"Le rôle du pape est de veiller à l’unité de l’Église. Très tôt dans l’histoire, le propre de la liturgie romaine a été son caractère unifié et unificateur: on célèbre comme célèbre l’évêque de Rome. Depuis saint Pie V, il n’y a jamais eu deux formes du rite romain. Il s’agit là d’une nouveauté qui est apparue après le Concile Vatican II car certains ont refusé la réforme liturgique.
Dans cette perspective, si Benoît XVI avait reconnu une forme «ordinaire» et une forme «extraordinaire» du rite romain c’était dans un souci d’unité, mais avec une condition importante: la nécessité pour tous de reconnaître la validité et la sainteté de la messe de Paul VI.
De fait, cette condition n’a, dans certains cas, pas été respectée. Le risque était donc de voir apparaître deux Églises parallèles. C’est pour préserver l’unité de l’Église que le pape François est intervenu. On ne peut, en effet, être catholique et refuser la mise en œuvre de Vatican II qu’est la réforme de la liturgie voulue par ce Concile. La sensibilité personnelle en matière liturgique ne peut primer sur l’obéissance à l’autorité du magistère."
Nous sommes à l'ère covidiste donc le principe du "plus c'est gros, mieux ça passe" s'applique mais j'attendais beaucoup mieux d'un frère, dominicain certes, mais qui est assez cultivé pour savoir qu'il énonce quelques raccourcis maladroits voire malhonnêtes.
a) d'abord on ouvre par une vision papimane de l'Église et, cerise sur le gâteau, qui rétrécit "l'Église" à la seule Église latine et celle-ci à la seule Église selon l'unique rit romain.
Le Frère veut-il la mort des rits orientaux, l'extermination des rits latins non romains ? Pourtant la Constitution liturgique récuse précisément la vision caporalisante et du tout-romain qu'invoque ici notre religieux mal avisé.
b) à l'heure de la "synodalité" et après l'intronisation de la Pachamama au Vatican, il est quand un peu osé de nous faire de l'ecclésiologie à la dom Guéranger ou du "fordisme" ecclésial si je puis dire. Unité serait uniformité, je ne veux voir qu'une seule tête et une seule coupe de cheveux...
Allons le Fr. Henry prend un peu son lectorat pour vraiment benêt et ignorant car je sais bien que lui est parfaitement au fait que sa vision ne colle avec rien.
c) diantre dans quelle univers parallèle vit notre bon frère s'il a déjà vu en France, en Afrique aux Amériques, qu'on célèbre comme célèbre l'évêque de Rome ? Moi qui vit sur terre, j'ai vu autant de célébrations N.O.M. que de prêtres et de communautés, pas une pratiquement qui soit identique à l'autre, pour le meilleur (en Afrique, à Solesmes ...) ou pour le pire (la liste est longue). Un même prêtre peut célébrer très différemment suivant le groupe de fidèles présents.
Le frère nous sert l'argument purement rhétorique servi depuis les années 1970 aux traditionalistes et qui n'a rigoureusement aucune bonne foi car la diversité extrême que j'observe est connue de tous, René Rémond l'évoque dans un ouvrage de synthèse, et pour le coup les néo-liturges les plus attachés au missel romain ordinaire portent cette diversité au pinacle.
Et non cher frère, la liturgie - c'est écrit tant dans Sacrosanctum Concilium que dans Summorum Pontificum - n'est pas qu'une sensibilité personnelle, là aussi un argument sorti du congélateur des années 1970 et mis presto au micro-ondes pour servir chaud en 2022.
Par ailleurs, son frère dans l'Ordre dominicain, Yves Congar n'avait jamais soulevé de tels artifices oratoires et admettait en son temps la légitimité du droit au missel romain traditionnel, droit rappelé - constaté - par Benoît XVI.
C'est une régression au discours des années 1970-1980 comme le Motu proprio lui-même. Dommage.
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