Le Forum Catholique

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images/icones/mitre4.png  ( 865434 )Le Cardinal Müller prend la défense de Benoît XVI par Chicoutimi (2019-04-15 08:22:35) 

Voici une entrevue extraordinaire que le Cardinal Gerhard Ludwig Müller, ancien préfet de la Congrégation pour la doctrine de la Foi, a accordée à Kath.net (traduction française publiée par Pro Liturgia):


Kath.net : Eminence, que pensez-vous du texte publié par le Pape émérite sur les abus sexuels dans l’Eglise ?

Cardinal Müller : C’est l’analyse la plus approfondie qui soit de la genèse de la crise de crédibilité de l’Eglise en matière de morale sexuelle, et plus intelligente que toutes les contributions que l’on a pu entendre lors du sommet de la Conférence des évêques prises ensemble. Il y a abus de l’autorité spirituelle lorsque des supérieurs justifient leur style autoritaire ou manipulateur par des raisons pseudo religieuses et le font passer pour la volonté divine. Mais les péchés contre le 6e commandement du Décalogue ont pour cause l’usage abusif de la sexualité masculine ou féminine que nous avons reçue de Dieu. Mélanger ces deux sortes de péchés dans le seul but de masquer de mauvaises pratiques sexuelles, est la marque d’un échec patent de l’autorité dans l’Eglise.

Nous ne sortirons pas de cette crise en usant de termes creux comme « cléricalisme », ou par la recherche d’une morale sexuelle guidée par le principe égoïste de plaisir, mais en nommant le mal par son nom. L’effondrement de la morale bourgeoise, déjà poreuse depuis longtemps, due à une « révolution sexuelle globale » (titre d’un livre de Gabriele Kuby), et l’essai infructueux de mettre au point une morale catholique déconnectée de la loi naturelle et de la révélation ont déjà conduit chez de nombreuses personnes à l’ébranlement de la conscience morale.

La responsabilité en revient également à ceux qui ont reçu du Christ la mission d’enseigner aux hommes tout ce que le Seigneur lui-même a enseigné aux Apôtres et par là à leurs successeurs dans le ministère épiscopal et sacerdotal.

Kath.net : A peine quelques heures après la parution du texte de Benoît XVI, les indéracinables antis-ratzingériens étalaient déjà leurs critiques dans les médias. Qu’en pensez-vous ?

Cardinal Müller : On ne peut pas parler ici de critiques, car le mot critique signifie distinguer entre des notions pointues dans le but de faciliter la compréhension de questions importantes. Mais, ces gens, non seulement ne sont pas croyants, mais en plus ne réfléchissent pas. Et avant tout, il leur manque la plus élémentaire des politesses. L’histoire se répète. Pensons à Saint Etienne qui avait été le témoin de la vérité du Christ : « Ceux qui écoutaient ce discours avaient le cœur exaspéré et grinçaient des dents contre Etienne. » (cf. Act 7, 54).

Ils parlent de renouveau et de réforme de l’Eglise, mais n’ont en tête que l’adaptation à leur propre état de décadence. Il est impensable que ceux qui possèdent ne serait-ce qu’une étincelle d’amour chrétien, se laissent entraîner par ce genre de pamphlet grossier. En effet, comment l’amour peut-il encore structurer la foi dans un contexte où la foi au Dieu de la Révélation en Jésus-Christ a été abandonnée ou bien lorsque ne subsistent que quelques éléments de cette foi pour tenter de justifier une vision du monde autoréférentielle.

Il est scandaleux de voir que des évêques catholiques financent, en détournant les fonds propres de l’Eglise, des organismes qui soutiennent ouvertement des positions incompatibles avec l’enseignement catholique sur la foi et la morale. Je sais, bien sûr, que les évêques concernés voient les choses autrement, parce qu’ils définissent selon leur bon plaisir ce qui est catholique et ce qui ne l’est pas. Leur vision du monde repose sur la distinction un peu primitive entre progressisme et conservatisme. Ce qui relève de la foi catholique telle qu’elle a été formulée jusqu’ici est ainsi qualifié de « conservatisme » et seule leur vision « progressiste » serait l’avenir de l’Eglise, comme dans ces autres contrées anciennement catholiques et dévastées par de semblables idéologies.

En conséquence, il s’agit pour eux de mettre hors-jeu, ou du moins de museler, ces catholiques catalogués « conservateurs » qui restent fidèles à la Sainte Ecriture, à la Tradition Apostolique et au Magistère. Et dans ce but, tous les moyens sont bons, jusqu’à la calomnie et le déshonneur. Car est permis tout ce qui sert son intérêt propre qui est, bien sûr, identifié au bien commun. C’est de cette façon qu’a été traité aussi mon « Manifeste pour la foi » : comme un ensemble de demi-vérités, un choix d’idées subjectives, éloignées de la Sainte Ecriture, des propos sortis de leur contexte… comme si la Trinité, l’Incarnation, la sainteté de l’Eglise, la divine Liturgie, l’unité de la foi et de la morale, le jugement dernier et la vie éternelle, n’étaient pas, dans la « hiérarchie des vérités » (d’après le Décret sur l’œcuménisme du Concile Vatican II au n°11), le « fondement de la foi ».

L’infâme refus de Dieu qui s’expose ainsi est à son comble lorsqu’on se sert du crime et du péché mortel constitués par l’abus sexuel de jeunes mineurs pour couvrir la bénédiction des actes homosexuels entre adultes, pour ridiculiser le célibat des prêtres et les vœux des religieux et banaliser les péchés contre l’indissolubilité du mariage.



Source : Kathnet (Trad. MH/APL) publié sur Pro Liturgia
images/icones/info3.gif  ( 865435 )Et à noter la Conférence de Carême par Jean-Paul PARFU (2019-04-15 09:15:47) 
[en réponse à 865434]

donnée, hier dimanche des Rameaux, à Notre-Dame de Paris, à écouter notamment à partir de la 25ème minute et à retrouver sur le lien ou/et directement sur France Culture.
images/icones/1v.gif  ( 865436 )autres réactions , sur l'autre bord "shismatique" de l'Eglise.. par jejomau (2019-04-15 10:06:18) 
[en réponse à 865434]

dans une revue chrétienne allemande :

« Quelle misère intellectuelle, désespérant », « la bigoterie absolue », « totalement déconnecté »…

François Deveaux (La Parole Libérée) :

« Et en plus il mélange tout, homosexualité, pédophilie…, une telle médiocrité d’expertise, une telle ignorance de la part de gens qui sont censés faire office de guide, c’est proprement atterrant »...… « Finalement, on en revient toujours au même point, cela revient à dire que l’Église n’est pas fautive de ses propres crimes et que si des enfants ont été abusés, c’est parce qu’il n’y avait plus de code moral. Sauf que cela ne tient pas ! Même dans la mafia, il y a une certaine éthique, les enfants, c’est ce qu’il y a de plus sacré, on n’y touche pas ! C’est la même chose dans les Évangiles. Ces gens-là sont eux-mêmes dans la transgression des codes moraux dont ils sont censés être les garants. »


images/icones/fleche2.gif  ( 865438 )Réactions par Jean-Paul PARFU (2019-04-15 10:47:36) 
[en réponse à 865436]

A qui ou à quoi ? A l'article du pape émérite ou à l'interview du cardinal Müller ?
images/icones/1b.gif  ( 865439 )oui par jejomau (2019-04-15 10:49:58) 
[en réponse à 865438]

à ce qu'a écrit le pape Benoît XVI

Vous avez raison de demander cette précision
images/icones/1v.gif  ( 865440 )c'est bien résumé par Adso (2019-04-15 10:50:20) 
[en réponse à 865434]

"Ils parlent de renouveau et de réforme de l’Eglise, mais n’ont en tête que l’adaptation à leur propre état de décadence"
images/icones/bravo.gif  ( 865442 )texte puissant : merci par Luc Perrin (2019-04-15 10:55:14) 
[en réponse à 865434]

Chaque ligne fait sens, plus percutant à mon avis que la Lettre de Benoît XVI elle-même.

La conclusion résume tout le programme Martini-Kasper en matière d'éthique et pour la destruction de la notion de sacerdoce :

"L’infâme refus de Dieu qui s’expose ainsi est à son comble lorsqu’on se sert du crime et du péché mortel constitués par l’abus sexuel de jeunes mineurs pour couvrir la bénédiction des actes homosexuels entre adultes, pour ridiculiser le célibat des prêtres et les vœux des religieux et banaliser les péchés contre l’indissolubilité du mariage."

Il y a bien sûr bien d'autres volets dans le plan Martini-Kasper d'éradication du catholicisme romain selon la Révélation au profit d'un néo-catholicisme dont le cardinal Müller donne la clef :

"Ils parlent de renouveau et de réforme de l’Eglise, mais n’ont en tête que l’adaptation à leur propre état de décadence."

Le chemin de croix, la Via crucis, est la seule voie chrétienne - au sens oecuménique - à l'opposé du néo-catholicisme qui cherche à composer avec le libéralisme et à contourner la Croix.

Protestantisme libéral, courants mondains au sein des Orientaux, néo-catholicisme, ce sont les visages contemporains de la tentation du Christ au Mont des Oliviers avant qu'Il n'accepte la volonté du Père.

La tentation est puissante et sans cesse renouvelée mais nous sommes, chrétiens de toutes confessions, tous et toutes appelé-es à suivre le Maître plutôt que le prince de ce monde.