La prière selon Saint François de Sales

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Diafoirus -  2019-07-17 09:57:23

La prière selon Saint François de Sales


La prière selon Saint François de Sales

La prière : une présence :
Parce que la vie chrétienne est aux yeux de François de Sales une vie d'union à Dieu, son secret pour parvenir à la sainteté est de vivre, autant que possible, chaque instant en présence de Dieu. Il n'est donc pas étonnant que la prière soit d'abord placé sous le signe de la présence de Dieu. A une femme qui avait l'impression de rien faire pendant l'oraison, François écrit :
"Vous ne faites rien, ce me dites-vous, en l'oraison. Mais qu'est-ce que vous y voudriez faire sinon ce que vous y faites, qui est de présenter et représenter à Dieu votre néant et votre misère ? C'est la plus belle harangue que nous fasse les mendiants que d'exposer à notre vue leurs ulcères et nécessités. Mais quelquefois encore ne faites-vous rien de tout cela, comme vous me dites, mais vous demeurez là comme un fantôme et une statue. Eh bien, ce n'est pas peu que cela. Dans les palais des princes et des rois, on met des statues qui ne servent qu'à recréer la vue du prince : contentez-vous donc de servir de cela en la présence de Dieu, il animera cette statue quand il lui plaira.
Les arbres ne fructifient que par la présence du soleil, les uns plus tôt et les autres plus tard, les uns toutes les années et les autres de trois en trois, et non pas toujours également. Nous sommes bienheureux de pouvoir demeurer en la présence de Dieu, et contentons-nous qu'elle nous fera porter notre fruit ou tôt ou tard, ou tous les jours ou parfois, selon son bon plaisir auquel nous devons pleinement nous résigner (remettre ou abandonner)"
Lettre à la Présidente Brûlart, mars 1605

La prière est à la portée de tous :

"Voyons maintenant si tous les hommes peuvent prier. Je dis qu'oui, et que pas un ne peut s'excuser de le faire, non pas même les hérétiques. Aussi y eut-il un païen [cf Ac.10] qui fit une oraison si excellente qu'elle mérita d'être présentée devant le trône de la divine Majesté ; et Dieu lui octroya la grâce de lui donner le moyen d'être instruit dans la foi (...). Il est vrai que les grands pécheurs ont beaucoup de difficulté à faire l'oraison (...). Néanmoins, en tant qu'ils sont capables de la grâce, ils peuvent faire oraison. Il n'y a que le diable qui ne la puisse faire, parce qu'il n'y a que lui seul qui soit incapable d'amour.
-Sermon pour le 4ème dimanche de Carême, 29 mars 1615)

« Tous, de quelque condition qu'ils soient, doivent prier et faire oraison, car c'est là où principalement le divin Maître nous parle. Je ne dis pas que nous devons faire autant d'oraison les uns que les autres, car il ne serait pas à propos que ceux qui ont beaucoup d'affaires demeurassent aussi longuement en oraison que les religieux. »
Sermon pour le 2ème dimanche de Carême, 23 février 1614
« Je vous conseille la prière mentale et cordiale, et particulièrement celle qui se fait autour de la vie et Passion de Notre Seigneur : en le regardant souvent par la méditation, toute votre âme se remplira de lui ; vous apprendrez ses contenances (attitudes), et formerez vos actions au modèle des siennes »
(I.V.D. II,1)

La prière : une relation plus qu'une méthode
« Plusieurs se trompe grandement, croyant qu'il faille tant de choses, tant de méthodes pour la bien faire. L'on en voit certains qui sont en un grand empressement afin de rechercher tous les moyens possibles pour trouver un certain art qu'il leur semble nécessaire de savoir pour bien la faire, et ne cesse jamais de subtiliser et pointiller autour de leur oraison pour voir comme ils pourront faire ainsi qu'ils désirent... Je ne dis pas qu'il ne faille se servir des méthodes qui sont marquées ; mais l'on ne doit pas s’attacher et les affecter tellement que nous mettions toute notre confiance en elle (...). Il n'y a qu'une seule chose nécessaire pour bien faire l'oraison, qui est d'avoir notre Seigneur entre nos bras : cela étant, elle est toujours bien faite, de quelque façon que nous nous y prenions.
Sermon du 2 février 1620.


La prière au fil des heures : matin et soir
Le matin comme le soir, la prière salésienne est enracinée dans l'action de grâce. Le matin, François conseille de rendre grâce à Dieu pour l'existence qu'il nous donne, le remercier pour cette grâce d'être là, aujourd’hui en vie .
Remerciez et adorez Dieu profondément pour la grâce qu'il vous a faite de vous avoir conservée la nuit précédente ; et si vous aviez en icelle commis quelque péché, vous lui demanderez pardon. (I.V.D II,10).
Puis il s’agit de regarder la journée qui commence pour la confier au Seigneur, avec ce qui est déjà inscrit dans l'agenda et avec sa part d'inconnu et d'imprévu :
« Voyez que le jour présent vous est donné afin qu'en icelui vous puissiez gagner le jour à venir l'éternité, et ferez un ferme propos de bien employer la journée à cette intention. Prévoyez quelles affaires, quels commerces (relations sociales) et quelles occasions vous pouvez rencontrer cette journée-là pour servir Dieu, et quelles tentations vous pourront survenir pour l'offenser. » (I.V.D II,10).
Quant au soir, il est propice à une reprise de la journée, il permet de regarder de quoi a été faite la journée. C'est le moment de faire mémoire des diverses rencontres et actions de la journée. Ce temps est encore celui de l'action de grâce, mais aussi celui de la demande de pardon :
« Quant à l'examen de conscience qui se doit toujours faire avant qu'aller coucher, chacun sait comme il faut le pratiquer. On remercie Dieu de la conservation qu'il a faite de nous en la journée passée.
On examine comment on s'est comporté en toutes les heures du jour ; et pour faire cela plus aisément, on considérera où; avec qui, et en quelle occupation on a été.
Si l'on trouve d'avoir fait quelque bien, on en fait action de grâce à Dieu ; si au contraire l'on a fait quelque mal, en pensées, en paroles ou en œuvres, on en demande pardon à sa divine Majesté.... Après cela, on recommande à la Providence divine son corps, son âme, l'Église, les parents, les amis... » (I.V.D. II,11).

La prière en tout temps :
« Rappelez le plus souvent que vous pourrez parmi la journée votre esprit en la présence de Dieu...; regardez ce que Dieu fait et ce que vous faites : vous verrez ses yeux tournés de votre côté, et perpétuellement fichés sur vous par un amour incomparable...
Ressouvenez-vous, Philothée, de faire toujours plusieurs retraites en la solitudes de votre cœur, pendant que corporellement vous êtes parmi les conversations et affaires ; et cette solitude mentale ne peut nullement être
empêchée par la multitude de ceux qui vous sont autour, car ils ne sont pas autour de votre cœur, ains autour de votre corps, si que votre cœur demeure lui tout seul en la présence de Dieu seul.
Retirez-donc quelquefois votre esprit dedans votre cœur, où séparé de tous les hommes, vous puissiez traiter cœur à cœur de votre âme avec son Dieu...»
(I.VD. II,12)
« On se retire en Dieu parce qu'on aspire à lui, et on y aspire pour s'y retirer (...). Aspirez donc bien souvent en Dieu, Philothée, par des courts mais ardents élancement de votre cœur : admirez sa beauté, invoquez son aide,
jetez-vous en esprit au pied de la croix, adorez sa bonté... Comme ceux qui sont amoureux d'un amour humain et naturel ont presque toujours leurs pensées tournées du côté de la chose aimée, leur cœur plein d'affection envers elle, leur bouche remplie de ses louanges, et qu'en son absence, ils ne perdent point d'occasion de témoigner leurs passions par lettres, et ne trouvent point d'arbre sur l'écorce duquel ils n'écrivent le nom de ce qu'ils aiment ; ainsi ceux qui aiment Dieu ne peuvent cesser de penser en lui, respirer pour lui, aspirer à lui et parler de lui, et voudraient, s'il était possible, graver sur la poitrine de toutes les personnes du monde le saint et sacré nom de Jésus. » (I.V.D. II,13)

La prière : une affaire de persévérance
Lorsque surviennent les sécheresses et le manque de goût, François de Sales conseille de rester en paix et de ne pas se troubler.
« Si après tout cela vous n'êtes point consolées, pour grande que soit votre sécheresse, ne vous troublez point, mais continuez à vous tenir en une contenance dévote devant Dieu. » (I.V.D II,9) « »Tenez pour règle que la grâce de la méditation ne se peut gagner par aucun effort d'esprit, mais il faut que ce soit une douce et bien affectionnée persévérance pleine d'humilité. »
Lettre à Madame Bourgeois, Abbesse du Puits-d'Orbe, 22 novembre 1604

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