Le Forum Catholique

La Fraternité Sacerdotale Saint-Pierre s'est vue accorder un indult par la Commission Ecclesia Dei en vue d'utiliser les livres liturgiques pour la Semaine Sainte comme ils l'étaient jusqu'à la réforme de Pie XII de 1951-1955. L'indult est accordé ad experimentum pour trois ans.

Cependant, le vendredi saint, la prière pour les juifs publiée par le pape Benoît XVI doit être utilisée.ststanparish.com

sauf la dernière phrase, scandaleuse.

La rupture de certaines traditions n'est pas nouvelle dans certaines communautés

https://www.la-croix.com/Religion/Actualite/Le-pape-modifie-une-priere-pour-la-conversion-des-juifs-du-Vendredi-saint-_NG_-2008-02-07-668124
Extrait :
La note publie ensuite la prière en latin : "Oremus et pro Iudaeis, Ut Deus et Dominus noster illuminet corda eorum, ut agnoscant Iesum Christum salvatorem omnium hominum. Oremus. Flectamus genua. Levate. Omnipotens sempiterne Deus, qui vis ut omnes homines salvi fiant et ad agnitionem veritatis veniant, concede propitius, ut plenitudine gentium in Ecclesiam Tuam intrante omnis Israel salvus fiat. Per Christum Dominum nostrum. Amen".
Dans cette nouvelle version, les passages demandant à Dieu de "soustraire ce peuple de ses ténèbres" et de "l'aveuglement" ont disparu, mais la prière invite toujours à prier pour la conversion des juifs, "afin que Dieu et notre Seigneur illumine" le coeur des juifs et "afin qu'ils connaissent Jésus-Christ, sauveur de tous les hommes". Elle demande ensuite à Dieu de permettre "que tout Israël soit sauvé, en faisant entrer la foule des nations dans (son) Eglise".
Plusieurs organisations juives, dont le centre Simon Wiesenthal, s'étaient inquiétées du maintien de la prière incriminée dans la liturgie tridentine du Vendredi saint lorsqu'elle avait été à nouveau libéralisée le 7 juillet dernier par un décret du pape.
La prière du missel tridentin avait déjà été modifiée en 1962 avec la suppression de l'expression "juifs perfides". Le missel catholique "ordinaire" ne comporte plus aucune mention de ce type depuis quarante ans.

Commentaire :
Eh bien je ne vois pas en quoi cela soit si scandaleux ? A part considérer que tous les juifs d’aujourd’hui, ne sont automatiquement pas des perfides et ténébreux , de plus je ne vois pas en quoi un juif d’aujourd’hui , soit responsable de ce qui avait été annoncé et programmé dans les écritures ..
Les soldats sont quatre à le crucifier, autant que de points cardinaux, donc symbolisant la terre entière. L’Écriture est accomplie à chaque étape (versets 24.28.36). Jésus lui-même meurt en annonçant : «Tout est accompli» (verset 30), comme si sa mission arrivée à son terme avait abouti (ce cri de Jésus en croix diffère de celui rapporté dans les autres évangiles : «Mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ?», chez Matthieu et Marc et : «Père, en tes mains je remets mon esprit» chez Luc).

L’agneau pascal (versets 31 à 34)
Les agneaux servant au sacrifice dans le Temple devaient répondre à des critères spécifiés dans le livre du Lévitique (Lévitique. 22, 19-25), et ils étaient immolés la veille de la Pâque. Le coup de lance authentifie la mort du crucifié. Au sens symbolique, à la suite des Pères de l’Église, on y voit une allusion au baptême (l’eau) et à l’Eucharistie (le sang). «Celui qui a vu rend témoignage, afin que vous croyiez vous aussi», (verset 35)
Attesté par le Seigneur, «afin que vous croyiez vous aussi», (cf. Jean 20, 31 déjà signalé dans "Cinq conseils pour méditer l'évangile de Jean").

-Mg Koch qui donne une directive empêchant le prosélytisme envers les juifs

Et

-El Kabach qui nous dit que la conversion est pire que le nazisme.

Cela ne vous fait pas vous poser de questions. Pourquoi pas après tout. Vous avez raison, mais ne vous étonnez pas de la suite des évènements.

Je rappelle que la traduction correcte de "perfidis judaeis" n'a jamais été "juifs perfides" mais "juifs infidèles" ou "juifs incroyants".

En latin classique perfidus signifie « qui manque à sa parole, faux, traître » ou « sans foi ». En latin ecclésiastique perfidus est souvent le simple antonyme de fidelis et donc signifie « sans foi, infidèle, incrédule, incroyant ».

Le mot français "perfide" vient du latin "perfidus" qui signifie "qui viole sa foi". Il me semble que ce mot est parfaitement adapté à la situation.
N'ayons pas peur des mots et évitons de tergiverser sur leur sens !

Aujourd'hui, plus personne n'emploie le mot perfide dans le sens que vous indiquez et que l'on peut effectivement retrouver dans les bons dictionnaires.

Tout le monde comprend perfide comme signifiant sournois, fourbe, venimeux, or les traductions du missel se doivent d'être en langue contemporaine. Et pourquoi donner des flèches aux ennemis de l'Eglise qui l'accusent d'avoir été la matrice de l'antisémitisme moderne ?

Je ne pense pas que l'expression "perfide Albion" contribue à créer un climat serein, propice à la conversion du Royaume-Uni.

Aucune raison de le supprimer.

Je pense que vous vous trompez.
La vérité historique est que ce peuple a décidé et donc déclaré : "Que son sang soit sur nous et sur nos enfants". C'est assez simple à comprendre. Il me semble que ça engage globalement les générations qui suivent.
En outre, je m'interroge sur la pertinence et l'autorité de l'avis du centre Simon Wiesenthal sur la définition de la liturgie catholique.
Il n'est pas bon de tripatouiller la vérité.

Je me souviens d'avoir lu il y a quelques années que la question de demander un indult se posait mais qu'elle ne paraissait pas urgente. Pourquoi ne pas célébrer le rite romain traditionnel toute l'année en effet ?

J'imagine, naturellement, que cette concession ne s'étend pas aux horaires qui doivent rester les mêmes.

Précise la feuille paroissiale en lien. L'expérimentation n'est pas étendue à toute la communauté.

parce que personne là-bas n'a mémoire de ce qu'était la Semaine Sainte avant la réforme de Pie XII. C'est-à-dire des pages et des pages de mélopées, prononcées à toute allure par le clergé devant une assistance réduite à quelques femmes et enfants (pendant les vacances uniquement...) et des horaires d'offices conformes au jeûne en vigueur, c'est-à-dire ne correspondant à rien. je ne vois pas quel tradi aujourd'hui, à moins d'être rentier/retraité et habiter à proximité immédiate de sa chapelle, pourrait y assister.

Même Dom Guéranger, dans l'année liturgique, se prononce pour une réforme ou au moins un bon nettoyage des rites et des textes de la Semaine Sainte. Si une réforme a été réussie, n'en déplaise à certains, c'est bien celle de la Semaine Sainte.

À votre premier paragraphe, on pourrai facilement remplacer "réforme de la semaine sainte par Pie XII" par "réforme de la messe par Paul VI".

Réforme réussie ? Si vous la limitez à la seule question de l'horaire des offices du Triduum, ok (encore que, les Ténèbres dans la matinée...). Pour le reste, on peut lire Mgr Gromier. Il est certes virulent, mais dom Guéranger l'aurait sans doute été bien plus. ;-)

Les derniers à s'attacher à la curieuse semaine sainte d'entre-deux rites seront des tradis de la première heure.

la réforme de Paul VI a vidé les églises le dimanche. Celle de Pie XII les a remplies durant le Triduum.

Vous parlez essentiellement des horaires, or je ne crois qu'il existe de désir à la FSSP ou ailleurs de revenir à une célébration matutinale des offices liturgiques du Triduum. Dans la pratique, il s'agirait plutôt de célébrer ces trois offices vers 19h, ceux de jeudi et vendredi étant suivis des ténèbres vers 22h, mais le tout en suivant les textes liturgiques en vigueur avant 1951-1955. Certaines communautés traditionnelles font déjà cela.

Mais peut-être allez vous vilipender les douze prophéties du samedi saint (cet interminable mélopée...).

Par ailleurs, si l'assistance aux trois offices a pu augmenter, celle aux ténèbres et - hélas - à la messe dominicale de Pâques a pu quant à elle diminuer.

...par chanter les lectures de la Vigile pascale au lieu de les lire en français. On verra après pour la suite...

Il faut bien sûr les chanter. Et le prêtre les suivre à l'autel en chasuble violette et manipule.

La semaine sainte avant 1955 présentait des aspects contrastés. Pour ma modeste part les souvenirs que j'en ai, dans ma paroisse, comme servant de messe, sont encore bien présents.
La bénédiction des Rameaux en forme de "missa sicca" était particulièrement bien suivie, généralement fastueuse. Le rite des coups frappés à la porte par la hampe de la croix de procession impressionnait toujours.
Le jeudi saint était également fort bien suivi par les fidèles, la messe le matin, le chant des ténèbres du vendredi-saint en fin d'après-midi et le chant du Stabat Mater devant le reposoir dans la soirée.
L'office de la Passion le vendredi-saint au matin était, en effet, peu fréquenté, l'assistance se retrouvait plutôt pour le Chemin de Croix dans l'après midi et dans la soirée pour la prédication de la Passion, moment d'éloquence ecclésiastique entre-coupé de cantiques, voire de pièces musicales dans les paroisses cultivées.
L'office du samedi saint était quasiment négligé des fidèles, la sonnerie des cloches au Gloria de la messe donnait une impression curieuse.
La restauration des horaires des offices pour respecter les moment de la Passion eût suffi. La nouvelle bénédiction des Rameaux n'est que le résultat d'amputations et de suppressions. La nouvelle célébration de la messe du Jeudi-Saint a touché le rit de conservation de l'hostie consacrée, modification qui a entrainé la modification de la "Messe des Présanctifiés du lendemain.
L'office du vendredi saint a été enrichi d'une oraison d'ouverture et d'oraisons de conclusions très traditionnelles.
L'office du samedi saint a vu le nombre de Prophéties réduit, à l'instar des rites gallicans ou néo-gallicans qui ne comptaient quelquefois que quatre lectures. La place des litanies de saints a été modifiée.
La réforme des rits de la Semaine Sainte promulguée par Pie XII a été faite essentiellement par suppressions et par omissions. On n'y voit pas la résultat de recherches précises qui justifieraient de la considérer comme une restauration.
Quant à dénigrer la pratique cultuelle de cette époque à l'égard de la semaine sainte, il convient de se rappeler combien étaient assez souvent inexactes et quelquefois bâclées beaucoup de célébrations de la période considérée...
Que l'usage romain tridentin soit repris est une excellente nouvelle. Les conditions actuelles inciteront assurément à retrouver l'intégrité et l'exactitude de ces célébrations.

je n'aurais pas su mieux dire.

Heureusement il semble que ce ne soit que pour "quelques paroisses" à titre expérimental. En Angleterre, il y avait eu quelques opposants dans les années 1950 et cela peut sans doute expliquer ce côté irréductible hameau pré-Pie XII.

Tout peut toujours être amélioré mais contrairement à ce qu'avait suscité Una Voce international il y a quelques années, je pense en effet que c'est un bon exemple de réforme réussie. L'étude d'Una Voce international reposait sur un gros contresens méthodologique : lire 1951-1955 selon 1969, comme si un avenir impensable avait été le "projet" des Pères Loew (+1962) et Antonelli, les deux très critiques à l'égard du schéma Bugnini.

C'est un peu comme si on prêtait à Louis Bouyer d'avant 1962 le bugninisme qu'il a toujours férocement rejeté ...

Il doit pourtant s'en réjouir

et s'en réjouissait.

Sans absolutiser aucune des deux formes traditionnelles, ma préférence va à celle qui est bien établie depuis 1956 et n'a soulevé que des critiques très, très, très mineures en nombre de fidèles.

Maintenant si une communauté, pas à la fantaisie d'un prêtre seul, fait la démarche comme ici, ma foi c'est leur affaire si la CED accorde la permission.

Il serait par contre fâcheux si ce sujet, véritablement ultra-mineur à mes yeux, devenait une cause pour fracturer les communautés et semer une grave zizanie au sein du clergé.

La réforme de 1951 qui remet la "Vigile" pascale dans sa position de ... vigile est d'une logique imperturbable. On peut discuter pour la seconde réforme, celle de 1955, qui va au-delà. Ceci posé, la Semaine sainte réformée depuis 1956 me semble être conforme à l'herméneutique de la continuité.
Si la réforme liturgique de Paul VI et son missel de 1969 avait été de même facture, nous ne serions sans doute pas à discuter de liturgie et de crise liturgique...