Chers liseurs,

ce sont les posts de Philippeg qui m'on décidée à aborder cette question d'éducation. Elle concerne surtout les familles nombreuses, mais pas seulement elles.

J'ai entendu très souvent des mères de famille expliquer qu'elles ne demandent des services à leurs aînés que le plus rarement possible, parce qu'elles entendent ne pas leur faire assumer le choix de leurs parents d'avoir une famille nombreuse. Ou alors des mères de famille rémunèrent plus ou moins les services rendus par leurs enfants : j'ai ainsi entendu une jeune fille proposer de faire le repassage de sa mère afin de pouvoir se payer une place de cinéma.

Cela me gêne :

Il me semble d'abord que la famille est une communauté à la vie de laquelle, chacun selon ses moyens, doit participer. Il est normal à partir d'un certain âge de mettre le couvert, de passer le balai dans la cuisine, d'aider à ranger les courses... à condition que cela n'empiète pas sur leur vie d'enfant ou sur leur travail scolaire. Lorsque mon aîné gardera ses frères, je ne me sentirai pas obligée de le payer au prétexte qu'il m'aura épargnée le prix d'une baby-sitter. D'autant que cette économie sera remise dans le portefeuille familial et qu'il en profitera d'une façon ou d'une autre...
Si mon fils veut aller au cinéma, je préfère qu'il me le demande (et je pourrais lui payer sa place si je pense qu'il est bon qu'il y aille pour se détendre ou pour une autre raison ). Mais s'il veut faire mon repassage, je ne veux pas me sentir obligée de le rémunérer non plus. Je ne suis pas un employeur, ni un Etat-providence mais une maman. Et mon fils n'est pas un salarié qui travaille en fonction de ses besoins ! Besoins par ailleurs jamais nécessaires (bien que parfois légitimes) puisque le nécessaire est fourni, quoiqu'il advienne, par papa et maman.

D'autre part, et c'est ce point qui me parait primordial, ces services éduquent à la générosité... J'ai entendu plusieurs religieux dire que la baisse des vocations s'expliquait souvent par un manque de générosité. Faire quelque chose qui coûte gratuitement. Cette même générosité que nos enfants devront pratiquer en tant que religieux, ou comme pères et mères de famille. Si tout service appelle rémunération, comment les enfants découvriront-ils les richesses de cette vertu ?

Bien sûr, remercier un enfant "matériellement" pour un service qui lui a demandé un effort particulier, ou après une semaine où il aura été particulièrement sollicité, me parait bienvenu. Mais je suis gênée de voir cette rémunération érigée en règle.
De même si l'appel aux services des enfants doit être mesuré, je ne crois pas qu'il soit bon de le rendre exceptionnel.

Ceci dit j'aimerais avoir d'autres avis sur cette question, il y a peut-être un aspect de la question qui m'a échappée. D'autant qu'elle est encore éloignée des considérations de mes enfants, encore jeunes.