Encore un entretien bien trop court, mais toujours intelligent avec le recul de l'historien des XIXe-XXe s.

C'est autre chose que les bulletins quotidiens d'un prince ou d'un ancien nonce...

G. Cuchet a raison de parler de la filière tarie des petits-séminaires, et j'ai souvent dit ici que je ne confierais pas en 2022 mes garçons à une telle institution, serait-elle de très bon niveau. La FSSPX n'en a pas pour des gamins qui sortiraient du primaire, c'est dire. Et je n'ai cependant rien contre les vocations précoces avant le bac + 3 obligatoire ou le BTS.

Il est question du nombre des vocations, tant chez les prêtres que chez les religieuses que l'on a trop tendance à oublier.
Je pense aussi souvent aux gouvernantes de prêtres, souvent de saintes femmes, qui n'ont pas laissé de sources et qui, je crois, ont toutes disparues en France de nos jours (et pourquoi donc ?!).

Extrait, pour que vous achetiez la presse :

Le nombre de catholiques pratiquants en France aujourd’hui est faible (6,6 % des Français, selon l’Ifop). À l’aune du rapport général de la société française à la religion catholique, n’est-ce pas un nombre important ?

On est plus près de 2 % que de 6 % ou 7 % en réalité, et le Covid ou la crise des abus sexuels n’ont rien arrangé. Par rapport aux années 1960, le déclin est très marqué. À l’époque, 25 % des adultes allaient à la messe tous les dimanches, avec des variations de 0 à 100 dans les campagnes et de 5 à 55 dans les villes. Il reste que chaque dimanche, plusieurs centaines de milliers de personnes vont à la messe dans ce pays et que peu d’associations ou de partis
peuvent en dire autant, sans parler de sa capacité à organiser de grands rassemblements. Bref, nous ne sommes pas au bout de cette histoire.

La femme qui interroge l'universitaire ne pose pas les mêmes questions que si elle était à La Croix, c'est évident.

Il est aussi question de la vocation qui ne peut être documentée par l'historien. Nos prêtres ordonnés avant les années 60 n'avaient pas toujours le choix : petit-séminaire, direction grand-séminaire pour faire plaisir à Dieu et à ta grand-mère. Et les parents payaient les études ! Même les plus pauvres. Une famille paysanne vendéenne avec neuf enfants trouvait qu'avoir un fils curé de campagne était aussi une promotion sociale et un rendu à Dieu, outre les deux religieuses chez les filles. De nos jours, la promotion sociale... Vivre dans un presbytère mal équipé et laid, avec des confrères qui cuisinent mal ou ne partagent pas les mêmes idées... Puis partir au bout de six ou neuf ans...

Concernant la chute de l'entretien que je vous ai proposée, je dirais à M. Cuchet qu'elle n'est pas très digne de lui... Le lecteur du Figaro n'a pas besoin d'être pris pour un ravi de la crèche, il ne l'est que trop par ce journal quand il est question du gouvernement et du président.
L'histoire du christianisme en Algérie et en Israël n'est pas non plus finie... Ni en Islande !
Quand un diocèse n'est plus capable que d'avoir 20 prêtres du cru, cela s'appelle un vicariat apostolique. Et quand des synthèses prétendent représenter tout le monde, et qu'elles exigent des changements radicaux touchant même la messe emmerdante de Paul VI (c'est ce qui est souvent dit, presque en ces termes), on est dans le grand n'importe quoi (pour ceux qui avaient encore des doutes).

A l'installation du nouvel évêque dans tant de diocèses, je propose à la pastorale de la liturgie (sic) de ne pas se casser la tête et de faire chanter au début cette chanson d'Adjani, accompagnée du tam-tam et de la guitare : "j'ai touché l'fond de la piscine"... Dans le catholicisme, toucher le fond ne sert pas à rebondir vers le haut dans une saine réaction, mais à creuser toujours plus profond.

J'attends, quand G. Cuchet aura le recul (mais à mon avis il l'a déjà), qu'on l'interroge sur les synthèses synodales, leur mode de propagande, la pertinence de les avoir organisées, la docilité du corps épiscopal et des prêtres... Comme historien, il ne peut pas ne pas faire la leçon au pape et aux évêques qui ont laissé appeler cela "synode", pour commencer.

Il faudrait que Philippe Maxence organise deux heures de discussion sur ces sujets entre L Perrin, G. Cuchet, l'abbé Berthe, Paul Airiau, ... Bref, des personnes très bien formées et indépendantes de la CEF ou du lectorat âgé de La Croix. Des hommes libres, qui lisent et qui travaillent chaque jour depuis quarante ans ou presque, qui voient ce qu'on voit.
Mon compatriote Diderot a écrit une lettre sur les aveugles. Ce genre de texte s'adressait déjà aux catholiques...
A quinze jours près, il aurait fini chanoine de Langres par résignation de son oncle. A quoi tenait une vocation canoniale autrefois !

Allez sur youtube, on ne compte pas les délicieuses conférences de Guillaume Cuchet (et XA veut bien mettre sur le FC de la réclame pour ses livres), qui a souvent l'oeil qui frise. Il est aussi bel homme (plusieurs femmes au goût certain me l'ont confirmé), ce qui nous change de certains sociologues ou universitaires de gauche, de certaines journalistes.

GC dit même des choses très désagréables à entendre dans les murs de facultés catholiques à Louvain et à Angers : il va contre la doxa et s'en est même pris au chanoine Boulard qui s'est autocensuré pour ne pas annoncer les mauvaises nouvelles aux pères conciliaires (la Wilhelmstraße faisait la même chose en 44 et encore en janvier 45 pour les Allemands à l'est de l'Oder... : Meneau et Pétrarque, vous pouvez me remercier !). GC le dit d'un ton aussi bien badin que professoral. Il ne doit pas le faire avec une mauvaise intention, mais c'est délicieux à entendre quand même... Même dans la FSSPX, on sait que tout ne s'est pas effondré avec le concile, y compris pour les vocations. Et on ne répétera jamais assez que tout l'épiscopat qui voulut tant changer les choses, était le produit de tout ce qu'ils ont voulu renier. C'est encore plus choquant et inimaginable dans le clergé régulier, surtout les monastères. Je voudrais lire là-dessus, mais cela ne court pas les rues et il y a toujours le problème des sources, des choses qui n'ont pas laissé de traces.

Pessimiste donc lucide sur la nature des hommes, singulièrement du clergé, particulièrement des évêques dans leur grande majorité (sauf Mgr Rougé et quelques autres tout de même...), je crois que Guillaume Cuchet n'est pas lu dans ces milieux, et pourtant c'est que l'on fait de mieux. Et on doit lire aussi des périodes autres que celle qui nous affecte et nous afflige. Au lieu de faire une réunion (avez-vous regardé les agendas épiscopaux ?) et de toujours sortir de son diocèse, bloquer trois heures chaque soir à lire. Un évêque va bientôt sortir un ouvrage sur l'emblématique de ses prédécesseurs. Comme curé de cathédrale, il avait déjà organisé une exposition sur l'héraldique des évêques de son diocèse. Laudato si !

Un évêque pourrait aussi inviter ce genre d'universitaires ou de prêtres docteurs devant leur presbyterium associé aux diacres. Tu parles, Charles !

Qui a lu depuis sa sortie le dernier recueil d'articles de G. Cuchet ? Pour en discuter et pour faire un sondage... Je crains le pire.
Le P. Wintzer l'a lu et en propose même des extraits sur le site de son diocèse. Ce n'est donc pas une critique du livre, mais c'est mieux que rien (je ne crois pas que les sites diocésains soient lus et du moindre intérêt).

Il y a pourtant dans son recueil un article, en particulier, tordant et bien vu sur la mode du running (sic). La nouvelle religion du dimanche. Il est de bon ton de faire la réclame de la course cycliste du clergé ou de montrer des séminaristes jouer au foot (parfois même en soutane au mépris de l'hygiène, comme autrefois).
Les comptes rendus de GC parfois trouvables en ligne sont toujours instructifs, avec une pointe d'ironie bien appréciable en ces temps d'anomie et de wokisme jusque dans l'Eglise.

Photo qui montre que ce jour-là, en ce lieu, il y avait du "lourd".
Ce ne sont pas Bernie, Isabelle et Denis.
Vox clamantis au moins aura reconnu le lieu et deux de ses confrères.
Et Sic transit, notre président.

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