Si ma mémoire est bonne

Le Forum Catholique

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Gereo -  2021-11-07 17:33:43

Si ma mémoire est bonne

au moins 2 fils ont été modérés, celui que j'avais initié avec la lettre de l'abbé X de La Placelière et un autre auquel faisait écho André avec sa citation de la fable des Animaux victimes de la peste dont le contenu est sorti de ma mémoire. Il s'agit au moins de deux fils différents qui sont passés à la trappe, pas un seul.

Je veux bien admettre que mon "la plupart ..." était excessif au vu des références données par Meneau qui a effectué cette patiente recherche pour me contredire, mais cela ne fait pas de moi quelqu'un qui raconte "n'importe quoi" ou qui profère de "pures calomnies" (je trouve cela totalement déplacé de la part de Meneau, d'habitude plus mesuré), car il y a plus qu'un fond de vérité dans ce que j'ai dit, à savoir que des fils sur les abus dans la FSSPX ont été effacés et que le sujet semble sensible sur ce forum.

Vous écrivez : "Ce que je sais, c'est que quand tel est le cas, ce n'est pas par volonté de cacher, mais dans un souci de justice. Il semble que ce soit le cas dans l'exemple que vous avez fait remonter à la surface."

Je ne saisis pas précisément ce que vous voulez dire : dans la lettre de janvier 2016 de l'abbé X. (qui a quitté depuis la FSSPX) il était question de Frédéric Abbet qui a été condamné par la suite en appel par la justice belge à 5 ans de prison en 2017. L'article de C.M où figure cette lettre date du 9/06/2020. A cette date la présomption d'innocence ne pouvait être invoquée au nom du "souci de justice". Et aux dernières nouvelles cet abbé réfugié en Suisse n'a toujours pas effectué sa peine, ce qui est un scandale de plus pour ses victimes. Donc désolé je ne comprends pas très bien ce qui a motivé la modération du fil en question en dehors des protestations d'un liseur ancien modérateur (il ne s'agissait pas de Meneau) qui appelait à couper ce fil et qui a obtenu gain de cause auprès de vous.

Mais puisqu'il est loisible de parler en toute liberté des articles de C. M sur les abus dans la FSSPX, je ne résiste pas à mentionner cet article de janvier dernier écrit par un certain Dr. John Lamont, ancien sympathisant de la FSSPX qui mérite d'être lu, au-delà du rappel des faits, pour son analyse de fond. Je ne l'avais pas relayé malgré son intérêt par tact et auto-censure, mais puisque l'occasion m'en est donnée... On peut évidemment être en désaccord avec certaines de ses analyses, je cite la partie qui me semble significative et peut prêter à une discussion dépassionnée (je n'ai rien, dois-je le dire, contre la FSSPX, et je ne prétends absolument pas maîtriser le sujet, même si j'ai lu quelques ouvrages de Mgr Lefebvre en version liseuse sur la Porte latine). J'ai mis en gras le passage qui me paraît intéressant (qui fera peut-être grincer des dents) :


Je dois dire d'emblée que je suis d'accord en substance avec les positions doctrinales et liturgiques de Mgr Marcel Lefebvre et je pense qu'il a eu raison de fonder la FSSPX pour soutenir ces positions. Je pense qu'il a eu raison de persister quand Rome a tenté de supprimer la FSSPX et je pense qu'il a eu raison de tenir tête au Saint Siège en ordonnant des évêques pour assurer la continuité de son institut. [...]

Ce qui suit est une spéculation à partir des faits disponibles. L'explication que je propose est que l'influence des agresseurs sexuels dans la FSSPX résulte des carences des hommes formés et ordonnés prêtres dans la FSSPX, des carences dont Mgr Lefebvre ne s'est pas protégé et qu'il ne comprenait d'ailleurs pas.

Le rédacteur en chef d'une publication catholique française de renom m'a dit un jour que Mgr Lefebvre avait fait l'erreur de préférer la quantité à la qualité quand il a fondé la Fraternité. C'est exact mais cela nécessite à son tour une explication.

Le point de départ de cette explication est que Mgr Lefebvre semble n'avoir jamais fait l'autopsie de l'Église préconciliaire. Il n'a pas identifié les faiblesses qui ont causé son effondrement si rapide et si radical. Il semble qu'il ait simplement pensé que les systèmes de formation et de théologie préconciliaires étaient les bons et qu'ils avaient été abandonnés à tort à cause de la faiblesse, de la folie ou de la trahison d'une partie de la hiérarchie ecclésiale ; que ce qu'il fallait faire était simplement de restaurer ces systèmes. De fait, il pensait que cette restauration aurait lieu dans des délais raisonnables et que les changements post-concilaires et leurs problèmes ne dureraient pas.

Il semble qu'il ait également surestimé le nombre de catholiques qui adhéraient à sa pensée en matière religieuse par une conviction réelle et mûrie, et qu'il ait été disposé à accepter sans examen critique les hommes qui demandaient à rentrer dans la Fraternité. Un peu comme si ces hommes avaient été des séminaristes des années 1920, une époque où la population catholique attachée aux systèmes et convictions de l'Église préconciliaire était bien plus nombreuse, où les perspectives et le statut offerts aux séminaristes de ce genre étaient bien plus considérables, une époque aussi où les dirigeants de l'Église soutenaient solidement ces systèmes et croyances.

Mgr Lefebvre n'a pas vu que, dans la situation complètement différente où il se trouvait, les hommes qui se présenteraient pour rejoindre son organisation auraient des motivations et des caractères radicalement différents de ceux des séminaristes des années 1920, que leurs professions de foi et leurs engagements découleraient souvent de motifs et de traits de caractère loin d'être idéaux si on grattait sous la surface.

Il n'a pas non plus tenu compte des implications du fait que les sytèmes de formation sacerdotale préconciliaires étaient fondés sur l'inculcation de la conformité et de l'obéissance aveugle. C'est une chose d'adopter un tel système pour former les leaders d'une organisation importante, puissante, qui s'impose comme une force dominante au niveau international. Dans une situation de la sorte il est toujours possible d'attirer des gens sérieux et compétents, qui soient disposés à supporter la formation et en ressortiront à peu près indemnes. Il y a aussi un correctif aux effets d'une telle formation, qui vient du fait que les hauts dirigeants doivent au final exercer des responsabilités importantes.

La pression de ces responsabilités aboutit à un moment donné à sélectionner des hommes de caractère et d'initiative. Mais la situation d'une communauté de taille réduite, marginalisée, méprisée, où les leaders sont formés et sélectionnés pour leur obéissance aveugle et leur conformité au modèle, est très différente. Sociologiquement, ce genre de communauté présente les caractéristiques d'une secte. Par conséquent, les hommes qui postulent comme séminaristes dans une communauté catholique de ce style seront souvent ceux qui ambitionnent d'être les gourous d'une secte. Richard Williamson, que Marcel Lefebvre ordonna à l'épiscopat, est un exemple typique de ce phénomène, mais il y en a eu des tas d'autres.



https://www.churchmilitant.com/news/article/la-fsspx-infiltree-par-des-agresseurs-sexuels
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