Nicolas Ier et Pie XII

Le Forum Catholique

Imprimer le Fil Complet

Réginald -  2015-10-01 07:26:31

Nicolas Ier et Pie XII

Voilà un cas typique où, comme pour la liberté religieuse, le magistère a progressivement pris conscience des droits de la personne. Je m'en tiens pour ma part à ce qu'enseignent les Papes Pie XII et Nicolas Ier


Cf. le discours de Pie XII au congrès international de droit pénal du 3 octobre 1953



L’instruction judiciaire doit exclure la torture physique et psychique et la narco-analyse, d’abord parce qu’elles lèsent un droit naturel, même si l’accusé est réellement coupable, et puis parce que trop souvent elles donnent des résultats erronés. Il n’est pas rare qu’elles aboutissent exactement aux aveux souhaités par le tribunal et à la perte de l’accusé, non parce que celui-ci est coupable en fait, mais parce que son énergie physique et psychique est épuisée et qu’il est prêt à faire toutes les déclarations que l’on voudra : « Plutôt la prison et la mort que pareille torture physique et psychique ! » De cet état de choses Nous trouvons d’abondantes preuves dans les procès spectaculaires bien connus avec leurs aveux, leurs auto-accusations et leurs requêtes d’un châtiment impitoyable.

Il y a 1100 ans environ, en 866, le grand Pape Nicolas Ier répondait de la manière suivante à l’une des demandes d’un peuple qui venait d’entrer en contact avec le christianisme :

Si un voleur ou un brigand est pris et nie ce qu’on lui impute, vous affirmez chez vous que le juge doit lui rouer la tête de coups et lui percer les côtés avec des pointes de fer jusqu’à ce qu’il dise la vérité. Cela, ni la loi divine ni la loi humaine ne l’admettent : l’aveu ne doit pas être forcé, mais spontané ; il ne faut pas qu’il soit extorqué, mais volontaire ; enfin s’il arrive qu’après avoir infligé ces peines, vous ne découvrez absolument rien de ce dont on charge l’inculpé, ne rougissez-vous donc pas, à ce moment du moins, et ne reconnaissez-vous pas combien votre jugement fut impie ? De même, si l’inculpé ne pouvant supporter de telles tortures, avoue des crimes qu’il n’a pas commis, qui, je vous le demande, porte la responsabilité d’une telle impiété, sinon celui qui l’a contraint à pareil aveu mensonger ? Bien plus, on le sait, si quelqu’un profère des lèvres ce qu’il n’a pas dans l’esprit, il n’avoue pas mais il parle. Renoncez donc à ces choses et maudissez du fond du cœur ce que, jusqu’à présent, vous avez eu la folie de pratiquer ; en effet, quel fruit avez-vous retiré de ce dont vous rougissez maintenant ?

Qui ne souhaiterait que, durant le long intervalle écoulé depuis lors, la justice ne se soit jamais écartée de cette règle ! Qu’il faille aujourd’hui rappeler cet avertissement donné voici 1100 ans, est un triste signe des égarements de la pratique judiciaire au vingtième siècle.



http://www.leforumcatholique.org/message.php?num=788093