Règles pour "sentir avec l'Eglise"

Le Forum Catholique

Imprimer le Fil Complet

Pline -  2011-06-14 14:59:03

Règles pour "sentir avec l'Eglise"

Voici le texte, un peu long, je le reconnais, de Saint Ignace de Loyola, dans les exercices spirituels.


352 Règles à suivre pour ne nous écarter jamais des véritables sentiments que nous devons avoir dans l'Église militante.

353 Première règle. Renoncer à tout jugement propre et se tenir prêt à obéir promptement à la véritable Épouse de Jésus-Christ, notre Seigneur, c'est-à-dire à la sainte Église hiérarchique, notre Mère.

354 Deuxième règle. Louer la confession sacramentelle, la réception du très saint sacrement de l'Eucharistie au moins une fois dans l'année, beaucoup plus tous les mois, et plus encore chaque semaine, avec les dispositions requises et convenables.

355 Troisième règle. Louer l'usage d'entendre souvent la sainte Messe; louer de même les chants ecclésiastiques, la psalmodie et les prières, même prolongées, dans l'église ou dans tout autre lieu convenable. Approuver la détermination de certaines heures pour la célébration de l'Office divin, pour la récitation des Heures canoniales et de toute autre prière.

356 Quatrième règle. Louer beaucoup les ordres religieux, la virginité et la continence et ne pas louer autant le mariage.

357 Cinquième règle. Louer les voeux de religion, d'obéissance, de pauvreté, de chasteté, et les autres par lesquels on s'oblige à des oeuvres de surérogation et de perfection. Or, il est à remarquer que le voeu ayant essentiellement pour matière les choses qui se rapprochent davantage de la perfection évangélique, on ne doit pas faire voeu de ce qui s'en éloigne, comme d'entrer dans le commerce ou de s'engager dans le mariage.

358 Sixième règle. Louer l'usage de prier les Saints et de vénérer leurs reliques; louer les stations, les pèlerinages, les indulgences, les jubilés, les faveurs spirituelles accordées par les souverains Pontifes dans l'intention d'obtenir de Dieu le triomphe de l'Église sur les infidèles, l'usage de brûler des cierges dans nos temples.

359 Septième règle. Louer les lois de l'Église relativement aux jeûnes et aux abstinences du Carême, des Quatre-Temps, des Vigiles, du vendredi et du samedi; louer aussi les pénitences, non seulement intérieures, mais encore extérieures.

360 Huitième règle. Louer le zèle pour la construction et l'ornement des églises; louer de même l'usage des tableaux et des statues et les vénérer en vue des objets qu'ils représentent.

361 Neuvième règle. Louer enfin tous les préceptes de l'Église, et être toujours prêt à chercher des raisons pour les justifier et les défendre, et jamais pour les condamner ou les blâmer.

362 Dixième règle. Nous devons être plus portés à approuver et à louer les règlements, les recommandations et la conduite de nos supérieurs qu'à les blâmer: car, supposé que quelques-unes de leurs dispositions ne soient pas, ou puissent ne pas être dignes d'éloges, il est toujours vrai, à raison des murmures et du scandale, qu'il y a plus d'inconvénients que d'utilité à les condamner, soit en prêchant en public, soit en parlant devant le bas peuple; ce qui l'irriterait contre ses supérieurs temporels ou spirituels. Cependant, comme il est dangereux de parler mal des supérieurs en leur absence devant le peuple, ainsi peut-il être utile de manifester l'irrégularité de leur conduite aux personnes mêmes qui ont le pouvoir d'y porter remède.

363 Onzième règle. Louer la théologie positive et scolastique; car, comme c'est particulièrement le propre des Docteurs positifs, tels que saint Jérôme, saint Augustin, saint Grégoire et les autres, d'exciter les affections et de porter les hommes à aimer et à servir de tout leur pouvoir Dieu, notre Seigneur; ainsi le but principal des Scolastiques, tels que saint Thomas, saint Bonaventure, le Maître des Sentences et ceux qui les ont suivis, est de définir et d'expliquer, selon le besoin des temps modernes, les choses nécessaires au salut éternel, d'attaquer et de manifester clairement toutes les erreurs et les faux raisonnements des ennemis de l'Église. En effet, plus récents que les premiers, non seulement ils se servent avantageusement de l'intelligence de la sainte Écriture et des écrits des saints Docteurs positifs; mais éclairés et enseignés eux-mêmes par la vertu divine, ils s'aident encore, pour notre instruction, des Conciles, des canons et des constitutions de notre Mère la sainte Église.

364 Douzième règle. Évitons de faire des comparaisons entre les personnes encore vivantes et les Saints qui sont dans le Ciel; car on est grandement exposé à se tromper en ce point. Gardons-nous donc de dire: Cet homme est plus savant que saint Augustin; celui-ci est un autre saint François, s'il ne le surpasse; celui-là est un autre saint Paul en vertu, en sainteté, etc.

365 Treizième règle. Pour ne nous écarter en rien de la vérité, nous devons toujours être disposés à croire que ce qui nous paraît blanc est noir, si l'Église hiérarchique le décide ainsi. Car il faut croire qu'entre Jésus-Christ, notre Seigneur, qui est l'Époux, et l'Église, qui est son Épouse, il n'y a qu'un même Esprit qui nous gouverne et nous dirige pour le salut de nos âmes, et que c'est par le même Esprit et le même Seigneur qui donna les dix commandements qu'est dirigée et gouvernée notre Mère la sainte Église.

366 Quatorzième règle. Quoiqu'il soit très vrai que personne ne puisse se sauver sans être prédestiné et sans avoir la foi et la grâce, il faut s'observer beaucoup dans la manière de parler et de discourir sur ce sujet.

367 Quinzième règle. Nous ne devons parler ni beaucoup ni souvent de la prédestination; mais si on en dit parfois quelque chose, que l'on évite de donner au peuple l'occasion de tomber dans quelque erreur et de lui faire dire ce que l'on entend quelquefois: Si je dois être damné ou sauvé, c'est une affaire déjà décidée; mes actions bonnes ou mauvaises ne feront pas qu'il en arrive autrement. Et, sur ce raisonnement, on tombe dans l'indolence, et on néglige les oeuvres utiles au profit de l'âme et nécessaires au salut.

368 Seizième règle. Il faut également prendre garde qu'à force de parler sans explication et sans distinction de l'excellence et de la vertu de la foi, on ne donne occasion au peuple de devenir négligent et paresseux pour les bonnes oeuvres, soit avant la conversion, lorsque la foi n'est pas encore animée par la charité, soit après.

369 Dix-septième règle. Ne nous arrêtons pas et n'insistons pas tellement sur l'efficacité de la grâce, que nous fassions naître dans les coeurs le poison de l'erreur qui nie la liberté. Il est permis sans doute de parler de la foi et de la grâce, autant qu'il est possible avec le secours divin, pour la plus grande louange de la divine Majesté; mais non de telle manière, surtout en des temps si difficiles, que les oeuvres et le libre arbitre en reçoivent quelque préjudice, ou soient regardés, celui-ci comme un vain mot, et celles-là comme inutiles.

370 Dix-huitième règle. Bien que nous devions surtout désirer que les hommes servent Dieu, notre Seigneur, par le motif du pur amour, nous devons cependant louer beaucoup la crainte de la divine Majesté; car, non seulement la crainte filiale est pieuse et très sainte, mais la crainte servile même, lorsque l'homme ne s'élève pas à quelque chose de meilleur et de plus utile, l'aide beaucoup à sortir du péché mortel; et, lorsqu'il en est sorti, il parvient facilement à la crainte filiale, qui est tout agréable et chère à Dieu, parce qu'elle est inséparablement unie à son amour.



http://www.leforumcatholique.org/message.php?num=598690