veux, faisons ici trois tentes, une pour toi, une pour Moïse, et une pour Élie» (Mt 27, 4). Mais le Seigneur ne répond pas à cette proposition, il veut montrer non certes que ce désir est mauvais, mais qu’il n’est pas dans l’ordre; car le monde ne peut être sauvé que par la mort du Christ. L’exemple du Seigneur invite aussi la foi des croyants à comprendre que, sans avoir à douter des promesses de bonheur, nous devons pourtant, parmi les épreuves de cette vie, demander la patience avant la gloire.



Mont Thabor

Troisième Nocturne

Lecture du saint Évangile selon saint Matthieu (17, 1-9)
En ce temps-là, Jésus prit avec lui Pierre, Jacques, et Jean son frère, et les conduisit à l’écart sur une haute montagne. Et il fut transfiguré devant eux: son visage resplendit comme le soleil, et ses vêtements devinrent blancs comme la neige. Et voici que Moïse et Élie leur apparurent, s’entretenant avec lui. Alors Pierre, prenant la parole, dit à Jésus: «Seigneur, il nous est bon d’être ici; si vous le voulez, faisons-y trois tentes, une pour vous, une pour Moïse, et une pour Élie.» Comme il parlait encore, voici qu’une nuée lumineuse les couvrit; et voici qu’une voix sortit de la nuée, disant: «Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui j’ai mis toutes mes complaisances; écoutez-le.» Les disciples, l’entendant, tombèrent le visage contre terre, et furent saisis d’une grande crainte. Mais Jésus, s’approchant, les toucha, et leur dit: «Levez-vous, et ne craignez point.» Alors, levant les yeux, ils ne virent plus que Jésus seul. Lorsqu’ils descendaient de la montagne, Jésus leur donna cette ordre: «Ne parlez à personne de ce que vous avez vu, jusqu’à ce que le Fils de l’homme soit ressuscité d’entre les morts.»

Homélie de saint Jean Chrysostome (Sur Matthieu 56, 1: PG 58, 549)
Le Seigneur a longuement entretenu ses disciples des dangers imminents, de sa mort et de sa Passion, puis de l’immolation qui les attend; il leur a enjoint bien des devoirs austères. Or, ceux-ci sont pour la vie présente et à leur portée, tandis que la récompense est en espérance et en expectative. Par exemple ce texte-ci: «Pour se sauver, il faut se perdre» (Jn 12, 25), mais encore ceux-là: «Il doit venir dans la gloire de son Père (…). Il leur donnera des récompenses» (Mt 16, 27). Et voulant les convaincre par leurs propres yeux et leur montrer, dans la mesure où il peut leur faire comprendre, ce qu’est cette gloire en laquelle il doit venir, il la leur découvre et révèle au cours de cette vie présente, afin que ni leur propre mort, ni celle de leur Maître ne puissent désormais les affliger, Pierre, surtout, que tourmente cette pensée.

Et vois sa façon d’agir après avoir parlé de la géhenne et du Royaume. Car en disant: «Qui se sauvera, se perdra, et qui se perdra à cause de moi, se trouvera» et en disant: «Il rendra à chacun selon ses œuvres», il désigne ces deux choses. Alors donc qu’il parle des deux, il leur fait voir en quelque sorte le Royaume, mais non pas la géhenne. C’eût été également nécessaire s’il avait eu affaire à d’autres hommes plus grossiers; mais comme ils étaient dignes d’estime et d’âme noble, c’est par le meilleur qu’il les encourage. Il le fait encore de préférence parce que c’est plus digne de lui. Il ne néglige pourtant pas l’autre aspect, et il arrive souvent qu’il mette pour ainsi dire sous les yeux de ses auditeurs les tourments de la géhenne; par exemple lorsqu’il introduit l’image de Lazare, et quand il évoque le serviteur qui a exigé cent deniers.

Toi donc, considère maintenant la vertu de Matthieu, qui ne tait pas le nom de ceux qui lui étaient préférés. Jean agit de même très souvent et décrit en toute sincérité ce qui est à l’éloge spécial de Pierre. Car ni la jalousie ni la vaine gloire ne souillent le collège de ces saints. Jésus ayant pris les principaux, «les emmena à l’écart.» Pourquoi ne prend-il que ceux-là? Parce qu’ils l’emportaient sur les autres. Mais pourquoi le Christ ne les emmène-t-il pas aussitôt? Pour ne pas provoquer chez les autres disciples des sentiments bien humains; aussi ne désigne-t-il même pas le nom de ceux qui doivent monter.


Église de la Transfiguration (intérieur)

A Laudes, hymne

(Bréviaire romain de 1568)
Amor Jesu dulcíssime,
Quando cor nostrum vísitas,
Pellis mentis calíginem,
Et nos reples dulcédine.

O Jésus, notre doux amour,
Quand vous visitez notre cœur,
Vous dissipez les ombres de notre âme,
Et nous pénétrez de votre douceur.


Quam felix est, quem sátias!
Consors patérnæ déxteræ,
Tu vere lumen pátriæ,
Quod omnem sensum súperat.

Heureux celui que vous rassasiez!
Vous qui trônez à la droite du Père,
Illuminant la patrie véritable
D'une clarté de nos sens ignorée.


Splendor patérnæ glóriæ,
Incomprehénsa bónitas,
Amóris tui cópiam
Da nobis per præséntiam.

Splendeur de la gloire du Père,
Bonté que nul ne peut comprendre,
Des richesses de votre amour
Comblez-nous par votre présence.


Glória tibi Dómine,
Qui apparuísti hódie,
Cum Patre, et Sancto Spíritu,
In sempitérna sǽcula. Amen.

Gloire à vous, Seigneur,
Manifesté en ce jour,
Comme au Père et à l'Esprit Saint,
Pour les siècles éternels.
Ainsi soit-il.



Liturgia Horarum (1971)

à Vêpres (Anonyme, IX° s.)

O nata lux de lúmine,
Iesu, redémptor sǽculi,
Dignáre clemens súpplicum
Laudes precésque súmere.

<i>Lumière née de la lumière,
Jésus, rédempteur du monde,
nous t’en supplions, daigne accueillir dans ta clémence
nos louanges et nos prières.</i>

Præ sole vultu flámmeus,
Ut nix amíctu cándidus,
In monte dignis téstibus
Apparuísti cónditor.

<i>Le visage plus flamboyant que le soleil,
les vêtements plus éblouissants que la neige,
sur la montagne tu t’es manifesté
comme le créateur devant de dignes témoins.</i>

Vates alúmnis ábditos
Novis vetústos cónferens,
Utrísque te divínitus
Deum dedísti crédere.

<i>Confrontant les anciens prophètes
disparus aux nouveaux disciples,
tu as donné à tous divinement
de croire en ta divinité.</i>

Te vox patérna cǽlitus
Suum vocávit Fílium,
Quem nos fidéli péctore
Regem fatémur cǽlitum.

<i>La voix du Père venue du ciel
t’a appelé son Fils,
toi que notre cœur fidèle
proclame roi céleste.</i>

Qui carne quondam cóntegi
Dignátus es pro pérditis,
Nos membra confer éffici
Tui beáti córporis.

<i>Tu as daigné jadis revêtir la chair
pour sauver ceux qui étaient perdus:
fais-nous devenir les membres
de ton corps glorifié.</i>

Laudes tibi nos pángimus,
Diléctus es qui Fílius,
Quem Patris atque Spíritus
Splendor revélat ínclitus.

<i>Nous chantons nos louanges
pour toi, le Fils bien aimé,
que révèle l’éclat glorieux
du Père et de l’Esprit.</i>


La Transfiguration par Duccio (National Gallery, Londres)

Missale Romanum, editio typica IIIa (2002)

Collecte
Deus, qui fídei sacraménta in Unigéniti tui
gloriósa Transfiguratióne patrum testimónio roborásti,
et adoptiónem filiórum perféctam mirabíliter præsignásti:
concéde nobis fámulis tuis,
ut, ipsíus dilécti Fílii tui vocem audiéntes,
eiúsdem coherédes éffici mereámur.

Traduction personnelle :
O Dieu,
qui dans la glorieuse transfiguration de votre Fils unique
avez confirmé par le témoignage des Pères la vérité des mystères de la foi
et annoncé d’une façon merveilleuse la parfaite adoption filiale,
faites qu’écoutant la voix de votre Fils bien-aimé lui-même,
nous méritions de devenir ses cohéritiers.

Préface

Vere dignum et iustum est, ǽquum et salutáre,
nos tibi semper et ubíque grátias ágere:
Dómine, sancte Pater, omnípotens ætérne Deus:
per Christum Dóminum nostrum.

Qui coram eléctis téstibus suam glóriam revelávit,
et commúnem illam cum céteris córporis formam máximo splendóre perfúdit,
ut de córdibus discipulórum crucis scándalum tollerétur,
et in totius Ecclésiæ córpore declaráret impléndum
quod eius mirabíliter præfúlsit in cápite.

Et ídeo cum cælórum virtútibus in terris te iúgiter celebrámus,
maiestáti tuæ sine fine clamántes (vel dicéntes) : Sanctus.


Traduction personnelle :
Vraiment, il est juste et digne, équitable et salutaire,
de vous rendre grâces, toujours et en tout lieu,
à vous, Père très saint, Dieu éternel et tout-puissant,
par le Christ notre Seigneur.

Car il a révélé sa gloire aux témoins qu’il avait choisis
et inondé d’une clarté très vive son corps semblable au nôtre,
afin d’écarter du cœur de ses disciples le scandale de la croix,
et de proclamer l’extension à tout le corps de l’Église
de ce qui, en sa Tête, a resplendi d’une façon merveilleuse.

C’est pourquoi avec les armées des cieux,
nous vous célébrons continuellement sur la terre
en chantant (ou disant) sans fin à votre majesté : Saint


La Transfiguration (Bellini, vers 1460 – Musée Correr, Venise)
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