"Entre Pie XI et le futur Pie XII il existait une compensation de caractère : si le premier était plus impulsif, le second était plus réfléchi. Ensemble ils ont créé une équipe qui a travaillé remarquablement » selon le P. GUMPEL.
Eclairage intéressant sur leur façon respective de traiter le malheureux dossier de l'Action Française: Pie XI, plus impulsif, et beaucoup plus autoritaire, s'irrita devant ces catholiques qui suivaient un penseur accusé d'être de coeur un paîen, et deviendra impitoyablement répressif à vue du chiffon rouge du "Non Possumus".
La prudence romaine vis à vis des puissants les plus anti-catholiques: Mussolini, le gouvernement mexicain, Staline, n'était pas nécessaire vis à vis d'un groupement qui - vu de Rome - n'avait aucune chance de prendre le pouvoir, mais qui se mettait en travers de la réconciliation franco-allemande chère à Pie XI et aux démocrates-chrétiens français et belges. C'était si urgent que pour préparer le réquisitoire du Card. ANDRIEU le Pape a totalement court-circuité le Saint-Office, compétent en matière doctrinale, au profit de la Secrétairie d'Etat, compétente en matière de jugements prudentiels.
Ces derniers ont été complêtement retournés neuf ans après par l'assassinat du chancelier DOLLFUSS en 1935 par les nazis autrichiens, mais Pie XI n'avait pas envie de se déjuger, même partiellement, et il laissa ce soin au futur Pie XII "plus réfléchi"... grâce à une lettre d'excuses de l'AF qui n'était certes pas un mea culpa doctrinal, mais qui sauvait la face dans un litige lamentable pour tous les intéressés.