Autour du cardinal Angelo Scola

Le Forum Catholique

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La mouche du coche -  2011-07-11 10:25:07

Autour du cardinal Angelo Scola

Osservatore Vaticanole 09/07/11

Nomination à Venise : l’« hypothèse » Negri

La nomination d’Angelo Scola, patriarche de Venise au siège archiépiscopal (et même, si j’ose dire, « hyper-épiscopal!) de Milan, a fait la joie des vaticanistes italiens : ils étaient certains de cette nomination depuis au moins 6 mois, mais ils ont fait durer le plaisir par des articles à suspense qui passionnent leurs lecteurs : « Deux candidats possibles : Ravasi ou Scola » ; « Peut-être un troisième homme », etc., etc.
En fait, tous savaient que Benoît XVI, très fidèle en amitié quand aucun « manquement » réel ou supposé de la part de l’ami n’est venu s’interposer, ce qui est le cas ici, a toujours beaucoup aimé Angelo Scola. Celui-ci, en 2005, a été l’un de ses grands électeurs les plus efficaces. En le nommant au siège qui est considéré, moralement, comme le premier de la chrétienté après Rome, le pape a rempli un devoir d’amitié et de justice : il a plus nettement encore « mis sur orbite » celui que Jean-Paul II considérait comme son dauphin et pour lequel il a sans doute les mêmes sentiments – ce qui n’est d’ailleurs pas une garantie d’aboutissement : Scola était au pape Wojtyla et est au pape Ratzinger ce que Siri était au pape Pacelli… ce qui a valu à Siri d’être le Poulidor de trois conclaves!
Benoît XVI fait, en outre, revenir Angelo, Milanais de Milan, dans son diocèse d’origine que, disciple et fils spirituel de Don Luigi Giussani, fondateur de Communion et Libération, il avait dû quitter tant il était mal noté par un archevêché devenu un bastion du progressisme italien.
Aujourd’hui, pour les vaticanistes italiens, le petit jeu délicieux recommence pour Venise, gros siège cardinalice à pourvoir. Mais il est plus grisant encore, du moins à ce jour, car ici la boule de cristal reprend tous ses droits : on ne connaît pas les intentions du Pape.
Alors on avance des hypothèses, toutes crédibles, qui partent du principe : il y a eu une nomination à droite ; il y aura une nomination à gauche. La « gauche » serait ici relative : le candidat serait un «progressiste» de la Ratzinguérie, où l’on préfère favoriser les communautés nouvelles plutôt que les soutanes qui refleurissent dans les séminaires de la Péninsule. Ce pourrait être le cardinal Ravasi, Président du Conseil pour la Culture, bibliste un peu bultmannien (néo-néo bultmannien recentré, bien sûr, un hétérodoxe modéré). Ou bien Mgr Parolin, qui avait occupé un poste important à la Secrétairerie d’État (Sous-Secrétaire de la 2ème Section, celle qui traite des « affaires étrangères » du Saint-Siège), avant d’être nommé en 2009, nonce apostolique au Venezuela, en remplacement de Mgr Giacinto Berloco, parti à Bruxelles. Pietro Parolin, fidèle sodanien, faisait cause commune à la Secrétairerie d’État avec Mgr Filoni, Secrétaire un brin tyrannique de la 1ère Section, devenu Préfet de la Congrégation pour l’Évangélisation des Peuples, aussi favorable au mouvement néo-cathécuménal qu’il est défavorable au motu proprio Summorum Pontificum.
Ces candidats sont tout à fait possibles, et d’autres encore. Mais une hypothèse, tout à fait piquante et loin d’être absurde, est aussi en circulation. On sait qu’Angelo Scola, outre l’amitié du Pape, bénéficie d’un réseau d’influences et d’amitiés très important dans l’épiscopat italien et à la Curie. La « volonté politique » ne lui fait pas défaut, même si un tempérament un peu dépressif vient parfois l’assombrir. Lui-même, son ami le cardinal Caffarra, archevêque de Bologne, l’archevêque émérite de Bologne, Giacomo Biffi, et d’autres encore qui ont pour particularité d’avoir jadis soutenu activement Communion et Libération (Scola en était même le premier aumônier) quand ce mouvement comptait en Italie – c’est-à-dire avant l’effondrement de la Démocratie chrétienne – verraient bien un des leurs, patriarche de Venise.
Qui donc ? Mgr Luigi Negri, 70 ans (l’âge de Scola), évêque de San Marino-Montefeldro, intellectuel de bonne qualité, de profonde spiritualité sacerdotale, homme décidé, ratzinguérien fidélissime. Certes, on fait remarquer que, plus naturellement, Negri pourrait accéder à Bologne, quand le siège sera à pouvoir, car Caffarra aura 75 ans dans deux ans. Mais deux ans, c’est bien long sous un pontife qui n’est pas jeune. Et Negri aura alors lui-même 72 ans. Quand à Carlo Caffarra, il a toutes les chances de voir son mandat à Bologne être prolongé lorsque surviendra le terme.

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