Rome, des séminaristes français portés par le pape

Le Forum Catholique

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Jean Kinzler -  2015-05-26 10:51:59

Rome, des séminaristes français portés par le pape

Des séminaristes français, en formation à Rome, disent combien ils sont encouragés dans leur vocation de prêtre par l’énergie et le charisme du pape François, mais aussi rassurés par celui qu’ils ne voient nullement en révolutionnaire prêt à chambouler le dogme.

«Combien de petites phrases de François donnent lieu à des simplifications grandioses! Mais je consulte ses textes complets et je constate son exigence spirituelle», explique ainsi Charles-Louis Soulez, 27 ans.

Ce jeune homme, issu d’une famille plutôt aisée comme trois autres de ses camarades inscrits au Séminaire français, est emblématique de cette attitude plutôt conservatrice chez les séminaristes quand il s’agit de la doctrine catholique.

A quelques mois du synode d’octobre sur les défis de la famille, la continuité en la matière est l’une des obsessions de ces futurs prêtres, interrogés par l’AFP.

Formés sous les pontificats de Jean Paul II et de Benoît XVI, aucun d’eux n’accepterait une révolution dogmatique, et, s’ils vantent «la miséricorde» de François, l’interprétation de certains journaux donnant l’image d’un pape libéral, prêt à fermer les yeux sur le divorce, l’union libre et l’homosexualité leur semble totalement erronée.

«L’enseignement du Christ est intangible. Les journaux jouent sur les oppositions dans l’Eglise. Du coup, j’ai arrêté de les lire», tranche Vincent Balzan, 33 ans.

Ce qui ne veut pas dire qu’ils en oublient la réalité d’une Eglise constamment confrontée à ces questions.

Ainsi, la revendication des divorcés remariés, qui veulent pouvoir accéder à la communion, les touche, car ils en connaissent et seront confrontés à leur situation: «C’est douloureux pour eux et aussi pour nous, on ne peut rester indifférent», reconnaît Cassiel Cerclé, 30 ans.

«L’Eglise porte sa responsabilité dans l’échec des mariages» et le synode éveille un «grand espoir» pour «ces situations de souffrance», ajoute Vincent.

Ces quatre étudiants des universités pontificales racontent combien le charisme et la simplicité de Jorge Bergoglio sont un encouragement pour leur future mission de prêtre, alors que la haute théologie de Benoît XVI ne passait pas en France.

«Je me sens très bien avec ce pape: un de ses charismes est qu’il enseigne par des gestes et des images», explique Cassiel.

«Certes, François tape un peu fort sur le clergé. Mais c’est un appel à notre conversion», à cette nécessité de nous tourner vers les plus faibles, relève le jeune homme.

- «Etre visible pour être accessible» -

A l’élection de François en mars 2013, se rappelle Maxime Deurbergue, 35 ans, prêtre depuis un an, «j’étais très heureux, et je le suis de plus en plus».

«Les conditions seront difficiles, la charge sera lourde» dans une société indifférente, prévoit Cassiel. Mais l’insistance de ce pape «hyper-exigeant» sur «la mission», «l’humilité», «le concret», les non-croyants, lui plaît, même si, lui comme les autres, il se réfère souvent à «la solidité doctrinale» rassurante de Benoît XVI.

«Il fallait trouver un équilibre entre un discours cadré et l’émotivité des jeunes. C’est le style de François: des gestes forts qui font pleurer, rire, et, en même temps, un vrai enseignement», analyse Cassiel, qui sera ordonné dans deux mois à Vienne, dans le département de l’Isère.

«On a besoin d’être une Eglise visible avec des prêtres visibles», insiste Maxime, voyant une différence avec l’après-Concile Vatican II, où «l’enfouissement» du prêtre dans l’anonymat était prisé.

Ils sont parfois interpellés à l’entrée d’églises romaines par des familles françaises curieuses de comprendre ce qu’elles voient et dont elles ignorent tout.

En France, ils disent croiser «rarement l’hostilité individuelle». Mais davantage une hostilité des gens en groupe contre l’institution. Ils critiquent aussi une laïcité réfractaire à l’expression religieuse.

Tous quatre sont parfaitement conscients que leur célibat est incompréhensible à beaucoup. Maxime, historien de l’art, avait des projets de mariage, mais, dit-il, «Dieu en a décidé autrement».

L’équilibre psycho-affectif est jugé par eux très important: un temps de discernement et les années de séminaire le favorisent: «Est-ce que tu es crispé ou pas ? L’objectif, c’est d’être un homme libre», déclare Vincent, pour qui vivre une situation de «mensonge» doit amener à quitter le séminaire.
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