Il n’ignorait pas qu’en tout lieu de la terre on trouve le royaume des cieux, et croyait que partout la grâce divine est accordée aux élus de Dieu, mais il savait aussi que Sainte-Marie de Portioncule était plein d’une grâce plus abondante, et visitée fréquemment par les esprits célestes. Aussi disait-il souvent à ses frères : « Voyez, mes fils, à, ne jamais abandonner ce couvent. Si l’on vous chasse par une porte, rentrez par l’autre, car cet endroit est vraiment saint : c’est l’habitation de Dieu. C’est ici qu’au temps où nous étions peu nombreux Dieu nous multiplia ; ici il alluma le foyer de sa sagesse dans le cœur de ses pauvres, ici il enflamma nos volontés du feu de son amour. Celui qui priera ici d’un cœur dévot, sera exaucé, et celui qui y péchera sera plus sévèrement puni. Aussi, mes fils, traitez avec tout l’honneur qu’il mérite ce lieu où Dieu habite, et de tout votre cœur glorifiez-Le par des chants d’allégresse et de louanges. »

(...) Une autre fois, à Sainte-Marie de la Portioncule, se rendant compte que le fruit de la prière se perdait par des paroles oiseuses, l’homme de Dieu prescrivit ce remède contre le flux des paroles inutiles ; « Tout frère qui aura proféré une parole oiseuse ou inutile sera tenu de s’en accuser aussitôt et de réciter pour chacune d’elle un "Pater Noster". Si le frère s’est aperçu lui-même de sa faute, il dira pour son âme le "Pater Noster", s’il a été repris d’abord par un autre frère, il appliquera cette prière à l’âme de celui qui l’aura repris. »

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