Le Forum Catholique

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images/icones/porrectus.png  ( 848604 )Pour prolonger le débat sur le chant liturgique... par Signo (2018-06-12 20:15:19) 

... et la place que l'on peut accorder aux cantiques religieux en vernaculaire, quelques réflexions:

Pour ce qui est de la liturgie, en réalité il n'y a que deux types de chants possibles:

-1- le chant grégorien (qui doit être interprété selon les règles de l'art, et non sous des formes excentriques, cf. le grégorien de Notre-Dame de Paris, qui est imbuvable).

-2- la musique polyphonique traditionnelle (Byrd, Palestrina, Victoria, Lotti, Kodaly etc.)

Les cantiques vernaculaires peuvent être chantés mais ne sont qu'une tolérance, et doivent être cantonnés à des parties bien précises de la messe (au début de la célébration avant l'introit, au moment de la communion ou en chant de sortie). Un cantique en vernaculaire N'EST PAS LITURGIQUE. Ces cantiques doivent être triés sur le volet, porter au recueillement et non à l'agitation, et être composés de préférence de textes inspirés ou directement tirés des Ecritures. Ils ne peuvent remplacer le propre grégorien qu'en cas de force majeure (ex: pas de schola en nombre ou en qualité suffisante). L'accompagnement électronique et la guitare sont rigoureusement à proscrire; il faut favoriser les voix humaines seules, avec éventuellement un discret accompagnement à l'orgue. Voir cet exemple de cantique pour la communion ici.

Un exemple de déroulé d'une messe dominicale:

-1- Chant de foule (exemple)

-2- Introit grégorien.
-3- Kyrie grégorien.
-4- Gloria grégorien.
-5- Graduel grégorien.
-6- Credo grégorien avec Et incarnatus est... et homo factus est en polyphonique.
-6- Offertoire:
- antienne grégorienne du propre suivie d'une pièce polyphonique (exemple)
-7- Sanctus grégorien ou polyphonique
Pour la FO: Benedictus polyphonique juste après la consécration.
-8- Agnus Dei grégorien
-9- Communion: antienne grégorienne puis cantique vernaculaire adapté.
-10- Sortie: cantique vernaculaire, de préférence marial.

En tout cas, il est clair qu'en termes de musique liturgique les orthodoxes sont nos maîtres: cet exemple, ou celui-là sont suffisamment éloquents. En comparaison avec ces pièces qui véritablement nous introduisent dans le mystère du Fils de Dieu, nos chansonnettes occidentales apparaissent comme de la misérable bibine...
images/icones/neutre.gif  ( 848616 )Peuple de Dieu par postit (2018-06-13 01:10:36) 
[en réponse à 848604]

Louange à toi ...

Ce chant est le meilleur exemple d'une musique réutilisé sur des paroles douteuses.

Tellement douteuses qu'en certains lieux "louange à toi" a cédé la place à "rend gloire à Dieu.
images/icones/neutre.gif  ( 848620 )Saveur moderniste par Mingdi (2018-06-13 09:32:15) 
[en réponse à 848616]

Apparemment Signo a du mal à distinguer cette saveur spéciale dans les cantiques nouveaux. On n'entendra jamais cela à St Nic, n'est-ce pas Peregrinus? Peregrinus en tant qu'agrégé d'histoire et spécialiste de l'histoire du clergé pourrait écrire l' "histoire du cantique populaire de St Ambroise à l'Emmanuel". Pour ce qui est de détecter les saveurs modernistes il pourra s'adresser à l'abbé Philippe Laguérie : un maître!
images/icones/neutre.gif  ( 848665 )Tout le monde par Béotien (2018-06-14 11:57:52) 
[en réponse à 848620]

sur ce forum s’accorde pour dire que la qualité des cantiques en langue française dans les messes VOM autant que dans les messes NOM laisse plutôt à désirer. Côté NOM, le renouvellement générationnel des «animateurs de chants» a certes permis un semblant de renouvellement du répertoire en paroisse : grosso modo, les chants à guitare et textes sociaux des années 1970 ont été en bien des lieux remplacés par ceux diffusés par la communauté de l’Emmanuel, plus spirituels, mais dont les mélodies ne sont pas très inspirées, loin de là ; un chant comme Tu fais ta demeure en nous Seigneur est lugubre, voire sinistre, tandis que certains ordinaires en latin sont «habillés» d’une mélodie qui ne respecte même pas l’accentuation : du rythme, toujours du rythme ! Surtout, imbibés de sentimentalisme (l’influence évangéliste est en outre évidente sinon perceptible), les cantiques de l'Emmanuel et autres communautés nouvelles, déjà faibles musicalement, se caractérisent par leur indigence sur le plan liturgique.

D’abord, le drame du nouvel ordo est qu’il demeure largement ignoré : les antiennes d’entrée et celles de communion en français n’ont jamais été mises en musique ! On leur a substitué des chants de veillée ou de groupe de prière, de la chanson chrétienne, honnis des organistes.

Ensuite, la qualité musicale de certains chant de l'Emmanuel comme celle des pièces du XIXe ou des années 1970 portant la marque d’une époque déterminée, immanquablement, ces cantiques vieillissent plus ou moins vite (et souvent mal), tandis qu’intrinsèquement le chant grégorien n’a pas vieilli ; il demeure, intemporel (à la différence de certaines manières de le chanter, influencées par le goût de leur époque, il y a peu encore pollué par les miasmes romantiques et de nos jours truffé de roucoulades orientalisantes). Le concile n’a-t-il pas rappelé (eh oui !) que « […] L’Église reconnaît dans le chant grégorien le chant propre de la liturgie romaine ; c’est donc lui qui, dans les actions liturgiques, toutes choses égales d’ailleurs, doit occuper la première place ». (Sacrosanctum Concilium, § 116) ?

Enfin, chanter Palestrina, Victoria, Byrd (ne parlons pas de Bach ou Haendel…) n’est pas à la portée de la plupart des chorales paroissiales en raison du minimum de formation musicale (et vocale si on veut de la beauté) qu’elles exigent. Mais le danger, ici, n’est-il pas de transformer la messe en concert ?

Or, la liturgie est d’abord prière ! Dans le chant liturgique, la mélodie porte la prière ; le chant lui donne du relief. Normalement, c’est le texte qui inspire la mélodie. Hélas, la langue française n’est pas aussi musicale que l’anglaise, l’allemande ou… la latine. Alors on procède à l’envers : on plaque un texte sur une mélodie sensée plaire… Dans ces conditions, où, comment, peut-on en chantant penser à ce que l’on dit ? Dire que nous croyons ce que l’on doit croire (définition de l’orthodoxie) ? Et le dire -le chanter- à Celui vers qui nous nous tournons ?

Très rares sont en langue française les chants véritablement liturgiques. Quoiqu’inégal, le seul travail digne d’intérêt est celui réalisé par le P André Gouzes, lequel a composé des chants -à partir de textes tirés des saintes Ecritures par les Pères Bourgeois et Revel- en reprenant des mélodies grégoriennes, byzantines, de chorals luthériens ou composées par lui-même. Le personnage peut irriter à bien des égards mais son travail répond fidèlement aux préconisations de la constitution Sacrosanctum Concilium sur la sainte Liturgie (cf § 121) : «Les musiciens, […] composeront les mélodies qui présentent les marques de la véritable musique sacrée et qui puissent être chantées non seulement par les grandes Scholae cantorum, mais qui conviennent aussi aux petites et favorisent la participation active (ici le chant, ndlr) de toute l’assemblée des fidèles.
Les textes destinés au chant sacré seront conformes à la doctrine catholique et même seront tirés de préférence des Saintes Écritures et des sources liturgiques
».

En conclusion, quelle que soit la forme du rite, il ne suffit pas d’aimer chanter ou d’aimer la musique : servir la liturgie est un ministère qui demande une réelle formation : artistique, musicale, vocale, liturgique (cf Sacrosanctum Concilium, § 112 à 115). Et du travail ! Longtemps après la disparition des maitrises et autres psallettes au début de la révolution, un renouveau se dessine depuis une trentaine d’années, spécialement aujourd’hui, grâce à des chefs de chœurs de qualité (au Puy, à Lyon, …) aiguillonnés par les exemples anglais et allemands.
L’Eglise, en France, du simple fidèle jusqu’à l’évêque, a-t-elle conscience du niveau d’exigence nécessaire pour rendre, dans sa noble simplicité, sa signification et sa beauté à la liturgie romaine ?

Pardon d'avoir été si long
Beotien
images/icones/neutre.gif  ( 848666 )Influence évangéliste par Mingdi (2018-06-14 12:38:51) 
[en réponse à 848665]

Oui, c'est bien vu de votre part. Quant à Gouzes, je vais assez souvent rendre visite à une tante clarisse dans l'Aveyron. Elle ne le dira pas mais elle a la nostalgie du grégorien. Cependant, avant l'irruption de Gouzes, elle a connu une période intermédiaire, selon elle très pauvre, et est malgré tout satisfaite de Gouzes que pour ma part je trouve endormant. Qualifier cela de "byzantin" c'est méprisant pour nos frères gréco-catholiques. En tout cas, vive le grégorien!
PS : "Nous voulons Dieu", etc..., ces cantiques tonitruants, doctrinalement irréprochables, sont réservés aux processions, pèlerinages, et, exceptionnellement, aux sorties de messes. Ils ont le mérite de réveiller l'esprit de résistance des fidèles face aux manoeuvres des maçonniques qui nous gouvernent.
images/icones/bravo.gif  ( 848678 )D'accord avec vous par Signo (2018-06-14 20:13:49) 
[en réponse à 848665]

Vos analyses et remarques me semblent très pertinentes.

Il est évident qu'il y a en France un problème de formation des chefs de chorale. Dans le monde orthodoxe, on trouve à chaque office et ce jusque dans la moindre petite paroisse une qualité musicale qu'il est bien difficile de trouver dans nos meilleures paroisses françaises, même pour les grandes fêtes. Je pense qu'il faudrait qu'il y ait, accolé à chaque séminaire, une Ecole de chant et de musique sacrée, en mesure de former les maîtres de choeur du diocèse... ainsi que les séminaristes (car célébrer, notamment chanter un Evangile, une Préface, une prière eucharistique, cela s'apprend!), et ceci pour élever le niveau.

Pour ce qui est de la musique polyphonique, quelques remarques:

- beaucoup de pièces polyphoniques très belles et profondes (comme par exemple le Jesu salvator mundi de Menegalli) ne sont pas forcément très compliquées à exécuter: il suffit d'un chef de chœur compétent et quatre ou cinq chanteurs qui, sans être des professionnels, savent chanter juste.

- ensuite, il faut faire une distinction: on ne peut pas chanter n'importe quelle pièce ancienne pendant une messe, sans quoi effectivement la célébration se transforme en concert. Il faut faire un tri: je pense par exemple qu'il faut éviter les œuvres baroques (par exemple les messes de Mozart très belles en elles-mêmes, mais inadaptées à un cadre liturgique), et d'une manière générale les œuvres faisant appel à la prouesse d'un ou d'une soliste (voix de cantatrices, etc). Il faut privilégier des polyphonies recueillies, dont la mélodie sort du silence et abouti au silence (exemple: le Crucifixus de Lotti, lien dans le message précédent), de préférence sans instrument, a capella, donc essentiellement les œuvres polyphoniques de la Renaissance, et éventuellement quelques pièces des siècles suivants choisis parce qu'ils s'accordent avec l'action sacrée (cf. tous les exemples donnés dans le message précédent).

- ce qu'il faut éviter, c'est que le chef de choeur oublie qu'il est au service de la liturgie, et qu'il se permette de verser dans une forme de virtuosité musicale qui transforme, justement, la messe en concert. Cette dérive est hélas présente dans certaines paroisses VOM. Il me semble, en outre, que les pièces polyphoniques éxécutées lors des messes du pèlerinage de Chartres ne sont pas toujours adaptées à un cadre liturgique... La mélodie doit TOUJOURS être au service de l'action liturgique avec laquelle elle ne fait qu'un. Elle ne peut pas être quelque chose que l'on plaque artificiellement sur l'un des moments de la messe, simplement "pour faire beau".

André Gouzes a composé effectivement quelques oeuvres de valeur par exemple le chant Joyeuse lumière, dont le refrain peut être chanté par le peuple devant le feu de la Vigile Pascale. Mais il ne faut pas se le cacher: Gouzes est un progressiste, qui considère le grégorien comme quelque chose de dépassé devant être abandonné, et lui-même ne comprend pas grand chose à la liturgie. Cela n'enlève rien à la qualité de certaines de ses oeuvres... Il est évident que dans ce domaine, Sacrosanctum Concilium est LA boussole qui doit guider le renouveau.

images/icones/barbu2.gif  ( 848627 )Pourquoi par Yves Daoudal (2018-06-13 13:15:11) 
[en réponse à 848604]

toujours "orthodoxes" ?

Tous les chants traditionnels "orthodoxes" sont CATHOLIQUES, et chantés par des catholiques, tant en slavon qu'en grec ou en arabe.

C'est triste que des catholiques oublient qu'il y a des Eglises catholiques orientales.
images/icones/neutre.gif  ( 848664 )Découverte récente par Béotien (2018-06-14 11:31:07) 
[en réponse à 848627]

de ces définitions dans le texte de la pièce de théâtre "L’Hôte du Pape" (Vladimir VOLKOFF)

« Catholique » veut dire « universel » et non pas « romain ».
« Orthodoxe » signifie « qui croit ce qu’on doit croire ».

Nos chants liturgiques anciens et actuels manifestent-ils suffisamment l'orthodoxie de notre foi catholique, reçue des Apôtres ?

Beotien