Le Forum Catholique

http://www.leforumcatholique.org/message.php?num=938432
images/icones/neutre.gif  ( 938432 )Lettre au Saint Père par Roger (2022-01-14 20:26:39) 

Je partage avec vous ce modèle que j ai trouvé sur internet :


Très Saint-Père, 

Chrétiens de tous horizons, nous aspirons à voir l’Eglise que nous aimons cheminer toujours plus avant, dans la paix ; nous savons combien celle-ci est un bien précieux et fragile. Tout comme est précieuse et fragile sa petite sœur qu’est l’unité. 

Aussi, nous n’avons pas compris. 

Nous n’avons pas compris comment le motu proprio « Traditionis custodes » pouvait nous faire avancer ensemble sur ce chemin de l’unité et de la paix. 

Nous n’avons pas compris comment le trouble profond, né dans le cœur des prêtres, des séminaristes, des fidèles attachés aux célébrations liturgiques selon le Missel romain de 1962 – trouble qui va bien-au-delà des communautés « traditionnelles » et touche de nombreux chrétiens, abasourdis par la rigueur implacable du texte – pouvait faire grandir la paix. 

Nous n’avons pas compris comment le droit de cité drastiquement restreint, pour cette liturgie et tous ceux qui y sont attachés, pouvaient faire grandir l’unité. 

Dans la maison commune, tous sont égaux, tous sont frères. L’église est trop maternelle pour qu’il y ait en son sein des citoyens de seconde zone, des enfants mal aimés – soumis à un strict régime de restrictions draconiennes, permissions minimales, disparition déjà programmée. 

Le peuple de Dieu n’a pas été consulté pour cette grave décision ; mais le peuple de Dieu, avec sa simplicité et sa franchise, avec tout son filial respect et son amour, vient à vous, très Saint-Père, pour vous dire son incompréhension et sa peine, et pour vous demander d’y remédier, comme un père. Pour que, dans la saine et légitime diversité des mille visages de l’Eglise, continuent de grandir la paix et l’unité. « Conservons l’unité de l’esprit par le lien de la paix !  » (Eph, 4,3) : tel est notre vœu le plus cher.

images/icones/5b.gif  ( 938451 )Temps perdu par Aliocha (2022-01-15 08:41:50) 
[en réponse à 938432]

Pardonnez-moi de vous le dire. Le destinataire n'en a rien à faire
Ceci dit le texte est très bon
images/icones/fleche2.gif  ( 938458 )Ce pontificat est une véritable bénédiction paradoxale. par Scrutator Sapientiæ (2022-01-15 09:36:40) 
[en réponse à 938451]

Bonjour Alicia,

L'envoi de cette lettre au pape n'est peut-être pas du temps perdu.

Mais, par ailleurs, il convient de souligner ce qu'il y a de positif, depuis mars 2013 : parmi les catholiques qui veulent bien s'informer, presque plus personne ne peut dire qu'il ne sait pas ce que cela donne, quand on élit pape un rupturiste décomplexé, et surtout presque plus personne ne peut dire qu'il ne sait pas ce qu'est la vraie nature, ou le vrai visage, du néo-catholicisme post-conciliaire.

En ce sens, et sous cet angle, ce pontificat constitue une véritable bénédiction paradoxale, qui contribue grandement à l'ouverture des yeux des catholiques qui, encore une fois, veulent bien s'informer, un tant soit peu, sur des piliers du néo-catholicisme post-conciliaire qui ont commencé à se manifester dès le milieu des années 1960 : la débonnaireté et le libéralisme, presque tous azimuts, ad extra, ainsi que l'autoritarisme et la désinvolture, à géométrie variable, ad intra.

Donc, n'ayons pas peur... de remercier François, car grâce à lui nous voyons bien sur quoi débouche l'exploitation de certaines des virtualités présentes dans l'esprit du Concile, au bout d'un demi-siècle...

Nous sommes en présence d'un pontificat qui donne un regain ou un surcroît de sens au combat, pacifique, et non pacifiste, en faveur du catholicisme traditionnel, en ce qu'il précise ou rappelle que ce n'est certes pas pour des raisons accidentelles ou conjoncturelles inhérentes aux années 1960-1970 que le néo-catholicisme post-conciliaire est, notamment, anti-traditionnel.

Bonne journée.

Scrutator.
images/icones/neutre.gif  ( 938464 )Pas nécessairement par Roger (2022-01-15 10:16:41) 
[en réponse à 938458]

Merci cher Scrutator pour votre analyse

Je ne la partage pas car je pense plutôt que les clercs et les fidèles se divisent en deux camps : les partisans de la rupture qui croient que le Concile a créé une nouvelle Église ..et ceux de la continuité qui soutiennent que e Concile s est limité à de simples réformes...

François serait plutôt sur la première ligne. Jean Paul II et BenoîtXVI sur la seconde.
images/icones/fleche2.gif  ( 938466 )Les uns et les autres oublient-ils l'avant-Concile ? par Scrutator Sapientiæ (2022-01-15 10:47:18) 
[en réponse à 938464]

Bonjour et merci, Roger,

D'une part, les continuistes et les rupturistes oublient-ils tout ce que le Concile et eux-mêmes doivent à un avant-Concile, philosophique et théologique, qui, dès les années 1930, a été marqué par l'apparition du néo-catholicisme, lequel est, notamment, oecuméniste et personnaliste, Vatican II, sous cet angle, n'ayant pas été le commencement du commencement, mais ayant été une instance d'accélération, d'amplification, de légitimation et d'officialisation de tout un courant, une instance commune aux continuistes et aux rupturistes ?

D'autre part, ne faut-il pas se déprendre de l'illusion d'optique d'après laquelle les continuistes sont moins conciliaires que les rupturistes, alors que Jean-Paul II a été encore plus conciliaire ad extra que Paul VI, et alors que Benoît XVI l'a été à peine moins, sinon presque autant que lui ?

Je précise qu'il ne s'agit que de questions, que je partage sans imposer les éléments de réponse auxquels je souscris...

Bonne journée.

Scrutator.
images/icones/neutre.gif  ( 938472 )Sont ce les bonnes questions ? par Roger (2022-01-15 11:36:12) 
[en réponse à 938466]

Pas certain.

Voyez mon autre message : ces gens ne sont pas des philosophes ni même des intellectuels.

La philosophie n est plus qu une discipline scolaire
images/icones/hein.gif  ( 938521 )Que reprochez-vous au personnalisme ? par Paterculus (2022-01-15 18:44:38) 
[en réponse à 938466]

Cela m'intéresse, d'avance merci pour votre réponse.

Votre dévoué Paterculus
images/icones/fleche2.gif  ( 938544 )Quelques éléments de réponse. par Scrutator Sapientiæ (2022-01-16 09:14:15) 
[en réponse à 938521]

Bonjour Paterculus,

Je n'ai rien contre le véritable personnalisme chrétien, en quelque sorte ante-kantien ou non kantien, chaque chrétien ayant vocation à porter, en lui, dans son esprit, dans sa vie et autour de lui, le sens chrétien du respect et du souci de la dignité et de la liberté de la personne humaine, dans le respect et le souci concomitants de la foi surnaturelle et de la loi naturelle.

Mais je n'ai pas grand-chose pour le personnalisme contemporain, pour ainsi dire philo-kantien ou post-kantien, dans la mesure où il semble vraiment que celui-ci ne soit pas très propice à une réaction de défense, face à la survalorisation contemporaine de la sincérité, au préjudice de la véracité, et face au subjectivisme, probablement davantage dans le domaine de la religion que dans celui de la morale.

Mounier étant mort en 1950, d'une part, il est plutôt moins personnellement responsable que d'autres dans la poursuite, dans les années 1950, de la pre-configuration des esprits qui a conduit au néo-catholicisme, intra-conciliaire puis post-conciliaire, et, d'autre part, il va de soi que nous ne saurons jamais ce que serait devenu "le personnalisme de Mounier", au sens strict du terme.

En revanche, nous savons bien ce qu'est devenu le courant personnaliste, et alors là, de deux choses l'une : ou il est possible de juger l'arbre à ses fruits, ou il est possible de se dire que l'arbre, dans ce qu'il a (eu) de catholique en plénitude, a été mal compris, mal servi ou mal suivi par ses fruits, puisque le courant personnaliste à contribué, avec d'autres, à l'immanentisation et à la sécularisation de la réflexion chrétienne catholique.

Voici quelques éléments de réponse, je vous remercie pour leur bienveillance et votre compréhension à leur contact et vous souhaite un bon dimanche.

Scrutator.
images/icones/ancre2.gif  ( 938548 )Merci beaucoup ! par Paterculus (2022-01-16 11:40:48) 
[en réponse à 938544]

Si je comprends bien, ce que vous condamnez (ou refusez), c'est davantage le subjectivisme que le personnalisme, parce qu'on a fait progresser le premier sous le nom du second.

Pour moi je vois dans le personnalisme une réponse au collectivisme. Pour celui-ci, le réel c'est le tout. Pour celui-là, le réel est l'être individuel, la substance autrement dit, celle-ci faisant partie tout de même d'ensembles ayant eux-mêmes leur degré de réalité. Et pour l'homme la substance est une personne qui par sa relation personnelle à Dieu, l'emporte sur la collectivité. Cependant, une personne a une dimension communautaire et ne s'accomplit vraiment qu'en cultivant ses relations aux autres personnes en fonction de leur propre relation à Dieu.

Vous comprenez pourquoi votre affirmation m'avait surpris...

Encore merci.
VdP
images/icones/fleche2.gif  ( 938467 )Pourquoi les continuistes ne contrent-ils pas les rupturistes ? par Scrutator Sapientiæ (2022-01-15 11:13:51) 
[en réponse à 938464]

Rebonjour,

Vous me donnez l'occasion de partager cette question : si, vraiment, il y a une différence de nature et non une différence de degré entre le continuisme et le rupturiste, ou si seul le continuisme est à la fois catholique et conciliaire, alors pourquoi les clercs continuistes ne contrent-ils pas plus souvent les rupturistes, ou ne résistent-ils pas plus souvent aux rupturistes ?

Quel pape continuiste s'est bien gardé de recadrer, à due proportion, les Dominicains et les Jésuites, dans les années 1980-1990 ?

Et quels sont les deux papes qui ont été à l'origine de la composition du collège des cardinaux auquel nous devons l'élection de François ?

Enfin, vous en connaissez beaucoup, vous, des continuistes, à la fois wojtyliens et assisiens, qui disent ouvertement, à partir d'une position doctrinalement solide, à la fois "oui, bien sûr, à Assise", et "non, bien sûr, à Abou Dhabi" ?

Bonne journée.

Scrutator.
images/icones/neutre.gif  ( 938470 )Très bonnes questions par Roger (2022-01-15 11:34:01) 
[en réponse à 938467]

Je n ai pas d'idées arrêtées mais propose ceci.

1- ce ne sont pas des intellectuels et vos questions ne les intéressent sans doute pas. Les rupturistes sont intéressés par "la planète " - les continuistes militent pour " la Vie "...ils ne lisent plus Lubac ni Congar ni Ottaviani...

2- après 1968, l apparence de l'unité est peut-être devenue plus importante que sa réalité. Au quotidien les deux camps s ignorent : quand les xavieres parlent elles à la CSM ou à l opus Dei?
images/icones/fleche2.gif  ( 938545 )Cela expliquerait au moins deux phénomènes. par Scrutator Sapientiæ (2022-01-16 09:54:02) 
[en réponse à 938470]

Bonjour et merci, Roger,

Il est ou serait à la fois dommage et inquiétant que les évêques et les théologiens néo-catholiques ne relisent pas, de temps en temps, Balthasar, Chenu, Congar, de Lubac, Maritain, Mounier, Rahner et Teilhard, puisqu'ils doivent à ces auteurs le néo-catholicisme.

De même, il est ou serait quelque peu dommage et inquiétant que les clercs néo-catholiques aient davantage le souci de l'apparence de l'unité que celui de sa réalité : imagine-t-on un évêque dire devant les fidèles de son diocèse : "L'apparence de l'unité, c'est moi", et n'est-ce pas encore plus grave si cet évêque, sans jamais le dire, pense et vit sa charge épiscopale sous le signe de la sauvegarde de l'apparence de l'unité ?

D'un autre côté, si elle est réaliste, votre réponse permet de comprendre beaucoup de choses :

- d'une part, elle permet vraiment de comprendre pourquoi une certaine ambiance pastorale néo-catholique, non seulement post-conciliaire, mais aussi post-assisienne, fonctionne davantage au dépassement ou à l'éloignement, stylistique et thématique, qu'à la fidélité source de fécondité, au contact des auteurs, mentionnés ci-dessus, les moins "disruptifs",

- d'autre part, elle permet aussi de comprendre pourquoi cette ambiance pastorale fonctionne aussi souvent d'une manière "autiste", les hommes du Dialogue, comparables, en ce sens, aux hommes de Davos, aimant bien le dialogue, mais avec les catholiques qui ont la même conception du dialogue qu'eux, une conception inclusive et synodale, so they say nowadays.

Je viens de faire allusion aux deux phénomènes, ou à deux des phénomènes que votre réponse permet de comprendre, et je vous souhaite un bon dimanche.

Scrutator.
images/icones/neutre.gif  ( 938595 )Quelques hypothèses par Roger (2022-01-16 22:21:34) 
[en réponse à 938545]

Cher Scrutator,

Je suggère les pistes suivantes.

1- les évêques ne veulent pas faire de discipline (comme certains profs...): ils se contentent donc d une unité apparrente...les clercs conservateurs ou progressistes ne les insultent pas, ne contestent pas frontalement les points importants de la pastorale diocésaine,..les apparences sont sauves et La Croix ne fera pas un article sur le malaise du diocèse de X...

Les clercs eux mêmes sont satisfaits : moyennant une obéissance minimale, l évêque les laisse libres...

2- la quasi totalité des évêques et des clercs que j ai rencontrés depuis 30 ans (plusieurs dizaines) sont assez indifférents à la philosophie, théologie, histoire ou au droit canonique (sauf dans les milieux traditionnels). S'agit il de matières scolaires oubliées dès l ordination?

Leur doctrine est centrée sur l Écriture Sainte ( l Évangile principalement) interprétée très naïvement (voyez les abus sexuels). Pour le reste ils se sentent animateurs des diocèses ou des paroisses...

Les intellectuels on en voit
- dans nos milieux avec des clercs tradis passionnés par St Thomas d Aquin ou par l Histoire de l Église
- parmi les prêtres étrangers qui redigent des thèses à la Catho...
images/icones/neutre.gif  ( 938614 )Je complète par Roger (2022-01-17 08:21:07) 
[en réponse à 938595]

Les évêques pourraient Sans doute se classer en trois groupes

- les naïfs qui refusent de voir la réalité (espèce en voie de disparition)

- les résignés qui observent le desastre sans penser pouvoir s y opposer

- les optimistes qui croient une renaissance possible (via les charismatiques par exemple).

En faut aucun n à intérêt à mettre les pieds dans le plat...et à générer une unité de foi qui passerait par le fait de rendre publiques des divergences qui affaibliraient le corps ecclésiastique déjà bien faible...
images/icones/neutre.gif  ( 938463 )Monarchie par Roger (2022-01-15 10:11:47) 
[en réponse à 938451]

L Église bénéficie d une constitution monarchique. Si une décision pontificale nous desoriente, la meilleure formule est de le faire savoir courtoisement au Pape.

Je pense que par esprit de subsidiarite, il faut écrire à l évêque
images/icones/ancre2.gif  ( 938522 )Non par Paterculus (2022-01-15 18:49:27) 
[en réponse à 938451]

Si l'on se tait, on n'a pas à se plaindre de la dégringolade.

Le texte présenté est bon, à une nuance près peut-être.

Ce qui compte c'est que des proches collaborateurs du Souverain Pontife soient informés.

VdP