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images/icones/neutre.gif  ( 718832 )CEF : sortir du non dit et du déni sur "le programme". par Scrutator Sapientiæ (2013-04-24 08:19:03) 

Bonjour à tous,

1. Il me semble que la CEF, les personnes et les structures les plus importantes et les plus influentes, au sein et à la tête de la CEF, ont, dans leur grande majorité, et contrairement à ce qu'a dit, l'autre jour, Monseigneur Vingt-Trois, ce qu'il est convenu d'appeler "un programme", une doctrine et une tendance globales, une évolution et une orientation générales, un positionnement fédérateur et générateur de catégories mentales et de comportements concrets.

2. A mes yeux, leur programme est à peu près celui-ci : maintenir, le plus durablement et le plus profondément possible, le mode de mise en oeuvre du Concile Vatican II qui est celui de la grande majorité d'entre eux, depuis le début des années 1960, à l'abri de la critique interne, argumentée et documentée, concrète et directe, formelle et frontale.

3. La critique externe

- de leur angélisme, de leur irénisme, de leur utopisme, notamment vis-à-vis

a) des chrétiens non catholiques, des croyants non chrétiens, des non croyants,

b) des "libres bétonneurs", qui sont à la fois constructivistes et destructivistes, en ce qu'ils ont "besoin" de détruire l'ordre naturel pour "pouvoir" construire un "ordre" artificiel,

c) des athéocrates communistes, hier, des théocrates islamistes, aujourd'hui,

d) de ce qu'est vraiment la mondialisation, cet impérialisme intercontinental,

- de leurs ambiguités ou équivoques, approximations ou inexactitudes, errements ou manquements, ou de celles et de ceux qu'ils se gardent bien de recadrer ou de sanctionner, ou qu'ils prennent soin de "couvrir", sinon d'encourager ou de légitimer,

- de leur laisser-fairisme asymétrique, qui consiste presque toujours

a) à laisser agir le plus possible les catholiques adeptes de la rénovation permanente du catholicisme,

b) à laisser agir le moins possible les catholiques désireux de recevoir et de transmettre la Foi catholique,

cette critique externe, tant qu'elle demeure externe, est facilement délégitimable, marginalisable, ringardisable, stigmatisable : les émetteurs de cette critique externe ne sont-ils pas des extrémistes et des intégristes, des nostalgiques et des passéistes ?

4. Mais la critique interne, elle, la critique interne des origines et des conséquences du déploiement de leur praxis langagière et messagère, cette critique interne n'a pas droit de cité au sein même de l'Eglise.

5. Il ne faut pas que des catholiques, non amnésiques ni apathiques, puissent, depuis l'intérieur des structures de l'Eglise,

- caractériser, pour la délégitimer, leur idéologie, ou, en tout cas, leur novlangue,

- préciser ou rappeler les origines "doctrinales" et les conséquences "pastorales" du recours à cette novlangue,

- commencer à faire sortir "l'Eglise qui est en France" de la culture du non dit et du déni, à propos des erreurs et des oublis, et surtout à propos de l'échec global qui découlent de la propagation et de la reconduction de cette novlangue.

6. Non, il ne le faut pas, notamment parce que cela ne serait pas "authentique, charitable, fraternel, libérateur, évangélique".

7. Il y a ainsi un "objet totem" : non le Concile Vatican II, mais sa mise en oeuvre, dans la très grande majorité des diocèses de France, et il y a un "sujet tabou" : l'échec global de cette mise en oeuvre, sauf à appeler victoire ce qui est une défaite, face à ce qui est objectivement en contradiction, en divergence, vis-à-vis du christianisme catholique.

8. J'ai la conviction que c'est cela, "leur programme" : maintenir, maintenir, si j'ose dire, leur prédécesseurs, leurs subordonnés, et surtout eux-mêmes, à l'abri, le plus longtemps possible, de cette critique interne là.

9. Je me souviens d'UNE tentative de critique interne rétrospective, vis-à-vis du positionnement d'au moins une partie de l'Eglise de France face au communisme, dans les années 1950 à 1980 (et surtout dans les années 1960 - 1970) depuis le sommet de l'Eglise, de la part de Mgr DECOURTRAY, au début de l'année 1990 à la fin de l'année 1989 ; voici ce que je viens de retrouver sur internet :

" On se souvient qu'en janvier 1990 le cardinal Decourtray, dans une interview au «Figaro», croyait devoir souligner que «le communisme avait révélé sa perversité». Il poursuivait, notant que la hiérarchie catholique s'était laissée entraîner à certaines connivences avec le marxisme. Par la suite, devant les protestations d'organisations ouvrières chrétiennes, notamment l'Action catholique ouvrière (ACO), il avait, honnêtement, corrigé ses appréciations. "

Ici.

10. Ce qui précède ne constitue ni une attaque en règle, ni un procès d'intention, et toute généralisation comporte des limites, mais s'il est possible de raisonner en termes de "programme commun de gouvernement", de programme de gouvernement commun à toutes les équipes dirigeantes qui se sont succédé à la tête de la CEF, je pense qu'il s'agit bien de se programme là : réorienter, un peu, mais aussi et surtout sanctuariser, beaucoup, l'après-Concile et ses conséquences, tel qu'il est mis en avant, en forme, en oeuvre, en scène, par la majorité de nos évêques, depuis, à présent, un peu plus d'un demi-siècle.

Demandeur et preneur de toute remarque ou suggestion, je souhaite une bonne journée à tous.

Scrutator.
images/icones/neutre.gif  ( 718835 )Félicitations et compléments par Aigle (2013-04-24 09:09:20) 
[en réponse à 718832]

Bravo cher Scrutator pour cette excellente synthèse. Puis je la compéter ?

Je ne pense pas que les cercles dirigeants de l'épiscopat (CEF, la Croix, Cerf, etc ...) soient totalement fous ou anticatholiques. Je pense plutôt qu'ils croient sincèrement à leurs idées et peut-être préfèrent-ils consciemment des "agités adeptes de rénovations permanentes" mais qui puiseraient sincèrement à a source évangéliques fque des tradis qu'ils soupçonnent d'hypocrisie, cachant sous le voile de la Foi leur désir profond de reconstruire une société civile et politique d'avant 1789 : c'est la fameuse accusation de maurrassisme ressortie par Mgr Dagens.

Dans le fond de leur coeur ils préfèrent sans doute des septuagénaires incultes qui votent PS et aiment les maghrébins à des familles nombreuses sportives et souriantes qui votent UMP.

Je crois aussi que ces cercles sont consensualistes : l'aile conservatrice ferme les yeux sur les audaces politiques, sociales ou liturgiques de l'aile marchande qui pour sa part ferme sa bouche sur l'ordination des femmes, l'acceptation du divorce ou l'intercommunion avec les protestants.

Ce qui est frappant est que l'échec du concile (ou plutôt de son interprétation maximaliste) en France est patent depuis très longtemps (Etienne Fouilloux a trouvé un article du Nouvel Obs de juin 1969 sur la fin de l'Eglise !) et que l'application radicale de vatican II perdure (sauf à Paris ou Mgr Lustiger a redressé la barre dès 1981).
images/icones/bravo.gif  ( 718881 )merci scrutator ! par Ignacio (2013-04-24 13:13:46) 
[en réponse à 718832]

Voici une grille qui vient bien à propos et peut aider ceux qui nous donnent beaucoup d'informations à les situer dans ce programme et à en montrer le cas échéant la nocuité.
L'exemple du Cardinal Decourtray est emblématique; dans mon livre "Le Terrorisme Pastoral", j'ai raconté en détail (pages 165 et suivantes),avec tous les noms et circonstances ce qui s'est passé. La conclusion est terrible : pas un évêque n'est intervenu contre ce lynchage du Primat des Gaulles !
Si XA y consent je désirerais mettre sur mon blog, "Terrorisme Pastoral" cette excellente grille de travail qui peut servir à beaucoup.
images/icones/hein.gif  ( 719272 )détail des scrutins à la CEF svp un "breteuilliste" pour le FC" par Presbu (2013-04-27 15:52:25) 
[en réponse à 718832]

Comment se fait-il qu'aucune publication n'ait révélé le détail des échanges de ce matin d'Avril qui furent "très durs" dixit Mgr DAGENS sur Radio-Accords.
??? L'abbé BARTHE devrait bien avoir à la CEF ses sources "breteuillistes" comme il existe depuis longtemps à Rome un éventail de "vaticanistes"! Et s'il a des informations, il n'est pas bloqué par son trouillomêtre comme notre - par ailleurs estimable - Gérard LECLERC, qui fut jadis d'une autre trempe! Et notre cher Luc PERRIN ne reste--t-il pas bien silencieux devant les indices défavorables qui me crêvent les yeux?
==> Malgré plusieurs nominations "ratzingériennes" depuis trois ans et plus, pas un évêque de cette orientation pastorale dans le nouveau bureau de la CEF, bien au contraire, Mgr PONTIER, son nouveau président, s'affiche comme un mainteneur d'un consensus majoritaire pour la médiocrité et le déclin établis! Un vrai pied de nez au Nonce comme au cardinal OUELLET!
==> Appel aux liseurs!