Le premier est « Le Linceul de Jésus de Nazareth, cinquième évangile », de Dominique Daguet, aux éditions du Sarment. C’est un livre riche, fouillé, documenté (je pense que la masse des notes de bas de page est supérieure à celle du texte proprement dit). L'auteur est un apologiste passionné. J'ai eu l'occasion de l'entendre, il s'emporte, il pleure quand il évoque les supplices du Christ. C'est donc le livre d'un convaincu, il suffit de lire la 4ème de couverture pour le comprendre : « Ce qui compte, c’est la voix, c’est la passion qui emporte ce livre », « … il va devant, non comme bon lui semble, mais emporté par une nécessaire et inhabituelle fougue dans laquelle la véhémence fait place à l’admiration ». C’est un livre parfait donc pour qui est convaincu comme lui, je le considère moi-même comme le meilleur sur ce sujet, mais j’hésiterais à le recommander à qui est sceptique ou cherche une étude objective, scientifique. J’ai pour ma part regretté un travers qu’il partage avec beaucoup de défenseurs de l’authenticité : sa tendance à accueillir parfois sans trop de discernement tout argument du moment qu’il va dans son sens. Du moins ne s’en cache-t-il pas : « Il se peut qu’auteur de ce livre, je fasse parfois preuve d’imprudence : la somme des informations abordées est si considérable qu’une erreur d’interprétation ou de présentation reste possible… »
À noter, le livre est vendu avec un CD de documents et d’images.

Le second est en un sens à l’opposé, il s’agit de « Le clé des songes – Dialogue avec le Bon Dieu », d’Alexandre Grothendieck. Alexandre Grothendieck est certainement le plus grand mathématicien de l’après-guerre, en tout cas le plus créatif et le plus fécond. Au début des années 70, il se retire complétement du monde et vit une expérience d’écologie radicale dans le goût de ce qui se faisait à cette époque. Bon, je me demande si c’est la meilleure façon de présenter Grothendieck, mais ce n’est pas grave. Toute sa vie a été marquée par une recherche de la Vérité, recherche sans compromis, en un certain sens extrême, parfois douloureuse. C’est un mystique à sa façon. Il était par exemple fasciné par Marthe Robin (oui, Marthe Robin, je sais…). Il croyait en Dieu, mais pas en l’Église. Grothendieck était un contemplatif. Il pensait que les preuves fatiguent la vérité. Pour prouver un théorème ardu, il construisait tout autour un édifice, véritable cathédrale de pensée, en haut duquel les preuves devenaient presque superflues, le théorème se laissait contempler. Ainsi pensait-il de toute chose spirituelle ; je ne lui aurais pas fait lire le bouquin de Daguet, même si je pense qu’il aurait été touché par le Saint Suaire, Grothendieck pleurait quand il lisait les évangiles de la Passion. Dans son livre, « La clé des songes – Dialogue avec le Bon Dieu », il évoque sa relation à Dieu. Il est convaincu que Dieu parle par les rêves, il L’appelle « Le Rêveur », non celui qui rêve mais celui qui fait rêver. Totalement à l’opposé de ma sensibilité mais intéressant. Moi, je ne me souviens jamais de mes rêves… En outre, Grothendieck écrit très bien et le livre n’est pas épais.

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