Le Forum Catholique

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images/icones/hein.gif  ( 848287 )Mariage sacramentel ? par Justin Petipeu (2018-05-31 10:43:41) 

Quelle sont les conditions pour reconnaître un mariage sacramentel ? Il semble que l'Eglise reconnaît qu'un mariage conclu par deux baptisés protestants soit sacramentel. Même si ceux-ci acceptent l'avortement, la contraception et le divorce au moment où ils se marient ? C'est étrange.
images/icones/heho.gif  ( 848288 )Protestants par Alexandre (2018-05-31 10:56:41) 
[en réponse à 848287]

Vous croyez qu'il n'y a pas de catholiques qui "acceptent l'avortement, la contraception et le divorce au moment où ils se marient" ?
images/icones/hum2.gif  ( 848289 )C'est une autre question... par Justin Petipeu (2018-05-31 11:01:51) 
[en réponse à 848288]

Il me semble qu'on leur laisse le bénéfice du doute et qu'on ne leur pose pas trop de questions. Au moins s'assure-t-on qu'ils ont bien l'intention de rester mariés pour la vie Mais lorsqu'un protestant se marie, il ne croit officiellement pas à l'indissolubilité du mariage puisque les protestants acceptent le divorce.

Que le mariage soit valide, certes ; mais sacramentel, cela m'étonne.
images/icones/neutre.gif  ( 848290 )Voir ici : par Justin Petipeu (2018-05-31 11:08:08) 
[en réponse à 848289]

2.2. Sacrement au sens strict

De cette façon, le mariage chrétien est configuré au mystère de l’union entre le Christ Jésus et l’Église. Le fait que le mariage chrétien soit ainsi assumé dans l’économie du salut justifie déjà l’appellation de « sacrement » au sens le plus large. Mais il est encore beaucoup plus : une condensation concrète et une actualisation réelle de ce sacrement primordial. Le mariage chrétien est donc en lui-même, vraiment et proprement, un signe du salut qui confère la grâce du Christ Jésus. C’est bien pourquoi l’Église catholique le compte parmi les sept sacrements (DS 1327, 1801).

Entre l’indissolubilité du mariage et sa sacramentalité, il existe un rapport particulier, c’est-à-dire une relation constitutive réciproque. L’indissolubilité permet de saisir plus facilement la sacramentalité du mariage chrétien; en retour, du point de vue théologique, la sacramentalité constitue le fondement dernier, bien que non unique, de l’indissolubilité du mariage.

source
images/icones/vatican.gif  ( 848292 )Foi et réalité par Alexandre (2018-05-31 11:30:50) 
[en réponse à 848289]

Entre la foi en l'indissolubilité et l'indissolubilité elle-même, il y a un pas.

Par ailleurs, vous trouverez peut-être des éclaircissements dans l'exhortation Familiaris consortio de Jean Paul II, en particulier le n° 68.
C'est l'argumentation que m'a donnée un jour un prêtre quand je lui parlais des baptisés non-croyants qui demandaient le mariage.
images/icones/fleche2.gif  ( 848295 )Distinguer entre l'erreur purement théorique et l'erreur viciant le consentement par Sacerdos simplex (2018-05-31 16:22:05) 
[en réponse à 848287]

Ce n'est pas facile !

Si une erreur est purement théorique (du genre : "le mariage a été institué comme sacrement non pas par Jésus-Christ, mais au 12° siècle"), elle ne rend pas le mariage invalide.
Mais il en est autrement si cette erreur vicie le consentement : "Ah, mais si j'avais su qu'il n'est pas possible de divorcer, jamais je n'aurais épousé cette personne !... "
Ou à l'inverse : "Je pense que le divorce est, de manière générale, admissible, mais moi je vais me marier et je n'ai pas du tout envie de divorcer".

La question, très délicate, va être de déterminer si l'erreur a "déterminé ou non la volonté" :
Can. 1099 – L’erreur concernant l’unité ou l’indissolubilité ou bien la dignité sacramentelle du mariage, pourvu qu’elle ne détermine pas la volonté, ne vicie pas le consentement matrimonial.

Voir aussi :
Can. 1096 – § 1. Pour qu’il puisse y avoir consentement matrimonial, il faut que les contractants n’ignorent pas pour le moins que le mariage est une communauté permanente entre l’homme et la femme, ordonnée à la procréation des enfants par quelque coopération sexuelle.
§ 2. Cette ignorance n’est pas présumée après la puberté.
[On voit que ce qui est demandé est vraiment très, très "basique" !... On ne parle pas d'indissolubilité, mais de "communauté permanente", quelque chose de stable, qui est prévu pour durer un certain temps. Mais ce canon concerne la connaissance ou l'ignorance.]

Can. 1097 – § 1. L’erreur sur la personne rend le mariage invalide.
§ 2. L’erreur sur une qualité de la personne, même si elle est cause du contrat, ne rend pas le mariage invalide, à moins que cette qualité ne soit directement et principalement visée.
Can. 1098 – La personne qui contracte mariage, trompée par un dol commis en vue d’obtenir le consentement, et portant sur une qualité de l’autre partie, qui de sa nature même peut perturber gravement la communauté de vie conjugale, contracte invalidement.

images/icones/1n.gif  ( 848300 )Je comprends bien par Justin Petipeu (2018-05-31 20:32:04) 
[en réponse à 848295]

Mais à partir du moment où 90% des communautés protestantes acceptent le divorce et acceptent de passer plusieurs fois les "mariés" au temple avec des conjoints différents, il me semble difficilement soutenable de penser que le mariage entre protestants - sauf exception - est sacramentel.
images/icones/1v.gif  ( 848309 )J'ai indiqué le critère théorique. Concrètement, c'est... par Sacerdos simplex (2018-05-31 23:02:06) 
[en réponse à 848300]

...une autre paire de manches.

Votre 1° post disait :

Même si ceux-ci acceptent l'avortement, la contraception et le divorce au moment où ils se marient ?



Qu'ils acceptent l'avortement, la contraception, la fraude fiscale, le révisionnisme etc. ne change rien à l'affaire.
Pour le divorce, il faudrait prouver que leur intention était bien de divorcer éventuellement.
Si on n'arrive pas à le démontrer, le mariage est "tenu pour" valide (C. 1060). (ici on est dans l'ordre du juridique)
Et entre baptisé, il n'existe pas de mariage valide qui ne soit sacramentel (c. 1055 § 2). (là on est dans l'ordre de l'ontologique, du réel, qui est connu de Dieu mais pas nécessairement des hommes en général et du juge en particulier)
images/icones/fleche3.gif  ( 848310 )Mariage sacrement par Goupillon (2018-05-31 23:09:27) 
[en réponse à 848287]

L'Église ne reconnaît aucune réalité sacramentelle au « mariage » des protestants. Le contraire serait absurde dans ce sens que les protestants eux-mêmes ne lui en accorde aucune.

Pour qu'un mariage soit sacramentel, il faut d'abord vouloir recevoir ce sacrement. Or un protestant nie le caractère sacramentel du mariage. Il refuse le sacrement. Il conclut à la mairie un mariage civil. Il signe un contrat. Le mariage « religieux » n'existe pas chez les protestants. Les protestants sont en concubinage légal.
images/icones/nounours.gif  ( 848311 )Conflit entre leurs volontés par Sacerdos simplex (2018-05-31 23:24:09) 
[en réponse à 848310]

Ils ont d'abord et avant tout la volonté de se marier - validement (et probablement d'être en règle aux yeux de Dieu).

Par ailleurs, au niveau de l'intelligence, ils font une erreur théorique en affirmant que le mariage n'est pas un sacrement.
Mais cette erreur théorique n'a pas influencé leur consentement :
ils ne disent pas : "Je veux me marier, mais uniquement à la condition que ce ne soit pas un sacrement, je ne supporte pas l'idée de recevoir un sacrement !...".
Et un canon que j'ai cité affirme explicitement :
Can. 1099 – L’erreur concernant l’unité ou l’indissolubilité ou bien la dignité sacramentelle du mariage, pourvu qu’elle ne détermine pas la volonté, ne vicie pas le consentement matrimonial.

Vous parlez bien d'une erreur concernant la dignité sacramentelle du mariage !?... Eh bien, pourvu qu’elle ne détermine pas la volonté, elle ne vicie pas le consentement matrimonial. (et il paraît difficile d'envisager qu'elle détermine la volonté et vicie le consentement ! Il faudrait être un extrémiste hyper-radicalisé !...)

Donc le consentement matrimonial est valide.
Et par voie de conséquence, en vertu du c. 1055 § 2... :
"C’est pourquoi, entre baptisés, il ne peut exister de contrat matrimonial valide qui ne soit, par le fait même, un sacrement."