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images/icones/fsspx.gif  ( 859225 )Zemmour ! Oui, mais..., par l'abbé Renaud de Sainte-Marie par La Porte Latine (2018-12-31 06:46:15) 

Zemmour ! Oui, mais..., par l'abbé Renaud de Sainte-Marie



A vrai dire, porter un jugement sur le dernier ouvrage de Zemmour est une entreprise délicate et presque aussi audacieuse que ce Destin français est ambitieux Car le chroniqueur du Figaro a dans son projet d'écrire ni plus ni moins qu'une Histoire de France.

Zemmour, dont les ancêtres étaient de ces Berbères convertis au judaïsme, est devenu français dans les personnes de ses aïeux plus récents, naturalisés en Algérie par le décret Crémieux (1871). Il hérite donc d'une tradition familiale d'assimilation par la culture, l'amour de l'Histoire et la pratique de la littérature – tradition qui s'étend à une bonne partie de la communauté juive de France dont Zemmour cite les noms, connus ou moins connus.

Néanmoins il reste quelque part un spectateur différent, du fait de son identité juive persistante dans une nation si fortement imprégnée par le catholicisme, et c'est un point qu'il ne faut jamais perdre de vue dans la lecture qu'il va faire de cette Histoire plus que millénaire qu'il considère comme sienne. Il assume parfaitement ce fait étrange d'être un homme qui doit s'imprégner du catholicisme sans y adhérer (p. 28) ; ce point de vue particulier conditionne la rédaction de l'ouvrage tant dans certains points de détails que dans l'intention générale qui ne se découvre pas aisément.

Intégralité de l'analyse de M. l'abbé de Sainte-Marie
images/icones/carnet.gif  ( 859226 )Zemmour est un fils de l'Empire français par Jean-Paul PARFU (2018-12-31 09:02:43) 
[en réponse à 859225]

Il n'a donc que peu de goût pour les régions, les provinces, les langues régionales et l'Europe.

Sa France est celle de ce que j'appelle : "la dynamique stato-nationale", celle d'une structure administrative et idéologique qui se veut : "centre du monde à vocation universelle". D'où son admiration pour Napoléon et sa détestation de ceux qui ne partagent pas ce rêve (ou ce cauchemar), qui prétendent profiter du système sans s'assimiler contrairement à ce qu'ont fait ses ancêtres ou qui ont fait échouer ce rêve, même involontairement en cherchant les mauvaises alliances, c'est-à-dire, pour lui, les alliances avec les perdants.

Pour lui, les bonnes alliances sont celles qui fonctionnent : celle de François 1er avec les Turcs, celle de Richelieu avec les puissances protestantes : Suède, princes allemands protestants contre le St Empire catholique pendant la Guerre de Trente Ans. Pour lui, les mauvaises alliances sont celles qui font finalement perdre la France, comme l'alliance avec l'Autriche au milieu du XVIIIème siècle contre la Prusse et l'Angleterre, alliance concoctée par une femme, Madame de Pompadour.

Il comprend que ce rêve impérial français s'est construit au détriment de la chrétienté et du St Empire et il reproche précisément à l'Europe actuelle de vouloir ressusciter Charlemagne au détriment de Napoléon.

Il comprend aussi que ce n'est pas la France, mais que c'est l'Angleterre qui a gagné le combat de "la dynamique stato-nationale", le combat pour être "le centre du monde à vocation universelle", le combat de la mondialisation, et que le modèle français centralisé fait pâle figure par rapport au modèle fédéral allemand, héritier du St Empire romain de nation germanique et modèle sur lequel se fonde l'Europe de Bruxelles, de Luxembourg et de Strasbourg.

Zemmour est néanmoins toujours intéressant à lire et à écouter et a beaucoup de courage. Il pose les bonnes questions, même s'il ne donne pas toujours les bonnes réponses. Il fait s'interroger les Français sur leur histoire, leur fait comprendre des enjeux, qu'à cause de la propagande étatique, ils ne saisissent pas toujours immédiatement ou leur montre les raisons des choses sur lesquelles ils ne s'interrogeaient jamais, parce qu'ils pensaient qu'elles allaient de soi et qu'elles étaient éternelles.
images/icones/neutre.gif  ( 859233 )Mais Éric Zemmour n’est pas un historien catholique … par Minger (2018-12-31 10:29:41) 
[en réponse à 859226]



Pas plus pour lui , que de prétendre être un sauveur de notre chrétienté !

Donc oui , indirectement , jour après jour , aux émissions à fortes audiences radios -télés …Lui journaliste , dans sa condition de juif revendiqué , ose l’insupportable aux oreilles des bienpensants , de cette pensée bienveillante envers le multiculturalisme , ne voulant surtout pas offenser les offenseurs …

Normal et rassurant. Il est intelligent et en plus, oh sacrilège ! il aime la France ! C'est donc un ennemi ! Il est donc d'esssssstrême drôate !

Quel journaliste ou historien catholique , a le courage comme ce Zemmour , d’avoir un courage insolent , pour rappeler ce que nos sommités catholiques , littéraires ou comme disait le dit populiste Salvini « à ces évêques mondains, qui ne cessent pourtant de prétendre vouloir être proches du peuple, toujours plus proches du peuple, ce souhait du peuple souverain ne plaît pas.
Ce qu’un grand homme contemporain disparu de ce monde en 1970 disait « Nous sommes quand même avant tout un peuple européen de race blanche, de culture grecque et latine et de religion chrétienne. Qu’on ne se raconte pas d’histoire… »

Comme quoi , les grands hommes s’en vont , et c’est là , que souvent les paroles sont reprises par ce juif défenseur …

Alors l’on trouve des reproches pour les oublis , dans son livre, il manque Charlemagne « Il y a le Charlemagne de la société vassalique et féodale, le Charlemagne de la Croisade et de la Reconquête, le Charlemagne inventeur de la Couronne de France ou de la Couronne impériale, le Charlemagne mal canonisé mais tenu pour vrai saint de l'Église, le Charlemagne des bons écoliers » Charlemagne est, par tolérance du pape Benoît XIV, un bienheureux catholique fêté localement le 28 janvier. En effet, en 1165, l'empereur Frédéric Ier Barberousse obtient la canonisation de Charlemagne par l'antipape Pascal III …

Faut’il ajouter :
Extrait « Charlemagne fait sa première expédition en Saxe en 772, détruisant en particulier le principal sanctuaire, l'Irminsul, symbole de la résistance du paganisme saxon et lieu de réunion des païens qui lui apportaient une offrande après chaque victoire ; puis, à partir de 776, après l'intermède italien, commence une guerre acharnée contre les Saxons, qui, commandés par Widukind, un chef westphalien, lui opposent une vigoureuse résistance.
Suivent plusieurs campagnes marquées par la dévastation de différentes parties de la Saxe et la soumission provisoire de chefs, mais aussi par un revers grave des Francs (de) en 782 au Süntel, près de la Weser. Cette défaite entraîne une opération de représailles qui s'achève par le massacre de 4 500 Saxons à Verden. Widukind finit par se soumettre en 785 et se fait baptiser.

Charlemagne impose alors le Capitulaire De partibus Saxoniæ (premier capitulaire saxon), une législation d'exception qui prévoit la peine de mort pour de nombreuses infractions, en particulier pour toute manifestation de paganisme (crémation des défunts, refus du baptême pour les nouveau-nés). Une politique de déportation des Saxons et de colonisation par des Francs a lieu en même temps. La législation d'exception prend fin en 797 (troisième capitulaire saxon), mais la soumission définitive n'est vraiment atteinte qu'en 804.

Jusqu'alors le christianisme s'était répandu relativement paisiblement parmi les Germains. En Saxe cependant, Charlemagne employa la force : de là les violences contre tous ceux qui sacrifieraient encore aux « idoles » et de là aussi l'acharnement que mirent les Saxons à défendre leurs dieux devenus les protecteurs de leurs libertés. Dans certains milieux nationalistes allemands l'image de Charlemagne est celle du « Bourreau des Saxons » issue du massacre de Verden62. Ainsi en 1935, pour commémorer l'événement, le régime nazi construisit le monument de Sachsenhain (de).

il manque encore ? Ah ! il n’a pas assez parlé de Jeanne D’Arc …
Que chacun de nous , commence à défendre sa foi et ses origines , dans la même tonalité , devant les tumultes et les aboiements des médias , comme ce Zemmour , et ensuite l’on se présentera en donneur de leçons !

« mais le remède qu'il préconise pour la pérennité du pays est-il le bon ? Monsieur Zemmour, nous serions tentés de vous dire oui, mais... En fait non ! Non, avec regret, mais avec certitude »

Une certitude , il ne prétend pas être le médecin pour cette Europe malade , mais dire ses vérités d'aujourd'hui et son futur…

images/icones/fleche2.gif  ( 859247 )Analyse qui semble équilibrée par Peregrinus (2018-12-31 13:41:04) 
[en réponse à 859225]

L'analyse que propose de la pensée historique d'Eric Zemmour M. l'abbé de Sainte-Marie me paraît équilibrée. J'ajouterais qu'il me semble qu'à force de vouloir trop démontrer, l'argumentation peut perdre de sa pertinence, mais le travers n'est pas propre à ce seul auteur, qui travaille inévitablement de seconde main.

Je ferai seulement une remarque sur un point que soulève M. l'abbé de Sainte-Marie, et qui correspond à mon étroit domaine de compétences. Je ne sais pas ce que M. Zemmour pense de la Constitution civile du clergé. En revanche, je ne la qualifierais qu'avec prudence de gallicane, d'autant plus que le gallicanisme, comme l'a montré Catherine Maire, est un terme piégé de l'histoire religieuse. Comme Bernard Barbiche et Ségolène de Dainville-Barbiche (« Le schisme constitutionnel », Archivium Historiae Pontificiae, t. 46, 2008, p. 107-130), j'aurais tendance à dire que la Constitution civile du clergé est à bien des égards la négation du gallicanisme de l'ancien clergé de France.

Peregrinus
images/icones/1n.gif  ( 859250 )Se faire des noeuds dans la tête par Jean-Paul PARFU (2018-12-31 14:51:30) 
[en réponse à 859247]

Je crois que trop de science finit par embrouiller les esprits ou les mener à des conclusions volontairement paradoxales, afin de paraître originaux et ainsi, de soi-disant contribuer à la science historique.

La Constitution civile du clergé est bien l'aboutissement d'un certain gallicanisme, comme l'anglicanisme fut bien le résultat d'un certain nationalisme des nouvelles élites bourgeoises anglaises, favorisées par les Tudors après la Guerre de Cent Ans et la Guerre des Deux-Roses en Angleterre.

Libérez-nous des "barbichus" à cols cassés qui officient dans les locaux poussiéreux de la Montagne Ste Geneviève !
images/icones/1a.gif  ( 859258 )"Un certain gallicanisme" par Peregrinus (2018-12-31 19:40:26) 
[en réponse à 859250]

Tout le problème est là.

On parle beaucoup du gallicanisme sans nécessairement bien savoir de quoi il s'agit (des différents gallicanismes politiques aux gallicanismes ecclésiastiques eux-mêmes très variés et aux rites néo-gallicans ou à la simple culture religieuse gallicane).

Le gallicanisme est un mot qui renvoie à tout et à n'importe quoi.

La Corse ultramontaine a été massivement constitutionnelle. Gobel, évêque de Lydda, n'était en rien un gallican convaincu ; il était hostile aux Quatre Articles ; cela ne l'a pas empêché d'usurper le siège de Paris.

Des sommités gallicanes, et de surcroît jansénisantes, comme Maultrot ou Jabineau, ont été les consultants canoniques du futur épiscopat réfractaire dès le printemps 1790, et il n'est pas rare que celui-ci invoque les traditions gallicanes lors de la crise du serment. Tout cela ne relève pas de l'anecdote ou de l'exception isolée.

La thèse ecclésiologique capitale des constitutionnels, celle qui fait le partage doctrinal entre les deux camps, à savoir l'absorption du pouvoir de juridiction dans le pouvoir d'ordre, n'est défendue sous cette forme par aucun gallican à la fin de l'Ancien Régime. C'est une nouveauté révolutionnaire, même si elle reprend des éléments à certains auteurs comme le lazariste Gratien, futur évêque intrus.

Si gallicanisme il y a, c'est celui de certains légistes, mais démultiplié par les prétentions unitaires illimitées de la Nation révolutionnaire de 1789.

Tout cela relève peut-être de la poussière des bibliothèques et des nœuds au cerveau. Mais soulever la poussière des bibliothèques et me faire des nœuds au cerveau, c'est mon métier, et je suis frappé de constater que presque toujours, quand des laïcs ou même des prêtres évoquent les problèmes d'histoire religieuse de la Révolution et du Concordat, ils sont très approximatifs, quand ils ne racontent pas n'importe quoi (on en a eu des exemples récemment dans un club des hommes en noir, à propos du Concordat et des articles organiques notamment), parce qu'ils n'ont pas lu les textes. Il s'agit d'une période d'autant plus complexe qu'elle a été ensevelie sous des montagnes d'interprétations généralement abusives ou anachroniques.

C'est pourquoi je continuerai à me faire des nœuds au cerveau. Quant à la quête de l'originalité pour l'originalité, ce n'est certainement pas mon genre.

Peregrinus

images/icones/flagD.gif  ( 859272 )Et le Nazisme n'a pas de lien avec la Prusse ! par Jean-Paul PARFU (2019-01-01 08:29:55) 
[en réponse à 859258]

Cher Peregrinus !

Je fais un détour par l'Allemagne pour me faire comprendre.

L'Allemagne actuelle repose sur deux colonnes historiques, deux piliers : le Saint Empire romain de nation germanique (962-1806) et la Prusse.

Entre 1806 et 1871, pour rappel, il y eut la Confédération du Rhin (création française 1806-1813), la Confédération germanique du Congrès de Vienne (1815-1866) sous direction austro-prussienne et la Confédération de l'Allemagne du Nord (1867-1871) sous direction prussienne.

Les Allemands de manière générale, à l'exclusion, peut-être, des Bavarois, ont une vénération pour la Prusse. Cette vénération, à mon grand étonnement lorsque je l'ai découverte, est même partagée par les Allemands catholiques de Rhénanie du Sud et de Rhénanie du Nord, qui avaient souffert de la France de Louis XIV dans le Palatinat, de la France de la Révolution et de l'Empire et devinrent prussiens en 1815 après le Congrès de Vienne.

Ils ont donc tous une vénération pour la Prusse, pour eux à l'origine de l'unité allemande et d'un essor économique et démographique sans précédent entre 1871 et 1914 et il est très difficile de leur dire ou de leur faire comprendre que la Prusse protestante, militariste et agnostique, que le militarisme prussien sont au moins en partie responsable de deux guerres mondiales et qu'il y a un lien entre le Prussianisme et le Nazisme, entre Frédéric II, Bismarck, Guillaume II, Hindenburg et Hitler. Spécialement sur ce dernier point en particulier, de vénérables universitaires vous expliquent que non seulement il n'y a aucun lien entre la Prusse et l'Allemagne hitlérienne, mais que la Prusse est l'exact contraire de l'Allemagne nazie !

De qui se moque-t-on ? De nous, bien entendu !

images/icones/1a.gif  ( 859276 )Détours par Peregrinus (2019-01-01 12:53:21) 
[en réponse à 859272]

Cher Maître,

Une chose est certaine en tout cas : je ne veux certainement pas me moquer de vous.

Même si l'Allemagne ne m'est pas entièrement inconnue, il est extrêmement probable qu'il s'agisse d'un sujet que vous connaissez mieux que moi, c'est pourquoi je ne vous contredirai pas.

Je vous accorde que parfois l'érudition sert de prétexte pour nier des évidences. Cela s'est vu et cela se verra encore.

Mais dans le cas qui nous occupait avant votre détour germanique, celui du gallicanisme, il me semble précisément qu'il n'y a pas grand-chose d'évident : il y a presque autant de gallicanismes que de gallicans, et si l'on y regarde de bien, le clergé gallican de 1790 s'est plutôt bien comporté si on le compare à d'autres cas de ruptures de la communion romaine (celui de l'Angleterre par exemple) : une moitié de curés fidèles, emmenée par la presque totalité de l'épiscopat.

Bonne et sainte année 2019 !

Peregrinus
images/icones/1g.gif  ( 859270 )Et l'histoire de Jean-Christian Petitfils ? par Jean-Paul PARFU (2019-01-01 07:52:33) 
[en réponse à 859225]

Un autre auteur, admiré dans notre famille de pensée, et qui lit, je le sais, le FC : Jean-Christian Petitfils.

J'ai acheté son histoire de France et j'ai été surpris de constater qu'il faisait débuter cette histoire aux Serments de Strasbourg de 842 et au Traité de Verdun de 843.

Certes, à partir de ces dates, il revient parfois un peu en arrière, mais rien, ou quasiment rien, sur : Chauvet, Lascaux, les alignements de Carnac et les mégalithes, rien sur les Celtes, la Gaule et Vercingétorix, le monde Gallo-Romain, Clovis et Charlemagne.

Pourquoi d'après vous ? Parce que pour ces auteurs, la France n'est pas d'abord une réalité géographique ou ethno-culturelle. La France, pour eux, est essentiellement une réalité dynastique et étatique, administrative et idéologique. Pour lui, on ne peut pas parler de France avant 842-843, parce qu'avant cette date il n'y a pas, à proprement parler, de réalité politique et administrative française avec laquelle on pourrait faire un lien direct avec la réalité politico-administrative actuelle.

Consciemment ou inconsciemment, ces auteurs sont donc de bons petits soldats de la propagande et perpétuent une historiographie d'essence gallicane et jacobine qui empêche les gens de comprendre le monde dans lequel ils vivent et qui leur fait souvent prendre, en histoire, le bien pour le mal ou le mal pour le bien et tout simplement : "des vessies pour des lanternes" !
images/icones/1b.gif  ( 859280 )Allemagne,Prusse... par Germanicus (2019-01-01 16:00:50) 
[en réponse à 859270]

L'Allemagne actuelle voudrait continuer le cours de l histoire et ne passe pas son temps à se tourner vers le passé comme certains "irréductibles gaulois".

Elle vient d un peu partout ,ne vénère ni la Prusse ,ni la Bavière...et espère un avenir serein ,même si les nuages collectés par Mme Merkel menacent...
Les Français connaissent malheureusement trop peu l'Allemagne ,un des six etats européens à avoir l allemand comme langue officielle....