Le Forum Catholique

http://www.leforumcatholique.org/message.php?num=711574
images/icones/neutre.gif  ( 711574 )N.M. dois-je vous rappeler... par Meneau (2013-03-16 19:04:48) 

qu'un sacrement est efficace "ex opere operato" ? Et que l'offertoire n'a jamais fait partie de la forme du sacrement de l'Eucharistie ?

Juste en passant pour éventuellement ouvrir un débat.

Cordialement
Meneau
images/icones/livre.gif  ( 711587 )Vous avancez une opinion comme une certitude par John DALY (2013-03-16 19:48:47) 
[en réponse à 711574]


...l'offertoire n'a jamais fait partie de la forme du sacrement de l'Eucharistie.



Vous ai-je bien compris,cher Meneau ? Vous voulez nier la nécessité d'une expression formelle d'oblation à la réalisation de la transsubstantiation ?

Si c'est cela, un tas d'auteurs de faible réputation et quelques grands sont de votre avis, mais votre "dois-je vous rappeler" suggère que vous croyez que le débat est clos. Il n'en est rien. Et vous ne pouvez guère ignorer que les rubriques de defectibus s'opposent à la certitude de votre opinion.

Le fait est, en saine théologie, que le prêtre ne peut réaliser la transsubstantiation sans intention sacrificielle. Un grand nombre de grands théologiens remontant aux temps patristiques et continuant jusqu'à nos temps peuvent être cités en faveur de la doctrine que la liturgie de la messe, pour être valide, doit contenir non seulement toute la forme essentielle (en gras dans le Missel) mais aussi mettre celle-ci en contexte - un contexte qui exprime que le corps et le sang à confectionner sont ceux du Christ et pas du prêtre humain, qu'ils sont non seulement confectionnés, mais sacrifiés, et que ce sacrifice est offert.

Vous pouvez trouver une évaluation sérieuse et très documenté de l'état du débat dans le Mysterium Fidei du père Maurice de la Taille.

images/icones/neutre.gif  ( 711590 )Je croyais par Meneau (2013-03-16 19:57:04) 
[en réponse à 711587]

qu'il suffisait d'avoir une intention (même pas forcément prochaine) de faire ce que fait l'Eglise.

Mais je peux me tromper, et ne prétends absolument pas que le débat soit clos.

Cordialement
Meneau
images/icones/neutre.gif  ( 711594 )Intention sacrificielle par John DALY (2013-03-16 20:17:55) 
[en réponse à 711590]

Cher Meneau,

Je pense, par exemple, à l'hypothèse célèbre du prêtre qui essaye de consacrer de façon sacrilège tout le pain dans une boulangerie en disant "Ceci est mon corps".

On répond que non seulement la formule prononcée ne désigne, dans le contexte, que le corps du prêtre, mais aussi, que dans l'absence de toute intention de consacrer du vin dans un seul rite, il manque la "intentio sacrificandi".

Mais il faudrait peut-être distinguer l'intention propre du prêtre d'avec l'intention inhérente au rite qu'il emploie. Notre messe (rite traditionnel) exprime - de plus d'une manière et à plus d'un moment - l'oblation. Par le fait même qu'un prêtre se sert de ce rite il est censé avoir cette intention. S'il prend le rite anglican (Book of Common Prayer), qui a une forme d'institution mais aucune oblation, la validité serait fort douteuse même si quelques théologiens catholiques la défendraient.

images/icones/neutre.gif  ( 711615 )Intention inhérente au rite ? par Meneau (2013-03-16 20:53:34) 
[en réponse à 711594]

J'accepte de dire avec vous que le rite favorise l'intention. Cela est certain.

Mais a contrario, on ne peut pas dire que l'intention fait défaut per se dans le nouveau rite. Qui plus est, on ne peut pas dire que l'intention du prêtre qui a simplement l'intention "de faire ce que fait l'Eglise" n'exprime pas le caractère oblatoire, dans la mesure où l'intention "de l'Eglise", si je puis m'exprimer ainsi, comprend forcément cette dimension.

De sorte que : " Pour qu’il y ait validité, le ministre n’a pas à penser ce que pense l’Église ou croire ce qu’elle croit, mais simplement avoir l’intention de faire ce que fait l’Église."

De même que l'incroyant qui baptise n'a pas à croire que par le baptème sont remis les péchés, en particulier le péché originel, ni que cela fait entrer dans l'Eglise ou procure la grâce sanctifiante.

Enfin, je maintiens que l'offertoire, en soi, n'est pas indispensable à la validité d'une messe. Sinon comment expliquez-vous cet enseignement de St Thomas :

Il faut donc soutenir que si le prêtre ne disait que les paroles en question, avec l’intention d’accomplir ce sacrement, celui-ci serait réalisé, parce que l’intention ferait comprendre que ces paroles sont prononcées au nom du Christ, même si ce n’était pas signalé par le récit des paroles précédentes.

III, q78, a1, ad4

Cordialement
Meneau
images/icones/neutre.gif  ( 711646 )Vous me comprenez mal. par John DALY (2013-03-16 22:05:46) 
[en réponse à 711615]

Cher Meneau,

Une chose est l'intention du ministre de faire ce qui fait l'Église. Pour avoir cette intention il n'est pas nécessaire de savoir ce que fait l'Église ni d'y croire ; c'est pourquoi un juif peut baptiser validement.

Autre chose est ce que j'appelle l'intention inhérente au rite, c'est à dire ce que le rite vise à faire de par le sens des paroles. Ainsi l'Église peut modifier la forme essentielle du sacrement d'ordre dans certaines limites : il faut que le rite exprime la transmission de tel rang du sacerdoce.

...on ne peut pas dire que l'intention du prêtre qui a simplement l'intention "de faire ce que fait l'Eglise" n'exprime pas le caractère oblatoire, dans la mesure où l'intention "de l'Eglise", si je puis m'exprimer ainsi, comprend forcément cette dimension.



Certes le prêtre, en prenant la forme de l'Église, a déjà une intention suffisante. Mais l'intention de l'Église elle-même n'est pas chose interne et invisible : elle est exprimée, de façon univoque, par le rite.

D'où un rite eucharistique valide, approuvé par l'Église catholique, exprime nécessairement tout ce qui est essentiel.

Mais quand vous dites "on ne peut pas dire que l'intention fait défaut per se dans le nouveau rite", je ne puis vous suivre, ni vous réfuter sur le Forum actuel. Mais je peux affirmer que la FSSPX refuse d'accepter la doctrine de Vatican II comme catholique et orthodoxe (à mon avis à raison) et que le garanti de l'orthodoxie du contenu des textes conciliaires n'est pas inférieur au garanti de la validité intrinsèque des nouveaux rites. (D'ailleurs la FSSPX reconfirme sous condition les confirmés de nouveau rite.)

Pour votre texte de saint Thomas je remarque :

1. S Thomas lui-même souligne plusieurs fois dans cette question LXXVIII le fait que les théologiens approuvés ne sont pas d'accord entre eux.

2. Lui-même parle de la confection du sacrement en non du sacrifice.

3. La forme que saint Thomas dit être essentiel ("ex substantia") à l'article 3, où il en parle en plus de détail, n'est pas la forme du Nouvel Ordo, même en latin.

4. L'Église elle-même manifeste dans la rubrique de Defectibus qu'elle n'a pas la certitude de la suffisance de la forme de consécration sans oblation, puisqu'en cas d'invalidité involontaire de la matière elle tient à ce que le prêtre reprenne la messe à partir du "Qui pridie" non sans avoir réalisé une nouvelle oblation au moins mentale. Bref, le texte de saint Thomas ne suffit pas pour éloigner tout doute prudent et on ne joue pas avec la validité.

5. La Sacrée Congrégation pour la Doctrine de la Foi sous le cardinal Ratzinger en 2001 a accepté que les catholiques pouvaient assister et participer, comme à une messe valide, à une liturgie orientale schismatique suivant l'anaphore d'Addai et Mari, laquelle ne contient aucune forme de consécration. Nous n'avons pas affaire avec des gens qui se soucient vraiment de la validité. On pourrait même penser le contraire. Ils auraient pu gâcher la liturgie romaine avec leur nouvel ordo et faire autant plaisir aux liturgiquement lobotomisés tout en gardant les formes essentielles comme avant. Mais ils n'ont pas voulu.
images/icones/neutre.gif  ( 711671 )Oui mais... par Meneau (2013-03-16 23:08:59) 
[en réponse à 711646]


l'intention de l'Église elle-même n'est pas chose interne et invisible : elle est exprimée, de façon univoque, par le rite.


Oui et non. Le rite exprime évidemment l'intention, mais tant que l'intention n'est pas explicitement niée, elle peut être implicite. Qu'est-ce qui vous fait dire qu'un rite doit absolument exprimer tout ce qui est essentiel, et qu'est-ce qui est vraiment essentiel dans ce cadre ?


Mais quand vous dites "on ne peut pas dire que l'intention fait défaut per se dans le nouveau rite", je ne puis vous suivre, ni vous réfuter sur le Forum actuel.


Evidemment, je conçois fort bien que cela pose un problème car la garantie de l'orthodoxie intrinsèque des nouveaux rites découle de l'assistance divine promise à l'autorité qui promulgue ce rite.

Quant à votre réponse concernant le texte de St Thomas :

1 : St Thomas précise le désaccord des théologiens dans sa réponse ad 1, et non pas dans sa réponse ad 4. Et quand bien même, dans cette réponse ad 1, les opinions des divers thélogiens qu'envisage St Thomas auraient plutôt une interprétation plus large que celle de St Thomas quant à la formule consécratoire.

2 : St Thomas parle à cet endroit de la forme du sacrement, effectivement pas de sacrifice.

3 : l'article 3 concerne la question suivante : "La forme de la consécration du sang est-elle appropriée ?". Il ne définit pas ce qui est substantiellement nécessaire à cette forme mais prouve que les paroles telles qu'elles existent appartiennent toutes à la forme. D'autre part, St Thomas remarque ad 9 que ces paroles sont rapportées de façon diverse dans les Evangiles. Enfin, le seul élément qui "manquerait" aux prières eucharistiques II et III du VOM selon ce que considère St Thomas, serait "mysterium fidei". Ce "mysterium fidei" selon St Thomas signifie un des effets de la vertu qui opère dans le sacrement, à savoir que celui-ci "nous fait obtenir la justification gratuite, qui est le fruit de la foi". Or la notion de justification gratuite est déjà présente dans ce qui suit ("qui pro vobis... in remissionem peccatorum"). Tout cela pour dire, en résumé, que cette forme n'est pas irréformable en soi.

4 : Selon De defectibus, il suffit donc que l'oblation soit mentale. Cela milite plutôt contre la nécessité impérative d'un offertoire ! Il n'est même pas requis de reprendre un peu plus haut, à "Quam oblationem" ou à "Hanc igitur", deux paragraphes qui pourtant manifestent bien le caractère sacrificiel de la consécration.

5 : la question de cette anaphore est très complexe et déborde largement la question de la nécessité de l'offertoire. J'avoue ne pas être suffisamment calé sur le sujet.

Cordialement
Meneau
images/icones/neutre.gif  ( 711837 )signification univoque des effets sacramentels par John DALY (2013-03-17 18:22:39) 
[en réponse à 711671]

1.


Qu'est-ce qui vous fait dire qu'un rite doit absolument exprimer tout ce qui est essentiel, et qu'est-ce qui est vraiment essentiel dans ce cadre ?



Le sens de mon propos est celui de Sacramentum ordinis et de Apostolicæ curæ:



...la seule forme sont les paroles qui déterminent l’application de cette matière, paroles qui signifient d’une façon univoque les effets sacramentels... (Sacramentum ordinis)




Chacun sait que les sacrements de la nouvelle loi, signes sensibles et efficaces d’une grâce invisible, doivent signifier la grâce qu’ils produisent et produire la grâce qu’ils signifient. Cette signification doit se trouver, il est vrai, dans tout le rite essentiel, c’est-à-dire dans la matière et la forme; mais elle appartient particulièrement à la forme, car la matière est une partie indéterminée par elle-même, et c’est la forme qui la détermine. (Apostolicæ curæ)




...elle ne peut donc être la forme convenable et suffisante d’un sacrement, celle qui passe sous silence ce qui devrait y être spécifié expressément. (Apostolicæ curæ)



2.

Selon De defectibus, il suffit donc que l'oblation soit mentale. Cela milite plutôt contre la nécessité impérative d'un offertoire ! Il n'est même pas requis de reprendre un peu plus haut, à "Quam oblationem" ou à "Hanc igitur", deux paragraphes qui pourtant manifestent bien le caractère sacrificiel de la consécration.



Votre raisonnement marche très bien, à mon avis, dans l'hypothèse d'un rite qui ne contient pas d'oblation vocale mais qui exige une oblation mentale. En connaissez-vous ?

3.

Evidemment, je conçois fort bien que cela pose un problème car la garantie de l'orthodoxie intrinsèque des nouveaux rites découle de l'assistance divine promise à l'autorité qui promulgue ce rite.



Je voulais surtout signaler qu'il y a incohérence à invoquer la garantie de validité en faveur des rites légitimement promulgués par le Saint-Siège si l'on refuse de reconnaître la garantie d'orthodoxie en faveur des décrets conciliaires promulgués par la même autorité, et ce même si l'on reconnaît la légitimité des occupants récents de ce Siège.

images/icones/neutre.gif  ( 711870 )Effectivement par Meneau (2013-03-17 20:41:14) 
[en réponse à 711837]

1. Merci pour ces citations. Elles sont effectivement convaincantes quant à ce que doit être la forme d'un sacrement. Toutefois vous ne m'avez toujours pas convaincu que le NOM puisse être automatiquement invalide par défaut de forme, ladite forme ne signifiant pas la grâce qu'elle produit. Comme je le disais, la seule chose qui manque aux prex 1 et 2, c'est le "mysterium fidei". Est-ce suffisant pour invalider la forme ? Les sacrements ont été institués par NSJC. Je doute que NSJC et les Apôtres directement à sa suite aient dit "Mysterium fidei", ces mots n'apparaissant dans aucun des récits de l'institution de l'Eucharistie (1 Co.11,23-26; Mt 26, 26-28; Mc 14, 22-24; Lc 22, 19-20). Pour l'anaphore d'Addaï et Mari, je reconnais que c'est plus discutable. (Et vous ne m'avez toujours pas convaincu non plus que l'offertoire était nécessaire à la validité de la Consécration, ce qui était le point de départ de la discussion.)

2. Ce que je voulais dire c'est qu'en cas de défaut de matière, il est prévu qu'on ne refasse qu'une oblation mentale. Donc sur la nouvelle matière employée, cette fois valide, il n'y a pas dans le cas prévu par De defectibus d'oblation vocale, pas d'offertoire. Et pourtant le sacrement sera valide.

3. Je suis d'accord avec vous et je l'avais bien compris ainsi.

Cordialement
Meneau
images/icones/fleche3.gif  ( 715037 )Oui et non par N.M. (2013-04-02 23:27:29) 
[en réponse à 711870]

1. Je ne veux pas entrer ici dans un débat sans fin pour savoir quelles sont, pour le sacrement de l'Eucharistie, les paroles essentielles dans la forme sacramentelle ; ce qui est d’institution divine, ce qui a été laissé à la libre détermination de l’Église (avec des différences selon les rites) etc.

Même dans l’hypothèse la plus « minimalisante », il faut admettre que les paroles jointes aux paroles essentielles ont évidemment un rapport avec la signification du signe sacramentel. Non pas encore une fois au sens où elles seraient nécessaires aux paroles essentielles, mais au sens où, dans une économie d’ensemble, dans un contexte donné, leur présence, leur ajout ou leur suppression pourraient avoir une signification conforme ou contraire à la substance du sacrement.

2. Lorsque, conformément au De Defectibus, le célébrant procède à une oblation mentale, il y a bel et bien offertoire. Non pas au moyen des prières de l'offertoire traditionnel, mais autrement.
images/icones/1a.gif  ( 715038 )Meneau, vous m'avez mal lu... par N.M. (2013-04-02 23:28:39) 
[en réponse à 711574]

... ou je me suis bien mal fait comprendre.

Cher Meneau, pardonnez-moi de vous répondre avec retard, mais bien franchement je n’avais pas eu connaissance de votre post (auquel je réponds présentement) et de la discussion qui s’en était suivie avec John Daly. J’ai d’ailleurs pris connaissance de votre post et de cet échange à l’occasion d’une très récente conversation avec John.

Tout d’abord il me semble qu’il y a une incompréhension de votre part. Soit je me suis mal exprimé, soit vous m’avez lu trop vite.

Certes, les prières de l’offertoire traditionnel ne ressortissent pas de la forme essentielle. Et je ne vois vraiment pas où j’aurais pu soutenir le contraire ! Les prières de l’offertoire ressortissent de la partie cérémoniale. Je l’ai d’ailleurs bien précisé en toutes lettres dans le message que j’ai publié en complément du message par vous « incriminé ».

Et certes ce ne sont pas les paroles ressortissant de la partie cérémoniale qui donnent stricto sensu leur sens sacramentel aux paroles essentielles (en cas de danger imminent - incendie, intrusion ennemie - le célébrant pourrait à bon droit sauter des passages entiers du Canon, par exemple ; ou encore suppléer aux prières de l’offertoire traditionnel par une oblation mentale : c'est prévu par les Rubriques).

En revanche, ainsi que l'a bien précisé le pape Léon XIII dans son jugement porté contre les ordres anglicans, les prières de la partie cérémoniale peuvent faire perdre aux paroles essentielles leur signification, si ces prières de la partie cérémoniale excluent cette même signification.

Pour qu’il y ait sacrifice, il faut qu’il y ait immolation et oblation. Les prières de l’offertoire traditionnel, même si elles appartiennent seulement à la partie cérémoniale, expriment l’exacte dimension oblative de la messe : il s’agit d’une oblation, et d’une oblation propitiatoire.

Si de nouvelles prières viennent se substituer aux prières de l’offertoire traditionnel, et que ces nouvelles prières, loin de constituer un développement des prières anciennes, loin de préciser encore un peu plus ce qu’elles exprimaient, omettent de signifier ce qui dans les prières antécédentes exprimait tout particulièrement la foi et l’intention de l’Église, à savoir la dimension propitiatoire de l’oblation qui a lieu à la messe, alors ces nouvelles prières viennent altérer la signification des paroles essentielles.

Autrement dit ce qui est en cause avec la question de l’offertoire, ce n’est pas directement la forme du sacrement, mais bien la significatio ex adjunctis.

images/icones/neutre.gif  ( 715086 )Oui mais par Meneau (2013-04-03 10:40:32) 
[en réponse à 715038]

Merci pour votre réponse. J'avais bien compris que vous ne mettiez pas en cause directement la forme du sacrement. Mais vous concluiez assez rapidement que "la messe de Paul VI n'est pas la Messe", en raison du manque du caractère d'offrande propitiatoire que doit avoir ce Sacrifice.

Et c'est là que j'ai plusieurs objections :

1 : Le caractère propitiatoire n'est pas complètement absent du NOM, même s'il a été, je vous l'accorde, fortement amoindri par la suppression de l'offertoire :
- "pour leur propre rédemption" dans l'épiclèse
- "arrache nous à la damnation" dans le communicantes
- rappel du sacrifice d'Abel le juste et de celui de Melchisedech après la consécration => donc offrande sacrificielle
- "mais en nous accordant ton pardon"
C'est certes très léger, mais il n'y a pas disparition totale, et en tout cas pas négation. On peut par contre parler à mon sens de défiguration...

2 : quand bien même cela serait complètement omis dans les formules, le simple fait de vouloir faire ce qu'a fait NSJC et de vouloir faire ce que fait l'Eglise ne suffit-il pas - Ecclesia supplet - à rétablir implicitement cette notion d'oblation propitiatoire qui ne serait plus explicite ?

Bref, pour pouvoir conclure comme vous concluez, il me semble qu'il faudrait une opposition formelle au caractère propitiatoire du Saint Sacrifice, or ce ne me semble pas être le cas.

Cordialement
Meneau
images/icones/fleche3.gif  ( 715105 )Reliquats par N.M. (2013-04-03 11:54:29) 
[en réponse à 715086]

1. Je comprends vos objections. Les éléments que vous citez se trouvent bel et bien dans la première Prière eucharistique. Et ils ne m'ont pas échappé. Toutefois je ne vois pas en quoi vos objections sont réellement opérantes.

a) Quid des messes célébrées avec les autres prières eucharistiques ?

b) Les citations que vous faites font référence à la rédemption, au pardon etc. et également aux sacrifices figuratifs de l'Ancien Testament. C'est entendu.

Mais le problème reste entier et il est le suivant : ces éléments sont-ils en relation avec le Sacrifice de la Croix dont la messe est le mémorial (et la présence) ou bien ces éléments sont-ils en relation avec le sacrifice "vrai et propre" de la messe (oblation et immolation ; vrai sacrifice propitiatoire) qui a raison de sacrifice d'application relativement au Sacrifice de la Croix, dont il est le signe visible et la réalité (et alors il y a mémorial au vrai sens du terme) ?

Avec les prières de l'offertoire traditionnel, il ne fait aucun doute qu'à la messe il s'agit non pas seulement de rendre présent le Sacrifice rédempteur de la Croix et d'en appliquer les fruits, mais bien d'offrir un sacrifice visible, vrai et propre, propitiatoire, signe et réalité du Sacrifice de la Croix.

La suppression des éléments exprimant qu'à la messe l'Eglise offre par le moyen de ses prêtres un vrai et propre sacrifice propitiatoire, cette suppression fait sens. Et ce sens altère aussi la signification des éléments sacrificiels maintenus dans la première Prière eucharistique. Ces reliquats sont toujours en relation avec le Sacrifice de la Croix... mais plus avec le vrai et propre sacrifice de la messe.

2. L'adage "Ecclesia supplet" regarde la juridiction (la suppléance de juridiction) pas les rites sacramentels proprement dits. Dans le cas du sacrement de pénitence c'est différent puisque la juridiction est précisément requise en raison de la nature du sacrement (et que cette juridiction peut être suppléée).

Le problème avec le nouveau rite, ce n'est pas seulement la pure et simple absence de telle ou telle chose. Le problème c'est que lesdites absences sont des omissions qui font sens. Pour reprendre vos propres mots, et parce que les rites sont des signes qui ont une signification, la subtitution et l'omission ont concrètement valeur d'"opposition formelle".

C'est une chose qu'un prêtre déporté qui célèbre dans un coin la messe avec une miette de pain et une goutte de vin en faisant une oblation mentale et en prononçant les paroles de la consécration (même "réduites" aux seules paroles essentielles). Autre chose un prêtre utilisant un rite qui ne signifie plus expressément la dimension propitiatoire de l'oblation qui a lieu à la messe.

Toutefois ce même prêtre peut-il "bricoler" à partir du rite en question et y rétablir ce qui y fait défaut ? Si vous m'avez bien lu au départ, vous savez que je n'ai pas rejeté a priori cette hypothèse.





images/icones/1a.gif  ( 715121 )Unique sacrifice par Ion (2013-04-03 13:01:08) 
[en réponse à 715105]

Cher NM, le Sacrifice du Christ sur la Croix et le Sacrifice eucharistique sont un Unique sacrifice (Cf CEC 1367). Donc une unique réalité.

Dès lors ne "les" séparez pas.

Si on croit fermement à cela, le problème (ou le risque) que vous soulevez n'existe pas. Cette unicité est d'ailleurs très bien réaffirmée dans la belle "traduction" (et heureuse simplification) française de l'Orate Fratres "Prions au moment d'offrir le Sacrifice de toute l'Eglise". Cette affirmation et le rajout du "livré pour vous" dans les parole de consécration devraient achever de vous convaincre que le caractère d'oblation et de propitiation, non seulement ne disparaissent pas mais sont renforcés à travers la réforme liturgique.

Ion
images/icones/neutre.gif  ( 715132 )"Renforcés" ? par Meneau (2013-04-03 13:48:31) 
[en réponse à 715121]

Là, j'aurais pas osé, quand même !... Le fait est qu'on a quand même largement tronçonné dans l'offertoire, et que beaucoup de références explicites à la propitiation ont disparu.

Là où je ne suis pas d'accord avec NM, c'est pour dire que ces suppressions ont valeur d'opposition, au point que cela puisse rendre invalide le Saint Sacrifice. Même le BEC ne va pas aussi loin.

Cordialement
Meneau

images/icones/fleche3.gif  ( 715134 )Omission par N.M. (2013-04-03 13:56:15) 
[en réponse à 715132]

Oui, cher Meneau, je maintiens que l'omission n'est pas seulement une absence dès lors que les nouvelles prières se substituent aux anciennes.

« Supprimer le vrai, c’est un peu énoncer le faux » (sentence traditionnelle inspirée de Jean Cassien).

images/icones/livre.gif  ( 715150 )Identité essentielle/distinction accidentelle par N.M. (2013-04-03 15:09:40) 
[en réponse à 715121]

Mon cher Ion,

Il n'est nullement dans mon propos de "séparer" le Sacrifice de la Croix et le sacrifice de la messe, mais bien de rappeler que, s'il est essentiellement identique au Sacrifice de la Croix, le sacrifice de la messe en est également accidentellement distinct. A défaut, la double consécration ne serait pas un signe sacramentel.


"Le Concile de Trente fait ressortir nettement deux points au sujet du sacrifice de la messe : d’abord son identité essentielle avec le sacrifice de la Croix, puis sa distinction accidentelle avec ce sacrifice. De ces deux points il résulte que le sacrifice de la messe est un sacrifice relatif et non un sacrifice absolu, indépendant, bien qu’il soit un sacrifice vrai et proprement dit, comme le Concile le définit expressément."

Mgr Bernard Bartmann, Précis de Théologie dogmatique, t. II, p. 380 (6e éd., 1947).



Voici le canon tridentin auquel Bartmann fait référence :


"Si quelqu’un dit qu’à la Messe on n’offre pas à Dieu un sacrifice véritable et authentique, ou que cette offrande est uniquement dans le fait que le Christ nous est donné en nourriture, qu’il soit anathème."

Concile de Trente, session XXII, canon 1.



Mais continuons plus avant notre lecture (je terminerai de vous répondre dans un autre message) :


"Différence entre le sacrifice de la messe et le sacrifice de la croix

"Elle ne peut être, d’après ce que nous avons dit, qu’accidentelle et non essentielle. C’est ce qu’enseigne le Concile de Trente, quand il dit qu’il n’y a de différence que dans la « manière d’offrir » et explique avec plus de précision : « Le Christ s’offre par le ministère des prêtres » (sacerdotale ministerium), tandis qu’ « il s’est offert alors par lui-même ». En outre, la première oblation est appelée « oblation sanglante » (oblatio cruenta) ; la seconde, c’est une « oblation non sanglante » (oblatio incruenta : s 22, c 2 et 1).

"Une oblation a donc lieu dans les deux cas ; si elle faisait défaut à la messe, la messe ne serait pas un sacrifice, mais un simple mémorial symbolique. Il lui manquerait l’identité essentielle avec le sacrifice de la croix. Il nous faudra donc démontrer plus loin que, dans la messe, il y a, de quelque manière, un acte sacrifical du Christ. Mais le mode d’oblation est différent.

"[1] Cette différence consiste d’abord en ce que le Christ sur la croix s’offrit seul, sans l’intermédiaire d’un prêtre tenant sa place. [...] Il en est autrement dans le sacrifice de la messe. Il a besoin ici, à cause de son existence sacramentelle, du ministère sacerdotal : seul il [le Christ] ne peut pas du tout se mettre dans l’état de victime. Et alors même que cela serait possible à sa divinité en vertu d’un miracle perpétuel, il veut cependant le ministère d’un prêtre parce que le sacrifice de la messe doit être le sacrifice visible de son épouse l’Église, comme le dit le Concile de Trente. Le Christ s’offre donc à la messe, mais non pas strictement seul comme sur le Croix. Les prêtres de l’Église doivent sacrifier avec lui au nom de toute l’Église. Le sacrifice du Christ est donc aussi le sacrifice de l’Église : « Faites ceci en mémoire de moi ». [...]

"[2] Le Concile de Trente trouve une seconde différence dans ce fait que l’oblation a été la première fois sanglante et qu’à la messe elle est non sanglante. L’oblation sanglante est claire en soi. Il n’en est pas de même de l’oblation non sanglante. On l’appelle non sanglante parce qu’elle ne comporte pas de destruction de vie, pas de douleur. Et cependant c’est une oblation sacrificale. Or, une mise à mort du Seigneur n’est plus possible (Rom., VI, 9). Et même si elle était possible, sa réalisation serait un acte criminel imité des Juifs, bien loin d’être un acte de culte agréable à Dieu. Cependant le Christ a permis à son Église de posséder un vrai sacrifice sans qu’elle ait à commettre un crime envers lui. Il lui a ordonné une oblation non sanglante. L’oblation sanglante n’appartient donc pas à l’essence du sacrifice du Christ : autrement l’oblation ne pourrait pas être différente, comme le dit le Concile de Trente [cad la même oblation quant à l’essence, et une autre oblation quant au mode]. Rien ne doit être changé à l’essence, si la chose doit rester la même en soi.

"À ces deux différences accidentelles que signale le Concile on peut en ajouter quelques autres qu’il mentionne occasionnellement.

"[3] Le sacrifice de la Croix est seul notre sacrifice de Rédemption. Il a été tellement suffisant et efficace qu’il n’a pas besoin d’être complété par un second sacrifice. (cf. t. Ier [Bartmann], p. 436 sq.) Le sacrifice de la messe n’a pas pour but de compléter le sacrifice de la Croix, mais seulement d’en appliquer les fruits aux fidèles. C’est pourquoi le sacrifice de la Croix ne fut offert qu’une fois. (Hébr., VII, 27 ; IX, 12, 28 ; X, 10, 12) « Par une unique oblation (μιἆ γάρ προσϕορἆ) il a procuré pour toujours la perfection à ceux qui sont sanctifiés. » (Hébr., X, 14) Par contre, la messe a été instituée par le Seigneur comme un sacrifice qui doit se perpétuer jusqu’à son retour.

"[4] En outre, le sacrifice de la Croix est uniquement le sacrifice du Christ ; par contre, le sacrifice de la messe est en même temps le sacrifice de l’Église. [...]

"Ainsi on aura indiqué les différences entre le sacrifice de la messe et le sacrifice de la Croix et prouvé en même temps que ce ne sont que des différences accidentelles qui ne peuvent détruire l’identité du sacrifice.

"Néanmoins il résulte du fait de cette distinction qu’on peut, d’une certaine manière, parler de deux sacrifices et les comparer ensemble. Si l’on agit ainsi et que l’on donne à la messe, malgré son identité avec le sacrifice de la Croix, une certaine indépendance, il est tout de suite clair que la messe occupe, par rapport au sacrifice de la Croix, une situation secondaire, car elle en est dépendante. Les théologiens disent que le sacrifice de la Croix est un sacrifice absolu et le sacrifice de la messe un sacrifice relatif. Le sacrifice de la Croix a, à tous égards, son fondement en lui-même ; d’aucun point de vue il ne dépend d’un autre sacrifice, ni dans son être ni dans son opération ; ce qu’il est et doit opérer, il l’est et l’opère de la manière la plus parfaite par lui-même. Par contre, le sacrifice de la messe a son fondement, à tous égards également, dans le sacrifice de la Croix, en tant qu’il reçoit de ce sacrifice la victime et le prêtre sacrificateur, en tant qu’il représente ce sacrifice et en est le mémorial et en tant qu’il en reçoit et en communique les effets.

"Faut-il étendre plus loin encore cette relativité ? C’est là l’objet d’une controverse sur laquelle nous aurons à revenir. Remarquons seulement ici que c’est précisément à cause de sa relativité que le sacrifice de la messe peut être réitéré et que, par contre, le sacrifice de la Croix, à cause de son caractère absolu, ne peut pas être réitéré. À cause de l’identité du sacrifice de la messe et du sacrifice de la Croix, on parle au singulier du sacrifice de la messe et on ne dit pas : les sacrifices de la messe. Il n’y a qu’un sacrifice de la messe. Mais comme les oblations sont distinctes selon les prêtres particuliers, on parle aussi au pluriel des sacrifices de la messe ou mieux des messes. (Cf. aussi Catéch. Rom., p. II, c. 4, q. 74 et 78)."

Mgr Bernard Bartmann, Précis de Théologie dogmatique, t. II, pp. 382-384.









images/icones/fleche3.gif  ( 715181 )La messe déconstruite par N.M. (2013-04-03 18:22:57) 
[en réponse à 715121]

Ne vous en déplaise, le "risque" par moi soulevé existe bel et bien. Pour que la messe rende présent le Sacrifice de la Croix, il faut que la messe soit elle-même un sacrifice. Certes la messe n'est pas un sacrifice indépendant du Sacrifice de la Croix. Le sacrifice de la messe est un vrai et propre sacrifice, mais un sacrifice relatif - vis-à-vis du sacrifice absolu qu'est le Sacrifice de la Croix.

Autrement dit, si à la messe il n'y a pas immolation et oblation (propitiatoire) alors il n'y a pas sacrifice et cette "messe" n'est pas l'"unique Sacrifice" de la Croix.

1) Et de ce point de vue, l'affreuse traduction française officielle de l'"orate fratres" dans le N.O.M., loin d'être en quoi que ce soit rassurante, est (au contraire) typiquement représentative de l'altération dont souffre la partie cérémoniale du N.O.M.

On sait en effet que l'édition latine typique du N.O.M. avait conservé l'"orate fratres". On pourrait d'ailleurs en tirer argument en faveur de la version latine du N.O.M. :


"Priez, mes frères, pour que mon sacrifice, qui est aussi le vôtre, puisse être agréé par Dieu le Père tout-puissant.

"- Que le Seigneur reçoive de vos mains le sacrifice, à la louange et à la gloire de son nom, et aussi pour notre bien et celui de toute sa sainte Eglise."



Donc on pourrait tirer argument du maintien de l'"orate fratres" (dans l'édition latine) : on y fait mention de l'offrande, à la messe, d'un sacrifice (et pas seulement de la mémoire du Sacrifice de la Croix) et l'on demande à Dieu, pour ce sacrifice, son agrément.

A cela je réponds que même les prières latines de la "présentation des dons" parlent d'une "offrande", donc d'une oblation. Mais que dans ces mêmes prières, si l'on fait exprime l'idée d'une oblation, il n'est plus exprimé et signifié (substitution et omission) que cette oblation est propitiatoire. La référence explicite à l'agrément divin dans l'"orate fratres" maintenu ne vient pas de soi palier cette omission parce que même un simple sacrifice d'adoration et d'action de grâces nécessite l'agrément divin.

Donc, de soi, dans l'édition latine du N.O.M., si l'on offre encore un sacrifice, on n'offre plus un sacrifice propitiatoire.

Dans la "présentation des dons" du N.O.M., l'omission de l'exacte dimension propitiatoire de l'oblation ("Suscipe sancte Pater"), en tant que les nouvelles prières se substituent aux anciennes sans plus signifier la fin propitiatoire du sacrifice, altère également la signification (et la portée) de l'"orate fratres" maintenu.

Avec l'affreuse traduction française officielle, c'est encore plus simple. Beaucoup plus radical.


"Prions ensemble, au moment d'offrir le sacrifice de toute l'Eglise.

"- Pour la gloire de Dieu et le salut du monde."



On ne demande même plus que le sacrifice soit agréé de Dieu. De quel sacrifice peut-il donc s'agir ?

On remarquera d'ailleurs que la même traduction vernaculaire officielle fait disparaître toute dimension oblative dans les prières de la "présentation des dons" : il ne s'agit plus d'offrir ("offerimus"), mais de présenter ("nous te le présentons").

Peut-on encore parler de sacrifice - cf. la traduction-trahison de l'"orate fratres" - lors même qu'il n'est plus fait mention de l'agrément divin et que l'oblation est passée aux oubliettes dans ce fantôme d'offertoire ?

2) L'adjonction du "quod pro vobis tradetur" aux paroles de la première consécration n'est pas non plus particulièrement rassurante.

Certes, on fait valoir que cette formule paulinienne (I Cor. XI, 24) se retrouve en de nombreux rites autres que le rite romain.

Sauf qu'il faut nuancer cette affirmation.

a) Tout d'abord "quod pro vobis tradetur" est propre à la Vulgate. Si l'on se penche sur les manuscrits grecs, il faut retenir avec le Père Allo (Commentaire sur la première épître aux Corinthiens) "Τό ύπερ ύμϖν", c'est-à-dire "Ceci est mon corps qui est pour vous". La formule paulinienne est donc en fait elliptique.

b) Ensuite, si l'on s'intéresse aux paroles de la consécration dans d'autres rites (passés ou présents) que le rite romain, on se rendra compte que lorsque la formule paulinienne est reprise, le corps du Christ n'est généralement pas "livré", mais bien plutôt :

- "rompu" (canon d'Hippolyte, anaphore de Sérapion, Constitutions apostoliques, Testament de Notre-Seigneur, Ambrosiaster, anaphore de Théodore de Mopsueste, anaphore de Nestorius, anaphore de saint Jean Chrysostome, anaphore de saint Basile, rite arménien, rite abyssin)

- "donné" (anaphore de Balizeh)

- "brisé" (rite maronite antérieur au XVIIe siècle),

- "rompu et donné" (anaphore de saint Jacques et de saint Jean l'Evangéliste, anaphore des Douze Apôtres, anaphore de saint Marc, rite chaldéen restauré,

- "rompu et partagé" (anaphore de saint Basile du rite antiochien).

c) En revanche, le corps du Christ est "livré" :

- dans l'anaphore de saint Grégoire (rite alexandrin) et dans l'anaphore de saint Basile (du rite alexandrin), même si la formule exacte est : "Ceci est mon corps qui est rompu pour vous, et qui sera livré pour beaucoup en rémission des péchés",

- dans le rite mozarabe...

... même si Dom Cabrol (dans le Dictionnaire de Théologie catholique) s'interroge sur la forme du rite mozarabe et rappelle que lorsque le rite mozarabe fut restauré à l'initiative du Cardinal Cisneros en 1500, Rome imposa les paroles de la consécration du rite romain.

Cela étant dit, et en admettant que les paroles "quod pro vobis tradetur" puissent avoir leur place dans la consécration - mais pas au titre de "paroles essentielles" - cela ne veut pas dire qu'il soit légitime de les adopter dans le rite romain et dans un contexte donné.

Tout d'abord, le sacrifice de la messe est accompli avec la deuxième consécration et pas avant (la première consécration réalise "seulement" la Présence Réelle sous les espèces du pain) :


"La fonction essentielle du sacrifice consiste seulement dans la consécration. Sententia communis.

"La consécration a été instituée par le Christ, elle est accomplie par le prêtre au nom du Christ sur la victime proprement dite et représente le sacrifice de la croix. Pour réaliser le sacrifice, la double consécration est nécessaire, parce que le Christ l'a faite à la dernière Cène. Sans compter l'exemple du Christ, la double consécration est nécessaire pour représenter sacramentellement la séparation réelle du corps et du sang du Christ.

"Selon saint Grégoire de Nazianze, le prêtre, en prononçant les paroles de la consécration sépare "par une coupure non sanglante le corps et le sang du Seigneur, en employant sa voix comme glaive" (Ep. 171). D'accord avec le langage des Pères, les théologiens parlent d'une immolation non sanglante ou mystique (immolatio incruenta, mactatio mystica) du divin Agneau. [...]

"L'oblation extérieure consiste dans la séparation sacramentelle mystique du corps et du sang du Christ, qui est réalisée ex vi verborum par la double consécration, et qui est une représentation objective de la séparation historique réelle réalisée sur la croix."

Louis Ott, Précis de Théologie dogmatique, 2e éd. fr., pp. 563-564.



Donc on comprend très bien pourquoi le rite romain traditionnel fait mention du sacrifice dans la deuxième consécration ("qui pro vobis et pro multis effundetur in remissionem peccatorum") - soulignant qu'est là (à ce moment-même) réalisé le "mysterium fidei" - lors même qu'à la première consécration il n'est fait mention que de la Présence Réelle ("Hoc est enim corpus meum" et c'est tout).

Par conséquent, loin d'être un développement liturgique et dogmatique (comme il se doit en toute réforme liturgique vraie et fructifiante) l'adjonction des paroles "quod pro vobis tradetur" opérée par le N.O.M. vient - censément dans le rite romain - parasiter la double consécration dans son expression la plus exacte, et dans son exacte compréhension.

Elle est donc, dans ce qui est censé être le rite romain (et donc par rapport au rite romain traditionnel), pour le moins inopportune.

Mais si l'on considère les autres changements apportés aux paroles de la consécration, l'ensemble desdits changements, et notamment le changement considéré deviennent encore plus préoccupants :

- Déplacement du "mysterium fidei" (qui indiquait si bien que l'immolation était réalisée à la deuxième consécration), et lien opéré par la deuxième Prière eucharistique non plus entre le "mysterium fidei" et la double consécration, mais entre le "mysterium fidei" et la communion (ce qui semble très malsonnant au regard du canon 1 du décret tridentin sur le sacrifice de la messe) ;

- Adjonction des paroles de l'anamnèse ("vous ferez cela en mémoire de moi") qui selon le canon 2 du décret tridentin sur le sacrifice de la messe sont les paroles par lesquels les apôtres ont été ordonnés prêtres - et donc ne ressortissent pas directement de la consécration eucharistique elle-même - est-on en train de consacrer ou de faire un récit ?

- Adjonction des paroles "prenez et mangez[buvez]-en tous", qui ressortissent plus à la dimension "banquet eucharistique" de la messe (la communion) qu'à l'immolation réalisée par la double consécration ;

- Intégration des paroles consécratoires au sein du récit de l'Institution (là où la tradition liturgique romaine avait bien isolé les paroles consécratoires du récit proprement dit) et la tendance marquée à prononcer les paroles de la consécration sur un mode récitatif et non pas intimatif ;

- Et sans compter les traductions officielles du "pro multis" : l'inacceptable "pour tous" ; l'ambigu "pour la multitude"...

Evidemment, on pourra toujours aller voir dans les rites autres que le rite romain, rites anciens ou présents, et trouver des similitudes avec tel ou tel de ces changements... sauf que dans une économie d’ensemble, dans un contexte donné, ces différents changements peuvent avoir une signification conforme ou contraire à la substance du sacrement.

Et, par rapport au rite romain traditionnel (j'insiste), tous ces changements vont dans le sens d'une régression, d'une déconstruction, d'une perte de signification.

Le récit-mémorial qui rend présent le Sacrifice de la Croix se substitue au sacrifice vrai et propre signe et réalité du Sacrifice de la Croix.











images/icones/1a.gif  ( 715191 )J’avoue, cher NM, être très déçu ... par Ion (2013-04-03 20:16:33) 
[en réponse à 715181]

par votre réponse … ou absence de réponse.

J’espérais un échange nouveau et intéressant sur la dimension sacrificielle de l’Eucharistie sur un autre registre que celui habituellement mis en avant et qui s’appuie trop souvent et essentiellement sur la seule étude détaillée des paroles rituelles.

Or, c’est ce que vous refaites avec toujours les mêmes arguments, alors que le débat était autre.

Le point de départ de notre échange était en effet le suivant : je vous reprochais de trop séparer sacrifice de Jésus sur la Croix et sacrifice eucharistique par exemple quand vous posiez la question suivante "ces éléments sont-ils en relation avec le Sacrifice de la Croix … ou bien ces éléments sont-ils en relation avec le sacrifice "vrai et propre" de la messe ?" (N.M.). Cette question dénotait chez vous une au moins une ambiguïté. Et je vous faisais remarquer que l’affirmation, renforcée dans le rite réformé, de l’unicité entre sacrifice de Jésus et sacrifice eucharistique, illustrée entre autre par la traduction française de l’Orate Fratres, était un gage sans ambiguïté du caractère sacrificiel de l’eucharistie.

En d’autres termes, la messe ne tire pas son caractère oblatif et propitiatoire de ses formulations, mais d’abord et avant tout de son identité absolue avec l’évènement d’il y deux milles ans. Toutes les citations de Mgr Bartmann que vous avez données dans votre autre message vont d’ailleurs dans ce sens.

Et sur cette "argumentation", vous ne répondez absolument pas.

C’est dommage, car je crois que c’est là l’une des clefs de la réconciliation future, non seulement entre "traditionalistes" et "conciliaires", mais aussi entre entre catholiques et protestants, ces derniers reprochant aux catholiques de considérer chaque messe comme un sacrifice à part entière et distinct du sacrifice de Jésus sur la croix. Or, ce qui est distinct, n’est pas l’offrande de Jésus, réalisée une fois pour toute et parfaitement il y a deux mille ans et qu’il n’est pas question de refaire, mais plutôt notre offrande à nous avec celle de Jésus (Que l’Esprit saint fasse de nous une éternelle offrande à Ta gloire - prière eucharistique n°2) et les fruits pour l’Assemblée du sacrifice unique du Christ, et je reprends les termes mêmes de Mgr Bartmann : "Le sacrifice de la messe n’a pas pour but de compléter le sacrifice de la Croix, mais seulement d’en appliquer les fruits aux fidèles".

L’affirmation de l’unicité dont il est question ici n’est bien sûr pas nouvelle, mais elle a été renforcée depuis le Concile et est vue comme essentielle. Je résume en disant qu’on n’a pas besoin d’éplucher les textes de la messe pour se convaincre que Jésus s’est livré pour nous racheter, et que ce sacrifice est "actualisé" à la messe, c’est notre foi qui l’affirme.

Sincèrement, vos considérations minutieuses comme celle sur le sacrifice réalisé lors de la deuxième consécration et non lors de la première, hormis le fait qu’elles s’éloignent de façon impressionnante, dans l’ensemble comme dans le détail, du sujet qui nous occupait me semblent bien inutiles et superflues.

Bien à vous,

Ion
images/icones/1v.gif  ( 715206 )Qu’en termes élégants... par Vianney (2013-04-03 21:28:45) 
[en réponse à 715191]

...ces choses-là sont dites :
“C’est dommage, car je crois que c’est là l’une des clefs de la réconciliation future, non seulement entre "traditionalistes" et "conciliaires", mais aussi entre entre catholiques et protestants, ces derniers reprochant aux catholiques de considérer chaque messe comme un sacrifice à part entière et distinct du sacrifice de Jésus sur la croix.” (Ion)
Le père du protestantisme avait l’avantage d’être beaucoup plus franc :
“J’affirme que tous les lupanars, les homicides, les meurtres, les adultères sont moins mauvais que cette abomination de la messe papistique.” (Dr Martin Luthers Werke, t. XV, p. 774.)
V.
 
images/icones/5b.gif  ( 715212 )Cher Ion, m'est avis au contraire que vous bottez en touche par N.M. (2013-04-03 21:40:09) 
[en réponse à 715191]

Avec l'élégance qui vous caractérise, mais tout de même... c'est bien vous qui bottez en touche.

La messe est un signe. Tout rite sacramentel est un signe. Et tout signe est porteur d'une signification. Ce sont les signes et le contexte des signes qu'il faut étudier.

Vous méprisez cette approche pourtant fondamentale. A partir de là vous prétendez vous en tirer par des pirouettes.

Tout l'intérêt des citations de Mgr Bartmann est de montrer quelles sont les différences accidentelles entre le sacrifice de la messe et le Sacrifice de la Croix, différences qui rendent compte précisément de ce en quoi le sacrifice de la messe est le signe du Sacrifice de la Croix, et donc de l'identité essentielle entre le sacrifice de la messe et le Sacrifice de la Croix.

Et loin, très loin, de vous donner raison les citations de Mgr Bartmann vous donnent manifestement tort.

Au passage, je m'étonne beaucoup de la façon dont vous tronquez si manifestement ma question lorsque vous prétendez me citer. Moi qui croyais que le recours aux citations tronquées était l'apanage exclusif des "intégristes" censément de mon espèce !

Vous me faites dire :


"ces éléments sont-ils en relation avec le Sacrifice de la Croix … ou bien ces éléments sont-ils en relation avec le sacrifice "vrai et propre" de la messe ?" (N.M.).



Là où j'ai effectivement dit :


"ces éléments sont-ils en relation avec le Sacrifice de la Croix dont la messe est le mémorial (et la présence) ou bien ces éléments sont-ils en relation avec le sacrifice "vrai et propre" de la messe (oblation et immolation ; vrai sacrifice propitiatoire) qui a raison de sacrifice d'application relativement au Sacrifice de la Croix, dont il est le signe visible et la réalité (et alors il y a mémorial au vrai sens du terme) ?"



Je présume votre bonne foi, et donc votre incompréhension des véritables enjeux derrière cette question, sinon vous n'auriez pas pu honnêtement réduire ma question à la citation objectivement trompeuse que vous en faites.

- Je ne veux évidemment pas opposer d'un côté la relation avec le Sacrifice de la Croix et de l'autre la relation avec le sacrifice de la messe.

- J'oppose tout simplement deux approches de la messe :

a) L'une, qui sort tout droit du concile de Trente, qui réaffirme qu'à la messe le ministre du Christ offre un sacrifice vrai et propre, qui est un sacrifice propitiatoire, et que ce sacrifice visible représente le Sacrifice de la Croix et ne fait pas nombre avec lui parce que, étant ce sacrifice, il est le signe et la réalité du Sacrifice de la Croix.

b) L'autre, pour laquelle la messe n'a pas à être un signe visible - signifiant et l'oblation et l'immolation et la fin propitiatoire - mais simplement un mémorial rendant mystérieusement présent (comment ?) le Sacrifice de la Croix. Bref, une approche incompatible avec le décret dogmatique du Concile de Trente qui martèle que la messe est un signe visible.

Bien sûr qu'il est important de montrer aux "protestants de bonne foi" que la messe catholique n'est pas un sacrifice absolu : seule la Croix est ce sacrifice absolu ; la messe en est bien évidemment l'application. Je n'ai jamais soutenu le contraire !

Mais pour être l'application du Sacrifice de la Croix, la messe - pour être la messe - doit en être le sacrifice d'aplication, autrement dit la messe doit être et demeurer ce signe visible sacrificiel qui faisait horreur à Luther... et qu'en bon "conciliaire" vous méprisez (pour le moins).

C'est cela que vous ne voulez pas saisir.

Et c'est la raison pour laquelle vous méprisez ouvertement le témoignage non pas seulement de N.M. (si ce n'était que ça !) mais d'un théologien ante-conciliaire aussi consensuel et représentatif que Louis Ott :


"L'oblation extérieure consiste dans la séparation sacramentelle mystique du corps et du sang du Christ, qui est réalisée ex vi verborum par la double consécration, et qui est une représentation objective de la séparation historique réelle réalisée sur la croix."

Louis Ott, Précis de Théologie dogmatique, 2e éd. fr., pp. 563-564.



C'est pourquoi, même sous vos sacrasmes somme toute profondément vains, il importe beaucoup de savoir que le sacrifice de la messe (toutes choses égales par ailleurs) est réalisé à la deuxième consécration.

Cela importe beaucoup parce que la messe est un signe visible, un sacrifice visible.

images/icones/neutre.gif  ( 715270 )mysterium fidei par Lycobates (2013-04-04 01:53:32) 
[en réponse à 715212]

Je suis entièrement d’accord avec vos analyses, cher N.M.

Étudions les "signes"!
Concernant le "mysterium fidei" dans la consécration du Sang quelques remarques supplémentaires.

Il est clair à mon avis que la simple omission de ces mots dans le NOM (quoique bien entendu gravement illicite! ces mots se retrouvent dans les sacramentaires les plus anciens et les Conciles de Florence en de Trente les ont consacrés comme apostoliques: Romana Ecclesia Apostolorum doctrina et auctoritate firmata semper uti consuevit) eût été moins grave (et moins fatal pour la validité du sacrement) que leur déplacement sournois comme il a été fait par les modernistes.

Je tiens avec St. Thomas (IIIa 78, 3) que ces mots "pertinent ad integritatem locutionis", ce qu’il faut comprendre, je crois, non point dans un sens strictement formel (que ces mots en tant que tels seraient nécessaires pour la validité, c’est impossible, car ces mots manquent dans certains rites non-romains dont ne doutait pas non plus St. Thomas, comme nous le savons), mais dans un sens idéel (que leur sens, ce qui est exprimé par eux, est nécessaire, et que leur omission, leur déviation sémantique, est fatale).

Dans la théologie et par conséquent la liturgie catholique, comme tout le monde le sait, le "mystère de la foi" s’accomplit au moment même où le prêtre validement ordonné prononce "in persona Christi" les paroles du Christ. Il ne fait pas de "narratio institutionis", de récit de l’institution (comme dans l’épître de la Fête-Dieu), il ne bavarde pas (comme dans le NOM), non, il pose un acte, englobé dans le "canon actionis" comme il s’appelle bien significativement. Et pendant cet acte posé consciemment au nom du Christ s’accomplit le mystère, que le prêtre, faible instrument, reconnaît aussitôt, en s’agenouillant, avant même l’élévation, notons le bien: (statim) genuflexus adorat, pour s’agenouiller une deuxième fois après l’élévation et l’adoration par le peuple (ostendit populo ... et genuflexus iterum adorat).

Pour les luthériens, notamment, que je connais bien (ne parlons pas des calvinistes ou zwingliens que certains modernistes doublent encore par la droite), la présence réelle du Christ s’accomplit seulement par la foi de l’assemblée présente.
Pas d’assemblée, pas de Christ. Pas de foi, pas de présence réelle.
Pour eux, il n’y a dans la Messe pas d’action sacrificielle du Christ (vue strictement comme fait purement historique, accomplie une fois pour toutes à Golgotha, sans actualisation, en méconnaissant de façon terrible l’épître aux Hébreux et toute la théologie des Pères, Orient et Occident réunis), ni de mystère actuel propitiatoire, opérant par un signe. Il n’y a que la foi de l’assemblée dans le sacrifice christique accompli qui opère le "miracle", qui reste spirituel, voire symbolique.

Or, le NOM, notre cher père Bugnini (de son aveu explicite dans l‘Osservatore romano du 15.3.1965 d’enlever des rites catholiques "toute pierre d’achoppement" pour ses "frères sépares") que font-ils?
Eh bien, ils ont justement enlevé cette pierre d’achoppement que furent les paroles "mysterium fidei", et qui donnaient cette impression affreuse qu’un mystère s’accomplissait hic et nunc pendant que le prêtre prononçait "secrete, distincte et attente" les paroles consécratoires; leur nouvelle rubrique ne distingue plus typographiquement la forme du sacrement et la génuflexion avant l'élévation a logiquement disparue. Il ne reste que: "Calicem ostendit populo ... et genuflexus adorat. Deinde dicit: Mysterium fidei." Etc.
Leur "mystère de la foi" suit l’élévation et l’adoration. Il n’en est point la source ni la motivation.

Il n’y a donc aucun doute que le NOM, avec ce déplacement de "mysterium fidei", et avec une légion d’autres omissions, déplacements ou ajouts, tout pris ensemble, opère une "intentio sacramento contraria" dans les termes d'Apostolicae curae du Pape Léon XIII (significatio ex adiunctis), comme vous et d’autres, ici et ailleurs, depuis bientôt 50 ans, l’avez bien démontré.
images/icones/info2.gif  ( 715279 )“Achoppement” par Vianney (2013-04-04 07:41:21) 
[en réponse à 715270]

Ceux qui se reportent à l’article de l’Osservatore Romano auquel vous faites allusion pourraient éventuellement vous objecter que l’aveu du P. Bugnini ne vise “explicitement” que les modifications des oraisons solennelles du Vendredi saint :

Comment par exemple ne pas regretter le ad sanctam matrem Ecclesiam catholicam atque apostolicam revocare dignetur de la septième oraison ? Là encore, en faisant ces sacrifices pénibles, l'Eglise a été guidée par l'amour des âmes et le désir de tout faire pour faciliter à nos frères séparés le chemin de l'union, en écartant toute pierre qui pourrait constituer ne serait-ce que l'ombre d'un risque d'achoppement ou de déplaisir (...)


Cependant, l’expression “là encore” employée par l’auteur indique, ou à tout le moins suggère, que c’est bien l’intention qui a présidé à tous “ces sacrifices pénibles” qui ont défiguré toute la liturgie catholique.

V.
 
images/icones/neutre.gif  ( 715301 )Témoignage du cardinal Heenan par John DALY (2013-04-04 10:40:08) 
[en réponse à 715279]

Au témoignage du cardinal Heenan ce désir de supprimer les pierres d'achoppement en faveur des hérétiques concerne non seulement la liturgie mais également la doctrine. Quoiqu'il en soit donc pour l'aveu du frère Bugnini, Lycobates est loin d'avoir exagéré la réalité.


Au Concile se trouvait un petit groupe de ceux que nos frères séparés appellent « œcumaniaques ». Ces hommes, sincères, mais primaires, voient en toute chose un aspect œcuménique ; À cause de cette préoccupation avec l’œcuménisme, le mot lui-même est devenu un mot d’ordre au Concile. Aucun sujet ne fut présenté à la discussion sans qu’on l’examinât pour son contenu œcuménique. Les œcuménistes les plus acharnés déployaient un compteur Geiger théologique pour détecter toute déclaration de croyance catholique qui risquait de ne pas être parfaitement acceptable aux non-Catholiques.


(Heenan, John, Cardinal, Council and Clergy, London, 1966, p. 61,2.)


Je pense que cette citation mérite bien une place parmi vos fiches, cher Vianney !
images/icones/1a.gif  ( 715313 )Petite question à laquelle je n'ai jamais ... par Ion (2013-04-04 11:15:25) 
[en réponse à 715301]

... eu de réponse !

En quoi serait-ce intrinsèquement mauvais d'avoir comme critère d'enseignement de la foi, notamment dans la terminologie ou la pédagogie qu'on met en avant pour cet enseignement, la dimension oecuménique ?

Ce qui pour moi est choquant n'est pas que le critère oecuménique ait été pris en compte (et revendiqué) par le Concile, mais bien au contraire ... que cela ait pu choquer certains catholiques !

Ion
images/icones/1w.gif  ( 715315 )Prétexte pour édulcorer la doctrine catholique par Vianney (2013-04-04 11:29:56) 
[en réponse à 715313]

On le voit bien avec la première définition du N.O.M. (article 7, première mouture, de la constitution Missale Romanum), définition protestante que Zwingle lui-même n’aurait pas désavouée ...et que Paul VI a néanmoins signée : “La Cène du Seigneur, ou Messe, est la synaxe sacrée ou rassemblement du peuple de Dieu, réuni sous la présidence du prêtre, pour célébrer le mémorial du Seigneur”.

V.
 
images/icones/1a.gif  ( 715329 )Votre désapprobation, cher Ion ... par John DALY (2013-04-04 13:40:06) 
[en réponse à 715313]

...vient toujours me rassurer que je ne m'égare pas.

Outre la doctrine catholique, y a-t-il d'autres domaines où on admet la non-exclusion de l'erreur opposée parmi les critères de transmission de la vérité ?

Ceux qui ont pour vocation de convaincre les hommes de vérités qui ne sont pas universellement admises comme telles en philosophie, en mathématiques, en chimie, en science économique, doivent-ils chercher à s'exprimer d'une façon compatible avec les opinions opposées à ces vérités ?

Pasteur, par exemple, aurait-il dû exprimer ses découvertes en évitant d'exclure trop brutalement la génération spontanée ?

N'est-ce pas plutôt une évidence qu'en tous les domaines la vérité ne peut s'éclaircir que par l'exclusion toujours plus nette de l'erreur ? Et que plus la vérité en question est élevée, plus sacré est le devoir de la protéger en excluant les erreurs qui s'y opposent ?

images/icones/1a.gif  ( 715373 )Mais justement, cher ami ... par Ion (2013-04-04 16:07:58) 
[en réponse à 715329]

... les non catholiques détiennent une part non négligeable de la vérité. Certes, ils l'expriment avec des mots différents, des accents différents, et l'exemple de l'accord de 1999 avec les luthériens sur la justification par la foi montre de manière éclatante (même si cet accord n'est pas encore parfait) qu'en faisant attention à la manière d'affirmer la vérité, on peut arriver, au grand dam du Grand Diviseur (et ne serait-ce que ce pied de nez au démon est particulièrement plaisant, n'est-ce pas ?) à retrouver une certaine unité que ce même démon avait tout fait pour détruire ... avec le concours de nos propres péchés.

N'oubliez pas que le Pape est le Vicaire du Christ sur toute la terre terre, et que ce ministère d'unité doit s'appliquer à tous ceux qui ont revêtu le Christ par leur baptême (même si certains ne l'admettent pas encore). A ce titre, le Pape (et le Concile oecuménique en union avec lui) ne doivent-ils pas user d'intelligence et de discernement lorsqu'ils enseignent ... tous les chrétiens ? La dimension oeucuménique est donc primordiale ... dès lors qu'on n'affirme pas l'erreur.

Entre deux formulations, ne faut-il pas choisir celle qui sera la mieux acceptée aussi par les non catholiques ? De grâce ne me dites pas non, car là, j'aurais du mal à comprendre votre sincérité de chrétien.

Dans la reconnaissance par certains Pères ou observateurs du Concile du "test oecuménique" a t-il été jamais admis que cela ait pu se faire au détriment de la vérité ? Pas à ma connaissance !

Que vous mettiez en garde contre les éventuels risques d'une telle démarche, d'accord, mais pas contre son principe. Or, c'est ce que vous avez fait.

Kind regards,

Ion
images/icones/neutre.gif  ( 715382 )"Le Grand Diviseur" par John DALY (2013-04-04 16:53:41) 
[en réponse à 715373]

Puis-je vous signaler, cher Ion, que mon post précédent, qui contenait cinq questions, reste encore sans réponse directe de votre part ? Si vous m'aviez pris au sérieux vous auriez trouvé tout seul la réponse qui s'impose à vos remarques :


Entre deux formulations, ne faut-il pas choisir celle qui sera la mieux acceptée aussi par les non catholiques ?



Encore une fois, une telle idée serait absurde en science, et en tout autre domaine de vérité. On formule des expressions de la vérité pour exclure l'erreur, non pour mieux les faire passer. Pourquoi donc vouloir appliquer ce principe en religion ?


De grâce ne me dites pas non, car là, j'aurais du mal à comprendre votre sincérité de chrétien.



Eh bien je me résigne à subir votre incompréhension, car la réponse est "non" et je suis prêt à mourir avant d'en donner une autre. Et il faut très mal connaître l'Évangile pour trouver incompréhensible la seule réponse qu'ait jamais pu donner un chrétien à une telle question.

Comprenez aussi, cher Ion, que "le Grand Diviseur" n'est pas le diable, c'est la Vérité.
images/icones/1n.gif  ( 715390 )Si je vous suis bien ... par Ion (2013-04-04 17:35:03) 
[en réponse à 715382]

... entre deux formulations, vous pensez qu'il faut choisir celle qui sera la moins bien acceptée par les non catholiques ? Et vous êtes prêt à mourir plutôt que de choisir celle qui serait la mieux acceptée aussi par les non catholiques ?

N'est-on pas là dans une position tellement "jusqu'auboutiste" qu'elle en devient absurde ?

Ion
images/icones/neutre.gif  ( 715398 )Ne confondons pas contradictoire avec contraire ! par John DALY (2013-04-04 18:31:32) 
[en réponse à 715390]

L'hypothèse de choisir des formulations me paraît généralement oisive : pour peu que c'est une doctrine catholique, elle a déjà une formulation, laquelle ne peut pas cesser d'être.

Mais étant donnée cette hypothèse, entre deux formulations de la doctrine catholique - et par ailleurs de toute autre vérité connue avec certitude - il faut de toute évidence choisir celle qui exclut le mieux toute erreur contre cette doctrine, tout gauchissement de cette doctrine, toute confusion portant sur cette doctrine.

L'acceptabilité de nos formulations doctrinales à ceux qui ne reconnaissent pas le Magistère établi par NSJC n'est nullement un critère, ni dans un sens ni dans l'autre, de la convenance de celles-ci ... à moins qu'il ne s'agisse dans l'espèce d'une doctrine spécifiquement rejetée par tels hérétiques. Dans ce cas, la non-acceptabilité à ces hérétiques d'une formulation quelconque, sans être un motif pour la préférer, est certainement une pierre de touche de sa convenance.

De toute façon, la mission de l'Église auprès des chrétiens égarés dans les confessions qui ignorent sa divinité et son infaillibilité n'est pas de les induire à accepter ses doctrines, soit verbalement, soit réellement, pour un motif autre que celui de sa propre autorité.

Et en tout état de cause l'Église n'a pas la possibilité de s'éloigner ni de ses doctrines une fois définies, ni de la formulation originale de ces doctrines, ni du sens authentique et immuable de ces formulations. Elle peut ajouter de la précision : elle en peut pas en enlever. Elle ne peut en supprimer ni un iota souscrit ni une virgule même si le monde entier était prêt à se convertir à ce prix.

L'expérience de la Catholic Evidence Guild en Angleterre suggère, d'ailleurs, que les conversions des protestants se réalisent souvent grâce à une exposition très claire et nette de la doctrine catholique, sans flou ni obscurité ni compromis.


images/icones/fleche2.gif  ( 715406 )Merci pour vos précisions par Ion (2013-04-04 19:27:51) 
[en réponse à 715398]

Vous restez bien sûr sur vos positions, et pour ce faire, vous vous obligez à "canoniser" les formulations. Du coup, vous ne pouvez effectivement plus en retirer un iota. Je comprends ... et regrette.

Et c'est bien là que nous différons quand je considère, pour ma part, que les formulations sont au service de la vérité, ou, dit autrement, que la vérité n'est pas prisonnière des formulations. Et ainsi, je tiens, contrairement à vous, qu'un exposé de la doctrine peut être largement amélioré ... d'où l'existence notamment de Conciles dont le dernier a justement voulu présenter cette doctrine d'une manière renouvelée : Il faut que cette doctrine certaine et immuable, qui doit être respectée fidèlement, soit approfondie et présentée de la façon qui répond aux exigences de notre époque (Jean XXIII - Discours d'ouverture du Concile). Mais ce débat a déjà eu lieu ici, et nous n'allons pas le refaire.

Enfin, puisque vous évoquez l'expérience de la Catholic Evidence Guild, puis-je vous rappeler que l'entrée dans l'Eglise catholique des ex flying Bishops anglicans (Burnham, Broadhurst et Newton) a pu se faire sans aucune difficulté, aux dires mêmes des intéressés, dans la mesure où ils disaient utiliser déjà le Catéchisme de l'Eglise Catholique alors même qu'ils étaient encore Anglicans. Or vous savez bien que les formulations du CEC, directement héritées de Vatican II, sont bien plus "acceptables" par des non catholiques que les formulations des précédents catéchismes. Or, il me semble que vous devez plutôt être de ceux qui louent l'oecuménisme d'Anglicanorum Coetibus plutôt que celui du card Kasper !

Bien à vous,

Ion

images/icones/vatican.gif  ( 715408 )L'Église elle-même a jugé définitivement. par John DALY (2013-04-04 20:02:32) 
[en réponse à 715406]

Il ne s'agit pas de "mes positions" mais de celles de l'Église elle-même.


38. Ainsi, Vénérables Frères, la doctrine des modernistes, comme l'objet de leurs efforts, c'est qu'il n'y ait rien de stable, rien d'immuable dans l'Église. Ils ont eu des précurseurs, ceux dont Pie IX, Notre prédécesseur, écrivait: Ces ennemis de la révélation divine exaltent le progrès humain et prétendent, avec une témérité et une audace vraiment sacrilèges, l'introduire dans la religion catholique, comme si cette religion n'était pas l'oeuvre de Dieu, mais l'oeuvre des hommes, une invention philosophique quelconque, susceptible de perfectionnements humains (14). Sur la révélation et le dogme, en particulier, la doctrine des modernistes n'offre rien de nouveau: nous la trouvons condamnée dans le Syllabus de Pie IX, où elle est énoncée en ces termes: La révélation divine est imparfaite, sujette par conséquent à un progrès continu et indéfini, en rapport avec le progrès de la raison humaine (15); plus solennellement encore, dans le Concile du Vatican. La doctrine de loi que Dieu a révélée n'a pas été proposée aux intelligences comme une intention philosophique qu'elles eussent à perfectionner, mais elle a été confiée comme un dépôt divin à l'Epouse de Jésus-Christ pour être par elle fidèlement gardée et infailliblement interprétée. C'est pourquoi aussi le sens des dogmes doit être retenu tel que notre Sainte Mère l'Eglise l'a une fois défini, et il ne faut jamais s'écarter de ce sens, sous le prétexte et le nom d'une plus profonde intelligence (16). Par là, et même en matière de foi, le développement de nos connaissances, loin d'être contrarié, est secondé au contraire et favorisé. C'est pourquoi le Concile du Vatican poursuit: Que l'intelligence, que la science, que la sagesse croisse et progresse, d'un mouvement vigoureux et intense, en chacun comme en tous, dans le fidèle comme dans toute l'Eglise, d'âge en âge, de siècle en siècle: mais seulement dans son genre, c'est-à-dire selon le même dogme, le même sens, la même acception (17).



De cet extrait de Pascendi Dominici les parties en italiques sont elles-mêmes extraites du Concile du Vatican (1870).

Je n'ai pas à défendre le discourse de Jolly John XXIII, mais c'est en fait que lui-même, dans ce même discours, a cité textuellement le même passage de Vatican I. (Voir analyse pas sans intérêt ici.)

Pour ce qui est des récentes conversions parmi le clergé anglican, permettez-moi de vous rappeler que les chiffres sont disponibles de tout temps : avant Vatican II chaque année voyait une foule de conversions de pasteurs. Depuis le concile le chiffre a baissé brutalement, sans jamais tarir totalement, mais n'atteignant de chiffres importants que lors de chaque nouvelle étape par laquelle l'Anglicanisme s'éloigne de toute apparence de fidélité à l'Évangile - "ordination" de femmes, tolérance du vice indicible etc.
images/icones/marie.gif  ( 715396 )Quel suspens! par Benoîte (2013-04-04 18:03:10) 
[en réponse à 715382]

j'ai suivi ce fil avec beaucoup d'intérêt. Merci de témoigner de l'absolue Vérité du Saint Sacrifice de la Messe avec laquelle aucun compromis n'est possible. Il est stupide de vouloir rechercher dans les premiers temps de l'Eglise des justifications qui viendraient mettre en doute les fruits du Magistère et des Conciles. Ce sont eux qui possèdent le charisme de Vérité. Sinon, on se perd dans les méandres du subjectivisme (très Protestant) car, qui peut avoir "la" bonne interprétation? Et, puisque nous sommes sur le thème de la Sainte Messe, et que la Compagnie de Jésus se trouve sous les feux de la rampe... On pourrait rappeler que ces religieux, comme il a été dit sur un autre fil, ne sont peut-être plus ce qu'ils étaient au XVI ème siècle et que au XXème, il leur est arrivé, en pleine retraite de St Ignace de célébrer l'Eucharistie en fin de repas! Je ne connais pas les détails de la baguette et du Beaujolais et je ne pense pas qu'ils se soient embarrassés d'un quelconque Offertoire. En grands savants et archéologues, ils ont voulu imiter la Sainte Cène mais je remarque qu'avec Bac+12 (comme ont tous ces messieurs), on s'égare, on s'égare...
images/icones/bravo.gif  ( 715377 )Remarque d’autant plus fondée... par Vianney (2013-04-04 16:14:49) 
[en réponse à 715329]

...qu’à la différence des savants qui ne progressent qu’en tâtonnant vers des synthèses qui ne sont jamais totalement satisfaisantes, l’Église a reçu dès l’époque des apôtres la synthèse des connaissances théologiques nécessaires au salut, et qu’une part essentielle de sa tâche consiste, avec l’assistance du Saint-Esprit, à transmettre ces connaissances sans altération de génération en génération.

On ne voit donc vraiment pas en quoi serait fondée la recherche d’une quelconque compatibilité avec les opinions opposées : il me semble que leur seul intérêt serait plutôt de pousser l’Église à mettre toujours plus en évidence l’unique Vérité.

V.
 
images/icones/fleche2.gif  ( 715444 )merci par Lycobates (2013-04-04 23:40:05) 
[en réponse à 715279]

d'avoir apporté date, page et contexte exact dans l'édition française de l'OR de cet aveu du père Bugnini (que j'avais cité de mémoire, ayant retenu surtout "inciampo" et les malheureux "fratelli separati", mais il est préférable d'avoir ici la version officielle en français).

Quoiqu'il en soit de la pertinence de cette citation précise et de sa portée (prières du Vendredi Saint), comme l'a déjà fait remarquer M. Daly, il n'est pas trop difficile de multiplier les témoignages bugniniens et autres allant dans ce sens.

Les lecteurs avisés ayant bon estomac et qui veulent bien continuer une mortification spirituelle digne du Carême se reporteront avec utilité aux mémoires dudit liturgiste apostat, éditées p.m. en 1983 sous le titre: La riforma liturgica (1948-1975).
900 pages d'apologia pro vita sua, une apologie bien écrite, rusée, mélangeant mensonges et une multitude de données objectives, où l'auteur parle de lui-même souvent dans la troisième personne, posant parfois comme pitoyable victime des forces ennemies du Progrès, mais où par ailleurs, la bataille gagnée, il ne sent plus la nécessité de tergiverser ou de dissimuler.

Très instructif et intéressant à lire, très triste aussi.

Je crois qu'une traduction française doit exister.
images/icones/1f.gif  ( 715455 )Vous ne forcez certainement pas le trait... par Vianney (2013-04-05 00:58:46) 
[en réponse à 715444]

...pas plus que John Daly d’ailleurs, si l’on en croit feu le Père Bouyer qui, bien qu’admirateur de l’œcuméniste Dom Lambert Baudouin, “réformiste” convaincu à l’époque de Pie XII et “expert” au Consilium, s’est livré – dans un écrit inédit dont a parlé ici Luc Perrin – à une critique sévère du N.O.M. qu’il qualifie lui-même d’avorton, et de son maître d’œuvre Bugnini “aussi dépourvu de culture que de simple honnêteté”.
“Même sans cela, ajoute-t-il avec bon sens, il était sans espoir de produire rien qui valût beaucoup plus que ce que l’on produirait, quand on prétendait refaire de fond en comble, en quelques mois, toute une liturgie qu’il avait fallu vingt siècles pour élaborer peu à peu”.

J’ai rappelé plus haut que Paul VI avait d’abord signé une définition de la nouvelle “messe” digne d’un protestant. On sait que le tollé provoqué par cet article 7 aboutit à une seconde rédaction. Bugnini tint à rassurer ses frères et amis en affirmant, dans l’organe de la Congrégation (Notitiæ n° 54 de mai 1970), que les “experts” du Consilium n’avaient trouvé aucune erreur doctrinale dans la première mouture du texte, mais que, sans “rien” ajouter “de nouveau”, “une nouvelle version était faite afin de rendre plus claires certaines expressions”...

V.

images/icones/bravo.gif  ( 715451 )Merci d'avoir lancé ce fil passionnant ! par Sursum corda (2013-04-04 23:59:09) 
[en réponse à 711574]

Tout est dans le titre !

SC
PS et en passant, merci encore à notre M. Tabu2 pour la fonction "Imprimer" qui permet de lire tout le fil d'un coup !