La nouvelle première ministre italienne, Giorgia Meloni, a exposé mardi les objectifs politiques de son gouvernement, rejetant les critiques nationales et étrangères qui craignent que sa politique d'extrême droite ne sape l'unité européenne ou les droits civils des citoyens italiens.


© AP Photo/Alessandra Tarantino

Dans un discours devant la Chambre des députés inférieure du Parlement, Meloni a critiqué l'Union européenne pour ne pas toujours être prête à relever des défis, notamment la crise énergétique dramatique qui menace maintenant les ménages et les entreprises.

Mais elle a promis que son gouvernement de coalition, qui comprend des alliés de droite et de centre-droit, resterait fidèle aux accords de l'UE tout en travaillant à des changements à certains d'entre eux, y compris sur la stabilité monétaire.

« Poser ces questions ne signifie pas être un ennemi ou un hérétique, mais une personne pratique », a déclaré Meloni dans un discours de 70 minutes avant un vote de confiance requis de tous les nouveaux gouvernements.

Au début de son discours, elle a réfuté les critiques, y compris celles des gouvernements étrangers, qui ont déclaré qu'ils garderaient un œil "vigilant" sur le premier gouvernement d'extrême droite de l'Italie depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale.

De telles attitudes équivalent à "un manque de respect pour le peuple italien, qui n'a pas besoin de leçons", a déclaré Meloni.

Avec ses principaux alliés, le chef de la Ligue anti-migrants Matteo Salvini et l'ancien Premier ministre conservateur Silvio Berlusconi, la coalition de Meloni peut obtenir suffisamment de soutien dans les deux chambres du Parlement italien pour gagner les votes de confiance et se mettre au travail.

La Chambre des députés doit voter mardi soir et le Sénat mercredi.

Meloni, 45 ans, a exprimé ses craintes en devenant la première femme à gouverner l'Italie et a reconnu le poids de cette responsabilité dans l'équilibre entre la famille et le travail.

Elle a exprimé sa détermination à « briser le lourd plafond de verre qui est sur nos têtes ».

Meloni a égrené les noms des femmes en Italie connues pour leurs grandes réalisations (y compris une politicienne communiste qui a été la première femme à être élue présidente de la Chambre des députés), une astronaute et une scientifique lauréate du prix Nobel, entre autres.

Dans le débat qui a suivi le discours du premier ministre, une cheffe de l'opposition, Debora Serracchiani (Parti Démocrate), a mis Meloni au défi de lutter contre "les inégalités et la pauvreté, qui ont besoin d'interventions immédiates et non de propagande idéologique avec laquelle votre gouvernement est né et fait ses premiers pas".

La première ministre a confirmé son engagement de campagne à apporter son soutien à l'Ukraine dans sa défense contre l'invasion de la Russie. Berlusconi et Salvini admirent depuis longtemps le président russe Vladimir Poutine et ont exprimé leur scepticisme quant à l'efficacité des sanctions occidentales sévères contre Moscou.


© AP Photo/Alessandra Tarantino

Meloni a également cherché à apaiser les craintes des détracteurs selon lesquelles son gouvernement défaireait la loi italienne sur le droit à l'avortement, affirmant que son gouvernement de centre-droit "ne limitera jamais la liberté des citoyens".

Pour stimuler le taux de natalité de l'Italie, l'un des plus faibles au monde, les villes et les villages devraient exploiter des garderies et des écoles maternelles gratuites qui restent ouvertes pendant les heures d'ouverture et de magasin, a-t-elle déclaré.

« Nous avons besoin d'un plan massif, économique mais aussi culturel, pour redécouvrir la beauté de la parentalité et remettre la famille au centre de la société », a déclaré Meloni. Elle a dénoncé ce qu'elle appelle « l'idéologie LGBT ».

Meloni a été harcelée par des critiques qui disent qu'elle n'a pas condamné sans ambiguïté le fascisme. Brothers of Italy, qu'elle a cofondé en 2012, a des racines dans un parti d'extrême droite fondé par des nostalgiques pour le dictateur Benito Mussolini du XXe siècle.

« Je n'ai jamais ressenti de sympathie ou de proximité pour un régime antidémocratique, y compris le fascisme », a déclaré Meloni aux législateurs de la Chambre des députés. Elle a dénoncé les lois racistes de Mussolini de 1938, qui persécutaient la petite communauté juive italienne comme "le point le plus bas de l'histoire italienne".

Des centaines de migrants qui ont sauvé des navires de charité des bateaux en détresse des passeurs dans le centre de la Méditerranée ces derniers jours attendent la permission des autorités de descendre dans les ports italiens.

« La devise de ce gouvernement sera : « Ne dérangez pas ceux qui veulent faire quelque chose », a déclaré Meloni. Elle a déclaré que l'Italie avait besoin de "moins de bureaucratie, moins de règles", une recette qui, selon elle, aidera à lutter contre la corruption.

Les règles de l'UE stipulent que la dette globale de l'Italie, qui s'élève maintenant à 150 % du produit intérieur brut, doit évoluer vers 60 %. Mais Meloni a insisté sur le fait que "la voie de la réduction de la dette n'est pas l'austérité du passé" mais une croissance économique structurée.

Au milieu de la pandémie de COVID-19, l'UE a permis aux pays membres de prendre des marges de manœuvre pour atteindre leurs objectifs de dette.

Avec Associated Press

Soutenir le Forum Catholique dans son entretien, c'est possible. Soit à l'aide d'un virement mensuel soit par le biais d'un soutien ponctuel. Rendez-vous sur la page dédiée en cliquant ici. D'avance, merci !