Le Forum Catholique

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images/icones/neutre.gif  ( 848557 )pourquoi les habitants du ciel sont ils heureux parfaitement... par Mboo (2018-06-10 17:39:07) 

Alors qu'ils voient nos souffrances, nos péchés, nos misères? saint Paul ne dit il pas que la charité consiste entre autres à partager la tristesse du prochain? et comment les âmes au Ciel ne partagent pas nos tristesses alors qu'ils ont une charité parfaites?
Le même saint Paul dit que nous formons tous un même corps avec les habitants du Ciel, et il ajoute que dans un corps quand un membre souffre c'est tout le corps qui souffre! mais les habitants du Ciel ne souffre pas!
Quelqu'un peut il savoir comment saint Thomas D'Aquin ou bien un autre théologien de renom a résolu cette difficulté?
images/icones/fleche3.gif  ( 848558 )Benoît XVI citant Julienne de Norwich... par Sacerdos simplex (2018-06-10 18:58:37) 
[en réponse à 848557]

...peut vous aider.
http://w2.vatican.va/content/benedict-xvi/fr/audiences/2010/documents/hf_ben-xvi_aud_20101201.html

Voir aussi cet article (sur lequel il y aurait beaucoup à dire) :
https://fr.wikipedia.org/wiki/Julienne_de_Norwich

Julienne a cette phrase : "à la fin, tu verras que tout était bien".
Tout ce qui arrive n'arrive que parce que Dieu le veut et/ou le permet, alors qu'il est infiniment saint, juste, sage et bon.
Les saints du Ciel sont entièrement "en phase" avec cette volonté divine, ils ont donc une même volonté avec Dieu, et ils comprennent que le mal n'est permis qu'en vue d'un bien.
Et donc ils sont heureux du bonheur même de Dieu.

images/icones/neutre.gif  ( 848561 )Saint Paul se serait donc tromper ? par Mboo (2018-06-10 20:50:48) 
[en réponse à 848558]

Celui qui a une charité parfaite devrait donc être toujours heureux même face aux souffrances de son prochain car Dieu Lui même n'est jamais triste même quand on souffre et on doit s’efforcer à ressembler le plus parfaitement possible à Dieu dès cette vie.
Et la proposition de Paul qui voudrait qu'on partage la tristesse de ceux qui sont triste n'est donc valable pour ceux qui ont une charité parfaite!
images/icones/neutre.gif  ( 848564 )Prenez du recul par Candidus (2018-06-10 22:20:49) 
[en réponse à 848561]

"Tout est grâce", c'est le résumé de la spiritualité de Ste Thérèse de Lisieux. Alors, pourquoi s'affliger ? Au bout du compte, tout tournera nécessairement à la plus grande gloire de Dieu, même les pires péchés, même les plus grandes croix, même la damnation d'une âme.

Certes, notre sensibilité nous empêche de vivre et comprendre pleinement cette vérité, mais celle-ci n'en demeure pas moins la seule esquisse d'explication possible au mystère du mal.

Les saints, qui participent à l'omniscience de Dieu, ont une sensibilité en harmonie parfaite avec leur intelligence, Ils ne peuvent donc pas souffrir de ce qui nous afflige parce qu'ils voient en Dieu le sens de toutes choses, au delà de ce que notre sensibilité nous fait éprouver.

Un moine que je questionnais sur le sens de l'agonie d'un bébé qui ne peut même pas offrir sa souffrance à Dieu afin de lui donner un sens et obtenir des mérites, m'a répondu : c'est nous [les moines, mais cela peut être vous et moi] qui donnons un sens à toutes les souffrances, aux plus cachées comme aux plus visibles, à travers le temps et l'espace, en les portant par notre prière devant le trône de Dieu qui les utilise pour le bien de tous.

C'est un des aspects de la communion des saints.
images/icones/neutre.gif  ( 848570 )Ce n'est pas là ma préocuppation par Mboo (2018-06-11 08:38:33) 
[en réponse à 848564]

Mon problème n'est pas de trouver un sens à la souffrance, mais de trouver la cohérence entre les paroles de saint Paul et la perfection chrétienne.
Pour dire autrement les choses:
Dieu est toujours dans la joie bien qu'il voit toute notre misère et nos péchés.
Or nous devons le plus possible chercher à ressembler à Dieu.
Donc nous devons chercher à être dans la joie quand bien même on fait face à la souffrance, aux misères et aux péchés du prochain.

Cette conclusion me semble en contradiction avec la charité tel que décrite par saint Paul qui dit qu'on doit partager la tristesse du prochain. Car d'une part on doit chercher à être toujours dans la joie et d'autre part on doit aussi chercher à être dans la tristesse à cause des misères exprimées par le prochain

Rechercher cette double finalité me semble être une contradiction, et c'est cette difficulté que je veux résoudre
images/icones/neutre.gif  ( 848571 )Il n'y a pas de contradiction par Candidus (2018-06-11 09:17:26) 
[en réponse à 848570]

Nous sommes dans la joie parce que nous savons qu'ultimement, tout concourt à la gloire de Dieu et à l'intérêt -bien compris et qui nous demeure mystérieux- de l'homme, mais cela ne nous empêche pas d'éprouver de la souffrance parce que nous sommes des êtres sensibles et que la douleur aussi bien physique que morale n'obéit pas à la raison.

Cette com-passion (souffrir avec) est bonne, nous devons la cultiver tout en demeurant dans la joie parce qu'elle apporte du réconfort à ceux avec qui ou pour qui nous souffrons.

Prenez l'exemple de Jésus qui a pleuré à l'annonce de la mort de son ami Lazare. Il savait que Lazare, dans le "Sein d'Abraham", était plus heureux que sur terre. Il savait que leur séparation ne serait que momentanée et d'un certaine manière factice, surtout pour Lui, maître du temps et de la vie. Il a pourtant pleuré, Il a accueilli ce sentiment, Il ne l'a pas combattu, sans doute même qu'Il l'a "cultivé" pour se mettre à l'unisson de la souffrance de Marthe et Marie, pour les réconforter. Sa sensibilité humaine l'a emporté sur sa raison humaine qui s'est comme "mise en veilleuse" et cela est une bonne chose parce que, comme l'a dit le pape François : "Certaines réalités de la vie ne sont visibles qu'aux yeux qui ont été lavés par les larmes".
images/icones/neutre.gif  ( 848574 )Merci pour ces précisions par Mboo (2018-06-11 10:09:47) 
[en réponse à 848571]

Bonne journée à vous
images/icones/neutre.gif  ( 848565 )« Dieu fait tout concourir au bien de ceux qui L’aiment » (Rm 8, 28) par Candidus (2018-06-10 22:24:48) 
[en réponse à 848561]

Je vous conseille la lecture de ce beau texte, tiré d'un bulletin paroissial.
images/icones/coeur.gif  ( 848559 )Pourquoi Dieu est-il dans la Joie ? par Glycéra (2018-06-10 19:37:09) 
[en réponse à 848557]


Bonheur (bonne heure) est relié au temps, la Joie est éternelle, hors du temps. Parfois nous la goûtons une seconde, comme un apéritif pour nous aider.


Bonheur = moment bon,
Malheur = male-mauvaise heure.
C'est terrestre.


Pourquoi Dieu ne perd-t-il jamais sa Joie ? Pare qu'IL est la Joie.

Mystère de ce Dieu qui ose créer l'homme et sa liberté intrinsèque.
Dieu sait que l'homme choisira souvent le mauvais côté, et en plus continuera en allant se cacher, au lieu d'assumer, de voir, et de venir dire son errance, ses erreurs, et sa douleur.


Si nous sommes Un en Dieu, comme Dieu, quand nous sommes admis en Sa compagnie céleste, alors nous serons de même que Lui.



La tristesse est autre chose.
Elle contient une bonne dose d'ignorance : l'homme ne voit pas tout, et comprend encore moins qu'il ne voit.


Les sages sont d'humeur égale, les saints tristes ne sont pas saints assez pour vivre célestement unis à Dieu.

"Je suis sans chagrin au milieu de mon chagrin" dit celui qui a perçu cela, et qui pleure, mais sans lâcher la main et la Joie de Dieu.

Comment est-ce ?
On peut être triste, et Dieu-Homme l'a été.
Pleurer fut un acte relaté dans les Evangiles, Jésus a pleuré.
Avait-il perdu pour autant sa divinité qui est Joie ?
Non, il a vécu, il a assumé chaque moment.


Mais Dieu souffre dit la Tradition.
Il n'empêche qu'Il sait que son plan est le bon : oser créer l'homme libre, très libre, complètement libre de son choix, consciemment. Pour que l'homme atteigne à la Joie complète, responsable (qui répond Oui), autonome dans ses choix, et libre de demander de l'aide . . . ou pas, et de louper le passage !

Les conférences du Père Molinié sont très souvent centrés sur cette question de l'audace de Dieu qui crée l'homme libre, alors qu'Il sait l'infinie souffrance qui sera de retour vers Lui.

Gratitude sans bornes de notre part ?
Remercier à chaque minute l'audace de Dieu, et son soutien, quotidien.




Glycéra




images/icones/1a.gif  ( 848723 )Une réponse de Spinoza - cité par Michèle Reboul par Glycéra (2018-06-16 09:56:11) 
[en réponse à 848557]





Le sage, conscient de l’Unité, a « la satisfaction de l’âme »

Ainsi l’homme doit-il passer de cette connaissance du premier genre, où nos opinions sont le reflet de nos propres confusions et de notre propre division interne, à la connaissance du second genre, où l’on saisit les liens des êtres, en les dépassant dans l’unité commune qui les fonde, et arriver ensuite à la connaissance du troisième genre où il se situe et situe toutes choses dans l’Un : c’est l’intuition, or intuere, c’est voir, et, effectivement, on ne peut se voir que dans la Vérité, car la Vérité est à la fois notre regard et notre vision. C’est en s’unifiant, en prenant conscience de sa relation avec tout, que le sage vivra dans la béatitude où connaissance et joie ne font qu’un. « L’ignorant, outre qu’il est poussé de mille façons par les causes extérieures et ne possède jamais la vraie satisfaction de l’âme, vit en outre presque inconscient de lui-même, de Dieu et des choses et, sitôt qu’il cesse de pâtir, il cesse aussi d’être. Au contraire, le sage — considéré comme tel — dont l’âme s’émeut à peine, mais qui, par une certaine nécessité éternelle, est conscient de lui-même, de Dieu et des choses, ne cesse jamais d’être, mais possède toujours la vraie satisfaction de l’âme » (Éth. V, scolie de la prop. XLII, p. 652).




C'est dans la revue 3ème Millénaire
Mais je ne sais si il est accepté, ici, de mettre le lien.

C'est une réponse à votre interrgogation.
Merci de me l'avoir fait découvrir.