Le Forum Catholique

http://www.leforumcatholique.org/message.php?num=848051
images/icones/neutre.gif  ( 848051 )A Chartres, le cardinal Sarah défend le célibat sacerdotal en péril par Abbé Claude Barthe (2018-05-23 10:37:25) 

Dans le contexte de préparation du synode pour l'Amazonie, qui devrait ouvrir la porte à l'ordination d'hommes mariés, le cardinal Sarah avertit solennellement : "Le projet, de nouveau émis par certains, de détacher le célibat du sacerdoce en conférant le sacrement de l’Ordre à des hommes mariés (les viri probati) pour, disent-ils, 'des raisons ou des nécessités pastorales', aura pour graves conséquences, en réalité, de rompre définitivement avec la Tradition apostolique. Nous allons fabriquer un sacerdoce à notre taille humaine"
On remarquera la prise de position théologique, qui fonde le célibat ecclésiastique sur la tradition apostolique.
L'Homme nouveau
images/icones/1g.gif  ( 848054 )Le "viri probati" est devenu le fétiche par AVV-VVK (2018-05-23 11:23:48) 
[en réponse à 848051]

dans des cercles progressistes. Prochainement également des "mulieres probatae"? Alors on est bien parti.
En tout état de cause, une confusion inquiétante semble (je suis prudent) régner dans l' Eglise et dans les églises.
images/icones/tao.gif  ( 848056 )Deux remarques : par Rémi (2018-05-23 11:46:57) 
[en réponse à 848051]

Si l'ordination d'homme mariés n'est pas souhaitable dans l'Eglise latine, précisément en particulier parce que ce n'est pas sa tradition, comme le rappelait le futur canonisé Paul VI, peut-on dire néanmoins qu'il s'agit de la Tradition apostolique avec tout ce qu'elle comporte d'impératif, puisqu'on le sait nos frères catholiques orientaux ordonnent prêtres des hommes mariés ?



Par ailleurs, est-ce bien à Chartres, et devant un public tout acquis, qu'il faut porter ces mises en garde ? Et non pas plutôt à Rome, où d'aucuns auraient bien besoin de les entendre ? Je ne voudrais pas retrouver chez l'excellent cardinal Sarah un certain "müllerisme" qui a consisté à avaler les couleuvres d'abord et à ne chouiner qu'après ... son renvoi.
images/icones/1v.gif  ( 848058 )A rome ils ont des oreilles par Adso (2018-05-23 12:19:29) 
[en réponse à 848056]

enfin...en principe... tranquillisez vous, François et sa police surveille et écoute ce que disent les potentiels ennemis...
images/icones/livre.gif  ( 848061 )Un avis de 1790 par Peregrinus (2018-05-23 13:44:06) 
[en réponse à 848056]


Si l'ordination d'homme mariés n'est pas souhaitable dans l'Eglise latine, précisément en particulier parce que ce n'est pas sa tradition, comme le rappelait le futur canonisé Paul VI, peut-on dire néanmoins qu'il s'agit de la Tradition apostolique avec tout ce qu'elle comporte d'impératif, puisqu'on le sait nos frères catholiques orientaux ordonnent prêtres des hommes mariés ?



C'est sans doute un peu daté, mais le canoniste Maultrot expliquait en 1790, avec une érudition historique, patristique et canonique assez impressionnante, que c'est bien l'Orient chrétien qui sur ce point s'est séparé de la Tradition des apôtres après le concile in Trullo : c'est par pure condescendance que l'Eglise romaine y a toléré les prêtres mariés.

Peregrinus
images/icones/fleche3.gif  ( 848063 )Et un avis plus récent, repris sur le site du Saint-Siège par Sacerdos simplex (2018-05-23 14:01:12) 
[en réponse à 848061]

Il s'agit d'une note de bas de page d'un ouvrage de droit canonique, d'un professeur d'université, qui n'a pas été publié en français, suivie de la note du traducteur (traduit partiellement, mais pas publié) :

La norme la plus ancienne se limitait à interdire la bigamie [souvent appelée bigamie successive ; digamia] c’est-à-dire le nouveau mariage du clerc après qu’il soit devenu veuf (1 Tm. 3, 2 ; Tt. 1, 6). La règle du célibat est fixée pour tout l’Occident à la fin du IVème siècle avec les décrétales des papes Sirice et Innocent I, et est reprise ensuite par de nombreux conciles. Voir R. Gryson, Les origines du célibat ecclésiastique, Gembloux, 1970 ; C. Cochini, Origines apostoliques du célibat sacerdotal, Paris-Namur, 1981 ; F. Liotta, La continenza dei chierici nel pensiero canonistico. Da Graziano a Gregorio IX, Milano, 1971.

[Note du Traducteur : un certain nombre d’auteurs insistent sur l’origine très ancienne, et même apostolique, de ces normes.
Le concile d’Elvire (vers 300-305 ; c. 33, Mansi II, 11), mentionné dans l’encyclique Sacerdotalis Cælibatus de 1967 (n° 36, note 21), dispose : « On est tombé d’accord sur l’interdiction totale faite aux évêques, aux prêtres et aux diacres, c’est-à-dire à tous les clercs employés au service de l’autel, d'avoir, de commercer avec leurs épouses et de procréer des enfants ; cependant, celui qui l’aura fait devra être exclu de l’état clérical. »
D’après l’analyse de ce texte, il semble que, bien loin d’innover, cette disposition ne fait que reprendre une règle plus ancienne :
aucune explication n’est donnée pour la justifier,
aucune mention n’est faite d’une norme disciplinaire antérieure abrogée,
aucune protestation n’a été constatée :
tout cela serait inexplicable dans le cas d’une nouveauté particulièrement contraignante et impopulaire.

Le canon 3 du Concile de Nicée (325) parle des femmes admises à habiter dans la maison des clercs : une sœur, une mère, une tante ; aucune mention n’est faite de leurs épouses.
Dans le même sens que le livre du P. Christian Cochini, Roman Cholij (prêtre de rite oriental, Secrétaire de l’Exarcat Apostolique pour les catholiques ukrainiens en Grande-Bretagne) a obtenu son doctorat ‘summa cum laude’ pour sa thèse sur le célibat sacerdotal à l’époque apostolique ; il est l’auteur de Clerical Celibacy In East And West, Leominster, 1989 ; son texte Priestly celibacy in patristics and in the history of the Church figure sur le site internet du Vatican).
Sa conclusion est que sa propre Église orientale et les autres se sont écartées de la tradition apostolique.
Enfin, il convient de distinguer entre l’obligation pour les ordinands d’être célibataires, et l’obligation d’observer la continence pour les hommes mariés recevant l’ordination ; c’est précisément à cause de cette obligation de garder la continence que le mariage des clercs a (tardivement) été marqué de nullité, la continence ne permettant pas une vie de couple normale.]
images/icones/bravo.gif  ( 848064 )C'est exactement par Peregrinus (2018-05-23 14:42:52) 
[en réponse à 848063]


il convient de distinguer entre l’obligation pour les ordinands d’être célibataires, et l’obligation d’observer la continence pour les hommes mariés recevant l’ordination ; c’est précisément à cause de cette obligation de garder la continence que le mariage des clercs a (tardivement) été marqué de nullité, la continence ne permettant pas une vie de couple normale.



Les prêtres mariés des premiers temps étaient continents : c'est exactement la conclusion à laquelle arrive Maultrot en 1790 en se fondant sur une critique serrée des monuments ; preuve s'il en fallait une que l'on n'était pas tout à fait ignorant de l'histoire ecclésiastique dans la France de la fin du XVIIIe siècle.

Peregrinus
images/icones/neutre.gif  ( 848079 )Il est souhaitable par Eti Lène (2018-05-23 21:19:55) 
[en réponse à 848056]

Il est probable, mais pas certain que les enfants vont donner à l'homme-prêtre suffisamment de peine, pour ne pas en rajouter avec les fidèles qui sont plus nombreux.

Il est donc souhaitable (et cela sans ironie cette fois) de ne pas avoir trop d'enfants charnels, mais plus d'enfants spirituels à qui le même mode de transmission pourra s'opérer. Car le prêtre père devra s'acquitter d'une charge supplémentaire, dont le mode de transmission n'est pas le même.

Il vaut mieux que cela soit à temps plein, afin de rendre plus efficace l'enfantement spirituel. Le problème aussi de la chair c'est que plus on lui donne plus elle exige, plus on lui refuse, plus elle est moins tyrannique.

Le Cardinal Sarah a du essayer d'en parler, puisque nous sommes y compris vous, sur des hypothèses. Mais sans doute peine perdue. Alors que faire ? Rien sinon utiliser les moyens légaux qui s'offrent à celui qui croit que l’Église n'est pas une succursale de l'établissement principal d'un Dieu hypothétique.
images/icones/1a.gif  ( 848084 )Une remarque par Jérusalem (2018-05-23 22:37:46) 
[en réponse à 848056]


Par ailleurs, est-ce bien à Chartres, et devant un public tout acquis, qu'il faut porter ces mises en garde ? Et non pas plutôt à Rome, où d'aucuns auraient bien besoin de les entendre ?


C'est amusant, j'ai débattu avec d'autres pèlerins sur la portée des propos du cardinal. Et j'ai justement pris ce passage en réponse à ce que me disait mon interlocuteur : "les tradis se sont pris une cartouche".

Il faisait notamment allusion à cet autre passage du sermon :

Sachons toujours célébrer, comme en ce jour, selon ce qu'enseigne le Concile Vatican II , "avec une noble simplicité, sans surcharge inutile, sans esthétique factice et théâtrale".



Ce que je pense profondément, c'est que Son Éminence ne cherche pas à "faire passer des messages". Il se contente d'enseigner la vérité, comme c'est son rôle.
Et, ce faisant, ben forcément, selon l'actualité, certains doivent se sentir plus concernés. Comme c'est le cas sur les viri probati. Ou sur l'esthétique de la liturgie.
Mais je reste persuadé que l'intention du cardinal n'est pas de se positionner contre un groupe. Uniquement de dire ce qui est. Et peu importe son public.

Étant entendu, de toute façon, que ses propos seront répétés à ceux qui pourraient se sentir concernés (qui se sent morveux, qu'il se mouche).


Mais bon, pour une fois que j'ai tout compris à un sermon, je veux croire qu'il était particulièrement brillant .
images/icones/hein.gif  ( 848075 )Jusques où... par Justin Petipeu (2018-05-23 19:47:12) 
[en réponse à 848051]

..L'union d'un tel collège cardinalice pourra-t-elle tenir ? Lorsqu'on lit l'homélie du cardinal Sarah, on se demande si on est dans a même Eglise que celle de Mgr Marx et consorts....

Que cherche François ? Le schisme ?
images/icones/neutre.gif  ( 848082 )Scénario possible pour le prochain conclave : par Candidus (2018-05-23 21:53:26) 
[en réponse à 848075]

un blocage.

Vu le nombre de cardinaux créés par François, et malgré l'exaspération d'un grand nombre des cardinaux créés par Jean-Paul II et Benoît XVI, ces derniers pourraient ne pas être assez nombreux pour imposer leur candidat. Mais n'oublions pas que l'élu doit obtenir deux tiers des voix plus une, ce qui signifie que même si les conservateurs ne sont pas assez nombreux pour faire élire l'un d'entre eux, ils disposeront vraisemblablement encore d'une minorité de blocage, et vu l'exacerbation qu'ils éprouvent, ils seraient tout à fait capables d'empêcher indéfiniment l'élection d'un bergoglien. Que se passerait-il alors ? On peut tout imaginer, y compris l'élection du plus improbable des outsiders. J'aime l'idée que le prochain pape sera un chartreux inconnu. C'est ce qui s'était passé pour l'élection de Célestin V, moine ermite bénédictin.
images/icones/neutre.gif  ( 848077 )Cardinal Sarah par Candidus (2018-05-23 21:05:28) 
[en réponse à 848051]

L'attitude du cardinal Sarah me fait penser à celle du cardinal Ratzinger juste avant le conclave sans qu'il n'y ait certainement aucun calcul de sa part. Il n'hésite pas à mettre les pieds dans le plat et à dire les chose crûment, sans prendre de gants. Se faisant, il montre une absence totale de calcul, de désir de ménager d'éventuels électeurs, de lisser son image.

Le malheureux ne s'en doute pas, mais cette attitude peut constituer une forte incitation à voter pour lui. Instinctivement, nous sommes tous portés à respecter et faire confiance à celui qui est dépourvu d'ambition personnelle. Et s'il y a bien une chose que le cardinal Sarah et le pape émérite ont en commun, c'est bien cette absence d'ambition.