La mention des femmes – aucune de celles citées dans la généalogie n’a le rang des grandes femmes de l’Ancien Testament - nous permet un rapprochement spécial : ce sont elles, dans la généalogie, qui annoncent que dans les veines de Jésus coule du sang païen, qui rappellent des histoires de rejet et de soumission.
La glorieuse Vierge Marie tire son origine de la tribu de Juda et de la race royale de David.
[…]
Mais ce qui paraît singulier, c'est que la sainte Vierge ait pu être la cousine d'Elizabeth, comme il a été dit ci-dessus. Il est constant qu'Elizabeth fut la femme de Zacharie, qui était de la tribu de Lévi, et cependant, d'après la loi, chacun devait prendre femme dans sa tribu et dans sa famille, et saint Luc assure qu'elle fut de la tribu d'Aaron. Anne, d'après saint Jérôme, était de Bethléem qui appartenait à là tribu de Juda : mais il faut savoir qu'Aaron lui-même et Joiada, son frère, grands prêtres, prirent femme tous les deux dans la tribu de Juda, ce qui prouve que la tribu sacerdotale et la royale furent toujours unies ensemble par des alliances. Bède dit que cette alliance a pu s'opérer dans des temps postérieurs, en faisant passer les femmes d'une tribu dans l’autre, afin qu'il devînt constant que la bienheureuse vierge Marie, qui descendait de la famille royale, fût alliée avec la tribu sacerdotale. Donc, la sainte Vierge était de l’une et de l’autre tribu tout à la fois : car le Seigneur voulut que ces tribus privilégiées se mêlassent ensemble en raison du mystère par lequel Notre-Seigneur qui devait sortir d'elles, pût s'offrir lui-même pour nous en qualité de roi et de prêtre, afin de gouverner ses fidèles qui combattent dans la milice de cette vie, et afin de les couronner après leur victoire: ce qui est donné à entendre par le nom de Christ, qui signifie oint, parce que, dans l’ancienne loi, il n'y avait que les prêtres, les rois et les prophètes qui fussent oints; et de là encore nous sommes nommés chrétiens et appelés la race choisie et le sacerdoce royal. Quand on disait que les femmes étaient mariées à des hommes de leur tribu, c'était évidemment afin que le partage des terres ne fût pas détruit. Mais parce que la tribu de Lévi n'avait pas eu de terres à partager comme les autres, les femmes de cette tribu pouvaient se marier avec qui elles voulaient.
Femmes de la Bible (8) RUTH la Moabite,
ancêtre de Jésus : RUTH, femme exceptionnelle, est une jeune fille du pays de Moab, une terre peuplée de descendants de la branche abrahamique d’Agar et de son fils Ismaël.
Moab ? Où situez-vous cette terre ? C’est aujourd’hui en Jordanie, un plateau qui, à l’époque de Ruth, était plus fertile que la vallée du Jourdain. Des familles juives d’Israël, terre où régnait alors la famine, s’étaient expatriées vers ces plateaux étrangers, mais verdoyants grâce aux pluies.
Et voilà que Ruth (une femme du peuple arabe) épouse un juif émigré du pays de Juda. Mais elle se trouve très vite veuve, ainsi que sa sœur et que sa belle-mère, la juive Noémie. Ne pouvant économiquement survivre sans homme pour gagner le pain quotidien, Noémie décide de rentrer en Israël et propose à ses deux belles-filles, veuves elles aussi, de retourner dans leurs propres familles.
Mais Ruth, soit par fidélité à son époux défunt, soit par adhésion et conversion au Dieu d’Abraham, probablement pour ces deux raisons, suit sa belle-mère qui rentre en Israël. Là, alors qu’elle glane pour survivre, elle croise le vieux Booz qui la remarque sur ses champs et qui décide de l’épouser. Noémie va lui en indiquer le moyen, le stratagème.
Ils auront un fils : Jessé et dans cette lignée de Jessé, on va trouver le roi David, Joseph (époux de Marie) et Jésus !
C’est ainsi que Jésus - on pourrait s'interroger sur cette portée symbolique - hérite humainement d'une double filiation, celle d’Ismaël par sa branche paternelle et celle d’Isaac par sa branche maternelle !
Un livre entier de la Bible (le Livre de Ruth) raconte cette vie étonnante qui en fait une ancêtre du Messie ! Ce texte est d’ailleurs lu chaque année dans le rituel juif pour la fête juive de Shavouot, encore nommée « fête des semaines ». Se situant 50 jours après la fête de Pessah, Shavouot est aussi la fête des «prémices» où l’on porte au Temple les premières récoltes ! On observe, à l’occasion de Ruth, combien les fêtes chrétiennes et ses étapes liturgiques ont été inspirées par les tradition juives !
(1) Jésus, pour les Chrétiens, étant aussi "fils de Dieu", incarne donc en Lui une triple filiation symbolique.
...Dans des communautés où nous décelons encore des styles patriarcaux et machistes, il est bon d’annoncer que l’Évangile commence en mettant en relief des femmes qui ont marqué leur époque et fait l’histoire....
François