Cher Justin, la transposition sans vergogne de l'esprit de parti dans ces débats me surprend et me questionne de plus en plus. À croire que c'est la guerre des clans à la sicilienne qui résume pour vous la vie de l'Église.

D'un simple point de vue humain et sans parler de la charité surnaturelle qui devrait prévaloir dans notre approche de ces événements (et dois-je vous rappeler, quant à la charité, qu'on n'est jamais justifié d'en suspendre l'exercice jusqu'à ce qu'on soit assuré de la réciprocité... sinon Jésus ne serait jamais mort pour vous, ni pour moi), il est pourtant évident que ce serait de bien meilleure politique d'avoir le triomphe modeste, et de tendre la main à l'interlocuteur. Au lieu de quoi, tout ce qu'on semble voir jusqu'ici, c'est l'étalage d'un trimphalisme avouons-le un peu puéril. Cinq prêtre et autant de séminaristes, c'est bien beau ("Là oû deux ou trois sont réunis en mon nom..."). Mais admettez qu'il n'y a pas là de quoi se prendre pour le sel de la terre. Ces prêtres devraient avoir l'honnêteté ou l'humilité (au moins l'élégance) d'admettre qu'ils ont aussi fait un bout de chemin sur la route de la réconciliation. Tout ne leur est pas dû et de l'extérieur, c'est pas très sympathique à observer - et vous savez que je suis un sympathisant du VOM et plutôt conservateur dans mes vues.

Aujourd'hui comme hier, je suis d'avis que le pape étant le chef de l'Église, doit être obéi. Ce qui n'empêche pas qu'il puisse commettre des erreurs dans son jugement des personnes et les décisions de gouvernement qu'il est appelé à prendre - encore plus quand il prend des initiatives hardies, ce dont je me réjouis cependant (ce qui prouve qu'il n'est pas ralenti par l'âge). J'espère sincèrement, à voir aller les abbés dont on parle, que le Saint-Père ne s'en mordra pas les doigts un jour, peut-être rapidement. Ils vont devoir apprendre à chanter leur partition originale dans le grand orchestre au lieu de prétendre donner le seul spectacle qui vaille. Je n'adhérerai jamais à cette prétention-là et ils se préparent des lendemains qui déchantent s'ils croient que c'est la mission que Rome leur a confiée. Il y a des limites à se croire le centre du monde. Vous êtes Français, l'histoire devrait vous l'avoir appris à la dure ces derniers siècles. Au bout du compte, étant donné que l'espoir insensé de la FSPX est de se voir accorder toutes ses requêtes par Rome et de pouvoir aprés continuer tranquillement à se ficher de l'autorité de tout autre évêque que les siens, je me demande si ce n'est pas l'idée que se font les abbés Laguérie et autres: ils relèvent de Rome, et ils peuvent faire ce qu'ils veulent en envoyant tout le monde promener! Pas sûr que cette conception de la réconciliation soit très fructueuse.