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Causa nostrae salutis Imprimer
Auteur : Abbé Néri
Sujet : Causa nostrae salutis
Date : 2006-12-19 15:12:02

Continuons à méditer les textes des grands maîtres, voici un extrait de la première homélie de saint Jean Damascène sur la Dormition de Marie où il met en lumière l’éclatant mystère de Noël :


" De quel titre t’appeler, ô Souveraine ? De quelles paroles te saluer ?

De quelles louanges couronner ton front sacré et couvert de gloire, toi la dispensatrice des biens, la donatrice des richesses, la beauté du genre humain, la fierté de la création entière, toi par qui cette création est devenue vraiment bienheureuse ?

Celui en effet qu’auparavant elle ne contenait pas, voici que par toi elle le contient.

Celui sur qui elle n’avait pas la force de fixer son regard, elle le « contemple comme dans un miroir, à visage découvert ».

Ouvre, ô Verbe de Dieu, notre bouche lente à parler. Mets sur nos lèvres ouvertes une parole remplie de grâce. Insuffle en nous la grâce de l’Esprit, par laquelle d’humbles pêcheurs deviennent éloquents, et des illettrés disent la sagesse qui dépasse l’homme, pour que notre faible voix, à son tour, réussisse à proclamer, fût-ce indistinctement, les grandeurs de ta Mère très aimée.

C’est elle en effet qui, élue dès les générations antiques, en vertu de la prédestination et de la bienveillance du Dieu et du Père qui t’a engendré hors du temps sans sortir de lui-même et sans altération, c’est elle qui t’a enfanté, incarné de sa chair, « dans les derniers temps », toi la propitiation et le salut, la justice et la rédemption, toi, la vie sortie de la vie, « lumière de lumière, vrai Dieu de vrai Dieu ».

L’enfantement de cette mère fut extraordinaire ; sa naissance dépassa la nature et l’intelligence humaine, et fut salutaire au monde ; sa dormition fut glorieuse, vraiment sacrée et digne d’une religieuse louange.

Le Père l’a prédestinée ; ensuite les prophètes par le Saint-Esprit l’ont annoncée ; puis la vertu sanctificatrice de l’Esprit l’a visitée, purifiée et rendue sainte, et a pour ainsi dire arrosé cette terre.

Toi alors, qui es « la définition et l’expression du Père », tu vins habiter en elle sans être limité, pour rappeler l’extrême bassesse de notre nature à la hauteur infinie de l’incompréhensible divinité.

De cette nature humaine tu reçus les prémices du sang très chaste, très pur et tout immaculé de la Vierge sainte, tu t’es formé une chair vivante avec une âme raisonnable et intelligente, et tu l’as fait subsister en toi-même. Et tu es devenu un homme parfait, sans renoncer à être un Dieu parfait ni cesser d'être consubstantiel à ton Père, mais en prenant sur toi notre faiblesse, par une indicible tendresse.

Et tu es sorti d'elle, toi un seul Christ, un seul Seigneur, un seul Fils, en même temps Dieu et homme, à la foi Dieu parfait et homme parfait, entièrement Dieu et entièrement homme, une seule personne, composée de deux natures parfaites, divinité et humanité.

Ni simplement Dieu ni purement homme, mais un seul Fils de Dieu et Dieu incarné, à la fois Dieu et homme dans la même personne, sans admettre de confusion ni souffrir de séparation, tu portes en toi-même les propriétés des deux natures différentes, unies hypostatiquement sans confusion ni séparation : le créé et l’incréé, le mortel et l’immortel, le visible et l’invisible, le circonscrit et l’illimité, la volonté divine et la volonté humaine, l’activité divine mais aussi assurément une activité humaine, toutes deux libres, la divine comme l’humaine, les merveilles divines et les passions humaines, je veux dire les passions naturelles et non coupables.

Car le premier Adam, tel qu’il était avant la transgression, libre du péché, tu l’as, ô Maître, à cause des entrailles de ta miséricorde, assumé tout entier, corps, âme, esprit, avec toutes ses facultés naturelles, pour gratifier du salut mon être entier, car il est bien vrai que « ce qui n’a pas été assumé n’a pas été guéri ».

Et devenu ainsi « médiateur de Dieu et des hommes », tu as supprimé la haine et conduit à ton Père ceux qui l’avaient quitté : tu as ramené ce qui s’était égaré, tu as éclairé ce qui était enténébré, renouvelé ce qui était brisé, changé en incorruption ce qui était corrompu.

De l’erreur polythéiste tu as délivré la création. Tu as fait les hommes « enfants de Dieu » ; tu as déclaré participants de ta gloire divine ceux qui étaient dans le déshonneur.

Le condamné promis aux enfers souterrains, tu l’as élevé « bien au-dessus de toute Principauté et de toute Puissance » ; condamné à retourner à la terre et à habiter l’Hadès, tu l’as fait asseoir sur le trône royal, en toi-même.

Quel fut donc l’instrument de ces infinis bienfaits qui dépassent toute pensée et toute compréhension ? N’est-ce point celle qui t’a enfanté, la Toujours Vierge ?"



La discussion

 Causa nostrae salutis, de Abbé Néri [2006-12-19 15:12:02]