Le Forum Catholique

Par le célèbre Dominicain (1855 - 1938), fondateur de l'école biblique et archéologique de Jérusalem

Par ailleurs, (très partiellement) numérisé sur le site Wikisource…

La synopse évangélique du Père Lagrange est un fouillis inextricable. Elle n'a aucune valeur probatoire. D'ailleurs elle est entièrement démodée. Je regrette pour ma part qu'on ressorte ces vieux rogatons. Tout le travail de l'école biblique de Jérusalem - progressiste à souhait - ne vaut d'ailleurs guère mieux.

…vous ne lancez plus le tour de France ?

…je la trouve à titre personnel plutôt pratique lorsque l’on souhaite comparer les textes des quatre évangiles entre eux. C’est le principe même d’une synopse, et probablement ce qui lui vaut ce qualificatif de fouillis que vous lui accolez.

Elle n'a aucune valeur méthodique, n'étant pas fondée sur une hypothèse fiable de la composition des évangiles.

d’une synopse n’est-elle pas plus importante que les hypothèses sous-jacentes sur la compositions des différents évangiles ?

À quels endroits le Pères Lagrange se serait-il trompé dans la composition de sa synopse ?

Une bonne synopse ne peut être faite qu'en suivant systématiquement l'ordre de Marc (le plus ancien des évangiles) et de Luc quand (souvent) Marc est absent.
Ce que ne fait aucunement le Père Lagrange.

Le P. Lagrange a choisi de s’appuyer principalement sur l’Évangile selon St Luc. Son argumentation ne me semble pas dénuée de sens :

Comment arriver à la certitude, quand l’autorité des documents est la même, tous étant inspirés par l’Esprit-Saint ? On devra, il faut le reconnaître, se contenter souvent d’une simple probabilité, quelquefois demeurer dans l’incertitude. Un principe directeur s’offre cependant, c’est de préférer en cela l’évangéliste qui s’est proposé un ordre historique à celui qui a mis au-dessus de tout la valeur démonstrative des faits sans insister sur cet ordre. Or il n’est pas douteux que c’est bien dans ces termes qu’on note ordinairement le rapport entre saint Luc et saint Matthieu. Il y a donc quelque lieu de s’étonner qu’après ce grand nombre de synopses, celle du P. Lagrange ait été la première à placer saint Luc avant les autres synoptiques comme guide dans l’arrangement au moins relatif des dates. Cet agencement est d’ailleurs confirmé d’une manière générale par celui de saint Marc. L’ordre des colonnes est donc : Luc, Marc, Matthieu.

Si maintenant on les compare au quatrième Évangile, on remarquera que saint Jean, le disciple de la première heure, l’apôtre bien-aimé, a eu plus de souci encore que saint Luc de fixer des points de repère chronologiques, comme aussi de placer les événements dans leurs lieux. Il devrait donc occuper la première place ; mais l’étroite parenté des synoptiques revendique la présence des trois dans les colonnes de la synopse. Si saint Jean, qui occupe souvent toute la page, vient après eux, c’est plutôt pour préciser la situation que pour marquer une dépendance.

Avertissement de la traduction française.

…vous avez vos propres théories, que la synopse du P. Lagrange est forcément moins « méthodique » que la vôtre.

Il y a eu mieux, depuis, que le Père Lagrange.

…que je ne critique a priori pas la vôtre dont le principe de construction a le mérite d’être simple et logique.

…reste celle de Pascal :

Texte ici.

Le lien correct (désolé)…

La chronologie de Blaise Pascal - je découvre son ouvrage - est apparemment fausse et controuvée et il ne pouvait guère en être autrement, car il ne bénéficiait pas des connaissances historiques dont nous jouissons aujourd'hui. Elle mériterait cependant une étude approfondie.
Elle est d'abord très imprécise, car elle signale volontiers, sans apporter la moindre preuve, le mois et le quantième du mois mais sans indiquer l'année. Or c'est bien l'année calendaire annoncée en années juliennes qui importe d'abord.
Pour la naissance du Christ il précise : "6. Le 25 décembre, an premier du salut, naquit Jésus-Christ en Bethléem, ville de Judée. Sa généalogie est racontée par Salomon, en Matt., I, 1, et, par Nathan, en Luc, III, 23."
Rédaction ambigüe. Parle-t-il de l'an - 1 ou de l'an 1 ? Or tout le monde sait que le Christ est né en l'an - 2, 752 de Rome, quarante-deuxième année de l'empereur Octave-Auguste, d'après les Pères de l’Église, et d'après l'annonce liturgique de la fête de Noël. ICI. D'autre part le Christ descendait de David par Salomon et Joseph, selon saint Matthieu, et de David par Nathan et Marie selon saint Luc.
De même pour la Passion, il est absolument impossible que le Christ ait célébré la Sainte Cène dans la nuit du jeudi au vendredi, jour de la fête juive de Pâque. Ce soir-là il était dans les geôles de Pilate, en train de subir la flagellation et quantité d'autres sévices.
Tout le reste à l'avenant.