Le Forum Catholique

http://www.leforumcatholique.org/message.php?num=907237
images/icones/croix.gif  ( 907237 )16 décembre 1783 : mort d'un musicien catholique par Peregrinus (2020-12-16 09:19:18) 

Le 16 décembre 1783 meurt à Venise - un siècle avant Wagner - Johann Adolf Hasse à l'âge de quatre-vingt-quatre ans. Né dans une famille d'organistes luthériens à Bergedorf, près de Hambourg, ténor à l'opéra du Gänsemarkt, puis au service du duc de Brunswick, Hasse abjure en 1724 le protestantisme pour rentrer dans le sein de l'Église catholique alors qu'il poursuit ses études de composition auprès d'Alessandro Scarlatti à Naples.

Compositeur d'opéras acclamé au service du roi de Pologne et Électeur de Saxe à Dresde (1734-1763) puis des Habsbourg à Vienne (1764-1771), musicien favori du grand Métastase, de Frédéric II de Prusse ou de Marie-Thérèse d'Autriche, Hasse se distingue également comme musicien d'Église, aussi bien à la Cour de Dresde qu'à l'institution des Incurabili de Venise. Après sa retraite des scènes d'opéra en 1771, le compositeur, physiquement diminué par la goutte, se consacre presque exclusivement à la musique sacrée, conformément à un désir exprimé en 1768. Sa musique comme sa correspondance - en grande partie conservée - suggèrent un homme délicat et sincèrement croyant.

Sa dernière grande œuvre, l'imposante messe en sol mineur envoyée en 1783 à la Cour de Dresde, date de l'année même de sa mort. Elle comprend un motet pour l'offertoire dont le texte pourrait être de la main du compositeur et témoigne sans doute de ses dispositions religieuses.

Ad te levavi animam meam,
Ad te, o Jesu, clamavi,
Ad te, cum tribularer,
Ad te clamavi.
Dolorem meum, Domine,
Clemens mitigasti,
Me de manu iniqua liberasti.
Ah, salva me, fons summae pietatis,
Et liga cor meum vinculis caritatis.
O Jesu, ah, salva me, fons summae pietatis.

Peregrinus
images/icones/iphone.jpg  ( 907238 )Auriez-vous un lien par XA (2020-12-16 09:23:29) 
[en réponse à 907237]

vers YouTube pour pouvoir l’écouter?
images/icones/musique.gif  ( 907239 )Motet Ad te levavi par Peregrinus (2020-12-16 09:44:29) 
[en réponse à 907238]

On peut écouter ici le motet de la messe en sol mineur de 1783. Ludwig Güttler a enregistré la totalité de la messe à deux reprises, mais aucune des deux versions disponibles n'est vraiment satisfaisante.

Sur le terrain de la musique d'Église, Hasse s'est fait particulièrement connaître par ses antiennes mariales ; ses Salve Regina, dans une veine proche de celle de Leo et de Pergolèse, ont joui à l'époque d'une fortune considérable. Il a également composé un Alma Redemptoris Mater.

Peregrinus
images/icones/musique.gif  ( 907240 )Et il y a 250 ans par Jean-Paul PARFU (2020-12-16 10:07:34) 
[en réponse à 907237]

Naissait à Bonn, dans l'électorat de Cologne, qui était à l'époque une principauté ecclésiastique relevant du St Empire, Ludwig van Beethoven (1770-1827).

Si Mozart est l'apogée de la musique du XVIIIème, Beethoven c'est la naissance, on peut même dire le créateur, l'inventeur du XIXème musical : du romantisme en musique et du grand orchestre symphonique du XIXème siècle.
images/icones/flagD.gif  ( 907241 )Les petites principautés par Jean-Paul PARFU (2020-12-16 10:21:50) 
[en réponse à 907240]

de l'Europe "moyenne" ont été un formidable vivier économique et culturel. Ce n'est pas un hasard si Bach, Mozart, Haydn, Beethoven etc ... sont nés, ont vécu et sont le produit de ces petits royaumes, duchés et principautés du St Empire. Salzbourg, où est né Mozart, n'était pas situé à l'époque en Autriche, mais était une principauté ecclésiastique du St Empire romain de nation germanique. Bach est né dans le duché de Saxe-Eisenach et est mort dans l'électorat de Saxe. Un électorat était le siège d'un "électeur", d'un prince-électeur, c'est-à-dire de l'un de ces Princes qui avaient le droit d'élire l'empereur du St Empire. En empruntant le langage de l'Eglise, on pourrait dire que les "électeurs" étaient dans le St Empire, ce que sont les Cardinaux dans l'Eglise.

Et qui a contribué à détruire tout cela ? Je vous laisse le deviner.
images/icones/fleche2.gif  ( 907245 )L'Allemagne et l'Italie par Peregrinus (2020-12-16 12:14:12) 
[en réponse à 907241]

C'est probablement pour des raisons assez semblables que l'Allemagne et l'Italie ont dominé la vie musicale sous l'Ancien Régime : quand on compare le foisonnement italien ou allemand avec la production française beaucoup plus contenue (quoique de très bonne qualité), il est assez clair que le centralisme ne favorise guère l'épanouissement artistique. Napoléon aura beaucoup détruit.

Pour le cas qui nous occupe, Hasse a été actif à Dresde, alors l'un des principaux foyers culturels de l'Empire : après avoir coiffé la couronne de Pologne, les Électeurs de Saxe (qui se sont en outre convertis au catholicisme) ont jugé nécessaire de donner à Dresde l'éclat d'une véritable capitale royale. L'Opéra am Zwinger était le plus vaste d'Allemagne, il disposait du meilleur orchestre d'Europe et d'excellents chanteurs. Hasse a également écrit le Te Deum et la messe en ré donnés à l'occasion de l'inauguration de l'église de la Cour, actuelle cathédrale catholique de la Trinité.

On sait par Forkel et par Carl Philipp Emmanuel Bach que Hasse et Jean-Sébastien Bach se connaissaient et s'estimaient.

Hasse est un personnage particulièrement intéressant par sa longévité (il est réellement actif comme compositeur à partir de 1725, écrit des opéras jusqu'en 1771 et compose jusqu'à sa mort en 1783) et par sa situation au carrefour de tout le XVIIIe siècle musical européen : Allemand du Nord italianisé et converti au catholicisme, maître de l'opera seria métastasien, il a connu entre autres Keiser, Haendel, Scarlatti, qui a été son maître à Naples, Bach et ses fils, Galuppi, Jommelli, Traetta, Gluck (qu'il détestait), Haydn (qui a soumis son Stabat Mater à son approbation), Salieri, Mozart (qu'il a recommandé en Italie). Mozart avait d'ailleurs pour lui le plus grand respect.

J'ai pour ma part une tendresse particulière, et même une grande reconnaissance pour ce compositeur.

Peregrinus
images/icones/bravo.gif  ( 907247 )L'Italie et l'Allemagne par Jean-Paul PARFU (2020-12-16 12:40:37) 
[en réponse à 907245]

ont, de ce point de vue, une histoire parallèle. Le nord de l'Italie avait d'ailleurs fait partie du St Empire ... romain ...

L'unité italienne, puis l'unité allemande, ont surtout produit une triste et grise uniformité culturelle et, surtout pour ce qui est de la seconde, beaucoup d'ennuis pour ses voisins. "Malheur au monde avait écrit Proudhon, si l'Allemagne venait à tomber dans l'ornière unitaire". Pensez qu'au début du XIXème siècle encore, à l'époque précisément de Beethoven, Madame de Staël, la fille de Necker, pouvait décrire ce qu'on appelait alors "les Allemagnes", dans son ouvrage à succès : "De l'Allemagne", de pays des philosophes et des poètes. Et c'est la raison pour laquelle, les Alliés, après la Guerre, ont insisté pour que l'Allemagne redevienne fédérale ! Et ce fut une chance pour elle.

On peut dire que les succès économiques de l'Allemagne et de l'Italie du nord tiennent en grande partie à ce passé, à ces traditions et, pour faire simple, à une très grande décentralisation.

Pensez qu'une ville comme Metz par exemple, avant l'annexion de fait par le roi Henri II en 1552, était "une ville libre d'Empire" et qu'elle deviendra ensuite une ville endormie de province, genre ville de garnison et siège de comices agricoles de la 3ème République.
images/icones/iphone.jpg  ( 907312 )Bien vu ! par Athanase (2020-12-17 23:13:03) 
[en réponse à 907247]

Deux pays qui se sont unifiés tardivement, ce qui est une grande différence avec la France et le Royaume-Uni. D’où peut-être un rejet rapide d’un système démocratique et libéral dès lors que celui-ci décevait.

L’Allemagne a certainement trouvé son équilibre avec le fédéralisme actuel. Et toutes ces épreuves lui auront peut-être permis d’atteindre ce qui lui convenait. Alors qu’en France...
images/icones/1b.gif  ( 907249 )Donc si on vous suit par Regnum Galliae (2020-12-16 13:15:50) 
[en réponse à 907241]

Merci Mazarin et à bas Napoléon ?
images/icones/nounours.gif  ( 907252 )C'est un peu ça par Jean-Paul PARFU (2020-12-16 13:47:06) 
[en réponse à 907249]

La Révolution et l'Empire ont eu une action, et leur politique ont eu des conséquences, catastrophiques pour l'Europe et pour la France : persécutions religieuses, suppression du St Empire, et pour finir : victoire et domination de la Grande-Bretagne sur le monde et de la Prusse sur l'Allemagne et le continent, tout au long du XIXème siècle et même ensuite.

A partir de 1871, l'Allemagne, dont l'unité a été proclamée dans la galerie des glaces du château de Versailles, devient une grosse Prusse.

A partir de 1945-49, l'Allemagne devient une grosse Suisse et se sent plus à l'aise que la France au sein des institutions de l'Union européenne qui lui rappellent celles du St Empire (962-1806).

Pour mémoire, je rappelle que le St Empire se voulait, à partir de la Francie orientale et de la Lotharingie, le successeur de l'Empire de Charlemagne, sachant que celui de Charlemagne se voulait celui de l'Empire romain d'Occident.

Je rappelle enfin, qu'il ne faut pas confondre le St Empire avec l'Autriche-Hongrie constituée elle après la suppression du St Empire, en partie à partir des possessions personnelles des Habsbourg, que ces possessions aient fait, auparavant, partie du St Empire ou non.
images/icones/neutre.gif  ( 907258 )[réponse] par Regnum Galliae (2020-12-16 15:33:44) 
[en réponse à 907252]

Pour ma part, je n'apprécie pas la notion d'empire qui est intrinsèquement contraire au principe de subsidiarité et suppose l'asservissement de peuples sous la houlette d'un peuple dominant. Je préfère la notion de royaume, même si ce dernier peut par accident (au sens thomiste du terme) tomber dans les mêmes travers.
images/icones/find.gif  ( 907261 )Empire - Royaume par Jean-Paul PARFU (2020-12-16 16:52:40) 
[en réponse à 907258]

1) Je dois d'abord m'excuser auprès de Peregrinus, puisque j'ai un peu fait dévier son post initial. D'autant qu'il est apparemment attaché au compositeur dont il nous parlait, et dont j'ignorais l'existence, pour des raisons personnelles.

2) Pour la petite histoire, vous savez peut-être que certaines régions de notre pays ont fait partie du St Empire, à une époque ou à une autre. Or, au début du XXème siècle, les bateliers qui naviguaient encore sur le Rhône ne disaient pas : "à droite ou à gauche" ou "à tribord ou à bâbord", mais : "côté empire ou côté royaume".


3) Je comprends ce que vous voulez dire. "L'Empire", c'est grand et ça fait un peu peur, tandis que "royaume", c'est plus rassurant, c'est plus à taille humaine. Le royaume, ça fait penser au royaume des Cieux, tandis que l'empire fait plutôt penser à la folie des hommes et à : "L'Empire contre-attaque".

Mais ici dans notre cas, le principe impérial permettait l'unité dans la diversité, tandis que le principe de l'Etat-dynastique reposait sur le contrôle d'un territoire unifié et centralisé.

Et de fait, les régions d'Europe qui sont les plus peuplées et les plus prospères aujourd'hui et qui forment la fameuse "banane bleue" ont toutes fait partie du St Empire : Benelux, Allemagne, Autriche, Nord de l'Italie.

Ce sont ces régions qui ont conservé vivantes, jusqu'à aujourd'hui, les traditions de la chrétienté médiévale et qui ont été les plus créatrices sur les plans musical et culturel.

Sur ce sujet, je vous conseille de lire cet article. Il est très intéressant, même s'il a été écrit par Alain de Benoît.
images/icones/neutre.gif  ( 907267 )[réponse] par Regnum Galliae (2020-12-16 19:46:28) 
[en réponse à 907261]

Je ne pense pas à l'Empire contre-attaque, mais à l'empire américain, l'empire soviétique, les empires coloniaux, flatteurs lorsque l'ont est de la métropole, humiliant lorsque l'on est le colonisé même si l'intérêt matériel ou même moral peut être certain.

Si vous parlez d'unité dans la diversité, alors le mot d'empire ne me paraît pas adapté, mais plutôt celui de fédération, ou mieux, de confédération.
images/icones/fleche2.gif  ( 907269 )Vous avez raison ! par Jean-Paul PARFU (2020-12-16 20:00:23) 
[en réponse à 907267]

Mais votre objection est justement, autour du mot d'empire, l'un des thèmes de l'article d'Alain de Benoît. Cet article est un peu long, c'est vrai, mais il mérite d'être lu.
images/icones/nounours.gif  ( 907318 )Un ami à moi cher Regnum par Jean-Paul PARFU (2020-12-18 13:05:40) 
[en réponse à 907267]

M'a envoyé la citation ci-dessous et ça m'a fait penser à vous. Bien sûr, ça ne vaut que ce que ça vaut. On peut discuter des définitions ou des slogans, mais peut-être se mettre d'accord sur la défense des identités et sur certains constats:

- "L'empire est une société des nations, l'Etat-nation une prison des peuples"

Yann Bouessel du Bourg.
images/icones/1a.gif  ( 907278 )Aucun problème par Peregrinus (2020-12-16 22:00:22) 
[en réponse à 907261]


Je dois d'abord m'excuser auprès de Peregrinus, puisque j'ai un peu fait dévier son post initial. D'autant qu'il est apparemment attaché au compositeur dont il nous parlait, et dont j'ignorais l'existence, pour des raisons personnelles.



Il n'y a aucun problème ; il est assez naturel que les sujets des fils dévient quelque peu en fonction des centres d'intérêt des uns ou des autres. Vos considérations sur l'Allemagne sont de plus aussi sympathiques qu'intéressantes.

Hasse a en effet de l'importance pour moi. Outre le fait que son œuvre (surtout ses opéras sur des livrets de Métastase, en fait) me passionne, il m'a, d'une certaine façon, donné l'amour de la Sainte Vierge à une époque où je n'étais pas pratiquant ni même vraiment croyant (j'ai été comme subjugué par son Salve Regina pour soprano et cordes en sol majeur de 1740). Il s'agit de plus d'une personnalité plutôt attachante, et apparemment, du point de vue qui nous occupe, d'un catholique simple et confiant, ce qui transparaît à mon sens à la fois dans ce que l'on a gardé de sa correspondance et dans sa musique.

Peregrinus
images/icones/1b.gif  ( 907279 )Intéressant ! par Jean-Paul PARFU (2020-12-16 22:21:12) 
[en réponse à 907278]

Et merci pour votre post. Vous me donnez envie de faire plus ample connaissance avec l'oeuvre de ce compositeur que, de plus, comme je l'ai déjà dit, je ne connaissais absolument pas. Ou peut-être avais-je seulement vaguement entendu un jour évoquer son nom.
images/icones/musique.gif  ( 907295 )Si cela vous intéresse par Peregrinus (2020-12-17 11:24:05) 
[en réponse à 907279]

On a peine à imaginer aujourd'hui à quel point Hasse était célèbre de son temps : au milieu du XVIIIe siècle, il était probablement, si l'on en croit les partitions conservées dans les bibliothèques européennes, le compositeur le plus renommé d'Europe avec son ami le Vénitien Baldassare Galuppi. Léopold Mozart l'appelait le père de la musique, et Wolfgang à dix ans rêvait d'être "immortel comme Haendel et Hasse". Mais Hasse était en quelque sorte, en tant que maître de l'opera seria, le sommet d'une culture courtisane européenne qui a fait faillite avec la guerre de Sept Ans, qui correspond à mon sens à un grand basculement culturel et aussi religieux de l'Europe de la fin de l'Ancien Régime.

Du point de vue contemporain, il s'agit de plus du "style galant", perçu à tort à mon avis comme une simple transition du baroque tardif vers le classicisme viennois, alors qu'il faudrait parler plutôt d'un premier classicisme. Hasse était de surcroît un ancien chanteur, passionné par la voix humaine, spécialiste de musique vocale, dont la musique instrumentale est souvent (quoique pas toujours) assez fade, ce qui n'a pas facilité les choses à partir du moment où, à la fin du XVIIIe siècle, la musique instrumentale est devenue le point de référence de la musique tout court.

Pour faire connaissance avec Hasse, je retiendrais pour ma part :
- 1° Du côté de la musique d'Église chorale : la Missa ultima en sol mineur de 1783 par Ludwig Güttler (l'exécution n'est pas merveilleuse, mais il s'agit du sommet de la production du compositeur en la matière, et en quelque sorte de son testament musical) ; le Requiem en do (écrit pour les funérailles du roi de Pologne et Électeur de Saxe en 1763) et le Miserere en do mineur, par Hans Christoph Rademann ou par Paul Dombrecht (les deux versions sont très bien) ;

- 2° Du côté de la musique d'Église pour voix solistes : les motets vénitiens par Martin Gester et le Parlement de Musique (c'est le disque qui m'a fait découvrir et aimer Hasse, et aussi, comme je le disais plus haut dans le fil, m'a aussi introduit à une certaine forme de dévotion mariale) ;

- 3° Du côté de l'oratorio : I Pellegrini al sepolcro (1742), par Gérard Lesne, un excellent oratorio italien de la Passion ; Serpentes ignei in deserto (1739 ?), oratorio vénitien sur un texte latin, destiné à introduire le chant du Miserere pendant le Carême lors d'exercices paraliturgiques, par Jérôme Corréas ;

- 4° Du côté de l'opéra, domaine par excellence du compositeur, Siroe, Re di Persia (1763), par George Petrou ; les autres réalisations souffrent d'interprétations souvent défaillantes (la Cleofide de Christie a mal vieilli et l'Attilio Regolo de Bernius est mutilé à force de coupes). Cela nous éloigne un peu de l'objet du Forum, mais moins que l'on pourrait le croire : l'opera seria métastasien exalte beaucoup moins le despotisme éclairé (comme on l'affirme souvent) que les vertus naturelles traditionnelles, les valeurs religieuses et spirituelles et un esprit de sacrifice d'inspiration nettement chrétienne. Il nous rappelle de ce point de vue que le XVIIIe siècle ne se réduit heureusement pas à l'impiété des philosophes. Sans tirer de cette comparaison des conclusions excessives, on pourrait même dire qu'il y a quelque chose de liturgique dans l'opera seria : rupture avec la trivialité de la vie quotidienne, hiérarchie des personnages, hiératisme des récitatifs, arias fondées sur la répétition à la manière d'une antienne, etc.

Peregrinus
images/icones/musique.gif  ( 907297 )Vous êtes devenu un spécialiste par Jean-Paul PARFU (2020-12-17 12:36:11) 
[en réponse à 907295]

de Hasse (1699-1783)



Les indications que vous donnez sont très intéressantes. Elles m'ont aussi donné l'idée de jeter un oeil sur sa fiche Wikipédia, très développée, et dans : "Une histoire de la musique" de Lucien Rebatet, où son nom apparaît effectivement fréquemment. Une note lui est consacrée et Rebatet remarque, par exemple, dans ses pages sur Mozart qu'il y avait au programme du jeune prodige, à Salzbourg, l'étude des opéras de Hasse.

Ce musicien, par delà les siècles, peut encore toucher nos contemporains, et pour certains les inviter à entamer une conversion, et c'est aussi une grande chose.

J'écouterai les morceaux ou les oeuvres indiqués par vous.

Merci à vous.
images/icones/carnet.gif  ( 907331 )Quelques citations par Peregrinus (2020-12-18 17:28:55) 
[en réponse à 907297]

Spécialiste, peut-être pas, malheureusement ; mais j'ai un peu lu sur la question, et avec la numérisation de très nombreuses partitions, je pense en avoir une vue d'ensemble relativement bonne (de plus, il a bien fallu s'occuper pendant le premier confinement).

Un extrait d'une lettre du compositeur à son ami l'abbé Ortes (19 décembre 1772), à l'occasion de la révision de l'oratorio Sant'Elena al Calvario, exécuté lors d'un concert de charité donne un petit aperçu de sa foi catholique :


Dieu, qui est toujours miséricordieux, et à qui je suis redevable en tout, sans rien attribuer à mes forces très mesquines, a daigné cette fois animer et conforter mon talent et mon esprit d'une manière particulière, parce que j'avais accepté et entrepris une œuvre sacrée et pieuse.



C'est le cas également d'une autre lettre, à Salieri cette fois (7 janvier 1775), à l'occasion de la révision d'un autre oratorio, Il cantico de' tre fanciulli, également pour un concert de charité à Vienne :


Un si respectable public est resté content, c'est pourquoi rendons grâces, et donnons gloire et louange au Très-Haut, unique et véritable Distributeur de tout bien, Père et Protecteur des veuves.



Les deux lettres sont reproduites par Raffaele Mellace, "From Court Chapel to public concerts : Hasse's oratorios from Dresden to Vienna", Musicologica Brunensia, t. 49, 2014, n°1, p. 235-249. Mais de fait, les références à Dieu, à sa miséricorde, à sa Providence, abondent dans la correspondance du musicien, même dans des lettres plutôt banales. D'après un biographe de la fin du XIXe siècle, qui ne cite malheureusement pas ses sources, Hasse aurait répété obstinément sur son lit de mort la prière Inclina Domine aurem tuam ad preces meas, en alternance avec le nom de son fils Francesco Maria.

Merci beaucoup à vous d'avoir ajouté le portrait du grand homme !

Peregrinus
images/icones/musique.gif  ( 907333 )Merci ! par Jean-Paul PARFU (2020-12-18 20:05:12) 
[en réponse à 907331]

Cher Peregrinus.

Il y a un autre compositeur, qui était très catholique et que certains souhaiteraient même voir un jour béatifier : Anton Bruckner. Rien à voir avec Hasse, bien entendu. Si ce n'est qu'ils appartenaient tous les deux au monde musical germanique et catholique.

Ci-dessous, sa tombe à l'entrée de la basilique de l'abbaye de St Florian en Autriche

images/icones/fleche2.gif  ( 907334 )Que l'on souhaiterait par Jean-Paul PARFU (2020-12-18 20:11:44) 
[en réponse à 907333]

béatifier ou voir béatifié.
images/icones/neutre.gif  ( 907251 )Sans aucun doute... par Francis Dallais (2020-12-16 13:44:10) 
[en réponse à 907241]

cher Maître, avez-vous mis le doigt là où ça fait mal.
Votre propos roboratif me comble de joie.
En effet, Bonaparte-Napoléon est responsable depuis le XIX ème siècle de bien de nos maux.

Bien à vous.

Francis Dallais
images/icones/fleur.gif  ( 907254 )Merci à vous ! par Jean-Paul PARFU (2020-12-16 13:56:13) 
[en réponse à 907251]

Et merci à Peregrinus et à Regnum qui intervient toujours dès que je parle de l'Allemagne.
images/icones/hum2.gif  ( 907392 )Pauvre Beethoven par AVV-VVK (2020-12-20 20:09:24) 
[en réponse à 907240]

Son portrait adapté en 2004 par un certain Terry Adkins et maintenant affiché par le Centre d' art, appelé communément "Bozar", à Bruxelles pour "refléter la diversité dans la société". Ici
Source: Sceptr
P.S. Le nom "Bozar" n' est ni néerlandais, ni français. Le résultat d' un compromis ridicule, belge 100 %: en ne voulant pas exclusivement l' appellation en français "Beaux arts" (ce ne serait pas gentil), on garde néanmoins le son français. Pauvre Bxl aussi.