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images/icones/neutre.gif  ( 653792 )Aujourd'hui Sainte-Lucie: ou sont ses véritables reliques ? Metz ou Venise ? par CMdelaRocca (2012-12-13 11:18:06) 

Le culte de sainte Lucie s’est largement développé à Metz après qu’une partie de ses reliques fut rapportée en l’église Saint-Vincent.

" Metz, reconnaissons-le d'emblée, n'est pas la seule à prétendre à la
possession des reliques de Lucie. Celles-ci sont, aujourd'hui encore, l'objet d'une grande dévotion à Venise. Selon la tradition vénitienne, la seule reçue par le bréviaire romain, les reliques de Lucie auraient été découvertes lors de la quatrième Croisade (1204) à l'occasion du sac de Constantinople.

Elles y auraient été apportées, de Sicile, au onzième siècle par les troupes byzantines. Les Vénitiens, après s'en être emparés, les déposèrent à San Giorgio Maggiore, puis dans l'église San Geremia où elles sont encore. Quelques fragments ont été rapportés à Syracuse.

Les tenants de la tradition vénitienne n'ignorent cependant pas l'existence de reliques emportées par un évêque de Metz et le développement du culte qui est historiquement attesté dans la cité lorraine, mais soutiennent qu'il ne peut s'agir que d'une autre martyre de Syracuse, nommée également Lucie, confondue par homonymie avec la vierge vénérée à Venise qui est nécessairement la vraie.
Sans qu'il soit possible de se prononcer sur l'authenticité des reliques conservées à Saint-Vincent, la tradition messine paraît moins compliquée que la vénitienne et peut prétendre en tous cas à une plus grande antériorité . En effet, Sigebert de Gembloux, célèbre historiographe raconte dans la vita Deoderici episcopi metensis datée des premières années de la seconde moitié du onzième siècle, comment l'évêque Thierry de Metz obtint, lors de son séjour de plusieurs années en Italie, de nombreuses reliques et les fit parvenir
à son diocèse, afin d'enrichir l'abbaye Saint-Vincent qu'il venait de fonder dans l'île de Moselle. Une mention spéciale y est faite du corps de sainte Lucie Vierge et Martyre:
Grande et célèbre dans l' Eglise Universelle est la mémoire de Lucie de Syracuse dont le corps nous est parvenu grâce à l'avide dévotion de notre très religieux évêque.

Si le culte, dont elle est toujours l'objet dans les pays de l'Europe du Nord, est, sans doute pour une part, l'héritier de traditions destinées à célébrer la lumière , sa christianisation pourrait bien trouver son origine dans ce pèlerinage messin célèbre, dès l'an mille, dans tout le monde germanique.

En novembre 1792, lors de la confiscation de l'argenterie des établissements religieux, les reliques de sainte Lucie sont, avec les authentiques et autres écrits qui retraçaient leur histoire, laissées sur l'autel par les officiers municipaux qui n'en avaient que faire.

En mai 1857, Monseigneur Dupont des Loges, de passage à Ottange, les reconnaît et conçoit le projet de les restituer à l'église Saint-Vincent, devenue paroissiale.
En 1867 les reliques étaient transportées à l'évêché et placées dans un reliquaire, lui même déposé dans une représentation, réalisée en cire à l'image d'une jeune fille, richement vêtue, portant au cou la plaie d'un poignard.

A Metz, il ne reste aujourd'hui que peu de vestiges d'une si grande notoriété; la grande église abbatiale des treizième et quatorzième siècles, conçue comme un écrin devant permettre 1'ostensión des prestigieuses reliques rapportées d'Italie, est depuis plusieurs dizaines d'années quasi à l'abandon (1), tout comme les ossements enfermés dans une poupée de cire témoignant des tentatives de renouvellement de ce pèlerinage au dix-neuvième siècle.

Par delà la tradition historique messine qui témoigne de la réalité du transfert, très bien documenté en regard des données tardives de la tradition vénitienne, le R.P. Clément Schmitt a bien voulu faire savoir (lettre du 2 décembre 2001) que, pendant la dernière annexion, le franciscain qui desservait Saint-Vincent, fit appel à un médecin pour ouvrir de nuit et en secret la poupée de cire qui depuis 1868, sert de réceptacle aux reliques, ceci sans l'accord de l'ordinaire, alors expulsé à Lyon. Ils y trouvèrent les ossements d'une adolescente de treize à quinze ans comportant des traces significatives de brûlure....


Aujourd'hui, l'état d'abandon de ces reliques qui, à défaut de présenter les preuves irréfutables d'être celles de sainte Lucie de Syracuse, n'en portent pas moins plus d'un millénaire de l'histoire de Metz, est à l'image du tragique désintérêt de la collectivité messine pour l'écrin conçu aux Treizième et quatorzième siècle afin de les abriter. L'abbatiale de Saint-Vincent, l'un des plus beaux édifices gothiques de Lorraine attend encore une affectation à la hauteur de son histoire prestigieuse.

(1)D’importants travaux ont cependant été réalisés par la ville de Metz depuis près de 30 ans sur les couvertures, la façade, la nef et actuellement sur le chevet.


Notes extraites d'un long mémoire de Pierre Edouard WAGNER,CULTE ET RELIQUES DE STE LUCIE À SAINT VINCENT DE METZ à consulter ici en PDF

Ci-dessous quelques images du reliquaire contenant le corps de Sainte-Lucie à Venise. Malgré mes recherches, je n'ai pas pu trouver de photographie du reliquaire de Metz sur le net...