Le Forum Catholique

http://www.leforumcatholique.org/message.php?num=844998
images/icones/vatican.gif  ( 844998 )Décret instaurant la mémoire de Marie,mère de l'Eglise le lundi de Pentecôte par Jean Kinzler (2018-03-03 15:37:47) 



Traduzione in lingua francese

CONGREGATIO DE CULTO DIVINO ET DISCIPLINA SACRAMENTORUM

DECRET
sur la célébration
de la bienheureuse Vierge Marie
Mère de l’Eglise
dans le Calendrier Romain Général

La joyeuse vénération dédiée à la Mère de Dieu dans l’Eglise contemporaine, à la lumière de la réflexion sur le mystère du Christ et sur sa propre nature, ne pouvait pas oublier cette figure de Femme (cf. Gal 4, 4), la Vierge Marie, qui est à la fois Mère du Christ et Mère de l’Eglise.

Ceci était déjà en quelque sorte présent dans la pensée de l’Eglise à partir des paroles prémonitoires de saint Augustin et de saint Léon le Grand. Le premier, en effet, dit que Marie est la mère des membres du Christ, parce qu’elle a coopéré par sa charité à la renaissance des fidèles dans l’Eglise; puis l’autre, quand il dit que la naissance de la Tête est aussi la naissance du Corps, indique que Marie est en même temps mère du Christ, Fils de Dieu, et mère des membres de son Corps mystique, c’est-à-dire de l’Eglise. Ces considérations dérivent de la maternité de Marie et de son intime union à l’œuvre du Rédempteur, qui a culminé à l’heure de la croix.

La Mère en effet, qui était près de la croix (Jn 19, 25), accepta il testament d’amour de son Fils et accueillit tous les hommes, personnifiés par le disciple bien-aimé, comme les enfants qui doivent renaître à la vie divine, devenant ainsi la tendre mère de l’Eglise que le Christ a générée sur la croix, quand il rendait l’Esprit. A son tour, dans le disciple bien-aimé, le Christ choisit tous les disciples comme vicaires de son amour envers la Mère, la leur confiant afin qu’ils l’accueillent avec affection filiale.

Guide prévoyante de l’Eglise naissante, Marie a donc commencé sa propre mission maternelle déjà au cénacle, priant avec les Apôtres dans l’attente de la venue de l’Esprit Saint (cf. Ac 1,14). Dans ce sentiment, au cours des siècles, la piété chrétienne a honoré Marie avec les titres, en quelque sorte équivalents, de Mère des disciples, des fidèles, des croyants, de tous ceux qui renaissent dans le Christ, et aussi de “Mère de l’Eglise”, comme il apparaît dans les textes d’auteurs spirituels ainsi que dans le Magistère de Benoît XIV et de Léon XIII.

De ce qui précède on voit clairement le fondement sur lequel le bienheureux pape Paul VI, en concluant, le 21 novembre 1964, la troisième session du Concile Vatican II, a déclaré la bienheureuse Vierge Marie “Mère de l’Eglise, c’est-à-dire Mère de tout le peuple chrétien, aussi bien des fidèles que des Pasteurs, qui l’appellent Mère très aimable”, et a établi que “le peuple chrétien tout entier honore toujours et de plus en plus la Mère de Dieu par ce nom très doux”.

Le Siège apostolique a ainsi proposé, à l’occasion de l’Année Sainte de la Réconciliation (1975), une messe votive en l’honneur de la bienheureuse Marie Mère de l’Eglise, insérée par la suite dans le Missel Romain; il a aussi accordé la faculté d’ajouter l’invocation de ce titre dans les Litanies Laurétanes (1980) et il a publié d’autres formules dans le recueil des messes de la bienheureuse Vierge Marie (1986). Pour certaines nations, diocèses et familles religieuses qui en ont fait la demande, il a concédé d’ajouter cette célébration dans leur Calendrier particulier.

Le Souverain Pontife François, considérant avec attention comment la promotion de cette dévotion peut favoriser, chez les Pasteurs, les religieux et les fidèles, la croissance du sens maternel de l’Eglise et de la vraie piété mariale, a décidé que la mémoire de la bienheureuse Vierge Marie, Mère de l’Eglise, soit inscrite dans le Calendrier Romain le lundi de la Pentecôte, et célébrée chaque année.

Cette célébration nous aidera à nous rappeler que la vie chrétienne, pour croître, doit être ancrée au mystère de la Croix, à l’oblation du Christ dans le banquet eucharistique et à la Vierge offrante, Mère du Rédempteur et de tous les rachetés.

Une telle mémoire devra donc apparaître dans tous les Calendriers et les Livres liturgiques pour la célébration de la Messe et de la Liturgie des Heures; les textes liturgiques nécessaires à ces célébrations sont joints à ce décret et leurs traductions, approuvées par les Conférences Episcopales, seront publiées après la confirmation de ce Dicastère.

Là où la célébration de la bienheureuse Vierge Marie, Mère de l’Eglise, est déjà célébrée, selon les normes du droit particulier approuvé, à un jour différent avec un degré liturgique supérieur, même dans le futur, peut être célébrée de la même manière.

Nonobstant toutes choses contraires.

Du siège de la Congrégation pour le Culte Divin et la Discipline des Sacrements, le 11 février 2018, en la mémoire de la bienheureuse Vierge Marie de Lourdes.

Robert Cardinal Sarah
Préfet

+ Arthur Roche
Archevêque Secrétaire

[00350-FR.01] [Texte original: Latin]Vatican

La mémoire de Marie “Mère de l’Eglise”

En application de la décision du Pape François, avec décret du 11 février 2018, cent-soixantième anniversaire de la première apparition de la Vierge à Lourdes, la Congrégation pour le Culte Divin et la Discipline des Sacrements a disposé l’inscription de la mémoire de la «Bienheureuse Vierge Marie Mère de l’Eglise» dans le Calendrier Romain Général. Avec le décret on indique les textes liturgiques relatifs à la célébration, en latin, de la Messe, de l’Office Divin ainsi que pour le Martyrologe Romain. Les Conférences Episcopales devront approuver la traduction de ces textes et, après la confirmation par le Dicastère, les publier dans les livres liturgiques de leur juridiction.

Le motif de la célébration est décrit brièvement dans le décret lui-même, rappelant le progrès réalisé dans la vénération liturgique réservée à la Vierge Marie, suite à une meilleure compréhension de sa présence «dans le mystère du Christ et de l’Eglise», comme l’a expliqué le chapitre VIII de la Lumen gentium du Concile Vatican II. A juste titre, en effet, au moment de promulguer cette constitution conciliaire, le 21 novembre 1964, le bienheureux Paul VI a voulu reconnaître à Marie solennellement le titre de «Mère de l’Eglise». Le peuple chrétien, en deux mille ans d’histoire, avait compris de plusieurs manières le lien filial qui unit étroitement les disciples du Christ à sa très sainte Mère. L’Evangéliste Jean rend un témoignage explicite à ce lien, en rapportant le testament de Jésus mourant sur la croix (cf. Jn 19, 26-27). Après avoir donné sa propre Mère aux disciples et ceux-ci à sa Mère, «sachant que tout était accompli», Jésus mourant «rend l’esprit» pour la vie de l’Eglise, son corps mystique. En effet, «c’est du côté du Christ endormi sur la croix qu’est né l’admirable sacrement de l’Église tout entière» (Sacrosanctum Concilium, n. 5).

L’eau et le sang qui ont jailli du cœur du Christ sur la croix, signe de la totalité de son offrande rédemptrice, continuent sacramentellement à donner vie à l’Eglise à travers le Baptême et l’Eucharistie. Dans cette communion admirable, qui doit toujours être alimentée entre le Rédempteur et les rachetés, la très sainte Vierge Marie a sa mission maternelle à accomplir. Ceci est rappelé par le passage évangélique de Jn 19, 25-34 choisi pour la messe de la nouvelle mémoire. Ce texte était déjà mentionné – avec les lectures de Gn 3 et de Ac 1, -, dans la messe votive «de sancta Maria Ecclesiæ Matre» approuvée par la Congrégation pour le Culte Divin en 1973, en vue de l’Année Sainte de la Réconciliation de 1975 (cf. Notitiæ 1973, pp. 382-383).

La commémoration liturgique de la maternité ecclésiale de Marie avait donc trouvé place, parmi les messes votives, dans l’editio altera du Missale Romanum de 1975. Puis, durant le pontificat de saint Jean Paul II, on a donné la possibilité aux Conférences Episcopales d’ajouter le titre de «Mère de l’Eglise» dans les Litanies Laurétanes (cf. Notitiæ 1980, p. 159). Aussi, à l’occasion de l’Année mariale, la Congrégation pour le Culte Divin a publié d’autres formulaires de messes votives sous le titre de Marie Mère et Image de l’Eglise dans la Collectio missarum de Beata Maria Virgine. Au cours des années, l’insertion de la célébration de la «Mère de l’Eglise» dans le Calendrier propre de certains Pays, comme la Pologne et l’Argentine, le lundi après la Pentecôte, avait été approuvée. La même célébration avait été inscrite à d’autres dates pour des lieux particuliers comme la Basilique de Saint-Pierre, où avait eu lieu la proclamation de ce titre par Paul VI; il en est de même pour les Propres de certains Ordres et Congrégations religieuses.

En considérant l’importance du mystère de la maternité spirituelle de Marie qui, dans l’attente de l’Esprit Saint à la Pentecôte (cf. Ac 1, 14), n’a jamais cessé de prendre soin maternellement de l’Eglise pèlerine dans le temps, le Pape François a décidé que, le lundi après la Pentecôte, la mémoire de Marie Mère de l’Eglise soit obligatoire pour toute l’Eglise de Rite Romain. Le lien entre la vitalité de l’Eglise de la Pentecôte et la sollicitude maternelle de Marie à son égard est évident. Dans les textes de la Messe et de l’Office divin, le passage de Ac 1, 12-14, comme aussi celui de Gn 3, 9-15.20, lu à la lumière de la typologie de la nouvelle Eve, constituée «Mater omnium viventium» au pied de la croix du Fils Rédempteur du monde, éclaire la célébration liturgique.

Le vœu est que cette célébration, étendue à toute l’Eglise, rappelle à tous les disciples du Christ que,si nous voulons grandir et être remplis de l’amour de Dieu, il faut planter notre vie sur trois grandes réalités- la Croix, l’hostie et la Vierge: crux, hostia et virgo… Ce sont trois mystères que Dieu a donnés au monde pour structurer, féconder, sanctifier notre vie intérieure et nous conduire vers Jésus. Ce sont trois mystères à contempler dans le silence (R. Sarah, La force du silence, n. 57).

Robert Card. Sarah
Préfet de la Congrégation pour le Culte Divin et la Discipline des Sacrements

[00351-FR.01] [Texte original: Italien]vatican
images/icones/bible.gif  ( 845000 )Belle initiative mais... par Candidus (2018-03-03 16:26:32) 
[en réponse à 844998]

Et pour la Forme Extraordinaire, pourquoi cela ne serait-il pas possible ? Il ne faudrait pas qu'elle devienne un fossile, elle doit continuer à se développer, à s'enrichir comme cela a été le cas jusqu'en 1962. A long terme, le fixisme actuel n'est pas acceptable.
images/icones/barbu2.gif  ( 845001 )Ce n'est pas possible par Yves Daoudal (2018-03-03 17:41:00) 
[en réponse à 845000]

parce que l'octave de la Pentecôte à Rome date d'au moins saint Léon le Grand et qu'auparavant de toute façon le lundi et le mardi étaient encore la Pentecôte; et que déjà il y avait une octave de la Pentecôte depuis... Moïse et Aaron;

et que le bienheureux cardinal Newman disait à juste titre: "Considérons les offices du bréviaire pour la Pentecôte et son Octave comme les plus importants ("grandest"), peut être, de toute l’année";

Et que la suppression de cette octave est une véritable aberration liturgique (déplorée par Paul VI lui-même...).


Le cardinal Sarah vient de promulguer cette décision de François, et le prochain lundi de Pentecôte, il sera à Chartres pour célébrer le... lundi de Pentecôte.
images/icones/neutre.gif  ( 845007 )55 ans d'apnée liturgique par Candidus (2018-03-03 20:02:09) 
[en réponse à 845001]

Je vous suis sur la difficulté insurmontable que poserait la date choisie pour cette fête dans le cas de la Forme Extraordinaire, mais le problème que je pointe est celui d'un rite qui depuis 55 ans n'a connu aucun enrichissement ni développement, situation unique dans toute son histoire.

Certes, ce sont des circonstances que nous ne maîtrisons pas qui expliquent cela, mais je crains que pour beaucoup de traditionalistes, ce fixisme, profondément étranger à la dynamique organique de la liturgie romaine, semble devenir naturel et souhaitable, indépendamment de la crise que nous traversons.
images/icones/1y.gif  ( 845015 )Source ??? par Luc de Montalte (2018-03-03 21:41:20) 
[en réponse à 845007]

Parce que j’aimerais bien savoir d’où vous sortez que le rite romain aurait toujours évolué au rythme effréné que vous prétendez.
images/icones/neutre.gif  ( 845020 )Le sanctoral par Turlure (2018-03-03 22:50:24) 
[en réponse à 845015]

A en effet beaucoup évolué, notamment s'agissant des fêtes mariales ou de divers mystères. Des fêtes ont pu être l'objet d'une grande ferveur populaire au moment de leur instauration puis, l'indifférence succédant à l'ardeur, soit tomber en disparaître, soit rester au calendrier sans qu'une grande pratique soit constatée ce jour là.

Les livres liturgiques de 1962 ont leur lot de fêtes d'institution plutôt récente et qui ne sont pas toujours particulièrement fêtées : Sainte Famille (qu'on ne célèbre jamais en France parce qu'elle coïncide soit avec la solennité de l'Epiphanie, soit avec l'octave), saint Joseph artisan le 1er mai, Marie Reine le 31 mai, Précieux Sang le 1er juillet, Coeur immaculé de Marie le 22 août, Maternité de la Vierge Marie le 12 octobre...

Des fêtes plus anciennes aussi sont parfois un peu mystérieuses aujourd'hui : Saint Nom de Marie le 12 septembre par exemple.

Les Sept Douleurs de la Vierge Marie ont été fêtées le vendredi de la Passion, puis un dimanche de septembre, puis le 15 septembre...

Avant 1955, le Sacré-Coeur avait (depuis Pie XI il me semble) une octave du même rang que celle de Noël. N'était-ce pas un peu exagéré ?

Le développement organique s'observe sur le temps long, les périodes plus brèves voyant un certain nombre de variations.

S'agissant de l'institution de cette fête mariale le lundi de la Pentecôte, Yves Daoudal a tout dit et fort bien :
images/icones/bible.gif  ( 845021 )Quelques exemples limités aux décennies qui ont suivi la publication du missel de St Pie V par Candidus (2018-03-03 23:21:23) 
[en réponse à 845015]

La fête de Ste Anne que St Pie V avait supprimée a été rétablie par Grégoire XIII ; la fête de la Présentation de la Vierge supprimée aussi par St Pie V (car pas scripturaire) a été rétablie par Sixte-Quint 15 ans plus tard ; le pape Clément VIII en 1604 a supprimé les prières que le célébrant devait réciter en se rendant à l'autel, a raccourci les deux prières après les Confiteor, a déplacé le moment de la récitation des paroles "Haec quotiescumque feceritis, in meam memoriam facietis" qui étaient dites durant l'élévation du calice, a supprimé la bénédiction finale des fidèles par le prêtre à la messe solennelle au moyen de trois signes de croix précédés par deux versets et repons (comme pour les évêques) ; la formule même de la bénédiction finale du prêtre a été raccourcie ("omnipotens ET AETERNE Deus"), etc.
images/icones/neutre.gif  ( 845042 )[réponse] par Yves Daoudal (2018-03-04 15:51:09) 
[en réponse à 845021]

A mon avis, vos deux premiers exemples ne sont pas pertinents, car il s'agit de la réparation de deux erreurs de saint Pie V et non d'une modification (retour au statu quo ante).

Et je suis certain qu'on doit trouver des périodes de plus de 55 ans sans modification.

Mais peu importe. Au contraire. Quant à moi je suis partisan de ce que vous appelez le "fixisme", et bien d'accord avec le cardinal Schuster qui pestait contre l'ajout permanent de saints venus de partout qui rejetaient dans l'ombre les vieux saints romains.

La liturgie est une anticipation de la vie céleste. La vie céleste ne change pas, elle est toujours la même, parce que l'éternité ne change pas. Ce n'est pas du "fixisme", c'est un éternel jaillissement de vie.

Les liturgies orientales sont "fixistes", et c'était mon bonheur à Saint Julien le Pauvre d'entendre toujours la même messe (légèrement différente seulement pendant le carême), en dehors de trois antiennes et des lectures.

Je crois bien que, ces derniers siècles, le seul changement à la divine liturgie grecque-catholique a été l'ajout de la fête du Saint-Sacrement.
images/icones/neutre.gif  ( 845049 )Vous avez une sensibilité et une tournure d'esprit très orientales... par Candidus (2018-03-04 19:06:31) 
[en réponse à 845042]

... et ce n'est pas une critique.

C’est vrai qu’il existe une certaine tendance au “fixisme” propre à la liturgie des Églises d'Orient, et cette réalité ne touche pas que leur liturgie, leur théologie est aussi tout à fait “fixiste”, ancrée profondément dans la patristique ; le concept de "développement homogène du dogme" tel qu'explicité par Newman leur est étranger ; ajoutez à cela l'absence d’un magistère vivant (les orthodoxes n'ont ni pape ni concile oecuménique malgré tous leurs efforts pour en réunir un) et on comprend mieux leur rapport au dogme et à la liturgie.

Pour en revenir à la liturgie romaine, elle ne serait pas ce que vous aimez qu’elle soit aujourd’hui, si elle n’avait pas été façonnée par ce dynamisme organique que vous n'appréciez pas. Le génie de la liturgie et de la théologie de l’Église latine réside dans cette capacité à croître dans la fidélité à ses racines, tandis que le génie de la liturgie et de la théologie des Églises d'Orient se trouve plutôt dans une contemplation éblouie, réticente devant la spéculation et le développement auquel elle conduit.

Peut-être aussi que cette caractéristique de certaines Églises d'Orient trouve ses origines dans l'hostilité et la persécution dans lesquelles elles ont presque toujours vécu. Quand on est sans cesse sur la défensive, sujets à de multiples vexations, confrontés à la possibilité d'une disparition physique, on tend à privilégier la conservation des formes.

Le développement organique, la spéculation, sont un luxe que peut seul se permettre une Église qui a connu des siècles de possession et de confession (relativement) paisible de sa foi.
images/icones/neutre.gif  ( 845056 )Mais il y a eu par Yves Daoudal (2018-03-04 20:35:48) 
[en réponse à 845049]

un développement organique de la divine liturgie de saint Jean Chrysostome, et c'est très intéressant de voir qu'elle s'est fixée à peu près au même moment que se fixait la messe de saint Pie V.

Par rapport à cela, les changements (les ajouts) dans le calendrier sont de moindre importance. Le seul grand changement dans la liturgie latine, avant la révolution de 1969, ce fut le bouleversement du bréviaire par saint Pie X.
images/icones/1i.gif  ( 845050 )Au contraire... par BdM (2018-03-04 19:16:43) 
[en réponse à 845042]


Et je suis certain qu'on doit trouver des périodes de plus de 55 ans sans modification.



Bien au contraire, de 1568 (publication du bréviaire par St. Pie V) jusqu'à la réforme liturgique des années 1960, on trouve des retouches au sanctoral quasiment tous les 2, 3 ou 5 ans, quand c'est pas tous les ans et même plusieurs fois par an.

La période la plus longue sans rien correspond probablement au pontificat de Benoît XIV (1740-1758, soit 18 ans), qui à la différence de tous ses prédécesseurs et successeurs, n'a fait pratiquement aucune retouche au calendrier durant son règne.

images/icones/hein.gif  ( 845052 )Et dans quelle mesure… par Luc de Montalte (2018-03-04 19:30:41) 
[en réponse à 845050]

… ces modifications étaient-elles adoptées ailleurs qu’à Rome ?
images/icones/1i.gif  ( 845054 )Si vous parlez des rits français par Turlure (2018-03-04 19:47:48) 
[en réponse à 845052]

Des changements très profonds et substantiels se succèdent entre le XVIIe et le XIXe siècle.

Si on prend l'exemple de Paris, en se cantonnant à la messe (mais c'est pareil pour le bréviaire) :

1585 : première édition du missel parisien imprimée en caractères romains et sur une structure proche du missel romain de 1570, le rite lui-même restant inchangé.

1615 : nouvelle édition romanisée alignant le rite de la messe basse et le propre (qui, outre les nombreuses proses supprimées, connaissait quelques rares et anciennes divergences avec le rit romain) sur le missel de saint Pie V. Les usages de la grand-messe et les couleurs liturgiques demeurent néanmoins ceux de Paris.

1666 : nouvelle édition avec quelques changements.

1682 : missel de François de Harlay qui marque le début de la période des liturgies néo-gallicanes. De nombreux changements quant aux pièces du propre non issues de la Bible. Changements importants dans les couleurs liturgiques.

1738 : missel de Charles-Gaspard de Vintimille. Ici, si l'ordinaire est celui de la messe romaine, le propre du temps comme des saints s'en éloigne à peu près autant que celui du NOM.

Puis, si je ne me trompe pas, d'autres changements à l'époque révolutionnaire sur lesquels Peregrinus saurait vous renseigner mieux que moi.

Et au cours du XVIIIe siècle, presque tous les diocèses français copient Paris et se dotent d'un rite rénové selon les élégants critères de l'époque.
images/icones/fleche2.gif  ( 845059 )Dans la mesure où... par BdM (2018-03-04 21:04:03) 
[en réponse à 845052]


Et dans quelle mesure ces modifications étaient-elles adoptées ailleurs qu’à Rome ?


Elles étaient adoptées dans la mesure où "ailleurs" on suivait le Missel Romain, tout simplement.

Pour ce qui est des missels propres aux ordres religieux, on y intégrait probablement plus ou moins (mais sans doute plus que moins) les changements effectués au sanctoral du calendrier romain (je pense que ça dépendait aussi de quels changements et/ou de quels saints il s'agissait).

Pour ce qui est des missels dits néogallicans, là c'est une autre histoire. En fait il faudrait vérifier au cas par cas, diocèse par diocèse, comment et quels saints étaient intégrés au fur et à mesure de leur canonisation...
images/icones/marie.gif  ( 845014 )Une victoire de la minorité conciliaire ? par Athanase (2018-03-03 21:37:51) 
[en réponse à 845001]

Cher Yves,

Il me semble que ce titre avait été rajouté après les demandes de la minorité conciliaire lors du concile Vatican II. En effet, la majorité y était hostile, tant pour des raisons doctrinales que pour des considérations d'opportunité.

Cette fois-ci, François fait entrer dans le calendrier liturgique de la forme ordinaire une démarche qui était celle des plus réticents à la "logique" conciliaire. Indirectement - et aussi inconsciemment, car je ne suis pas sûr que François en soit conscient -, c'est un clin d'œil à cette minorité.
images/icones/neutre.gif  ( 845045 )minorité conciliaire par AVV-VVK (2018-03-04 18:25:13) 
[en réponse à 845014]

Que voulez-vous dire? La minorité conservatrice?
images/icones/idee.gif  ( 845103 )erreur titre acclamé par l'immense majorité par Luc Perrin (2018-03-05 20:59:37) 
[en réponse à 845045]

des Pères de Vatican II.

La minorité du Coetus n'était pas la seule ; les évêques polonais et bien d'autres réclamaient cela.

C'est la commission doctrinale du Concile et de nombreux experts, avec en tête l'ennemi personnel de la Vierge Marie - Yves Congar op -, qui avaient tout fait pour empêcher cela. Pour cause de mauvais oecuménisme.

Paul VI a choisi de proclamer le titre dans son discours de clôture de 1964, qu'il faut lire, car il ressemble vraiment beaucoup à une proclamation dogmatique.

Les témoins décrivent une assemblée conciliaire applaudissant le pape à tout rompre pendant un temps très, très long.
Un article scientifique a été écrit là-dessus et il semble clair que la très grande majorité des Pères voulaient cette proclamation.
images/icones/fleche3.gif  ( 845106 ) Le lien vers le discours de Paul VI par Sacerdos simplex (2018-03-05 21:28:00) 
[en réponse à 845103]

...du 21 novembre 1964, qui va donc figurer (en partie) dans l'office des lectures du bréviaire :
http://w2.vatican.va/content/paul-vi/fr/speeches/1964.index.3.html
Comme on le voit, ce texte n'est disponible qu'en espagnol, italien, portugais et latin.

images/icones/vatican.gif  ( 845016 )Un livre du cardinal Sarah cité dans le commentaire du décret par Athanase (2018-03-03 21:45:49) 
[en réponse à 845001]

Je ne sais pas si vous avez fait attention: le commentaire du décret de la Congrégation pour le culte divin cite La force du silence du même cardinal Sarah... Ça, c'est nouveau !
images/icones/neutre.gif  ( 845080 )On ne doit rien refuser pour ... par Louisneuf (2018-03-05 13:53:58) 
[en réponse à 845001]

... vénérer la Très Sainte Vierge Marie. Nous lui devons tout par son Fiat. La Liturgie a été faite pour l'homme afin d'adorer Dieu et non pas l'homme pour la liturgie.
images/icones/livre.gif  ( 845082 )Texte liturgique officiel par PEB (2018-03-05 14:27:41) 
[en réponse à 844998]

Le document officiel est disponible ici en latin et en français.

Les textes liturgiques sont dans l'annexe latine.
images/icones/4a.gif  ( 845086 )Et vlan ! par Yves Daoudal (2018-03-05 16:21:22) 
[en réponse à 845082]

Dès le début : « le verset 15b doit être interprété selon la vérité hébraïque, comme dans la Néo-Vulgate ».

Ça commence par une insulte à saint Jérôme. Il disait avoir traduit la Bible « selon la vérité hébraïque » (c’est son expression), mais il avait tort, c’est la Néo-Vulgate qui a traduit selon la véritable vérité hébraïque…

Résultat : ce qui dans la Vulgate désigne l’Immaculée désigne désormais sa descendance, donc, peut-on penser, le Christ. Pour une fête de la Sainte Vierge, on renie le texte de la Genèse qui désignait la Sainte Vierge…

Ce qu’on appelle aujourd’hui la vérité hébraïque est le texte publié par les rabbins au Xe siècle (après Jésus-Christ).

Dans ce texte il y a le pronom masculin : Dieu dit au serpent : « Il t’écrasera la tête ». Qui ça, il ? La descendance de la femme, qui en hébreu est un mot masculin.

Puisqu’en latin c’est un mot neutre, la Néo-Vulgate a mis le pronom neutre.

Saint Jérôme avait mis le pronom féminin : « elle t’écrasera la tête. »

Ce n’est pas la « vérité hébraïque » ? Voilà qui l’aurait fait hurler. Car il avait manifestement le pronom féminin dans le texte dont il disposait. Il faut savoir qu’entre le pronom masculin et le pronom féminin la seule différence est la longueur de la hampe d’une lettre.

Or le prénom féminin n’est pas une invention de chrétien, il est nécessaire au parallélisme du texte : « elle t’écrasera la tête, et tu la guetteras au talon » (selon la traduction par saint Jérôme du verbe hébreu qui est le même dans les deux parties de la phrase et qui a les deux sens).

Je mets une inimitié entre toi et la femme
entre ta descendance et sa descendance
elle t'écrasera la tête
et tu la guetteras son talon.

Le second distique, avec le "tu", renvoie au "toi" du début. Donc le pronom qui commence le distique renvoie à la "femme" du début.

La femme t’écrasera la tête, et toi le serpent tu chercheras à la mordre au talon. ("Entre ta descendance et sa descendance" indique que cela se fera beaucoup plus tard.)

Tel est le sens du texte. « La femme », c’est la Femme par excellence, celle que Jésus appelle ainsi, sa Mère. Celle qui dans son Immaculée Conception donne la signification ultime de sa Virginité : elle a vaincu le diable.

Et l’on fait une fête de la Sainte Vierge… pour nier la signification mariale de ce texte…
images/icones/bravo.gif  ( 845099 ) Merci. Et... par Sacerdos simplex (2018-03-05 19:45:04) 
[en réponse à 845086]

Que disent les LXX ?...


Exorcisme de Léon XIII :

Imperat tibi sacramentum Crucis + , omniumque christianæ fidei Mysteriorum virtus +.
Imperat tibi excelsa Dei Genitrix Virgo Maria + , quæ superbissimum caput tuum a primo instanti immaculatæ suæ conceptionis in sua humilitate contrivit.
Imperat tibi fides sanctorum Apostolorum Petri et Pauli, et ceterorum Apostolorum + .

Elle te commande, la très sainte Vierge Marie Mère de Dieu, qui dès le premier instant de sa Conception Immaculée a écrasé, dans son humilité, ta tête folle d'orgueil...

images/icones/neutre.gif  ( 845100 )[réponse] par Yves Daoudal (2018-03-05 20:03:53) 
[en réponse à 845099]

Les Septante avaient le même texte que le texte actuel. Ils ont traduit de la façon la plus littérale, donc avec le pronom masculin, qui ne correspond à rien puisqu'en grec le mot traduit par descendance est neutre (comme en latin). On nous explique qu'il s'agit d'un "masculin emphatique" qui est en fait un neutre...

Les deux traductions sont possibles, mais il me semble que la Vulgate est supérieure, à cause du parallélisme, et du sens que cela donne à la phrase.
images/icones/neutre.gif  ( 845118 )Addendum. par Yves Daoudal (2018-03-06 12:07:54) 
[en réponse à 845100]

Il ne faut jamais oublier que saint Jérôme avait sous les yeux les Hexaples d'Origène. Donc outre le texte hébreu la traduction des Septante et les trois autres traductions grecques (et même quatre pour certains passages).

Quand il dit autre chose que la Septante, c'est donc qu'il considère qu'il a une raison impérative de le faire.