Le Forum Catholique

http://www.leforumcatholique.org/message.php?num=751107
images/icones/hein.gif  ( 751107 )Questions d'ordre canonique par Quodvultdeus (2014-05-22 15:31:40) 

La question suivante s'adresse aux canonistes du Forum :

La Mère Abbesse d'un monastère oblige ses moniales à recevoir la communion dans la main :

- en a-t-elle le droit ?
- les moniales sont-elles tenues d'obéir à un tel ordre ?
- y a-t-il un recours possible ?
- y a-t-il des textes officiels qui évoquent le cas en question ?

Ce n'est pas tout : le chapelain dudit monastère est totalement opposé à la communion dans la main et sa conscience le lui interdit :

- que peut-il ou que doit-il faire ?
- doit-il démissionner, ou y a-t-il une autre issue possible ?

Merci d'avance aux canonistes - ou aux sages du Forum - qui pourront répondre - à ces questions.

Quodvultdeus
images/icones/hein.gif  ( 751111 )Votre question autrement par Rémi (2014-05-22 15:52:31) 
[en réponse à 751107]

L'Instruction Redemptionis Sacramentum (Congrégation pour le Culte divin et la discipline des sacrements 2004, Cal. Arinze Préfet, sous approbation de saint Jean-Paul II) établit que


- 92 - Tout fidèle a toujours le droit de recevoir, selon son choix, la sainte communion dans la bouche.[178] Si un communiant désire recevoir le Sacrement dans la main, dans les régions où la Conférence des Évêques le permet, avec la confirmation du Siège Apostolique, on peut lui donner la sainte hostie. Cependant, il faut veiller attentivement dans ce cas à ce que l’hostie soit consommée aussitôt par le communiant devant le ministre, pour que personne ne s’éloigne avec les espèces eucharistiques dans la main. S’il y a un risque de profanation, la sainte Communion ne doit pas être donnée dans la main des fidèles.[179]

[178] Cf. Missale Romanum, Institutio Generalis, n. 161.

[179] Congrégation pour le Culte Divin et la Discipline des Sacrements, Dubium: Notitiae 35 (1999) pp. 160-161.




Les moniales sont évidemment des fidèles. Ergo ...




Mais, voilà la question, l'autorité de leur Abbesse qui est une chose très importante dans son domaine d'exercice peut-elle obliger ses subordonnées à déroger au droit général, en particulier si le bien supérieur de la communauté est en jeu (il serait affreux que les sœurs se déchirent sur ce point, et peut-être une uniformité imposée vaut-elle mieux que la désagrégation pour une question de discipline ? Je ne sais ... )

Cependant je ne crois pas que l'autorité légitime chez les Réguliers surpasse la norme commune, en ce qui est interdit comme en ce qui est permis. Mais je ne suis pas du tout canoniste, (ni sage ! ), et a fortiori me trouve parfaitement incompétent en ces questions particulières où voilà toute ma contribution.
images/icones/1v.gif  ( 751117 )Quelle est l'intention profonde de cette mère supérieure ? par jejomau (2014-05-22 16:08:39) 
[en réponse à 751111]

IL faudrait surtout se poser cette question puisque l'Eglise n'oblige personne à recevoir la communion d'une manière ou d'une autre et même et surtout préconise la communion dans la bouche !

Il faut croire que cette Mère Abesse est profondément tourmentée par l'obéissance dûe à la Sainte Eglise et manque de formation catéchétique....
images/icones/1d.gif  ( 751119 )Vous faites par Rémi (2014-05-22 16:11:21) 
[en réponse à 751117]

la psychanalyse des Mères Supérieures à distance, maintenant ? Décidément, vous nous étonnerez toujours ...
images/icones/nul.gif  ( 751122 )Non, et puis non ... par Rémi (2014-05-22 16:17:41) 
[en réponse à 751111]


Tout fidèle a toujours le droit de recevoir, selon son choix, la sainte communion dans la bouche.



Point.
images/icones/fleche3.gif  ( 751128 )Deux éléments complémentaires par Quodvultdeus (2014-05-22 17:00:05) 
[en réponse à 751111]

Merci, Rémi, pour ces textes. A vrai dire, je les connaissais, mais je n'y pensais plus.
Si, si, vous êtes le sage du Forum (disons l'un des sages).

Voici deux éléments complémentaires :

1. Pour une moniale bénédictine, l'Abbesse tient la place du Christ et une obéissance absolue lui est due. Mais l'ordre de l'Abbesse l'emporte-t-il sur les lois ecclésiastiques ?

2. Si la Mère Abbesse fait preuve de tant d'autorité (et même d'autoritarisme), c'est aussi pour montrer que dans le monastère c'est elle qui commande et non pas le chapelain.

Finalement, le chapelain n'a plus qu'à donner sa démission. D'ailleurs, je crois savoir qu'il a envoyé - ou qu'il va envoyer - sa lettre de démission à la Révérendissime Mère. Affaire à suivre.

Quodvultdeus
images/icones/fleche2.gif  ( 751131 )En fait, je pense que c'est très complexe... par Père M. Mallet (2014-05-22 17:12:58) 
[en réponse à 751128]

...et tout doctorant que je suis, j'appréhende de me tromper.

L'abbesse doit commander selon la règle et non contre la règle (ou aussi "infra regulam", en dessous de la règle, dans des détails qui n'ont rien à voir avec la sanctification du sujet).
Elle ne peut pas aller contre les lois de l'Eglise (sauf dans les cas où elle pourrait donner une dispense).
Mais dans le cas présent, elle n'ordonne pas quelque chose contre les lois de l'Eglise : elle demande de ne pas profiter d'un droit. Et de fait, par ordre du supérieur, les religieux renoncent à des quantités de choses auxquelles les autres fidèles ont droit.

Dans le cas de la communion, cela pourrait se justifier pour éviter des disputes entre clans. Mais pourquoi ne pas inviter toutes les soeurs à communier sur la langue, ce qui ne présente que des avantages du point de vue de la foi et la piété ?

Cette attitude d'autoritarisme me gêne un peu.
Surtout dans le climat actuel.
images/icones/1g.gif  ( 751133 )De toutes les facons par Semper parati (2014-05-22 17:42:15) 
[en réponse à 751131]

ca reste des femmes ! donc c'est pas pas simple...
images/icones/fleche2.gif  ( 751134 )Très éclairant par Quodvultdeus (2014-05-22 18:20:54) 
[en réponse à 751131]

Merci, cher Père Mallet, pour votre réponse très lumineuse.
"Elle demande de ne pas profiter d'un droit" : je crois que là est la réponse.
Mais comme vous, cet autoritarisme me choque.

"Mais pourquoi ne pas inviter toutes les sœurs à communier sur la langue ?" C'est bien ce que fait le chapelain, mais dans un monastère féminin, le chapelain n'a aucun pouvoir, que je sache. Et la Mère Abbesse tient à affirmer son autorité.

Conclusion : ou bien c'est la guéguerre permanente entre le chapelain et l'Abbesse ; ou bien le chapelain est acculé à la démission.

Quodvultdeus

images/icones/neutre.gif  ( 751136 )Sauf que ? par Meneau (2014-05-22 18:38:19) 
[en réponse à 751134]

Sauf que, si je ne m'abuse, la règle reste la communion dans la bouche. Et la communion dans la main n'est qu'une dérogation, qui doit être autorisée par la conférence des Evêques.

Voir Memoriale Domini, et PGMR :

« Si la communion est donnée seulement sous l’espèce du pain, le prêtre montre à chacun l’hostie en l’élevant légèrement et dit : "Corpus Christi" “ le corps du Christ “. Le communiant répond : "Amen", et reçoit le sacrement dans la bouche ou bien, là où cela est autorisé, dans la main, selon son choix. Celui qui reçoit la sainte hostie pour communier la consomme aussitôt et intégralement »



Cordialement
Meneau
images/icones/neutre.gif  ( 751137 )Voir aussi par Meneau (2014-05-22 18:41:31) 
[en réponse à 751136]

ces réponse de la CDF et de la CDD.

Cordialement
Meneau
images/icones/neutre.gif  ( 751143 )Texte intéressant... (Sauf que...) par Père M. Mallet (2014-05-22 19:40:58) 
[en réponse à 751137]

...il existe aussi sur cette page, un peu plus développé :
http://eucharistiemisericor.free.fr/index.php?page=0702094_evolution


Sauf qu'ici le problème est de savoir jusqu'où vont les pouvoirs de l'abbesse - qui dit abbesse dit bénédictines ou moniales, pour lesquelles l'obéissance est plus rigoureuse que dans la plupart des autres ordres religieux.
En effet, une Abbesse a parfaitement le droit, par exemple, d'interdire à telle religieuse de lire tel auteur, y compris canonisé et docteur de l'Eglise, si elle juge que ce n'est pas bon pour la vie spirituelle de cette soeur ; et elle peut même l'interdire à la totalité de la communauté, s'il existe un risque d'échauffement des esprits.
Et pourtant les fidèles ont le droit de lire saint Jean de la Croix !
Il s'agit bien d'une renonciation à un droit.

Le noeud de la question est donc ici :
est-ce que l'abbesse peut obliger ses religieuses à renoncer au droit de communier sur la langue ?
Je ne sais pas ; mais plus j'y réfléchis, plus j'aurais tendance à penser que non (sauf cas extraordinaire où cela déclencherait une guerre dans la communauté).

Autre chose : il existe obligatoirement auprès des supérieurs un Conseil auquel sont soumises les décisions importantes :
ce serait une idée louable de soumettre la question au Conseil.


images/icones/neutre.gif  ( 751163 )Mais non, justement par Meneau (2014-05-23 07:48:58) 
[en réponse à 751143]


est-ce que l'abbesse peut obliger ses religieuses à renoncer au droit de communier sur la langue ?


Ma remarque avait pour objectif de montrer qu'on ne peut pas l'écrire comme cela, justement compte-tenu de ce que vous aviez écrit plus haut dans ce fil.

Il faut plutôt écrire : "est-ce que l'abbesse peut obliger les religieuses à renoncer à la règle ? les obliger à recourir à un droit qui est une dérogation à la règle générale ?"

Et là si l'on reprend ce que vous disiez : "L'abbesse doit commander selon la règle et non contre la règle. Elle ne peut pas aller contre les lois de l'Eglise", la réponse paraît désormais claire, non ?

Cordialement
Meneau


images/icones/hein.gif  ( 751198 )Cependant par Ritter (2014-05-23 14:48:16) 
[en réponse à 751163]

si le fils de l'homme est maître du sabbat, l'abbesse dans la mesure ou une dérogation est possible, ne peut elle imposer au nom de l'obéissance, cette nouvelle règle?

images/icones/bravo.gif  ( 751138 )je plussoie !! par petitClerc (2014-05-22 18:46:59) 
[en réponse à 751136]

concernant la communion, le droit que peu s'arroger un fidèle avec permission de l'évêque et par dérogation à la règle de l'Eglise, est celui de communier "à la main", droit qu'une Mère Abesse doit pouvoir légitimement (et heureusement) restreindre.
Mais la communion "sur la langue" est la règle et je vois mal qu'il soit possible de l'abolir au profit d'une concession ...

in misericordi corde Iesu,
petitClerc
images/icones/fleche3.gif  ( 751149 )oui par jejomau (2014-05-22 20:55:10) 
[en réponse à 751131]

on en revient à ce que me laissait suggérer une telle attitude de cette Mère Abbesse : où veut-elle aller avec un tel ordre ? Que cherche-t-elle ? Bref : quelle est son intention profonde.... En agissant ainsi contre la Charité ?
images/icones/hein.gif  ( 751146 )Question annexe par Bertrand (2014-05-22 19:58:41) 
[en réponse à 751107]

Une mère Abbesse peut-elle obliger ses filles à communier???...
images/icones/1e.gif  ( 751150 )Une solution simple par Ritter (2014-05-22 21:03:39) 
[en réponse à 751107]

Mettre les mains directement sous la langue.
Tout le monde sera content.
Qu'est ce qui empêcherait cela?

Cordialement.
images/icones/neutre.gif  ( 751213 )Questions naïves par Aigle (2014-05-23 19:02:25) 
[en réponse à 751107]

En tant que juriste laïque , je ne peux que poser des questions.

Quelle est l'autorité que la règle reconnaît respectivement à l'abbesse, à l'aumônier et au conseil ?

Dans le silence de la règle ne peut on soutenir que l'abbesse, au nom de la dignité de la liturgie ou de l'unité de la communauté peut prescrire une attitude uniforme ? Certainement oui mais dans ce cas la règle uniforme doit elle être celle que prescrit l'Eglise ( communion sur les lèvres ) ou celle que demande la majorité des moniales ou celle que l'abbesse juge préférable ?

Il faudrait connaître le contexte en détail pour apprécier les risques...


Mais il me semble que le droit canon reconnaît plus de pouvoirs aux supérieurs que le droit civil ou administratif - autrement dit il ne me semble pas contraire à l'esprit du droit canon de voir un supérieur imposer une pratique particulière même illégale ( une sorte de dérogation ) . Mais cela s'applique t il à la liturgie ???j'en doute