Mais ce n'est pas cela, le courant qui a transformé l'Eglise...

Le Forum Catholique

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Scrutator Sapientiæ -  2019-03-23 09:50:41

Mais ce n'est pas cela, le courant qui a transformé l'Eglise...

Bonjour et merci, Aigle.

Le courant réformateur, plus libéral que radical, qui a non seulement essayé, mais aussi réussi à transformer PRESQUE entièrement l'Eglise, au moment et au moyen du Concile, mais aussi et surtout en aval de Vatican II, n'est certainement pas allé au-delà de ce qu'ont voulu les papes et les évêques concernés, puisqu'il a été, hier, et puisqu'il est, encore aujourd'hui, le courant de pensée et d'action de la plupart d'entre eux...

Ce courant réformateur a été, hier, et est, encore aujourd'hui, majoritaire, et non minoritaire. En un sens, il n'a été minoritaire que sous Pie XII, dans la mesure où il n'a eu pratiquement presque aucune importance, ou, en tout cas, presque aucune influence, avant son apparition, dans les dernières années du pontificat de Pie XI, et dans la mesure où c'est seulement à partir de 1945 qu'il a commencé à se déployer, en quelque sorte, à ciel ouvert.

Et ce courant réformateur n'a pas du tout été avant tout d'inspiration marxiste, mais a été avant tout

- d'inspiration philosophique allemande, idéaliste et/ou immanentiste, puis inter-subjectiviste et/ou phénoménologiste, MAIS CERTES PAS MATERIALISTE,

- d'inspiration théologique protestante libérale, "catholicisée", dès le XIX° siècle, notamment par l'intermédiaire de Möhler, puis, au XX° siècle, notamment par l'intermédiaire de Congar.

Vous semblez faire allusion à un autre courant de pensée, non réformateur, mais révolutionnaire, qui a tenté de tirer parti du Concile et de l'après-Concile pour aller dans une autre direction (et non plus loin et plus vite, dans la même direction), ce qui a débouché sur les composantes radicales, effectivement marxisantes, de la théologie de la libération, mais cet autre courant de pensée ne peut être comparé et ne doit pas être confondu avec le courant de pensée réformateur dont je parle ci-dessus.

En d'autres termes, ce n'est pas parce que le courant révolutionnaire a échoué que le courant réformateur n'a pas réussi, en ce qui le concerne, à provoquer la (quasi) mutation de l'Eglise catholique dont je parle, notamment en prenant appui sur de l'habileté et sur de la modération, dans les années 1980 et 1990, pour installer cette mutation dans la durée, parce que si ce courant réformateur avait continué à brutaliser les fidèles comme il l'a fait dans les années 1960-1970, cette mutation aurait provoqué davantage de réactions négatives, ou davantage de résistances.

Nous sommes aujourd'hui en présence de clercs qui ont longtemps cru que ce positionnement, réformateur en profondeur, et non uniquement rénovateur en surface, allait finir par donner du fruit, et pouvait leur permettre de continuer à "composer", le plus possible, presque indéfiniment, avec d'autres courants, pour sauvegarder "l'unité".

Mais de nos jours les mêmes clercs commencent enfin à comprendre que leur positionnement n'a pas donné les fruits escomptés et que ce positionnement démantèle, dénature, fragilise ou neutralise presque totalement le système de défense immunitaire de l'Eglise catholique.

Donc, en fait, à mon avis, le désarroi de ces clercs découle avant tout du fait qu'ils ont à la fois gagné et perdu, puisque leur courant de pensée a été victorieux, hier, et est infructueux, aujourd'hui.

Or, ils veulent bien déplorer, prendre conscience des conséquences, mais ne veulent pas dénoncer, remettre en cause les origines de cette relative "infructuosité".

Merci beaucoup pour toute réflexion ou remarque et bonne journée.

Scrutator.
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