...l'offertoire n'a jamais fait partie de la forme du sacrement de l'Eucharistie.
Il faut donc soutenir que si le prêtre ne disait que les paroles en question, avec l’intention d’accomplir ce sacrement, celui-ci serait réalisé, parce que l’intention ferait comprendre que ces paroles sont prononcées au nom du Christ, même si ce n’était pas signalé par le récit des paroles précédentes.
III, q78, a1, ad4...on ne peut pas dire que l'intention du prêtre qui a simplement l'intention "de faire ce que fait l'Eglise" n'exprime pas le caractère oblatoire, dans la mesure où l'intention "de l'Eglise", si je puis m'exprimer ainsi, comprend forcément cette dimension.
l'intention de l'Église elle-même n'est pas chose interne et invisible : elle est exprimée, de façon univoque, par le rite.
Mais quand vous dites "on ne peut pas dire que l'intention fait défaut per se dans le nouveau rite", je ne puis vous suivre, ni vous réfuter sur le Forum actuel.
Qu'est-ce qui vous fait dire qu'un rite doit absolument exprimer tout ce qui est essentiel, et qu'est-ce qui est vraiment essentiel dans ce cadre ?
...la seule forme sont les paroles qui déterminent l’application de cette matière, paroles qui signifient d’une façon univoque les effets sacramentels... (Sacramentum ordinis)
Chacun sait que les sacrements de la nouvelle loi, signes sensibles et efficaces d’une grâce invisible, doivent signifier la grâce qu’ils produisent et produire la grâce qu’ils signifient. Cette signification doit se trouver, il est vrai, dans tout le rite essentiel, c’est-à-dire dans la matière et la forme; mais elle appartient particulièrement à la forme, car la matière est une partie indéterminée par elle-même, et c’est la forme qui la détermine. (Apostolicæ curæ)
...elle ne peut donc être la forme convenable et suffisante d’un sacrement, celle qui passe sous silence ce qui devrait y être spécifié expressément. (Apostolicæ curæ)
Selon De defectibus, il suffit donc que l'oblation soit mentale. Cela milite plutôt contre la nécessité impérative d'un offertoire ! Il n'est même pas requis de reprendre un peu plus haut, à "Quam oblationem" ou à "Hanc igitur", deux paragraphes qui pourtant manifestent bien le caractère sacrificiel de la consécration.
Evidemment, je conçois fort bien que cela pose un problème car la garantie de l'orthodoxie intrinsèque des nouveaux rites découle de l'assistance divine promise à l'autorité qui promulgue ce rite.
"Le Concile de Trente fait ressortir nettement deux points au sujet du sacrifice de la messe : d’abord son identité essentielle avec le sacrifice de la Croix, puis sa distinction accidentelle avec ce sacrifice. De ces deux points il résulte que le sacrifice de la messe est un sacrifice relatif et non un sacrifice absolu, indépendant, bien qu’il soit un sacrifice vrai et proprement dit, comme le Concile le définit expressément."
Mgr Bernard Bartmann, Précis de Théologie dogmatique, t. II, p. 380 (6e éd., 1947).
"Si quelqu’un dit qu’à la Messe on n’offre pas à Dieu un sacrifice véritable et authentique, ou que cette offrande est uniquement dans le fait que le Christ nous est donné en nourriture, qu’il soit anathème."
Concile de Trente, session XXII, canon 1.
"Différence entre le sacrifice de la messe et le sacrifice de la croix
"Elle ne peut être, d’après ce que nous avons dit, qu’accidentelle et non essentielle. C’est ce qu’enseigne le Concile de Trente, quand il dit qu’il n’y a de différence que dans la « manière d’offrir » et explique avec plus de précision : « Le Christ s’offre par le ministère des prêtres » (sacerdotale ministerium), tandis qu’ « il s’est offert alors par lui-même ». En outre, la première oblation est appelée « oblation sanglante » (oblatio cruenta) ; la seconde, c’est une « oblation non sanglante » (oblatio incruenta : s 22, c 2 et 1).
"Une oblation a donc lieu dans les deux cas ; si elle faisait défaut à la messe, la messe ne serait pas un sacrifice, mais un simple mémorial symbolique. Il lui manquerait l’identité essentielle avec le sacrifice de la croix. Il nous faudra donc démontrer plus loin que, dans la messe, il y a, de quelque manière, un acte sacrifical du Christ. Mais le mode d’oblation est différent.
"[1] Cette différence consiste d’abord en ce que le Christ sur la croix s’offrit seul, sans l’intermédiaire d’un prêtre tenant sa place. [...] Il en est autrement dans le sacrifice de la messe. Il a besoin ici, à cause de son existence sacramentelle, du ministère sacerdotal : seul il [le Christ] ne peut pas du tout se mettre dans l’état de victime. Et alors même que cela serait possible à sa divinité en vertu d’un miracle perpétuel, il veut cependant le ministère d’un prêtre parce que le sacrifice de la messe doit être le sacrifice visible de son épouse l’Église, comme le dit le Concile de Trente. Le Christ s’offre donc à la messe, mais non pas strictement seul comme sur le Croix. Les prêtres de l’Église doivent sacrifier avec lui au nom de toute l’Église. Le sacrifice du Christ est donc aussi le sacrifice de l’Église : « Faites ceci en mémoire de moi ». [...]
"[2] Le Concile de Trente trouve une seconde différence dans ce fait que l’oblation a été la première fois sanglante et qu’à la messe elle est non sanglante. L’oblation sanglante est claire en soi. Il n’en est pas de même de l’oblation non sanglante. On l’appelle non sanglante parce qu’elle ne comporte pas de destruction de vie, pas de douleur. Et cependant c’est une oblation sacrificale. Or, une mise à mort du Seigneur n’est plus possible (Rom., VI, 9). Et même si elle était possible, sa réalisation serait un acte criminel imité des Juifs, bien loin d’être un acte de culte agréable à Dieu. Cependant le Christ a permis à son Église de posséder un vrai sacrifice sans qu’elle ait à commettre un crime envers lui. Il lui a ordonné une oblation non sanglante. L’oblation sanglante n’appartient donc pas à l’essence du sacrifice du Christ : autrement l’oblation ne pourrait pas être différente, comme le dit le Concile de Trente [cad la même oblation quant à l’essence, et une autre oblation quant au mode]. Rien ne doit être changé à l’essence, si la chose doit rester la même en soi.
"À ces deux différences accidentelles que signale le Concile on peut en ajouter quelques autres qu’il mentionne occasionnellement.
"[3] Le sacrifice de la Croix est seul notre sacrifice de Rédemption. Il a été tellement suffisant et efficace qu’il n’a pas besoin d’être complété par un second sacrifice. (cf. t. Ier [Bartmann], p. 436 sq.) Le sacrifice de la messe n’a pas pour but de compléter le sacrifice de la Croix, mais seulement d’en appliquer les fruits aux fidèles. C’est pourquoi le sacrifice de la Croix ne fut offert qu’une fois. (Hébr., VII, 27 ; IX, 12, 28 ; X, 10, 12) « Par une unique oblation (μιἆ γάρ προσϕορἆ) il a procuré pour toujours la perfection à ceux qui sont sanctifiés. » (Hébr., X, 14) Par contre, la messe a été instituée par le Seigneur comme un sacrifice qui doit se perpétuer jusqu’à son retour.
"[4] En outre, le sacrifice de la Croix est uniquement le sacrifice du Christ ; par contre, le sacrifice de la messe est en même temps le sacrifice de l’Église. [...]
"Ainsi on aura indiqué les différences entre le sacrifice de la messe et le sacrifice de la Croix et prouvé en même temps que ce ne sont que des différences accidentelles qui ne peuvent détruire l’identité du sacrifice.
"Néanmoins il résulte du fait de cette distinction qu’on peut, d’une certaine manière, parler de deux sacrifices et les comparer ensemble. Si l’on agit ainsi et que l’on donne à la messe, malgré son identité avec le sacrifice de la Croix, une certaine indépendance, il est tout de suite clair que la messe occupe, par rapport au sacrifice de la Croix, une situation secondaire, car elle en est dépendante. Les théologiens disent que le sacrifice de la Croix est un sacrifice absolu et le sacrifice de la messe un sacrifice relatif. Le sacrifice de la Croix a, à tous égards, son fondement en lui-même ; d’aucun point de vue il ne dépend d’un autre sacrifice, ni dans son être ni dans son opération ; ce qu’il est et doit opérer, il l’est et l’opère de la manière la plus parfaite par lui-même. Par contre, le sacrifice de la messe a son fondement, à tous égards également, dans le sacrifice de la Croix, en tant qu’il reçoit de ce sacrifice la victime et le prêtre sacrificateur, en tant qu’il représente ce sacrifice et en est le mémorial et en tant qu’il en reçoit et en communique les effets.
"Faut-il étendre plus loin encore cette relativité ? C’est là l’objet d’une controverse sur laquelle nous aurons à revenir. Remarquons seulement ici que c’est précisément à cause de sa relativité que le sacrifice de la messe peut être réitéré et que, par contre, le sacrifice de la Croix, à cause de son caractère absolu, ne peut pas être réitéré. À cause de l’identité du sacrifice de la messe et du sacrifice de la Croix, on parle au singulier du sacrifice de la messe et on ne dit pas : les sacrifices de la messe. Il n’y a qu’un sacrifice de la messe. Mais comme les oblations sont distinctes selon les prêtres particuliers, on parle aussi au pluriel des sacrifices de la messe ou mieux des messes. (Cf. aussi Catéch. Rom., p. II, c. 4, q. 74 et 78)."
Mgr Bernard Bartmann, Précis de Théologie dogmatique, t. II, pp. 382-384.
"Priez, mes frères, pour que mon sacrifice, qui est aussi le vôtre, puisse être agréé par Dieu le Père tout-puissant.
"- Que le Seigneur reçoive de vos mains le sacrifice, à la louange et à la gloire de son nom, et aussi pour notre bien et celui de toute sa sainte Eglise."
"Prions ensemble, au moment d'offrir le sacrifice de toute l'Eglise.
"- Pour la gloire de Dieu et le salut du monde."
"La fonction essentielle du sacrifice consiste seulement dans la consécration. Sententia communis.
"La consécration a été instituée par le Christ, elle est accomplie par le prêtre au nom du Christ sur la victime proprement dite et représente le sacrifice de la croix. Pour réaliser le sacrifice, la double consécration est nécessaire, parce que le Christ l'a faite à la dernière Cène. Sans compter l'exemple du Christ, la double consécration est nécessaire pour représenter sacramentellement la séparation réelle du corps et du sang du Christ.
"Selon saint Grégoire de Nazianze, le prêtre, en prononçant les paroles de la consécration sépare "par une coupure non sanglante le corps et le sang du Seigneur, en employant sa voix comme glaive" (Ep. 171). D'accord avec le langage des Pères, les théologiens parlent d'une immolation non sanglante ou mystique (immolatio incruenta, mactatio mystica) du divin Agneau. [...]
"L'oblation extérieure consiste dans la séparation sacramentelle mystique du corps et du sang du Christ, qui est réalisée ex vi verborum par la double consécration, et qui est une représentation objective de la séparation historique réelle réalisée sur la croix."
Louis Ott, Précis de Théologie dogmatique, 2e éd. fr., pp. 563-564.
“C’est dommage, car je crois que c’est là l’une des clefs de la réconciliation future, non seulement entre "traditionalistes" et "conciliaires", mais aussi entre entre catholiques et protestants, ces derniers reprochant aux catholiques de considérer chaque messe comme un sacrifice à part entière et distinct du sacrifice de Jésus sur la croix.” (Ion)Le père du protestantisme avait l’avantage d’être beaucoup plus franc :
“J’affirme que tous les lupanars, les homicides, les meurtres, les adultères sont moins mauvais que cette abomination de la messe papistique.” (Dr Martin Luthers Werke, t. XV, p. 774.)V.
"ces éléments sont-ils en relation avec le Sacrifice de la Croix … ou bien ces éléments sont-ils en relation avec le sacrifice "vrai et propre" de la messe ?" (N.M.).
"ces éléments sont-ils en relation avec le Sacrifice de la Croix dont la messe est le mémorial (et la présence) ou bien ces éléments sont-ils en relation avec le sacrifice "vrai et propre" de la messe (oblation et immolation ; vrai sacrifice propitiatoire) qui a raison de sacrifice d'application relativement au Sacrifice de la Croix, dont il est le signe visible et la réalité (et alors il y a mémorial au vrai sens du terme) ?"
"L'oblation extérieure consiste dans la séparation sacramentelle mystique du corps et du sang du Christ, qui est réalisée ex vi verborum par la double consécration, et qui est une représentation objective de la séparation historique réelle réalisée sur la croix."
Louis Ott, Précis de Théologie dogmatique, 2e éd. fr., pp. 563-564.
Comment par exemple ne pas regretter le ad sanctam matrem Ecclesiam catholicam atque apostolicam revocare dignetur de la septième oraison ? Là encore, en faisant ces sacrifices pénibles, l'Eglise a été guidée par l'amour des âmes et le désir de tout faire pour faciliter à nos frères séparés le chemin de l'union, en écartant toute pierre qui pourrait constituer ne serait-ce que l'ombre d'un risque d'achoppement ou de déplaisir (...)
Au Concile se trouvait un petit groupe de ceux que nos frères séparés appellent « œcumaniaques ». Ces hommes, sincères, mais primaires, voient en toute chose un aspect œcuménique ; À cause de cette préoccupation avec l’œcuménisme, le mot lui-même est devenu un mot d’ordre au Concile. Aucun sujet ne fut présenté à la discussion sans qu’on l’examinât pour son contenu œcuménique. Les œcuménistes les plus acharnés déployaient un compteur Geiger théologique pour détecter toute déclaration de croyance catholique qui risquait de ne pas être parfaitement acceptable aux non-Catholiques.
(Heenan, John, Cardinal, Council and Clergy, London, 1966, p. 61,2.)
Entre deux formulations, ne faut-il pas choisir celle qui sera la mieux acceptée aussi par les non catholiques ?
De grâce ne me dites pas non, car là, j'aurais du mal à comprendre votre sincérité de chrétien.
38. Ainsi, Vénérables Frères, la doctrine des modernistes, comme l'objet de leurs efforts, c'est qu'il n'y ait rien de stable, rien d'immuable dans l'Église. Ils ont eu des précurseurs, ceux dont Pie IX, Notre prédécesseur, écrivait: Ces ennemis de la révélation divine exaltent le progrès humain et prétendent, avec une témérité et une audace vraiment sacrilèges, l'introduire dans la religion catholique, comme si cette religion n'était pas l'oeuvre de Dieu, mais l'oeuvre des hommes, une invention philosophique quelconque, susceptible de perfectionnements humains (14). Sur la révélation et le dogme, en particulier, la doctrine des modernistes n'offre rien de nouveau: nous la trouvons condamnée dans le Syllabus de Pie IX, où elle est énoncée en ces termes: La révélation divine est imparfaite, sujette par conséquent à un progrès continu et indéfini, en rapport avec le progrès de la raison humaine (15); plus solennellement encore, dans le Concile du Vatican. La doctrine de loi que Dieu a révélée n'a pas été proposée aux intelligences comme une intention philosophique qu'elles eussent à perfectionner, mais elle a été confiée comme un dépôt divin à l'Epouse de Jésus-Christ pour être par elle fidèlement gardée et infailliblement interprétée. C'est pourquoi aussi le sens des dogmes doit être retenu tel que notre Sainte Mère l'Eglise l'a une fois défini, et il ne faut jamais s'écarter de ce sens, sous le prétexte et le nom d'une plus profonde intelligence (16). Par là, et même en matière de foi, le développement de nos connaissances, loin d'être contrarié, est secondé au contraire et favorisé. C'est pourquoi le Concile du Vatican poursuit: Que l'intelligence, que la science, que la sagesse croisse et progresse, d'un mouvement vigoureux et intense, en chacun comme en tous, dans le fidèle comme dans toute l'Eglise, d'âge en âge, de siècle en siècle: mais seulement dans son genre, c'est-à-dire selon le même dogme, le même sens, la même acception (17).