Au 31 janvier, aura lieu le jugement concernant la demande en référé qu’ont fait les autorités de la fraternité St Pie X pour expulser les abbé Héry et Laguérie du prieuré Sainte Marie près de Bordeaux.
Cette expulsion, si elle advenait, (et il faut remarquer que les autorités de la fraternité jouent à un jeu dangereux : celui de rejeter le droit canon pour mettre ces prêtres hors de la fraternité, et d’utiliser le droit civil pour les mettre dehors du prieuré par l’autorité civile), montrerait qu’il y a bien une volonté de se soumettre à une idéologie de purification, plus qu’à la sainte Eglise catholique, et cette même idéologie se débarasse des personnes qui sont un obstacle à la « purification » de la fraternité St Pie X, dont Mgr Fellay a écrit un court communiqué le 14 septembre dernier. Et la conséquence dans les faits, est d’inciter ces prêtres à s’incardiner dans un diocèse, ce qui détruirait concrètement tout leur combat pour les séminaires et cette tendance au jansénisme de la fraternité, s’ils le faisaient. Qu’on en juge : si jamais les abbés Laguérie et Héry étaient mis dehors, le Vatican ne leur proposerait-il pas une place au soleil dans l’Eglise? Et si ces prêtres acceptaient, y étant par le fait même incités par les autorités de la fraternité, se retrouvant à la rue et sans ressources, cela, Suresnes serait trop content de sauter sur l’occasion, pour les dénoncer comme des modernistes à la face du monde tradi saintpiediste, et qu’ainsi tout le monde rentre dans le rang, et ne se dise que finalement ces prêtres sont des vrais mutins qui voulaient nuire à la fraternité St Pie X. Le Vatican y gagnerait aussi, et réduirait les effectifs de la tradition catholique sans concessions, qui écoeurés et scandalisés partiraient. Beaucoup d’Ecclesia Dei ne comprennent pas pourquoi ces prêtres « ne rentrent pas dans le giron de l’Eglise ». Et ces deux prêtres résistent à une pression de la part des autorités de la FSSX, mais aussi de la part de Rome. Ca serait tellement plus facile pour eux d’accepter une incardination. Mais les autorités de la fraternité sont tombés sur un os. Et l’os est difficile à avaler.
Revenons à la cause de cette volonté d’expulser. D’où vient en effet la cause de cette volonté d’expulser et de détruire tous ceux qui s’opposeraient à cette idéologie purificatrice ? Cette cause découle de cette volonté de tout détruire ce qui est vu comme un grand mal pour l’Eglise, ou plutôt la fraternité St Pie X, et les faits conséquents à cette idéologie montrent bien cette cause.

Avant que d’écrire sur l’idéologie en elle-même, prenons un exemple récent, qui va m’amener à écrire sur celle-ci :
Le dernier éditorial de l’abbé de Cacqueray dans la « lettre aux amis et bienfaiteurs », fait un parallèle entre l’attitude d’un prêtre progressiste qui s’est rebellé contre son évêque, avec celle des abbés Laguérie et Héry : On ne nous fera pas prendre des vessies pour des lanternes. Je cite l’abbé de Cacqueray : « L’exemple que donne ce prêtre illustre bien ces extrémités de démagogie et d’anarchie vers lesquelles nous conduisent les principes adoptés à Vatican II (...) Mais, devant les déclarations intempestives du Père Boyer, je ne puis que reconnaître un esprit odieux qui est bien celui de la Révolution. (…) Quant à lui, il plastronne dans les journaux et se laisse encenser par les médias trop heureux de flatter sa vanité et d’aviver ainsi le trouble et le malaise suscités dans le diocèse par sa faute. Son discours facile trouve un écho auprès de tous ceux — et il y en a toujours — qui éprouvent quelque sujet de mécontentement. » Il faudrait peut-être rappeler que comparaison n’est pas raison, et que si les liseurs d’un forum peuvent employer ce procédé pour démontrer quelque chose d’évident et qui saute aux yeux, l’amalgame qu’il fait entre ce prêtre progressiste et l’abbé Laguérie a quelque chose d’odieux car non explicite et de carrément mensonger; les traditionalistes «saintpiedistes» vont sans doute tomber dans le panneau, et croire que les abbés Laguérie et Héry sont des modernistes, ce qui est évidemment faux, les abbés Laguérie et Héry n’ont pas changé d’un iota leurs positions doctrinales et pastorales. Quel est le but de l’abbé de Cacqueray par cet amalgame ? Quand il y a quelque chose à dire, je crois qu’il faut peut-être jouer la clarté. L’abbé de Cacqueray n’est pas un des intervenants du FC. C’est le supérieur du district le plus important de la fraternité, et il n’écrit pas sous le couvert de l’anonymat.
On peut voir en fait dans le dernier éditorial de l’abbé de Cacqueray, une provocation, à l’égard des abbés Laguérie et Héry. Et en effet, il faut se mettre à la place de ceux qui ont été injustement sanctionnés. La méchanceté et l’acharnement provoquera ces prêtres à trouver une compensation ailleurs, et qu’y a-t-il ailleurs, à part la possibilité de se faire incardiner? Les faire craquer… Qu’est ce que les apparatchiks de Suresnes seraient contents de les faire craquer. Ne retrouve-t-on pas les mêmes méthodes employées pour isoler, et réduire l’abbé Aulagnier à des choses que ces prêtres n’auraient pas accepté s’ils s’étaient sentis aimés, même après leur départ, et ces prêtres au caractère fort, qui n’ont pas leur bonne volonté dans la poche, pour se battre pour la sainte Eglise catholique, se retrouvent acculés à ne plus faire autrement que de se faire incardiner dans un diocèse ? Détruire la réputation de « l’adversaire » par des amalgames, et lui montrer objectivement de la méchanceté, alors que ces prêtres ont toujours bonne volonté, pourquoi ? Pour que ces « adversaires » se repentent de leurs actes qui étaient vraiment odieux à ce point ? Pour quoi faire ? Pour que ces « adversaires » qu’ils sont devenus se fassent incardiner dans un diocèse, et ainsi détruire eux-mêmes leur combat « subversif » en les montrant aux yeux du monde comme des modernistes? Inciter « l’adversaire » à faire des concessions au niveau pratique, c’est bien ce qu’a fait l’abbé de Cacqueray dans son dernier éditorial.

On peut le voir dans les derniers communiqués et éditoriaux du site officiel du district de France de la FSSPX, notamment cette instrumentalisation de cette « concélébration » de Campos. Ce sont les mêmes procédés staliniens, pour détruire dans leur réputation ces prêtres, et cela en vue d’abord de purifier la fraternité, et de faire en sorte que les fidèles se coupent et n’écoutent pas la version des subversifs, tellement évidente de vérité, que les autorités sont obligés, (et cela selon eux) d’utiliser des procédés pas très catholiques, pour masquer la vérité, c’est là qu’on voit que le catholicisme a laissé place à une idéologie chez les autorités de ladite fraternité; pour éviter que les fidèles ne se fassent manipuler par les « subversifs » qu’on a mis dehors, car pas assez purs, tels que l’abbé Aulagnier, et ainsi penser autrement que la FSSPX, ou plutôt Mgr Fellay. En cela ils oublient que les fidèles et les prêtres ont le droit de penser par eux-mêmes tout en se soumettant aux dogmes de l’Eglise catholique ; la FSSPX n’a pas l’infaillibilité pontificale, et si les papes qui ont donné des ordres au cours des siècles ne doivent pas être contredits sur les choses essentielles, (en cela certains points de Vatican II ne sont pas acceptables car ils contredisent de manière évidente certains points de l’Eglise professés avant) l’Eglise ne veut pas penser à la place de ses fils, et les opinions sont permises, les dogmes n’étant pas discutables. Est-ce que l’Eglise catholique prêche pour que les fidèles ne pensent pas par eux-mêmes, mais se conforment simplement à la vérité, qu’elle prêche, ce qui est bien différent que de laisser les prêtres penser à la place des fidèles, et qui détruit l’intelligence en fait ? Le fidéisme a été condamné. L’Eglise laisse libre ses fils, pour les opinions, et même les stratégies à adopter pour le salut des âmes. Notre Seigneur lui-même a bien dit aux apôtres de laisser faire les « fidèles » ceux qui étaient avec Lui. L’abbé de Cacqueray, qui a écrit cela: « les décisions et actes de Monseigneur Fellay ne peuvent ni ne doivent être remis en cause par une façon de penser différente de l’un ou l’autre de ses subordonnés », croit rendre service à l’Eglise en rendant d’abord service aux autorités, alors même qu’il ne rend pas du tout service dans les actes et les conséquences à la fraternité St Pie X, et aux fidèles.

L’idéologie dans cette crise consiste en quoi ? Elle consiste à se couper du réel, pour se soumettre inconsidérément à des idées belles, et qui surpassent d’autres idées qui semblent moins belles. Ces belles idées, et ce ne sont pas des dogmes de fois, si l’on y regarde bien, dans la crise de la fraternité consistent à considérer que le salut des âmes est absolument nécessaire certes, mais qu’il faut être vraiment « des purs » avant que de s’occuper des autres, quelque chose de presque inaccessible aux âmes, pour se sauver. Le salut est difficile, très difficile, et il faut se purifier pour aller au ciel, se purifier en essayant d’abord d’être sans défaut, plutôt que de plaire à Dieu. C’est vraiment ça, concrètement parlant, même s’ils ne le disent pas encore ouvertement. On va finalement faire passer la pureté de l’âme avant toute chose, la pureté qu’ils idéalisent et qu’ils voudraient faire passer chez tous les fidèles et les prêtres, à cause de cette conception du salut de l’âme inaccessible, même en ce monde, au lieu de prendre le vrai moyen de se sauver, qui est de « foncer vers Dieu », comme l’a si bien dit Mgr Williamson le 17 octobre. Cela entraîne donc à se chercher soi plus que Dieu, et finalement à se couper de Dieu, en ce sens que « (…) très souvent il y a trop de la recherche de soi mêlée à la recherche de Dieu. Nous sommes de pauvres bougres, il ne faut pas l’oublier. Il faut chercher Dieu, et foncer vers Dieu. » (Mgr Williamson le 17 octobre). Foncer vers Dieu, par l’application de son devoir d’état, sans se rechercher soi-même et en s’oubliant, mais en cherchant à faire plaisir à Dieu d’abord, et cela malgré les chutes, voila le vrai catholicisme. Je vais peut-être en choquer, mais il faut d’abord chercher à faire plaisir à Dieu, qu’à tous prix éviter de retomber dans les chutes. La charité est plus importante que de ne pas retomber, s'il fallait choisir entre les deux. Notre Seigneur l’a montré dans l’évangile tout au long de sa vie publique. Rien que deux faits le prouvent. Lorsque Notre Seigneur, lors de l’épisode où Ste Marie Madeleine qui essuie de ses cheveux les pieds de Notre Seigneur, Notre Seigneur dit d’Elle : « Il lui sera beaucoup pardonné, car elle a beaucoup aimé ». Et lorsque la femme adultère va se faire lapider, il dit aux pharisiens: «Que celui qui a jamais péché lui jette la première pierre », et à la femme adultère: « Je ne te condamne pas non plus. Va et ne pèche plus. »

Il y aurait beaucoup à écrire sur les facettes de cette idéologie, mais l’essentiel est bien dans ce qu’a dénoncé Mgr Williamson, à savoir qu’il y a trop de recherche de soi mêlée à la recherche de Dieu, et qu’il faut répondre à cette idéologie, qui s’écarte pour l’instant dans les actes, du catholicisme, que le salut des âmes n’est concrètement pas si difficile que cela : il suffit d’appliquer les commandements de Dieu, point barre; cela relève aussi essentiellement d’un manque d’espérance (il y a une grande logique dans l’attitude des autorités de la fraternité), qui consiste à ne plus faire confiance en Dieu, et croire que dans ce monde, qui est cruel certes, nous n’avons pas toutes les grâces nécessaires au salut, ou du moins celles-ci deviennent rares. On finit aussi par insister sur des apparitions privées, alors que l’Eglise n’a jamais fait obligation de croire sous peine de péché à ces apparitions : tout est logique. Donc il faut des purs, sinon, la FSSPX, et même l’Eglise, est perdue. Logiquement, c’est par une effroyable bonne volonté que les autorités en sont arrivées là, et qu’elles sont prêtes à continuer, à renvoyer l’abbé Laguérie en moins de deux mois pour des broutilles. C’est pour sauver la fraternité de ces « libéraux et révolutionnaires » que celui-ci a été renvoyé, la lettre concernant les séminaires était un prétexte, de même que pour le cas de l’abbé Héry qui est encore plus évident. Cette idéologie fait perdre le bon sens et même le sens des choses de Dieu dans la gestion des prêtres et des fidèles, à ces autorités qui ne sont là qu’au service des fidèles, par une autorité de suppléance.
Et cette idéologie concerne et influence les fidèles et les prêtres. L’essentiel donc de mon opinion là-dessus, c’est que cette idéologie n’est pas catholique, qu’elle consiste à rechercher plus à faire des âmes sans défauts, qu’à faire rechercher Dieu par les âmes qui sans Dieu ne sont rien, et les autorités de la fraternité St Pie X sont déterminés à l’imposer, sous peine de mort de la fraternité selon eux, qui doit être parfaite, et exempte de parasites qui nuisent à la fraternité, et donc à l’Eglise. Le cœur du problème se situe ici, sans aucun doute. L’idéologie fait perdre le bon sens, et comme toute idéologie, elle s’impose par la terreur, n’ayant pas d’autre ressort que l’obéissance à Mgr Fellay, car ne s’appuyant pas sur une réalité objective, elle ne peut s’imposer autrement. En ce sens cette idéologie met la révolution dans la fraternité, et ce n’est pas deux prêtres qui mettent cette révolution dans la fraternité, c’est la vérité gravement bafouée par l’idéologie de purification que rien ne doit arrêter, pas même Mgr Willamson, qui met la révolution. Cette idéologie a besoin du moindre faux pas des « adversaires » pour montrer une partie de la réalité, et ainsi montrer que l’idéologie a plus raison que la réalité, comme toute idéologie. D’ailleurs à ce sujet, pourquoi employer le terme idéologie ? Peut-être que l’idéalisme serait plus à employer, si le terme n’avait pas derrière lui un côté bon enfant (Idéaliser quelqu’un). Mais le terme le plus approprié est certainement celui d’idéologie, car pour celle-ci on sacrifie les meilleurs éléments d’une société. Sous Staline, les gens intelligents, qui pouvaient donc nuire au parti se sont fait envoyer en Sibérie (Le Mexique est une solution comme une autre). L’idéologie d’abord, le réalisme et l’intelligence ensuite, dans la suite logique de ce qu’est une idéologie.

A suivre,...