Le Forum Catholique

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images/icones/livre.gif  ( 713535 )Où se cache les modernistes ? par Chicoutimi (2013-03-24 00:32:23) 

Comme vous le savez tous, le Pape saint Pie X publiait, en 1907, l'encyclique Pascendi Dominici Gregis sur les erreurs du modernisme. Qu'en est-il de ces erreurs aujourd'hui, en 2013 ? Sommes-nous en mesure de dire si ces erreurs existent toujours dans l'Église et, dans l'affirmative, est-il possible de dire qui en sont les promoteurs (les noms des personnes, des institutions ou des écoles de pensée) ?

Deux choses m'ont particulièrement frappées concernant les erreurs modernistes : l'esprit réformateur et la tentative d'amoindrir le magistère ecclésiastique. Voici donc les passages en question de l'encyclique :

"52. [Ce que prône les modernistes réformateurs] : En ce qui regarde le culte, que l'on diminue le nombre des dévotions extérieures, ou tout au moins qu'on en arrête l'accroissement. Il est vrai de dire que certains, par un bel amour du symbolisme, se montrent assez coulants sur cette matière.

Que le gouvernement ecclésiastique soit réformé dans toutes ses branches, surtout la disciplinaire et la dogmatique. Que son esprit, que ses procédés extérieurs soient mis en harmonie avec la conscience, qui tourne à la démocratie; qu'une part soit donc faite dans le gouvernement au clergé inférieur et même aux laïques; que l'autorité soit décentralisée. Réforme des Congrégations romaines, surtout de celles du Saint-Office et de l'Index. Que le pouvoir ecclésiastique change de ligne de conduite sur le terrain social et politique ; se tenant en dehors des organisations politiques et sociales, qu'il s'y adapte néanmoins pour les pénétrer de son esprit.

En morale, ils font leur le principe des américanistes, que les vertus actives doivent aller avant les passives, dans l'estimation que l'on en fait comme dans la pratique. Au clergé ils demandent de revenir à l'humilité et à la pauvreté antiques, et, quant à ses idées et son action, de les régler sur leurs principes.

Il en est enfin qui, faisant écho à leurs maîtres protestants, désirent la suppression du célibat ecclésiastique." [...]

"60. Enfin, ils s'évertuent à amoindrir le magistère ecclésiastique et à en infirmer l'autorité, soit en en dénaturant sacrilègement l'origine, le caractère, les droits, soit en rééditant contre lui, le plus librement du monde, les calomnies des adversaires. Au clan moderniste s'applique ce que Notre prédécesseur écrivait, la douleur dans l'âme: Afin d'attirer le mépris et l'odieux sur l'Epouse mystique du Christ, en qui est la vraie lumière, les fils des ténèbres ont accoutumé de lui jeter à la face des peuples une calomnie perfide, et, renversant la notion et la valeur des choses et des mots, la représentent comme amie des ténèbres, fautrice d'ignorance, ennemie de la lumière, de la science, du progrès. Après cela, il n'y a pas lieu de s'étonner si les modernistes poursuivent de toute leur malveillance, de toute leur acrimonie, les catholiques qui luttent vigoureusement pour l'Eglise."


Bref, cette encyclique concernait-elle une époque révolue, ou bien est-elle plus que jamais d'une singulière actualité ?

L'encyclique vise-t-elle surtout un ennemi qui est à l'extérieur de l'Église, ou bien vise-t-elle un ennemi qui se situe à l'intérieur de l'Église ?

Enfin, l'encyclique trouve-t-elle écho seulement chez les lefebvristes, ou bien trouve-t-elle également un écho favorable dans d'autres parties de l'Église, chez le clergé et les fidèles catholiques ?

Et vous, que pensez-vous de cette encyclique dans la situation actuelle de l'Église ?

images/icones/neutre.gif  ( 713540 )Vos 3 questions.... par Pol (2013-03-24 06:40:12) 
[en réponse à 713535]

.... Tentative de reponse.

a)elle est d'une singuliere actualité
b)elle vise un ennemi BIEN A L'INTERIEUR de la Sainte Eglise
c)elle ne trouve pas d'echo dans l'Eglise fidele au concile
images/icones/bravo.gif  ( 713542 )Une simple précision par Vianney (2013-03-24 07:03:52) 
[en réponse à 713540]

La réponse à la deuxième question est formulée par saint Pie X lui-même :
“Ennemis de l’Église, certes ils le sont, et à dire qu’elle n’en a pas de pires on ne s’écarte pas du vrai. Ce n’est pas du dehors, en effet, on l’a déjà noté, c’est du dedans qu’ils trament sa ruine ; le danger est aujourd’hui presque aux entrailles mêmes et aux veines de l’Église ; leurs coups sont d’autant plus sûrs qu’ils savent mieux où la frapper. Ajoutez que ce n’est point aux rameaux ou aux rejetons qu’ils ont mis la cognée, mais à la racine même, c’est-à-dire à la foi et à ses fibres les plus profondes.” (Encyclique Pascendi.)
V.
 
images/icones/fleche2.gif  ( 713545 )Ils ne se cachent pas, mais ne se disent pas modernistes. par Scrutator Sapientiæ (2013-03-24 07:57:17) 
[en réponse à 713535]

Bonjour et bon dimanche, Chicoutimi.

1. Je ne vois pas en quoi les clercs modernistes auraient à se cacher, aujourd'hui :

- d'une part, ils n'ont presque plus rien à craindre, sur le plan disciplinaire,

- d'autre part, ils se sont appropriés une grande partie du pouvoir intellectuel,

au sein même de l'Eglise catholique.

2. Je ne vois pas non plus en quoi les clercs modernistes se disent modernistes, aujourd'hui : ne leur suffit-il pas de se penser et de se dire dans "le prolongement", voire dans "le dépassement", "des intuitions conciliaires", "du renouveau conciliaire", même quand ils recourent à ces expressions comme on recourt à un pavillon de complaisance ou à une usurpation d'identité ?

3. Si je devais citer un courant théologique contemporain porteur de modernisme, aujourd'hui, je citerais volontiers la théologie chrétienne du pluralisme religieux, id est, grosso modo la théologie du dialogue inter-religieux et des relations avec les religions non chrétiennes qui n'est pas seulement respectueuse de la pluralité des religions, dans l'ordre des faits, mais qui est aussi partisane du pluralisme religieux, dans l'ordre des valeurs.

4. Vous trouverez des éléments constitutifs de cette théologie chez le jésuite Jacques DUPUIS et chez le dominicain Claude GEFFRE ; si la question vous intéresse, je peux même vous donner quelques orientations bibliographiques.

5. Aujourd'hui, ce qui est caché, ce n'est pas le modernisme, même si, encore une fois, il ne se manifeste pas nécessairement en revendiquant cette identité d'une manière explicite ; aujourd'hui, ce qui est caché, c'est bien plutôt l'orthodoxie, c'est-à-dire un certain nombre de textes, porteurs d'orthodoxie, formateurs pour les fidèles, des textes que bien des clercs ont tendance à citer le moins possible, ou dont bien des clercs ont tendance à parler le moins possible : le Catéchisme de l'Eglise catholique de 1992, la Déclaration Dominus Iesus de 2000, le Compendium du Catéchisme de 2005, au moins les trois encycliques de Jean-Paul II que sont Veritatis Splendor, Evangelium Vitae, Fides et Ratio.

6. Considérez par exemple, notamment en cette journée, la problématique du relativisme et du subjectivisme en matière morale et en matière religieuse ; les évêques français, dans leur très grande majorité, s'opposent au relativisme et au subjectivisme en matière morale, mais s'opposent-ils pour autant au relativisme et au subjectivisme en matière religieuse, au point d'être, si c'est à la fois nécessaire et salutaire, partisans de davantage de normativisme et d'objectivisme, dans le domaine de la confession de la Foi et de la formation des fidèles ?

7. Il me semble qu'il suffit d'adhérer à une conception "extensive" de l'adogmatisme, du consensualisme, de l'eudémonisme, de l'exégétisme, de l'herméneutisme, de l'inclusivisme, de l'oecuménisme, et du personnalisme, pour oublier, pour faire oublier, ou pour laisser oublier que cette conception est démunie, désarmée, impuissante, car elle n'objecte et n'oppose presque rien, face à une "réduction" du christianisme à un courant de pensée et d'action qui serait propice à davantage d'agnosticisme, de fédéralisme interconfessionnel, de naturalisme, d'immanentisme, d'historicisme, d'intégralisme inter-religieux, de relativisme et de subjectivisme, dans les esprits, dans les coeurs, dans les actes, au sein même de l'Eglise catholique.

8. Formulé autrement, cela revient à dire ceci : une praxis langagière et messagère fait aujourd'hui office d'orthodoxie, non seulement au moyen d'une doctrine, mais aussi au moyen d'une ambiance, caractérisée, je le crois, par les six traits suivants :

A - l'intrincésisme : la vérité divine serait "toujours déjà" présente et active en chacun d'entre nous, non seulement en chaque chrétien, mais aussi en chaque croyant, voire en chaque être humain ;

B - le polyphorisme : il y aurait, par exemple,

a) plusieurs religions également légitimes, chacune d'entre elles étant également porteuse de la lumière divine,

b) plusieurs confessions chrétiennes également légitimes, chacune d'entre elles étant également porteuse de la lumière chrétienne ;

C - l'évolutionnisme : ce serait la réduction de l'histoire de l'Eglise à une évolution, caractérisée par des adaptations et des innovations progressives et successives,

a) non avant tout pour être et rester le plus possible en situation intérieure, tournée vers le Ciel, de communion avec le seul vrai Dieu, Père, Fils, Esprit,

b) mais avant tout pour être de mieux en mieux ou de plus en plus en situation intérieure, tournée vers la Terre, d'accompagnement de l'humanité, de fraternisation avec l'humanité, ou avec la vision que l'on en a et que l'on en donne ;

D - l'existentialisme : ce serait la réduction de la vie chrétienne à ce qui relève de l'existence temporelle : la vocation du chrétien

a) ne serait pas de croire et de vivre, d'une manière explicite et spécifique, radicale et substantielle, dans la Foi, l'Espérance, la Charité,

b) serait de penser et de vivre dans le Christ son appartenance à l'histoire humaine, son immersion dans l'histoire humaine, son historicité ;

E - l'horizontalisme : la réduction du discours chrétien à un ensemble de problématiques horizontalistes (un appel à penser et à vivre la dignité, la liberté, la solidarité dans le Christ), des problématiques plus adoratrices, contemplatives, spiritualisantes ou verticalisantes étant accusées ou suspectées de ne plus parler à nos contemporains, de ne plus rien vouloir dire pour nos contemporains, d'être définitivement hors de portée ;

F - l'humanitarisme : la réduction du christianisme à l'une des religions de l'humanité, à l'une des religions les plus humanisatrices des êtres humains et de l'agir humains, chacune des religions et toutes les religions ayant cette même tâche à accomplir.

9. De mon point de vue, nécessairement amendable et perfectible, le modernisme se déploie actuellement dans chacune des directions que je viens de décrire ; je vous prie de bien vouloir m'excuser, si jamais j'ai oublié une des directions constitutives et fondamentales du modernisme contemporain, ou si jamais j'ai procédé à une dilatation de la matière, au point d'évoquer une élément qui n'est pas, en tant que tel, ni en tant qu'associé à d'autres, ou combiné avec d'autres, propices à la constitution et au renforcement de ce que je crois être la doctrine et l'ambiance modernistes actuelles.

Je vous souhaite un bon dimanche.

Scrutator.
images/icones/hein.gif  ( 713547 )A la gauche du Christ par Aigle (2013-03-24 08:35:34) 
[en réponse à 713545]

Je connais mal le modernisme (Loisy et consorts ?) mais j'ai noté (à la lecture du gros livre de JL Schlégel : "A la gauche du Christ") que les leçons de St Pie X avaient sans doute porté leur fruit dans notre pays.

De 1945 à 2000 (environ) les chrétiens "de gauche", les contestataires de l'ordre établi s'étaient largement abstenus de se positionner sur les débats théologiques (au moins en France) et s'étaient limités à des initiatives d'ordre politique ou social (la promotion ouvrière, l'indépendance des colonies, le développement du Tiers Monde, la nouvelle pédagogie, etc ...). En revanche ils étaient peu présents sur les terrains de la théologie, de l'exégèse, etc ...

Donc en France Pascendi a fonctionné : pas de contestation ouverte des dogmes sauf de la part de théologiens finalement assez marginaux et pas vraiment révolutionnaires (Congar, Lubac) mais un engagement massif des novateurs sur des pistes politiques hautement contestables.

Maintennant il faudrait connaître en détail les idées modernistes pour savoir si elles inspirent plus ou moins les clercs contemporains.

Je connais pour ma part deux tendances quasi hérétiques assez répandues : la certitude que tout défunt accède au Paradis le jour même de son décès et ce quels que soient ses péchés (c'est le polnarefisme qu'on peut voir lors de nombreuses messes de funérailles ordinaires) ; l'idée que la Messe est exclusivement la commémoration de la dernière Cène et n'a donc plus de dimension sacrificielle.

Ces deux tendances fréquentes et jamais condamnées par l'autorité sont elles modernistes ? à vous de me le dire.
images/icones/fleche2.gif  ( 713550 )Distinction entre modernisme et progressisme + Précisions. par Scrutator Sapientiæ (2013-03-24 09:54:36) 
[en réponse à 713547]

Bonjour et bon dimanche, Aigle.

1. Je distingue pour ma part, à juste titre ou non, et sans être original,

- d'un côté, le modernisme, qui est une forme de progresssisme intellectuel, qui entend faire faire des progrès à l'Eglise catholique, dans l'ordre de l'adhésion à une intelligence renouvelée de sa vision du christianisme,

- de l'autre côté, le progressisme, qui est une forme de modernisme social, qui entend faire faire des progrès à l'Eglise catholique, dans l'ordre de l'adhésion à une expérience renouvelée de son action dans le monde moderne.

2. La plupart des progressistes d'avant-hier et d'hier ont été bien plus sensibles à des thématiques historiques et sociales, telles que la décolonisation des peuples ou la désaliénation des masses, qu'à des thématiques plus intellectuelles ou théologiques au sens strict du terme.

3. Et de même que tous les théologiens primo-modernistes de la période 1893-1914, de même, tous les théologiens néo-modernistes des périodes ultérieures (en gros : 1937-1962, 1963-1988) ne se sont pas orientés en direction d'un engagement politique situé à gauche.

4. Vous n'aurez pas nécessairement "une contestation ouverte des dogmes", de la part des théologiens modernistes, mais plutôt une tendance au contournement des dogmes, au dépassement des dogmes.

5. Je suis convaincu pour ma part que toute minimisation intentionnelle, délibérée, préméditée, programmatique, systématique, de la place du surnaturel et du théologal dans le christianisme, en l'occurrence dans le christianisme catholique, fait entrer ou laisse entre dans l'antichambre du modernisme contemporain, à la fois ambiance et doctrine.

6. Les "deux tendances quasi hérétiques assez répandues" que vous évoquez reflètent assez bien, en tout cas, à mon sens, l'adhésion de beaucoup à ce modernisme contemporain, qui passe sous silence ou place dans les ténèbres la réalisation et la signification de ce qui est abordé, notamment et par exemple, dans les numéros 73 à 78, 125 à 135, 200 à 216 du Compendium du Catéchisme de l'Eglise catholique.

Numéros 73 à 78 : La chute originelle

Numéros 125 à 135 :

- « Jésus Christ est descendu aux enfers, est ressuscité le troisième jour »

- «Jésus est monté au ciel. Il siège à la droite du Père tout-puissant »

- «D’où il viendra juger les vivants et les morts»

Numéros 200 à 216 :

- «Je crois à la rémission des péchés»

- «Je crois à la résurrection de la chair»

- «Je crois à la vie éternelle»

7. Ce sont là les lieux théologiques qui, à force de ne plus être arpentés fréquemment par certains théologiens ou par certains de ceux qui les lisent, finissent par ne plus être arpentés fréquemment par les fidèles.

8. Dans l'ordre métaphysique ou philosophique, il me semble que ce modernisme contemporain est aussi une conséquence de la confusion entre puissance et acte et entre accident et substance : or,

- ce n'est pas parce que tout homme est sauvé en puissance que tout homme sera sauvé en acte,

et

- ce n'est pas parce que les religions non chrétiennes comportent toutes des accidents plus ou moins communs à toutes les religions qu'elles sont de la même substance que la seule vraie religion.

Faute de temps, je ne peux nuancer et je dois résumer mon propos, d'où son caractère schématique, certainement regrettable ; je vous prie de bien vouloir m'en excuser, et je vous souhaite un bon dimanche.

Scrutator.
images/icones/neutre.gif  ( 713553 )Merci cher scrutator par Aigle (2013-03-24 10:27:23) 
[en réponse à 713550]

Merci pour cette analyse lumineuse.

Je voulais souligner pour ma part que le courant contestataire qui a donné le "la" à l'Eglise "qui est en" France à partire des années 1960 était plus "progressiste" et tourné vers l'action politique et sociale que "moderniste" et tournée vers la critique théologique.

Je ne sais pas si les déviations présentes dans le clergé du XXIè siècle (polnareffisme,messe réduite à un repas fraternel, islamophilie, etc ...) sont des formes de modernisme. Pour cela il faudrait connaître les thèses modernistes (et pas seulement lire leur condamnation). Autant que je sache (mais je connais peu de chose sur ce sujet c'est vrai) Loisy était plus impressionné par Renan et le scientisme de la fin du XIXè siècle ... qui sont des philosophies presque disparues de nos jours. Donc si le modernisme est un scientisme chrétien (mais je fais peut-être erreur) je pense qu'il n'a plus d'oxygène intellectuel pour vivre de nos jours.

Loisy plaidait il pour dire que l'Islam et le christianisme, c'était pareil ??
images/icones/carnet.gif  ( 713570 )L'actualité du modernisme par Chicoutimi (2013-03-24 13:30:47) 
[en réponse à 713545]

Tout d'abord, un grand merci à tous ceux qui ont répondu.

Ensuite, voici un texte intéressant, qui a été publié pour les 100 ans de l'encyclique Pascendi : Texte

images/icones/fleche2.gif  ( 713824 )Merci beaucoup + Deux livres à lire sur cette question. par Scrutator Sapientiæ (2013-03-25 07:10:56) 
[en réponse à 713570]

Bonjour et merci pour ce texte, Chicoutimi.

Les deux ouvrages dont je vous conseille la lecture sont :

- "Cent ans de modernisme", du Père Dominique BOURMAUD, aux éditions CLOVIS, ouvrage plutôt "à charge".

- "Panorama de la théologie au XX° siècle", du Professeur Rosino GIBELLINI, aux éidtions du CERF, ouvrage plutôt "à décharge".

Pour être le plus complet et le plus précis possible, je termine ce message en précisant qu'il convient de ne pas mettre tous les théologiens néo-modernistes "dans le même sac" ; dans le contexte théologique européen de la deuxième moitié du XX ° siècle, il y a deux tendances bien distinctes, les différences, pour ne pas dire les divergences, entre ces deux tendances, étant apparues à partir des lendemains du Concile :

- celle incarnée par des auteurs comme Congar et Rahner, et qui s'exprime au moyen de la revue Concilium,

- celle incarnée par des auteurs comme Balthasar et De Lubac, et qui s'exprime à travers la revue Communio.

C'est au sein de la deuxième de ces tendances que se sont affirmées puis affermies des personnalités intellectuelles telles que le futur Jean-Paul II et le futur Benoît XVI.

Par rapport à cette cartographie, aussi schématique soit-elle, je serais curieux de savoir où se situait le futur Pape François, en amont de son élection ; si quelqu'un en a une idée, merci pour toute précision.

Je vous souhaite une bonne semaine et vous dis à bientôt.

Scrutator.
images/icones/heho.gif  ( 713549 )pas difficile de les trouver par John L (2013-03-24 09:43:16) 
[en réponse à 713535]

'Sommes-nous en mesure de dire si ces erreurs existent toujours dans l'Église et, dans l'affirmative, est-il possible de dire qui en sont les promoteurs (les noms des personnes, des institutions ou des écoles de pensée) ?'

Vraiment, les bras me tombent en face de cette question. Le modernisme est accepté par quasiment tous ceux qui travaillent comme théologiens et catéchistes dans l'Eglise. Il est plus facile de dire qui n'est pas moderniste. Quelques dominicains – en France, surtout ceux de la province de Toulouse; en Angleterre et les Etats-Unis, il y en a aussi qui ne sont pas modernistes (p.e. Romanus Cessario O.P.). Quelques jésuites éparpillés. Quelques théologiens de l'Opus Dei (pas tous).

Les source intellectuelles de cette modernisme ne sont pas les modernistes du premier vague dénoncés par S. Pie X, mais surtout Karl Rahner S.J. et Marie-Dominique Chenu O.P.: Louis Charlier et Henri Bouillard aussi.
images/icones/fleche2.gif  ( 713551 )...car ils sont presque partout. par Scrutator Sapientiæ (2013-03-24 10:09:43) 
[en réponse à 713549]

Bonjour et bon dimanche, John L.

Je suis d'accord avec vous sur le premier point de votre message : "Le modernisme est accepté par quasiment tous ceux qui travaillent comme théologiens et catéchistes dans l'Eglise."

"Accepté", dans son ensemble, je l'espère ou le suppose, ne veut pas toujours dire "approuvé", dans tous ses éléments, dans l'esprit de certains de ces théologiens ou de ces catéchistes, mais presque aucun d'entre eux ne se dirait publiquement anti-moderniste ; le modernisme bénéficie au demeurant d'une telle imprégnation dans les esprits que le fait d'afficher, d'affirmer, d'assumer clairement et fermement un anti-modernisme théologique, aujourd'hui, ne serait probablement, ou tout simplement, même pas compris.

Je suis aussi d'accord avec vous sur le deuxième point de votre message : les modernistes d'aujourd'hui sont bien plus les continuateurs d'une partie des néo-modernistes d'hier que ceux des primo-modernistes de la fin du XIX° et du début du XX° siècle : je pense ici, moi aussi, à Chenu et à Rahner, mais je ne me prononcerai pas, fautes de connaissances suffisantes, sur Louis Charlier et Henri Bouillard.

Bon dimanche et à bientôt.

Scrutator.
images/icones/vatican.gif  ( 713556 )L'erreur de St Pie X par Jean-Paul PARFU (2013-03-24 10:54:02) 
[en réponse à 713551]

est d'avoir cru que le Modernisme était un complot ourdi de l'extérieur pour détruire l'Eglise de l'intérieur.

Or, il s'agissait simplement, malheureusement, de l'arrivée des idées de la Révolution dans l'Eglise via les nouvelles générations catholiques, par imprégnation socio-culturelle.

Dès lors, le combat dans l'Eglise pour éradiquer le Modernisme a mal été mené et le Modernisme a finalement logiquement gagné la bataille institutionnelle dans l'Eglise à l'occasion du Concile Vatican II.

images/icones/fleche2.gif  ( 713600 )L'erreur opposée : la surestimation de l'exégèse historico-critique. par Scrutator Sapientiæ (2013-03-24 15:28:53) 
[en réponse à 713556]

Bonjour et bon dimanche, Jean-Paul PARFU.

1. De mon point de vue, c'est la sur-utilisation ou la survalorisation de l'exégèse historico-critique qui constitue la conséquence la plus désastreuse du primo-modernisme, celui des années 1893 à 1914.

2. J'envisage ici les deux conséquences suivantes, situées au croisement du doctrinal et du pastoral :

- un découplage ou un déphasage croissant entre la relation croyante au contenu du Catéchisme et la relation savante au contenu de l'Ecriture ;

- une contradiction fondamentale,

a) entre l'exhortation magistérielle conciliaire, en faveur de la réappropriation ou de la redécouverte de l'importance de la lecture de la Bible par les catholiques,

b) et l'orientation exégétique post-conciliaire, qui a fréquemment abouti à ce qu'un écran filtrant historico-critique soit posé entre la Parole de Dieu et les fidèles.

3. Je ne sais pas si c'était, à l'origine ou dès l'origine, l'objectif des modernistes qui ont oeuvré sous Léon XIII et sous Saint Pie X, mais il me semble que la surestimation de l'exégèse historico-critique a fait passer, au XX° siècle, beaucoup de clercs, puis de laics, d'un extrême à l'autre, au point de fragiliser dorénavant la croyance en la réalité historique de bien des miracles et de bien des prophéties, dans chacun des deux Testaments.

4. Je me permets de vous renvoyer à ceci :

Ici.

Ici..

Ici...

Ici....

Bon dimanche et à bientôt.

Scrutator.