une réponse floue un peu en retrait

Le Forum Catholique

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Luc Perrin -  2011-04-12 18:08:48

une réponse floue un peu en retrait

Dans la conférence de janvier, peu après les massacres en Egypte, le cardinal Barbarin n'esquive pas le fait. Il fait l'éloge d'une amitié avec le président du CRCM de Lyon, il appuie l'exemple de l'émir Abdel Kader ayant manifesté du respect pour le culte catholique et ayant sauvé des chrétiens lors des massacres du Grand Liban en 1861.

Au début il pose clairement que le dialogue avec le judaïsme n'est pas sur le même plan que le dialogue avec l'islam. Il dit nettement que pour lui le Coran n'est pas la Parole de Dieu. Il dit plus tard qu'il n'a jamais renoncé à "un quart de centimètre" en matière de doctrine. Il reprend l'exigence missionnaire de l'Eglise et il dit qu'il a été heureux de baptiser des musulmans convertis.

L'épisode de la chahada est édulcoré par la réponse ci-dessus en "prière en arabe" : or il est existe des centaines de prières évoquant la miséricorde, des prières chrétiennes "en arabe". Le motif invoqué par le directeur spirituel d'antan qui avait donné ce conseil au jeune Ph. Barbarin, le Cardinal dit bien "chahada", est de faire entendre des mots familiers à un mourant qui le remettent en face de Dieu. Il dit "bien sûr je l'ai fait" au sens d'avoir appris ladite chahada.
Il donne une autre anecdote qu'il met sur le même plan : un rabbin allant quérir un crucifix pour un soldat chrétien mourant et ils meurent ensemble victimes d'un obus.

Mais le problème est que les 2 gestes ne sont aucunement équivalents car donner une croix n'est pas réciter une profession de foi. Le rabbin n'a pas récité le Credo du peuple de Dieu ou la profession de foi de Pie IV, une abjuration solennelle du judaïsme. De même la citation de Benoît XVI n'autorise en rien une récitation de la chahada pour les raisons données par le cardinal Barabarin lui-même dans sa conférence.

Je vois dans le communiqué volontairement édulcorant du Père de Kermadec, "prière en arabe" au lieu de chahada, mention de la miséricorde alors qu'elle n'est pas dans la chahada, une timide prise de conscience de l'émotion suscitée, à juste titre, par l'écart du Cardinal. Un chrétien ne peut pas réciter la "chahada", pour quelque raison que ce soit, à moins qu'il abjure sa foi chrétienne. Telle n'était pas évidemment l'intention du Cardinal : mêler la chahada à la compassion pour un agonisant est donc hélas typique du confusionnisme des esprits dans l'interreligieux contemporain. [cf. les confusions générées par les diverses rencontres d'Assise]

Assister un mourant par une présence fraternelle, réciter "une prière en arabe" en rapport avec la miséricorde, c'est tout autre chose, louable cela ne fait pas débat et la plupart des personnes, y compris traditionalistes, le comprennent sans grand effort.
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