Véronique Lévy répond à Anne Soupa qui demandait le siège du Primat des Gaules

Le Forum Catholique

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Eudoxie -  2020-05-29 17:46:40

Véronique Lévy répond à Anne Soupa qui demandait le siège du Primat des Gaules

On m'informe qu'hier, vers midi, Véronique Lévy a répondu par une lettre-ouverte aux ambitions délirantes d'Anne Soupa qui désire devenir archevêque de Lyon. Elle a envoyé ce texte dense, profond, très riche, théologiquement et mystiquement, à Famille Chrétienne; il est aussi publié sur sa page Facebook.


Ma sœur Anne

Cette église que vous accusez d’être le fief d’hommes abuseurs, ivres de leur pouvoir, ne voyez-vous pas que son cœur nucléaire est celui d’une Femme ?

Je viens vous annoncer une heureuse nouvelle, je viens vous chanter mon magnificat, mes pas à l’ombre de ses pas, dans l’élan de celui de Marie… Vous parlez d’enthousiasme, oh quel mot païen, moi je vous parle d’exultation. Oui, mon âme exulte le Seigneur dans une respiration d’amour enveloppant mon corps, toute ma féminité qui, par Lui, et par Lui Seul, ressuscita le 7 avril 2012 en l’Eglise catholique et universelle, dans la nuit de la Vigile Pascale.

En cette Nuit, je suis née sujet, libérée des masques éclatés d’une féminité codée que la civilisation du progrès m’avait fait endosser. Libérée des fragments d’un miroir où je m’étais vidée de mon âme. Morcelée dans le désir des hommes. Anne, je ne suis pas née avec une Hostie dans la bouche et mon lait fut amer… amer d’illusions crevées aux paradoxes d’une République vantant l’égalité pour occulter son rêve uniforme. Uniformité de l’Homme et de la femme, labellisés conformes.

Auparavant, juste avant le seuil, j’étais reine, reine des nuits blanches mais reine de pacotille, sacrée princesse d’un soir ou pour la vie au gré des caprices de mes amants éconduits ou chéris. L’amour charnel était mon artifice, mon arme, ma vocation par défaut d’être. Je revendiquais mes errances ou mes papillonnages comme liberté. Inaliénable. Mon corps m’appartenait, Je me rêvais génération spontanée. Enfin je l e croyais... Mais cette liberté toute relative était fracture de l’unité native, une soumission aux dogmes des marchands stérilisant le cœur et l’âme, séparant la sexualité de l’amour, arrachant le corps à son éternité glorieuse l’auréolant comme une promesse.

C’est au sein de l’Eglise que Le Seigneur me couronna de Son Amour indéfectible. Cette église que vous accusez d’être le fief d’hommes abuseurs, ivres de leur pouvoir, ne voyez-vous pas que son cœur nucléaire est celui d’une Femme ? Au commencement battait ce cœur. Et en ce cœur, le Cœur de Dieu. Il prit Chair de sa chair. De la chair de son cœur. Pour nous rejoindre, nous les femmes, nous les hommes, sous l’hymen inviolé, au sanctuaire de notre conception.

Oui, Anne, les apôtres sont des hommes… on ne peut rien y faire, vous et moi, c’est ainsi… appelés un à un, nommés un à un par le Seigneur … Et ils se dressent ou ils s’écroulent encore, les évêques d’aujourd’hui, colonnes d’argile ou de feu de l’Eglise en marche sillonnant l’Histoire. A la sainte Cène, ce sont toujours des hommes que Jésus institua au sacerdoce pour consacrer l’Unique Sacrifice de Son Corps offert pour le Salut du monde. Les prêtres perpétuent cette Promesse. Nouvelle et éternelle. Oui, Jésus l’a voulu, c’est ainsi.

Mais ne vous en déplaise, Anne, c’est à Marie de Magdala et à elle seule, que Jésus apparut au Jardin du tombeau, Ressuscité d’entre les morts… c’est elle, l’exorcisée des sept démons, qu’Il envoya au devant des apôtres confinés dans la peur, pour qu’elle les relève dans l’Espérance : « Va et annonce à mes frères que je vais vers mon Père et votre Père. »C’est elle, couchée à Ses pieds, L’écoutant dans l’insondable silence de son Adoration, qu’IL caresse de Ses mots : « C’est à toi Marie que revient la meilleure part, elle ne te sera pas enlevée ». Aux portes de Jérusalem, elle oint mystérieusement Sa tête, préfigurant, voilant et dévoilant la sainte Passion du nard de sa piété. Elle a beaucoup pêché mais aimé plus encore, et c’est à elle encore qu’échoit d’oindre le Roi, signifiant par son geste que toutes les royautés s’accomplissent en Celle-ci, éternelle, Qui n’est pas de ce monde mais Qui porte le monde.
Chez Simon le Pharisien, sa chevelure épanchant le parfum de ses larmes, scelle la vocation de l’oraison perpétuelle des moines et des moniales dont elle est la sainte Patronne. Apostolat, oui, de la contemplation. C’est cela sa mission, cachée dans l’ermitage d’une grotte au sommet de la sainte Baume, au creux d’un rocher, telle la colombe du Cantique des Cantiques… Sa vie s’écoule, invisible et nue dans Celle du Dieu d’Amour qui la fit renaître, réparant sa dignité, sa royauté de femme, en Son Pardon.

Mais je sais, Anne, qu’à Jésus vous ne reprochez rien. Dans Ses marches interminables labourant la Judée, la Samarie, la Galilée de Son Verbe semé, Il emportait des femmes. Avec Lui, sur Son Cœur.

L’Eglise aussi, Anne. Ne l’oubliez jamais. Elle proclame Docteurs, fondatrices, martyres ou saintes, des femmes… par myriades de constellations… Des femmes, pauvres ou riches; princesses, paysannes, ouvrières ; vierges, mères, épouses ou veuves ; prostituées ou chastes. N’est-ce pas deux femmes, saintes patronnes de France et pour l’éternité, qui l’enveloppent de l’ardeur de leur foi et de leur charité, d’une armure et d’un voile ? Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus, Docteur et Carmélite et sainte Jeanne, soldat du Seigneur Désarmé des Armées, martyre de Son amour pour que Son règne advienne… Sainte Jeanne dont le cœur bat sous les cendres refroidies de nos compromissions. Oui, le cœur de l’église de France, c’est le coeur d’une vierge… une vierge qui dit oui à l’Archange saint Michel dans les clairières de sa Lorraine natale… La France c’est une Annonciation qui se déploie, du Calvaire à Chinon… de Chinon à toujours.

L’Eglise, vient, Elle vient éternellement, d’au-delà la prédication des apôtres… Elle a jailli d’un Oui, le Oui d’une toute jeune-fille de Nazareth, petite fille obscure dont le Ecce, le Oui et le Magnificat ouvrirent la voie du Ciel. En Elle, avec Elle, l’Humanité traversa l’horizon de la mort et pénétra le voile de la lumière. Cette Lumière Se fit Chair en sa chair.

Il y a deux ans, le saint père proclama que le lundi de Pentecôte serait la fête de Marie, Mère de l’Eglise universelle, signifiant que la vocation de la Femme est, au cœur de cette Eglise des Fins Dernières, celle d’une fécondité surnaturelle : « Nul n’a Dieu pour Père s’il n’a Marie pour Mère. » Anne, le pape François que vous citez en distordant ces paroles, s’est désolé de l’esprit anglican, l’esprit de cléricalisme gangrenant cette vocation des femmes candidates au sacerdoce, et par vous à l’évêché désormais… cet esprit de querelles de pouvoir et de compétitions mesquines, de revendications sexistes qui, sous prétexte d’équité, vise une égalité formatée aux normes du « meilleur des mondes » où l’uniformité fait loi.

Anne, ma sœur Anne, la mission des femmes naît dans l’éternité silencieuse du Verbe incréé, dans la Béatitude joyeuse d’une Enfant sautant à la corde des temps au Brasier Trinitaire. Marie attira de ses Vœux, le Verbe incréé… Quoi de plus fou ? Quelle autre religion affirme cela ? Dieu l’avait déjà choisie dès « la fondation du monde », Sagesse façonnée pour Sa Gloire. Et la Gloire de Dieu, Irénée de Lyon, le saint Primat des Gaulles l’a chanté, c’est l’homme Vivant ! Vif de la Vie Même de l’Eternel, enfanté par la grâce de Marie, en l’Eglise, dont elle est l’icône s’élançant dans un oui sans retour. Elle, genèse de Ce Corps de pierres vivantes… en Elle, tout sacerdoce prend sa source. En Marie, « épouse » in-épousée, « incarnation de l’Esprit Saint. »C’est par cette analogie audacieuse que l’a désignée le père Maximilien Kolbe.

Oui, Anne, le Christianisme fut d’abord pour moi un visage, celui de Marie offrant au Calvaire son Fils martyrisé à une humanité ingrate et pourtant assoiffée. Dieu dit : « Jean, voici ta Mère ; Femme, voici ton fils. » L’Eglise prit son envol dans ce don mutuel et dans l’altérité. Le sacerdoce de Jean se reçut d’une Femme unie si étroitement au Mystère de la Rédemption qu’elle ré-enfanta l’Humanité toute entière. Jusqu’à la fin du monde. « Désormais tous les siècles la diront bienheureuse. »

La Création se retourna comme un gant, Big-bang d’une aube vierge remontant à rebrousse temps vers le Salut. « Ecce ancilla Domini, Seigneur me voici… comme le petit Samuel, J’écoute et je me lève à l’Appel de mon Dieu et mon libérateur. Jadis, au balbutiement du monde, Vous avez tirée Eve du cœur de glaise d’Adam. Désormais je suis cette Femme née de Votre Cœur même. Père, dans la nuit du Calvaire, je vous offre mon fils comme un sceau sur votre cœur… je vous livre Jésus mon Corps, Jésus mon Sang, versé pour la multitude en rémission des péchés… l’Alliance Nouvelle est scellée dans mon Oui à l’Amour Crucifié Qui a vaincu la mort. »

Ce oui absolu, radical, s’élança, plein cap sur l’éternité, par-delà le ciel plombé du Golgotha ! Le voile du Saint des Saint se déchira en son milieu.

Terrassée, la mort ! Dépassés, les rêves de sépulture grandioses de Pharaon préfigurant les chimères trans-humanistes, servant toujours derrière les masques du progrès et de la liberté des femmes, les esclavages les plus indétectables. Renversés de leur trône les puissances maléfiques de ce monde… Ecrasées leurs têtes, par le Oui d’une enfant et d’une mère.

Le nom de cette jeune-fille était Marie.

Dieu créa la Femme et inspira Marie.

Par l’Esprit Saint d’Amour.

Véronique Lévy,
Auteur de Montre moi ton visage, Adoration, et Jésus-Christ ou les robots aux éditions du Cerf.
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