«Cours, Ève, vers Marie; mère, cours vers ta fille» (Octave de l’Immaculée)

Le Forum Catholique

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Alexandre -  2016-12-09 23:29:00

«Cours, Ève, vers Marie; mère, cours vers ta fille» (Octave de l’Immaculée)

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« La Colossale » (Immaculée Conception), par Murillo (Musée des beaux-arts de Séville)

Le 10 Décembre

<b>OCTAVE DE L’IMMACULÉE CONCEPTION DE LA B. VIERGE MARIE Troisième jour</b>

<b>Nota:</b> L’octave de l’Immaculée Conception, comme la majorité des Octaves alors existantes, a été supprimée lors de la simplification des Rubriques, en 1955. Cependant, à titre documentaire, on trouvera ci-après les textes des leçons propres de Matines du Bréviaire Romain

Deuxième Nocturne

De la bulle dogmatique du pape Pie IX
(Constitution apostolique Ineffabilis Deus [8 déc. 1854]; cf. DC 101 [2004], 787-788)

Leçon iv
Les termes dans lesquels les divines Écritures parlent de la Sagesse incréée et représentent son origine éternelle, elle a continué de les employer dans les offices ecclésiastiques et dans la liturgie sacrée, et de les appliquer aux commencements mêmes de la Vierge; commencements mystérieux, que Dieu avait prévus et arrêtés dans un seul et même décret, avec l’Incarnation de la Sagesse divine. Mais encore que toutes ces choses connues, pratiquées en tous lieux par les fidèles, témoignent assez quel zèle l’Église romaine, qui est la Mère et la Maîtresse de toutes les Églises, a montré pour cette doctrine de l’Immaculée Conception de la Vierge; toutefois, il est digne et très convenable de rappeler en détail les grands actes de cette Église, à cause de la prééminence et de l’autorité souveraine dont elle jouit justement, et parce qu’elle est le centre de la vérité et de l’unité catholique, et celle en qui seule a été garanti inviolable le dépôt de la religion, et celle dont il faut que toutes les autres Églises reçoivent la tradition de la foi.

Leçon v
Or, cette sainte Église romaine n’a rien eu de plus à cœur que de professer, de soutenir, de propager et de défendre, par tous les moyens les plus persuasifs, le culte et la doctrine de l’Immaculée Conception. Nos prédécesseurs, en effet, se sont fait une gloire d’instituer de leur autorité apostolique la fête de la Conception dans l’Église romaine, et d’en relever l’importance et la dignité par un office propre et par une messe propre où la prérogative de la Vierge et son exemption de la tache héréditaire étaient affirmées avec une clarté manifeste. Quant au culte déjà institué, ils faisaient tous leurs efforts pour le répandre et le propager, soit en accordant des indulgences, soit en concédant aux villes, aux provinces, aux royaumes, la faculté de se choisir pour protectrice la Mère de Dieu, sous le titre de l’Immaculée Conception; soit en approuvant les Confréries, les Congrégations et les Instituts religieux établis en l’honneur de l’Immaculée Conception; soit en décernant des louanges à la piété de ceux qui auraient élevé, sous le titre de l’Immaculée Conception, des monastères, des hospices, des autels, des temples, ou qui s’engageraient par le lien sacré du serment à soutenir avec énergie la doctrine de la Conception Immaculée de la Mère de Dieu.

Leçon vj
En outre, ils ont, avec la plus grande joie, ordonné que la fête de la Conception serait célébrée dans toute l’Église avec la même solennité que la fête de la Nativité; de plus, que cette même fête de la Conception serait faite par l’Église universelle, avec une octave, et religieusement observée par tous les fidèles comme une fête de précepte, et que chaque année une chapelle pontificale serait tenue, dans notre basilique patriarcale libérienne, le jour consacré à la Conception de la Vierge. Enfin, désirant fortifier chaque jour davantage cette doctrine de l’Immaculée Conception de la Mère de Dieu dans l’esprit des fidèles, et exciter leur piété et leur zèle pour le culte et la vénération de la Vierge conçue sans la tache originelle, ils ont accordé, avec empressement et avec joie, la faculté de proclamer la Conception Immaculée de la Vierge dans les litanies dites de Lorette, et dans la Préface même de la messe, afin que la règle de la prière servit ainsi à établir la règle de la croyance.

Troisième Nocturne

Lecture du saint Évangile selon saint Luc (1, 26-31)

Leçon vij
En ce temps-là, l’ange Gabriel fut envoyé par Dieu dans une ville de Galilée appelée Nazareth, à une vierge fiancée à un homme appelé Joseph, de la maison de David; et le nom de la vierge était Marie. L’ange entra chez elle et dit: «Salut, pleine de grâce, le Seigneur est avec toi. Tu es bénie entre les femmes.» A cette parole, elle fut fort troublée, et elle se demandait ce que signifiait cette salutation. Alors l’ange lui dit: «Ne crains pas, Marie, car tu as trouvé grâce auprès de Dieu. Voici que tu concevras dans ton sein et que tu enfanteras un fils, et tu l’appelleras du nom de Jésus.»

Homélie de saint Bernard, abbé
(A la louange de la Vierge Mère 2, 3-5: SC 390, 134-139)
Réjouis-toi, ô Adam, notre père, mais toi surtout, ô Ève, notre mère, exulte de joie. C’est vous qui fûtes les premiers parents de tous les hommes et aussi leurs meurtriers; et, chose plus malheureuse, vous fûtes meurtriers avant d’être parents. Consolez-vous tous deux, dis-je, à cause de votre fille, et d’une telle fille; toi surtout qui fus la première cause du mal dont l’opprobre s’est transmis à toutes les femmes. Proche, en effet, est le temps où enfin l’opprobre sera effacé et où l’homme n’aura plus de reproche à faire à la femme: lui, principalement, qui, s’efforçant de s’excuser imprudemment, n’hésita point à accuser celle-ci avec cruauté en ces termes: «La femme que vous m’avez donnée m’a présenté du fruit de l’arbre et j’ai mangé» (Gn 3, 12). Cours donc, Ève, vers Marie; mère, cours vers ta fille; que la fille réponde pour la mère; qu’elle-même efface l’opprobre de la mère; qu’elle-même donne satisfaction au père pour la mère. Si, en effet l’homme est tombé par une femme, voici que maintenant il n’est relevé que par une femme.

Leçon viij
Que disais-tu, ô Adam? «La femme que vous m’avez donnée m’a présenté du fruit de l’arbre, et j’ai mangé». Ce sont là des paroles astucieuses, par lesquelles tu aggraves plutôt ta faute que tu ne l’effaces. Cependant la Sagesse a vaincu ta malice, quand ayant en vain cherché chez toi, l’occasion du pardon, en t’interrogeant Dieu l’a trouvée dans le trésor de son inépuisable bonté. Ainsi nous est rendue femme pour femme, une prudente pour une insensée, une humble pour une orgueilleuse; celle-ci, au lieu d’un fruit de mort, te fera goûter un fruit de vie, et, à la place de cet aliment toxique d’amertume, elle produira la douceur d’un fruit éternel. Change donc ces termes d’injuste excuse en paroles d’actions de grâces et dis: «Seigneur, la femme que vous m’avez donnée m’a présenté du fruit de l’arbre de vie et j’ai mangé; et sa douceur en ma bouche a été supérieure à celle du miel, parce que par ce fruit vous m’avez donné la vie.» Et voici pourquoi, en effet, l’Ange a été envoyé à la Vierge. O Vierge admirable et très digne de tout honneur! O femme singulièrement vénérable, admirable au-dessus de toutes les femmes, réparatrice de vos parents et source de vie Dour leurs descendants!

Leçon ix
Quelle autre femme te semble-t-il que Dieu ait annoncée, quand il dit au serpent: «Je mettrai des inimitiés entre toi et la femme»? Et si tu doutes encore qu’il ait parlé de Marie, écoute ce qui suit: «Elle-même brisera ta tête» (Gn 3, 15). A qui cette victoire a-t-elle été réservée, sinon à Marie? Elle-même sans nul doute a brisé la tête venimeuse, elle qui a réduit à néant toute suggestion du malin, tant pour les séductions de la chair, que pour l’orgueil de l’esprit. Quelle autre femme donc Salomon recherchait-il, quand il disait: «La femme forte, qui donc la trouvera?» (Pr 31, 10) Certes cet homme sage connaissait l’infirmité de ce sexe, son corps fragile et son esprit mobile. Mais parce qu’il avait lu la promesse divine et qu’ainsi il lui paraissait convenable que celui qui avait vaincu par une femme fût vaincu par une femme, il s’écriait dans son ardente admiration: «La femme forte, qui donc la trouvera?» Ce qui veut dire: Si de la main d’une femme dépend ainsi et notre salut à tous, et la restitution de l’innocence, et la victoire sur l’ennemi, il est absolument nécessaire de prévoir la femme forte qui puisse être capable d’une telle œuvre.
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