Il est vrai que dès qu'on met son nez dans la Bible, ce n'est en réalité jamais simple (d'une certaine façon, être chrétien, c'est ne pas vouloir la simplicité intellectuelle : ce qui est vrai de la Bible l'est également du dogme, de la liturgie et probablement aussi de la morale). Le cas d'Esther est l'un des plus complexes, au nom des diverses traditions qui sous-tendent ce livre (mais cette complexité peut se retrouver dans des points de détail, y compris dans le Nouveau Testament).
Pour comprendre ce qu'ont fait les éditeurs des Bibles, il est toujours utile de lire les introductions. Voici ce qu'on lit dans la Nova Vulgata à propos d'Esther (Praenotanda Vetus Testamentum) :
"Liber ESTHER in Ecclesia legitur secundum duas formas canonicas. Textus Hebraicus a s. Hieronymo translatus exstat in editione Vulgata in Est 1, 1 - 10, 3. Textus Graecus non est simplex versio, sed retractatio libri Hebraici, largiter aucta et etiam partim transformata. Partes, quae in libro Hebraico desunt, s. Hieronymus addidit post versionem textus Hebraici (in Vulgata 10, 4 - 16, 24). Editio Graeca condicioni Iudaeorum in diaspora degentium aptata est, ut apparet in transformato decreto regio Mardochaei (8, 12 et 8, 12u-cc = Vulgata 16, 17-24). Huic mutationi congruit in versione Vetere Latina textus Graeci omissio pugnae (9, 1-2.5-19). In hac omissione et aliis lectionibus variantibus, in quibus distat a textu manu scriptis Graecis tradito, versio Vetus Latina textum Graecum primigenium conservavit."
La note se poursuit en précisant des questions venues des différentes versions grecques (car ce serait trop simple s'il n'y en avait qu'une seule).
La phrase importante est en faite la première : puisqu'il existe deux formes canoniques du livre d'Esther, on ne peut pas en imposer une plutôt que l'autre. Les versets qui comportent des lettres (de type 1a, 17y, etc.) correspondent à la traduction latine des versets présents en grec, mais absents en hébreu (c'est l'usage à chaque fois que le cas se présente, par exemple en Jr, en Dn). Mais si vous lisez dans la Vulgate de saint Jérôme, les additions grecques sont regroupées à la fin.
Encore une fois, cela demande un peu de précision, mais l'exercice de l'intelligence va jusque-là (l'articulation des deux natures du Christ ou la compréhension des détails de la liturgie demandent une précision analogue) : à titre personnel, il me paraît souhaitable que le chrétien lambda, comme vous dites, fasse un peu cette expérience. Dans un premier temps, c'est un petit peu déstabilisant ; mais à l'usage, ça permet un véritable approfondissement de sa vie spirituelle
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