Je vous rejoins en grande partie

Le Forum Catholique

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Lycobates -  2014-09-04 00:33:28

Je vous rejoins en grande partie

cher Eucher, même si Veterum sapientia, le très élégant, très rhétorique, très émouvant et très superflu lapis sepulcralis Latinitatis ecclesiasticae n'a pour moi, vous en soupçonnez les raisons, qu'une valeur purement documentaire.

Il est vrai, comme vous dites, que la Curie, au moins depuis Saint-Pie X, s'est efforcée d'imposer, non vi sed saepe monendo, l'utilisation de la prononciation italienne (ou "romaine", ou "ecclésiastique") pour la liturgie.
En vain.
En Allemagne et en Espagne (deux exemples que je connais assez bien depuis avant la Réforme, même si j'étais petit) on a toujours prononcé en liturgie à l'allemande (j'avoue que c'est plutôt affreux, pour des non-Allemands, mais avec Tacite je vous demanderai quis Germaniam peteret, nisi si patria sit ?) et à l'espagnole. En Angleterre, tempore non suspecto, on avait un peu les deux (l'anglaise, quite funny, et l'ecclésiastique, quite funny too), mais je n'en ai pas eu beaucoup d'expérience personnelle.
Après l'effondrement des années 60/70, ce n'est que la FSSPX (en France et ailleurs) et les adeptes de l'Eglise Affligée et plus récemment encore, ceux du MoRtuo Proprio qui utilisent la prononciation à l'italienne, mais je vous rassure que cette prononciation est absolutely unbearable si ce n'est de la bouche d'un Italien de souche (et là c'est un vrai régal), même si je suis d'accord en principe, qu'une certaine uniformisation serait souhaitable. Ce fut le but de la Curie, bien compréhensible, somme toute, mais sans aboutir.

Dans le domaine "profane" (universités, écoles) depuis le congrès du Latin Vivant d'Avignon de 1956, la prononciation restituée s'est imposée peu à peu, elle est scientifiquement (voir p.ex. W. Sidney Allen, Vox latina) avérée (pour le grec aussi, par ailleurs, Vox graeca du même auteur, n'en déplaise aux Grecs), et c'est un bonne chose, surtout si on l'utilise à l'oral pour l'intercompréhension.

Mais comme vous dites, on s'habitue vite aux accents divers, et personnellement j'oscille pour le latin entre trois prononciations: l'allemande (avec quelques petits vieux), l'italienne (en liturgie et quand je prie) et la restituée (dans les cercles latins et autres, avec des plus jeunes en général, et dans le monde académique).
D'ailleurs le cercle de Paris dont vous parlez, est-ce celui de l'Amicitia catholica (défunt je le crains et je le déplore) ou celui (plus jeune) qui se réunit au collège des Irlandais ? Je connais les deux, mais cela fait quelque temps que j'ai pu y participer.

Pour le grec, j'aime bien la prononciation moderne, pour le grec moderne, forcément, mais aussi pour les Pères et la liturgie (c'est obligatoire), même s'il est parfaitement possible de parler ἀττικιστί, fluidement et sans texte, comme le faisait (délicieux souvenir !) à Heidelberg le professeur Görgemanns : θαῦμα ἰδέσθαι.
Un autre de mes professeurs, a trifle dotty diraient mes amis de Londres, mais un byzantinologue renommé (éditeur de Maxime le Confesseur), se plaisait à nous dicter, en examen (il n'y avait pas d'internet, ni d'ordinateurs et la secrétaire ne tapait pas le grec), un texte de Platon utilisant la prononciation itaciste des hellénistes et des Byzantins.
Ce fut l'hécatombe, vous vous en doutez !
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