Les Lefebvristes : il y a un coup d’état contre le Pape, ce n’est pas nous qui sommes les dissidents.
Rome, le 17 février 09
Le Pape « n’est pas seul » : déclaration de Mgr Fellay supérieur des Lefebvristes. « Tous les vrais catholiques, et ils sont nombreux, sont derrière le Pape, ils ne peuvent pas être ailleurs », déclare le prélat –dont l’excommunication a été levée récemment- dans un livre- entretien intitulé : « La tradition, son vrai visage. Qui sont et que pensent les héritiers de Mgr Lefebvre. » (sous la direction de Alessandro Gnocchi et Mario Palmaro pour les éditions Sugarco). Et le prélat d’ajouter : « Nous, nous sommes de vrais catholiques, nous sommes et nous voulons continuer à être les plus ardents soutiens du Vicaire du Christ. Nous ne pouvons pas agir d’une autre manière. Tous ceux qui nous présentent comme des rebelles ne rendent pas témoignage à la vérité ».
« Bien sûr -poursuit Fellay- il y a des questions très importantes et très profondes à débattre, mais ceci n’entame pas notre amour et notre dévouement envers le Saint Père. Nous, nous aimons le Pape, nous voulons le Pape. Nous, nous voulons le Pape dans la plénitude de ses fonctions. Malheureusement, nous constatons que le courant théologique dominant de ces dernières décennies a fomenté un véritable coup d’Etat contre son autorité. De nos jours, les évêques et les conférences épiscopales se mêlent souvent de tout, de l’urgence du traitement des déchets à la crise économique, sauf de la prédication de la doctrine et de la transmission de la Foi. Ils ont adopté un point de vue strictement horizontal en oubliant la dimension verticale. De là vient la désobéissance au Saint Père : lorsqu’il s’agit de sujets d’ordre purement humains, il est logique qu’il y ait des points de vue divergents et même opposés. La prétendue collégialité, cette idée selon laquelle l’ensemble des évêques sont plus importants que le Saint Père, montre ici ses effets. Notre Seigneur n’a pas fondé l’Eglise de cette manière là, Notre Seigneur n’a pas institué les conférences épiscopales. Quand on dit « le Vatican », il faudrait comprendre l’instrument au service du pouvoir pontifical. En fait, on a l’impression que ce dernier s’est métamorphosé en un conglomérat bureaucratique qui neutralise l’autorité du Pape d’une part et qui, d’autre part, exerce un pouvoir qui lui est propre. C’est si vrai qu’on dit souvent ‘le Vatican a dit’, ‘le Vatican fait’, alors qu’en fait on ne sait même pas qui aurait dit, déclaré, affirmé ou fait quelque chose ».
« De nos jours, des prêtres arrivent dans une paroisse et déclarent qu’ils ne sont pas venus pour enseigner mais pour apprendre. C’est doublement dramatique. L’idée de ‘peuple de Dieu’ a fonctionné comme un mythe dirigé contre l’institution et a donné naissance à l’idée selon laquelle le véritable problème de l’Eglise était de se libérer des formes institutionnelles, à commencer par la papauté. Voici pourquoi le rôle du prêtre a été amoindri : parce qu’il a été de tous temps le point central de l’institution sur le terrain, au milieu des fidèles. Ce n’est donc pas un hasard si les seuls prêtres qui, à un certain moment, ont commencé à jouir d’une bonne réputation, étaient les prétendus ‘prêtres gênants’, ceux là mêmes qui contestaient l’institution ». D’après Fellay, l’Eglise a subi un processus de « protestantisation ». Luther, Kant et Marx sont « les trois figures qui ont marqué l’histoire de manière tragique ». Des extraits du livre-entretien du supérieur des Lefebvristes ont été publiés aujourd’hui par ‘Foglio’.