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Mgr Gherardini à l'honneur "soumettre Vatican II à un examen critique" Imprimer
Auteur : Dominique Bro
Sujet : Mgr Gherardini à l'honneur "soumettre Vatican II à un examen critique"
Date : 2010-06-08 15:47:42

Golias, La Nef, tout le monde en parle.
Dans Paix liturgique :

LA FIN DES IDÉOLOGIES DOCTRINALES (ET LITURGIQUES) : Le Concile Oecuménique Vatican II. Un débat à ouvrir de Mgr Brunero Gherardini, lettre 233 -

Il nous semble important de recommander la lecture de cet ouvrage, qui certes ne concerne pas directement le problème liturgique de la résolution duquel nous avons fait notre œuvre prioritaire – résolution heureusement commencée par le Motu Proprio Summorum Pontificum –, mais qui concerne le problème de l’autorité du concile Vatican II. En effet, plus ou moins légitimement, la refonte liturgique radicale du rite romain dite « réforme de Paul VI » à la fin des années soixante, se réclame du Concile et surtout de « l’esprit du Concile ».
Il nous a paru que le plus judicieux était de présenter ce livre important en rapportant le résumé qu’en avait fait son auteur lui-même sur un site ami d’excellente qualité théologique, DISPUTATIONES THEOLOGICAE (http://disputationes.over-blog.com/article-31133534.html, dans un article du 7 mai 2009, intitulé : « La valeur magistérielle de Vatican II ». Ce résumé (comme le livre lui-même) est un peu technique. C’est inévitable pour une matière aussi délicate : nous avons souligné en gras les conclusions très claires de Mgr Gherardini.

[...]
II - LES REFLEXIONS DE PAIX LITURGIQUE

Qu’il nous soit permis d’ajouter quelques remarques pour confirmer l’importance de cet ouvrage :

1°/ Comme le Motu Proprio de 2007 disait que la messe traditionnelle n’avait jamais été abolie, le livre de Mgr Gherardini montre que, 45 ans après le Concile, une interprétation de Vatican II qu’on avait tenté d’occulter, reste pleinement vivante et agissante. C’est l’interprétation de la minorité conciliaire. Dans son très important discours à la Curie romaine du 22 décembre 2005, Benoît XVI a valorisé une « herméneutique de continuité » (pour faire bref : la sienne, celle du P. de Lubac, etc.) contre une « herméneutique de rupture » (celle de Hans Küng, de Karl Rahner, du P. Congar, etc.). Le Saint-Père n’a nullement exclu d’autres interprétations, notamment celle très proche de l’« herméneutique de continuité », que l’on pourrait qualifier d’« herméneutique de Tradition », qui fut représentée au Concile par le cardinal Ottaviani, le cardinal Siri, Mgr Lefebvre, Mgr Carli, etc., et qui est représentée aujourd’hui par Mgr Gherardini. Les travaux de l’historien Luc Perrin (« Coetus internationalis Patrum et la Minorité à Vatican II », Catholica, printemps 1999), et aussi, entre autres, ceux de Roger Aubert et Claude Soetens (t. 13 de l’Histoire du christianisme, Desclée, 2000) ont montré l’influence qu’a eu malgré tout la minorité conciliaire dans l’élaboration finale des textes conciliaires : les successeurs intellectuels de la minorité conciliaire ont donc, eux aussi, le droit de les interpréter, et ce d’autant plus qu’ils s’adossent à la tradition bimillénaire du magistère.

2°/ Le livre de Mgr Gherardini clôt en outre un faux débat, qui à vrai dire n’a jamais existé qu’à l’intérieur du traditionalisme, celui de l’infaillibilité de certaines « nouveautés » conciliaires. Mgr Gherardini prend position très clairement : « Il s’agit d’un Concile qui, par principe, a exclu la formulation de nouvelles doctrines dogmatiques. […] L’enseignement [de Vatican II] ne peut être dit infaillible et irréformable que là où se trouve un enseignement défini précédemment ». Autrement dit, ce concile « pastoral » (sans « volonté de définir », dit Mgr Gherardini), ne doit être reconnu comme infaillible que lorsqu’il répète le dogme antérieur.

3°/ En outre, Mgr Gherardini n’hésite pas à parler de révision éventuelle de certains textes du Concile : « Les doctrines de Vatican II dont la nouveauté apparaît soit inconciliable avec la Tradition, soit opposée à elle, pourront et devront être sérieusement soumises à un examen critique sur la base de la plus rigoureuse herméneutique théologique ».

4°/ Bien que ce ne soit pas l’objet de ce livre, il explique indirectement ce qui s’est passé après le Concile : dans la mesure où celui-ci s’est abstenu d’enseigner de manière absolue, un raz-de-marée dévastateur a recouvert tout le magistère antérieur et postérieur, comme si l’enseignement le plus élevé dans l’Église (c'est-à-dire l’enseignement infaillible sous sa forme de magistère solennel ou bien l’enseignement infaillible sous sa forme de magistère ordinaire et universel) avait cessé d’exister. On pense à la grande querelle autour d’Humanae vitae, qui a donné lieu à une montagne de livres, thèses, articles à propos de l’autorité (plus exactement pour démontrer l’absence d’autorité) du magistère suprême. Cette production, pratiquement inconnue dans le monde traditionnel, et dont le point d’orgue est en France le livre de Jean-François Chiron, L’infaillibilité et son objet (Cerf, 1999), remet pratiquement en question toute l’autorité du magistère suprême de l’Eglise.

5°/ Or, l’autorité absolue que B. Gherardini dénie à Vatican II s’est cependant transmuée, comme il le remarque subsidiairement, en une autorité bien plus absolue qu’une autorité dogmatique. Il y a d’ailleurs un parallèle frappant avec la liturgie : la nouvelle messe a-rituelle et a-normative est devenue comme par enchantement au maximum obligatoire. Dans le flou et le vague les plus complets, « l’esprit du Concile » en matière doctrinale et en matière liturgique a pris valeur de magistère absolu. Il faudrait « avoir l’esprit du Concile », bien au-delà de sa lettre, c'est-à-dire bien au-delà de ses textes proprement dits, dont Brunero Gherardini nous explique qu’ils sont, du point de vue de l’autorité, respectables mais pas absolus. De même, on s’en souvient, jusqu’au Motu Proprio Ecclesia Dei de 1988 et surtout jusqu’au texte libérateur qu’a été le Motu Proprio Summorum Pontificum de 2007, il était pratiquement obligatoire de tenir la nouvelle liturgie pour obligatoire…

Le cardinal Ratzinger avait parlé de « super-dogme » à propos de Vatican II (conférence devant les évêques du Chili, 13 juillet 1988). Il a aussi pu parler de « super-liturgie » à propos de la messe nouvelle. C’est là le grand apport de l’ouvrage de Brunero Gherardini : il permet de comprendre comment on est passé d’un concile non infaillible à un « esprit du Concile » (qui s’étend à la liturgie) super-infaillible. Ce passage a toutes les caractéristiques bien connues de l’établissement d’une dictature idéologique. Mais lorsque la voix des Soljenitsyne commence à s’élever publiquement les jours de l’idéologie sont comptés.


III - L'ARTICLE DE MGR GHERARDINI La valeur « magistérielle » de Vatican II du 7 mai 2009 publié dans Disputationes Theologicae
(traduction française Matthieu Raffray)

[...]

EN RESUME DONC JE DIRAIS que :

• Le Concile Œcuménique Vatican II est sans aucun doute magistériel ;

• Sans aucun doute non plus, il n’est pas dogmatique, mais pastoral, puisqu’il s’est toujours présenté comme tel ;

• Ses doctrines sont infaillibles et irréformables là seulement où elles sont tirées de déclarations dogmatiques ;

• Celles qui ne jouissent pas de fondements traditionnels constituent, prises ensemble, un enseignement authentiquement conciliaire et donc magistériel, bien que non dogmatique, qui engendre donc l’obligation non pas de la foi, mais d’un accueil attentif et respectueux, dans la ligne d’une adhésion loyale et déférente ;

• Celles, finalement, dont la nouveauté apparaît soit inconciliable avec la Tradition, soit opposée à elle, pourront et devront être sérieusement soumises à un examen critique sur la base de la plus rigoureuse herméneutique théologique.
Tout ceci, cela va sans dire, « Salvo meliore iudicio ».
Brunero Gherardini


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La discussion

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