... au vu des détails d'un rapport de plusieurs centaines de pages.
En 2000, McCarrick, alors évêque de Metuchen (New Jersey) est pressenti pour le siège prestigieux de Washington. Il est considéré comme un pasteur exceptionnellement doué, un infatigable serviteur de l’Eglise. Les recommandations d’autres prélats sont unanimes en sa faveur, sauf le cardinal O’Connor qui évoque des allégations, non vérifiées d’attitudes « familières » de McCarrick avec de jeunes prêtres ou séminaristes (partage de chambre ou de lit) et des accusations d’un prêtre ayant été témoins d’actes de McCarrick avec un autre prêtre. L’accusateur est considéré comme peu crédible et voulant nuire à McCarrick. Pourtant Jean-Paul II, qui connaissait les qualités de McCarrick, juge malgré plus prudent de ne pas le choisir pour Washington. Il finit par changer d’avis, notamment suite les dénégations de McCarrick lui-même, reconnaissant certaines attitudes imprudentes du passé mais affirmant solennellement n’avoir jamais eu de relations sexuelles avec qui que ce soit. McCarrick devient donc archevêque de Washington puis cardinal. Généralement parlant, il est considéré par les autorités de l’Eglise que l’enfance orpheline de McCarrick l’a fait adopter une famille « étendue » de personnes très proches qu’il a toujours considérées comme des cousins, neveux et à qui il aura toujours montré une attitude familière et plutôt paternaliste (« Uncle Ted ») qu’il aura prolongée avec ses propres séminaristes.
Quelques années plus tard, c’est Benoît XVI qui, tout en étant conscient des allégations passées, sur recommandation du nonce prolonge McCarrick, qui avait atteint l’âge, à Washington pour deux ans supplémentaires, pour changer d’avis rapidement sur des accusations qui refont surface. Il quitte donc le siège de Washington, remplacé par Mgr Wuerl, essentiellement dans un souci de prudence vis-à-vis des médias.
Le nonce, Mgr Sambi, en concertation notamment avec le cardinal Re, en plein accord avec Benoît XVI, fait alors appel à la conscience de McCarrick pour le restreindre dans ses voyages et apparitions publiques. Il ne s’agit pas de sanctions, mais de simples restrictions, les allégations restant improuvées, et aucun fait n’étant remonté depuis plus de 20 ans. McCarrick se soumet, plus ou moins de bon cœur, à ces restrictions.
La situation dure ainsi plusieurs années. Certaines restrictions sont même, dans les faits, allégées pendant ce pontificat. Vers la fin du pontificat de Benoît XVI, de nouvelles accusations sont portées contre McCarrick. Mgr Vigano, qui a succédé à Mgr Sambi comme nonce, à qui le cardinal Ouellet demande de procéder à une enquête plus approfondie, ne semble pas agir. Les accusateurs sont non seulement jugés peu crédibles voire pire. La situation en reste là, notamment vu le grand âge de McCarrick (il a 82 ans en 2012).
Lorsque François devient Pape en 2013, une courte entrevue se passe entre le pape et Mgr Vigano au cours de laquelle le cas McCarrick est rapidement évoqué. La recension que fait aujourd’hui Mgr Vigano de cette entrevue est très différente de ce qu’en dit François. Toujours est-il que c’est statu quo : restriction maintenue mais sans plus. Ce n’est qu’en 2017 qu’arrive la première accusation contre McCarrick impliquant un mineur. François agit alors immédiatement, McCarrick perd son cardinalat et est réduit à l’état laïc.
En 2018, Mgr Vigano écrit sa lettre osant demander la renonciation de François. Ce dernier demande une investigation poussée, d’où le long et exhaustif rapport qui vient d’être produit.
Ion
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