Le Forum Catholique

http://www.leforumcatholique.org/message.php?num=840915
images/icones/carnet.gif  ( 840915 )La liturgie en Révolution (2) : la prière publique instrumentalisée par Peregrinus (2017-12-19 17:30:12) 

Souvent détachés eux-mêmes des formes ou des dogmes de la religion traditionnelle, les députés de la Constituante, à de très rares exceptions près, ne peuvent à proprement parler être dits antireligieux. A leurs yeux, la religion est nécessaire au peuple, et le clergé paroissial est l’éducateur civique et moral des campagnes.

Il n’est dès lors pas surprenant que dans les premières années de la Révolution, tous les actes politiques importants aient été célébrés par la prière publique de l’Eglise, l’exemple le plus célèbre demeurant la Fête de la Fédération du 14 juillet 1790 : Talleyrand, évêque d’Autun, célèbre alors pontificalement la messe avant d’entonner le Te Deum. Il ne s’agit nullement d’un cas isolé. « On a chanté le Te Deum partout, écrit ainsi un chanoine de la cathédrale du Mans après la nuit du 4 août 1789, et Mr l’Evêque a seulement écrit qu’il conseilloit de le chanter. On n’a jamais vu de faire des prières publiques sans envoyer un Mandement qui est précédé d’une Lettre du Roy ; mais la Nation l’avoit ordonné, et on a cru qu’il falloit obéir. […] On n’a jamais vu chanter un Te Deum pour si peu de choses (1). » A l’été 1793, à quelques mois seulement de la brutale explosion déchristianisatrice de l’automne, l’adoption par la Convention montagnarde de la Constitution républicaine est encore célébrée dans les départements au son des Te Deum chantés par le clergé constitutionnel. A cette époque de la Révolution, les cérémonies extérieures du culte catholique sont encore perçues par les autorités civiles comme un vecteur de diffusion des idées révolutionnaires : la prière publique est alors mise au service d’un projet politique et bientôt religieux qui lui est foncièrement et de plus en plus nettement contraire.

Alors même que la Constituante a pris la décision significative de ne pas cesser de siéger les dimanches et fêtes, la coopération du clergé est constamment requise. Ainsi un correspondant du maire de Clermont-Ferrand Gautier de Biauzat exprime-t-il la déception que lui inspire le manque d’enthousiasme mis par les chanoines de la cathédrale à procéder à la bénédiction des drapeaux de la garde nationale :

La cérémonie de la bénédiction de nos drapeaux a été bien triste, la cathédrale s’est contentée de faire dire une messe basse par un habitué, les orgues n’ont pas été jouées et la musique de la cathédrale a été muette. Votre fier cadet a été à portée de tout voir, mais ses yeux et ses oreilles n’ont pas été satisfaits (2).


A Paris en revanche, le 15 septembre 1789, l’archevêque Mgr de Juigné et le chapitre de Notre-Dame, pourtant peu favorable aux idées révolutionnaires, procèdent solennellement à la bénédiction des soixante drapeaux de la garde nationale parisienne (3).

Bénédictions de drapeaux et Te Deum, auxquels s’ajoute, à partir des décrets des 23 et 26 février 1790, l’obligation pour les curés de lire au prône les décrets de l’Assemblée Nationale, sont ainsi autant d’occasions de faire servir le culte catholique aux progrès de la Révolution. Ceux-ci s’accompagnent cependant de l’émergence de formes nouvelles, paraliturgiques, mi profanes, mi sacrées. A Notre-Dame de Paris, le 13 juillet 1790, le sermon prononcé pour commémorer la création du comité permanent de l’Hôtel de Ville est suivi d’un « hiérodrame » qui mêle références à l’Ancien Testament et célébration de la chute de la Bastille, accompagné à l’orgue et à l’orchestre. L’étrange cérémonie se conclut cependant par le chant du Te Deum (4).

L’instrumentalisation des cérémonies du culte est parfois finalement acceptée, voire ouvertement promue, par une partie du clergé constitutionnel, par conviction révolutionnaire ou par souci tactique de conserver, après la chute de la monarchie, l’appui officiel d’autorités de plus en plus distantes ou hostiles. Ainsi Robert-Thomas Lindet, évêque intrus de l’Eure, note-t-il dans le mandement qu’il publie à l’automne 1792, après les sanglants massacres de septembre, que le culte catholique pourrait être sans heurts aboli à Paris, mais qu’il demeure nécessaire dans les autres villes et dans les campagnes. « Les Fêtes civiques, écrit-il, feront long-temps avant de remplacer les Fêtes religieuses, & celles-ci, dirigées dans des vues patriotiques, peuvent bien tenir lieu des premières, ou se confondre avec elles, & leur donner un nouvel intérêt (5). »

Entre zèle républicain et désir de plaider pour le maintien d’un culte catholique radicalement transformé, les paroles de l’évêque intrus témoignent du glissement qui s’opère alors de plus en plus rapidement. Omniprésentes au début de la Révolution, les cérémonies liturgiques catholiques servent bientôt de cadre ou d’appui à des fêtes civiques de plus en plus nettement détachées des mystères chrétiens, qui finissent par les supplanter. Alors que le 27 janvier 1793, le directoire du département du Puy-de-Dôme assiste encore, à la cathédrale de Clermont, à un service funèbre célébré pour le repos de l’âme du conventionnel Lepeletier Saint-Fargeaud, dès le 2 février suivant, la municipalité refuse tout recours à la prière de l’Eglise et impose à la cathédrale, malgré la protestation de l’évêque intrus Périer et de ses vicaires, une cérémonie purement laïque, voire antichrétienne (6).

A l’automne 1793, lorsque se produit la vague déchristianisatrice, la rupture des autorités révolutionnaires avec le culte catholique est consommée : de la violente et radicale Fête de la Raison au culte plus modéré de l’Etre Suprême, puis au culte décadaire et à la Théophilanthropie, les diverses formes religieuses issues de la déchristianisation élaborent désormais leurs propres rites, leurs propres liturgies hors du cadre offert par la liturgie catholique, auquel elles ne peuvent cependant cesser de se référer, comme le montrent jusqu’aux parodies blasphématoires et sacrilèges des fêtes de la Raison de l’automne 1793.

(A suivre)

Peregrinus

(1) René-Pierre Nepveu de La Manouillère, Journal d’un chanoine du Mans (1759-1807), texte intégral établi et annoté par Sylvie Granger, Benoît Hubert et Martine Taroni, Presses Universitaires de Rennes, Rennes, 2013, p. 480-481.
(2) Archives départementales du Puy-de-Dôme, 1F143, Lettre du 8 décembre 1789.
(3) Jean Leflon, « Notre-Dame de Paris pendant la Révolution », Revue d’histoire de l’Eglise de France, 1964, n°147, p. 111.
(4) Ibid., p. 114.
(5) Robert-Thomas Lindet, Evêque du Département de l’Eure, aux Citoyens du même Département, chez Boulard, Paris, 1792, p. 12-13.
(6) Yvan-Georges Paillard, « Fanatiques et patriotes dans le Puy-de-Dôme. La déchristianisation », Annales historiques de la Révolution française, t. L, 1978, p. 377-378.
images/icones/iphone.jpg  ( 840951 )Petit message à Tradinews par XA (2017-12-19 22:42:09) 
[en réponse à 840915]

Monsieur lé webmestre,

Je sais depuis des années le mépris que vous portez aux droits de publication de tel ou tel.

Je vous ai écrit, sans réponse aucune.. Je pense que votre adresse est pourrie de courriels et que du coup vous ne lisez plus votre messagerie.

Votre site dont le titre est déjà un vol intellectuel reprend des pages publiées sur le web avec un tri insélectif qui dépasse mon entendement. Vous vous permettez de reproduire des messages du FC qui vous semblent plus intéressants que d'autres. Vis à vis de leurs auteurs, je précise ici que cela n'a jamais fait l'objet d'une autorisation de ma part. Non. Vous vous moquez de cela. Votre travail, c'est le pillage.

On appelle cela du vol, même en matière de propriété intellectuelle.

En notre époque qui manque de grands esprits, vos agissements prennent d'autant plus de poids. Puissiez-vous un jour en avoir conscience.

XA
images/icones/hein.gif  ( 840954 )Cependant… par Luc de Montalte (2017-12-19 23:20:20) 
[en réponse à 840951]

… il me semble que ce serait plutôt à Peregrinus qu’il reviendrait de s’en plaindre… En outre, Tradinews a en l’occurence cité la source (le site, l’auteur, la date et le lien), donc je ne vois pas trop le problème et je trouve même positif que les contenus intéressants soient diffusés au maximum.

Bien cordialement.
images/icones/neutre.gif  ( 840974 )Reprise des textes par Peregrinus (2017-12-20 16:01:51) 
[en réponse à 840954]

Pour ma part, que mon texte soit repris ne me dérange pas, dès lors que monsieur le webmestre n'y voit pas d'inconvénient.

Mais il est vrai qu'il est inélégant et abusif de la part de Tradinews de reprendre systématiquement certains textes sans même en avoir seulement averti le webmestre, d'autant plus qu'il est vrai que certains liseurs pourraient ne pas souhaiter que leurs écrits soient partout colportés.

Peregrinus
images/icones/1f.gif  ( 840979 )Je pense que Tradinews par Jean-Paul PARFU (2017-12-20 17:02:48) 
[en réponse à 840974]

selon ses créateurs, a pour vocation de faire connaître ce qu'il y a de mieux sur le net dans la sphère tradie et d'épargner ainsi au lecteur une recherche ou des lectures inutiles..
images/icones/neutre.gif  ( 840985 )Ce qu'il y a de mieux ? Vraiment ? par Meneau (2017-12-20 18:36:22) 
[en réponse à 840979]

Excusez-moi de ne pas être du même avis. Parfois ce sont plutôt les poubelles de la Tradition !

Et c'est bien le problème que me pose ce site : cette mise sur le même plan, sans analyse, du bon, du mieux et du pire, des belles réalisations de la Tradition comme des commérages les plus baveux et de l'étalage de plus basses querelles.

Du coup je ne suis pas sûr que j'apprécierais d'y être repris...

Vous me direz... parfois on en voit autant sur le FC. Mais au moins il y a des liseurs pour réagir et on peut débattre.

Cordialement
Meneau
images/icones/1i.gif  ( 840980 )"certains liseurs pourraient ne pas souhaiter que leurs écrits soient partout colportés." par Toussaint (2017-12-20 17:08:43) 
[en réponse à 840974]

Dans ce cas là on évite d'écrire sur un forum public...

Il ne faut pas prendre internet pour un espace de discussion privé.
images/icones/iphone.jpg  ( 841005 )La question n'est pas là. par XA (2017-12-20 22:01:40) 
[en réponse à 840980]

En quoi est-il impossible d'avoir la politesse de demander un accord de reprise de tel ou tel écrit ? Il me semble qu'un média catholique pourrait donner l'exemple.

XA
images/icones/neutre.gif  ( 840987 )Inélégant et abusif, peut-être, mais… par Marquandier (2017-12-20 18:39:55) 
[en réponse à 840974]

…sans être juriste, je ne vois pas en quoi le webmestre est concerné, à part comme intermédiaire privilégié pour transmettre à l’auteur du message par courriel une demande d’autorisation de citation. Est-il éditeur, ayant-droit, directeur de publication ? Alors qu’on lit pourtant sur les règles du Forum ceci :


Vous êtes seul responsable du contenu et des éventuelles conséquences de vos messages.

Le modérateur ne saurait être tenu responsable des propos, conseils ou erreurs diffusés sur le forum de discussion, ainsi que de leurs éventuelles conséquences.

En souscrivant à cette présente règle, vous vous engagez à ne pas poursuivre le modérateur du Forum Catholique pour quelque motif que ce soit, ayant trait au Forum Catholique et à son contenu.



Il me paraît clair que le droit d’auteur concerne… l’auteur, et non pas un modérateur qui rejette toute responsabilité de directeur de publication ou un webmestre dont le règlement ne dit rien.

Quand bien même le webmestre « y verrait un inconvénient », je ne vois pas du tout au nom de quel droit il pourrait s’y opposer. Vos écrits vous appartiennent ! En particulier le droit moral est « perpétuel, inaliénable et imprescriptible » et attaché à la personne de l’auteur (article L121-1 du CPI).

Mieux, l’article L121-8 :


L'auteur seul a le droit de réunir ses articles et ses discours en recueil et de les publier ou d'en autoriser la publication sous cette forme.

Pour toutes les oeuvres publiées ainsi dans un journal ou recueil périodique, l'auteur conserve, sauf stipulation contraire, le droit de les faire reproduire et de les exploiter, sous quelque forme que ce soit, pourvu que cette reproduction ou cette exploitation ne soit pas de nature à faire concurrence à ce journal ou à ce recueil périodique.


images/icones/neutre.gif  ( 840993 )Ce sont deux choses qui n'ont rien à voir par Meneau (2017-12-20 20:12:30) 
[en réponse à 840987]

La responsabilité de ce qu'on écrit et le droit d'auteur sont deux choses différentes.

La règle du FC est là pour rappeler que l'anonymat ne tient pas face à la justice, en particulier sur un forum (ou blog) modéré a posteriori. Quelqu'un qui écrit des propos légalement répréhensible doit être prêt à en payer lui-même les conséquences. Le webmestre peut être requis de fournir l'identité qui se cache derrière le pseudo.

Le respect du droit d'auteur est autre-chose. L'oeuvre individuelle créée par une personne appartient à cette personne. La loi protège cette propriété intellectuelle. L'auteur est libre de choisir le support de publication de son choix. On n'est pas libre de copier intégralement une oeuvre, même si le support est Internet, et même en citant la source !

La reproduction d'une oeuvre sur un autre support que celui chois par l'auteur et sans son autorisation, oui, c'est du vol. Et XA a donc raison de signaler qu'il n'est en rien responsable de ce pillage.

Il y a une exception : le droit de courte citation.

Sont licites les citations tirées d’une œuvre, déjà rendue licitement accessible au public, à condition qu’elles soient conformes aux bons usages et dans la mesure justifiée par le but à atteindre, y compris les citations d’articles de journaux et recueils périodiques sous forme de revues de presse



Mais force est de constater que Tradinews
- ne fait pas une courte citation mais publie l'intégralité de l'article
- ne se sert pas de la citation dans un but précis, pour illustrer un propos

Le seul endroit où vous avez raison, c'est lorsque vous dites que XA ne peut pas s'y opposer. Oui, c'est à l'auteur de le faire éventuellement et pas à XA. Mais XA n'a jamais rien prétendu de tel. Relisez bien :

Vis à vis de leurs auteurs, je précise ici que cela n'a jamais fait l'objet d'une autorisation de ma part


C'est clair, puisque de toute façon il ne pourrait donner une telle autorisation.

Cordialement
Meneau

images/icones/neutre.gif  ( 840994 )Mais je note par Meneau (2017-12-20 20:23:46) 
[en réponse à 840993]

que vous répondiez surtout au "dès lors que monsieur le webmestre n'y voit pas d'inconvénient" de Peregrinus. Considérez donc que je répondais à la fois à vous et à votre compère duettiste.

Cordialement
Meneau

images/icones/iphone.jpg  ( 841004 )Je ne revendique aucun droit d'auteur. par XA (2017-12-20 21:59:18) 
[en réponse à 840987]

Quant à la notion de responsabilité, j'ai plusieurs fois été convoqué en gendarmerie. Et n'ai eu d'autre choix que de lever l'anonymat de liseurs ayant pu porter des propos litigieux.

Mais nous nous éloignons du sujet, qui traitait pour ma part plus de l'inélégance d'un webmestre qui publie tout et n'importe quoi en espérant que google lé référence de plus en plus. Pour preuve, son obsession à croiser les courbes de la Porte Latine et de fsspx-actualités sur un blog parallèle. Le Monsieur utilise le milieu tradi pour des raisons bizarres et sans discernement manifestement. Une sorte de boussole affolée par in aimant.

XA
images/icones/iphone.jpg  ( 841003 )Pour ma part, par XA (2017-12-20 21:52:09) 
[en réponse à 840974]

je ne suis pas opposé à ce que Tradinews reprenne des posts du fc. Je pense en revanche que ce site pourrait s'assurer que l'auteur des dits posts y donne son consentement. In délai de 48h entre la publication sur le FC et sa reprise me semblerait souhaitable. Par respect pour le medium choisi par l'auteur pour diffuser son post.
Lé webmestre de Tradinews a reçu des courriels lui demandant de respecter ces règles qui ne sont que demandes de respect du forum. Il les a ignorés. Cela m'agace.

XA
images/icones/fleur.gif  ( 841031 )en reprenant le titre de XA par Luc Perrin (2017-12-21 10:28:08) 
[en réponse à 841003]

ce que je publie ici en tant que "liseur" et sous mon nom peut bien être repris tant que la source (le FC) est donnée.

Ce n'est pas si simple car le plus souvent, cela s'intègre à un fil donc à d'autres interventions et sans le contexte du fil, on peut perdre ... le fil de ce qui est exprimé.

A mon sens, Tradinews pratique ce qu'on appelle sur les chaînes de radio une revue de presse ou, cela existe-t-il encore ?, Sélection du Reader's digest.

Toute sélection n'est pas forcément la meilleure mais avoir un regroupement d'articles très éparpillés est plutôt utile. Pour un chercheur par ex.

Le FC me semble ne pas être en concurrence et avoir un objet très différent.