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tenue vestimentaire à la messe : enfin un débat posé
par Cristo 2021-05-06 13:11:13
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La Lettre tue, mais l'Esprit vivifie

Nous portons à la connaissance de nos lecteurs le texte d’un de nos collaborateurs,
M. Ovide Triol, la réaction de Cécile et la réponse qui lui est faite. Ces échanges datent de
plusieurs années, mais incitent à réfléchir sur la modestie chrétienne...


A la bénédiction des cendres, la Sainte Eglise reprend un passage du prophète Joël : « nous
avons changé d’habit, nous avons revêtu la cendre et le cilice ». Pour exprimer clairement
leurs profonds sentiments de pénitence, les juifs avaient modifié leur tenue.
Certes, Dieu se préoccupe d’abord du fond des cœurs. Mais son souci n’exclut pas l’aspect
visible. Ainsi quand il renvoie nos premiers parents du paradis terrestre, leur procure-t-il
lui-même de quoi les vêtir.
L’apparence est le reflet d’un état d’âme. Même en ce début dissolvant d’un siècle qui
s’annonce plein de scandales, on ne voit pas dans nos églises des statues de la Vierge
Marie en mini-jupe ou caleçon long, ni des tableaux du Christ habillé en « baba-cool »... Le
respect et la vénération que la civilisation chrétienne nous a légués s’oppose avec violence
à de telles représentations et c’est tout juste si on ose les imaginer. Pourtant, il s’agit
seulement d’êtres inanimés qui désignent l’objet véritable de nos adorations.
Que faudrait-il dire des chrétiens en état de grâce, dont la vie est celle de Dieu lui-même,
qui, par une inexplicable contradiction, ne la respecte pas dans leur habillement ? Bien
plus, comment s’expliquer que viennent recevoir leur Créateur et Maître souverain des
hommes mal rasés, habillés de manière négligée, portant la boucle d’oreilles, et préférant le
tee-shirt, le jean et les savates de sport au veston et à la cravate ? Comment comprendre
que, devant leur Dieu caché sous l’humble apparence d’un peu de pain, certaines
continuent à attirer l’attention par des tenues trop courtes ou somptueuses et s’obstinent à
étaler cet ornement de la chevelure que l’étiquette en usage à la cour du Christ-Roi leur
demande de cacher ?
S’adressant aux fidèles de Corinthe, saint Paul écrivait que notre esprit, c’est-à-dire notre
mentalité, donne vie à la loi qu’il nous est demandé d’accomplir : « la lettre tue, mais
l’esprit vivifie » (2 Cor. 3, 6). Quel esprit engendre-t-il donc ces tenues ? Il est possible
qu’elles ne soient inspirées ni par la négligence ou la vanité, ni par l’indépendance ou
l’insoumission, ni par le désir de la provocation ou de mauvaises intentions. Sont-elles
pour autant une expression parfaite et adéquate de l’esprit de dévotion, de la modestie, du
respect et de la foi ? Pour plagier un proverbe bien connu, l’habit ne fait pas le bon
chrétien ; mais il est sûr qu’il y contribue.
La sainteté ne consiste évidemment pas essentiellement dans des détails vestimentaires.
Cependant, il n’y a aucun doute que l’accomplissement fidèle de ces détails ou son
abstention facilite ou entrave grandement notre progrès vers la perfection. Notre Seigneur
en personne réclame de chacun la fidélité dans les petites choses : « celui qui est fidèle
dans les petites choses l’est aussi dans les grandes » (Luc 16, 10). La période annuelle du
Carême qui vient de prendre fin nous a rappelé à ce devoir. Ayons à cœur de l’accomplir
aujourd’hui généreusement. Afin d’assurer la pérennité dans les efforts effectués en ce
domaine, chacun, sans blesser la charité, pourrait en famille examiner son prochain : avant
le départ à la Messe, les parents vérifieraient la tenue de leurs enfants, le mari celle de son
épouse, les sœurs celle de leurs frères, et vice versa.
Ainsi le christianisme ne sera plus seulement un simple sujet de conversation mondaine,
mais une réalité vécue dans le concret de la vie quotidienne.

Ovide Triol.


Dieu est-il islamiste ?

« La lettre tue... » : au nom du Coran, cette vérité nous frappe tous les jours, comme une gifle.
Quelle chance, quelle joie, quel honneur d’être une femme catholique ! Quelle chance, quelle
joie, quel honneur de pouvoir lire et étudier nos textes saints, puisque Dieu m’a donné de naître
à un siècle où mon Église me reconnaît le droit d’avoir une âme, le droit de m’approcher de la
Parole du Christ !
Et pourtant... Lorsque j’entends, de la bouche de mes frères ou, plus récemment, sous leur
plume, les accents d’une froide suspicion, je craindrais presque de douter. Lorsqu’un ami
américain, ancien séminariste, m’a déclaré cet été : « Ton intelligence, c’est ta croix », j’ai
contesté violemment cette façon de bafouer le don le plus précieux du Créateur. Aujourd’hui,
sous la plume d’« Ovide Triol », il me semble que la lettre blesse, à défaut de tuer.
Il y est question de tenues, d’ornements, de cheveux et de barbes. Ne sachant pas où l’auteur a
bien pu observer dans nos assemblées des hommes arborant la boucle d’oreille, le catogan ou la
barbe façon Gainsbourg, je n’y répondrai qu’en tant que fidèle au féminin.
Notre Seigneur n’a pas, comme dans l’Ancien Testament, énoncé de longs traités sur l’éphod
des prêtres ou l’impureté des femmes. L’impure de l’Évangile, celle que tous se montraient du
doigt, est justement celle-là qui, venant jeter aux pieds du Christ les charmes qui plaisaient aux
hommes, a présenté sa chevelure en offrande, en essuyant les larmes dont elle les arrosait. Jésus
s’est-il offusqué à la vue de ces cheveux ? L’a-t-il chassée de la maison du Pharisien, lui
ordonnant de revenir voilée pour offrir son hommage ? Qui donc étaient ceux qui hurlaient au
scandale ? Ceux-là même à qui le Christ a déclaré que ce n’étaient pas les aliments qui étaient
impurs, mais les paroles qui sortent du cœur de l’homme... Regrettons-nous déjà les
613 interdits des Juifs, nous qui savons que Dieu nous lit à livre ouvert et croyons en la
« circoncision du cœur »? Et qui peut se dire assez saint pour jeter la pierre à sa sœur ?
Saint Paul, répondant aux chrétiens de Corinthe en mal de lois, écrivait : « Si donc une femme
ne met pas de voile, alors qu’elle se coupe les cheveux ! Mais si c’est une honte pour une
femme d’avoir les cheveux coupés ou tondus, qu’elle mette un voile » (1 Cor. 11, 6).
Allons-nous ergoter sur la longueur adéquate des cheveux des paroissiennes, ou envisager la tonte et
les perruques, comme pour les femmes juives des communautés hassidiques ? Pourquoi
reprendre à notre compte des questions et des réponses de temps quasi-archaïques, en
définissant la chevelure féminine comme un « ornement » ? Quel rapport y -a-t-il entre une telle
vision des choses et notre identité de Chrétiens d’Occident ? Allons-nous, demain, soutenir avec
les islamistes que la chevelure des femmes est une forme de nudité, et que la moindre partie de
leur corps est provocante ? De quelle révélation « Ovide Triol » tient-il sa connaissance de
l’étiquette en vigueur à la Cour du Christ-Roi? Ou bien sont-ce nos hommes qui, ainsi que chez
les Arabes et les Juifs, se sentent troublés ou obsédés par nos boucles ou nos baguettes de
tambour, nos tignasses ou nos pauvres queues de rat ? Faudra-t-il nous mettre alors au balcon,
comme les Juives, ou nous parquer derrière une cloison comme les Musulmanes ? Cela est bon
pour les sectaires de l’Opus Dei !
Et si le Christ, barbu aux cheveux longs tel que nous Le vénérons et Le voyons sur l’image du
Saint-Suaire de Turin, venait dans nos églises, aurait-ll à soutenir des regards réprobateurs, sous
prétexte que l’Apôtre a écrit : « La nature elle-même ne vous enseigne-t-elle pas que c’est une
honte pour l’homme de porter les cheveux longs, tandis que c’est une gloire pour la femme de
les porter ainsi ?» (1 Cor. 11, 14-15) ?
De grâce, ne nous persuadez pas que vous êtes vraiment intégristes ! Ne nous affirmez pas que
nous gagnerons en sainteté en nous déguisant en paysannes bosniaques pour suivre le Saint
Sacrifice de la messe, ainsi qu’on nous l’impose en certains endroits dans un esprit
d’humiliation plus que de charité... Depuis l’enfance, j’essuie avanies et sarcasmes parce que
j’aime le Christ. À l’école, à l’université, mes camarades me reprochent « ce petit cadavre qui
pend à ton cou »... C’est aussi ma fierté, que je n’exhibe pas pour autant. A la haine de mes
frères et sœurs du monde, s’ajoutera-t-il le mépris de mes frères et sœurs dans l’Église ? De
quel droit me jugera-t-on au tribunal du paraître ? Quand je vais communier, c’est avec le
recueillement au cœur, les yeux baissés parce que j’ai le cœur battant. Si, pour certains de mes
frères, ce moment de mystère et d’intime joie revêt le caractère d’une revue de détail, j’aime
autant ne pas les voir et que ma joie demeure...
Cher «Ovide Triol», si nous commençons à mettre en doute les intentions des cœurs de nos
frères et sœurs à cause de leur apparence, jusqu’à quels extrêmes n’irons-nous pas ? Allons-nous
faire entre nous la police religieuse, comme les Saoudis, les Iraniens, les Afghans ?
Savez-vous que ces dernières années, en Algérie, des islamistes — bons musulmans, soucieux de la
pureté de leur saint Ramadan ! — ont défiguré au vitriol des jeunes filles croisées sans foulard
dans la rue ? Il est des noms de plume qui vous serrent le cœur.
Si l’homme ne connaît que les uniformes, Dieu, qui est notre Père, voit les cœurs. J’ai choisi
mon camp !

Cécile, normalienne, agrégée d’anglais, catholique traditionnelle depuis toujours.
Banlieue de Marrakech.



Ovide Triol répond

Très Cher Père,

Heureuse invention que le fax ! Etant en voyage d’affaires, j’ai reçu, grâce à la diligence de
mon épouse, la réponse incriminant mon article.
Votre lectrice s’insurge contre les obligations vestimentaires imposées, dans les églises, aux
personnes de l’un et l’autre sexe et s’interroge sur le fanatisme, sous-jacent à mon
propos : « Dieu est-il islamiste ? » Je vous laisse le soin de la rassurer sur ce point, désolé, à
dire vrai, qu’elle ait aussi mal perçu ma prose. Nous vivons aujourd’hui dans une société où
certains mots ont valeur d’injures, où certaines phrases frappent de plein fouet des sensibilités à
fleur de peau, empêchant le travail calme et serein de la raison et engendrant les contre-sens.
Votre correspondante a raison d’écrire que « Notre Seigneur n’a pas, comme dans l’Ancien
Testament, énoncé de longs traités sur l’éphod des prêtres ou l’impureté des femmes. » Pour ma
part, je ne regrette pas non plus « les 613 interdits des Juifs », je sais que « Dieu nous lit à livre
ouvert » et je crois « en la circoncision du cœur ». Il me semblait d’ailleurs l’avoir clairement
exprimé dans mon article...
Il est très juste également que Jésus Christ a fondé une religion essentiellement spirituelle et
qu’il cherche des adorateurs en esprit et en vérité. Cependant, conformément à la nature
humaine composée d’un corps et d’une âme, il a voulu aussi que son Eglise soit visible. En
conséquence, elle est gouvernée par des hommes qui ont reçu le pouvoir d’édicter, en fonction
des circonstances, les règles favorisant l’accomplissement le plus parfait du Service divin.
« L’étiquette en usage à la cour du Christ Roi » dépend donc de la volonté de ceux qui
représentent Jésus ici-bas. A défaut d’en comprendre les raisons profondes, chacun est tenu de
la respecter, parce que l’obéissance dans les petites choses plaît souverainement à Dieu.
Mais, dans la longue lettre de votre lectrice se cache surtout un paradoxe. Elle présente la tenue
des arabes comme l’expression d’une société archaïque et dépassée. Assis sur les marches
d’une casbah de cette banlieue marocaine d’où je vous adresse ces lignes, je me prends à rêver à
la conversion de ce peuple, égaré dans l’Islam. Devenues catholiques, ces femmes, voilées de la
tête au pied, devront-elles se déshabiller et présenter, jusqu’à la table de communion, leurs
précieux avantages ? Ne serait-ce pas un comble d’avouer que la modestie chrétienne raccourcit
les atours, et par le haut, et par le bas ? Mon intention n’est pas pour autant de dénigrer la
culture occidentale dans son fonds catholique, mais de dénoncer sa dérive maçonnique avec ses
absurdes prétentions féministes.
Vous assurant de ma fidèle collaboration à votre œuvre au service de notre Mère la Sainte
Eglise, je vous prie de recevoir, Très Cher Père, l’expression déférente de mon respectueux
souvenir.
Ovide Triol.


source : A Crucetta ("Bulletin de la Tradition Catholique en Corse"), mai-juin 2021

     

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