Lu dans la Lettre de Nouvelles de la Fraternité St Pierre à Lyon :
Chers fidèles,
Dimanche, nous entrerons dans le temps de la Septuagésime. Quel est donc le sens et l’importance de ce temps liturgique, très antique, qui a été supprimé dans la nouvelle liturgie, et que nous continuons pourtant à célébrer dans la forme extraordinaire comme le font aussi les orientaux ?
Ce que veut dire Septuagésime ?
Ce mot d'origine latine signifie soixante-dix et, comme Sexagésime (soixante) et Quinquagésime (cinquante), il exprime la dizaine précédant Pâques au cours de laquelle tombe le dimanche de ce nom. Le temps de la Septuagésime, composé de trois semaines, est donc la période qui précède le début du Carême. Avec ce temps débute le cycle de Pâques.
Quelle est la signification de ce temps ?
C'est un temps qui nous introduit au Carême et commence à nous préparer à Pâques. Il nous remet en présence des grandes vérités qui dominent toute l'œuvre de notre salut - le péché et ses conséquences -, pour aviver en nous l'esprit de pénitence et de réparation, ainsi qu'une profonde confiance en Dieu.
Comment la liturgie nous prépare-t-elle ?
Aux messes : les épîtres de saint Paul nous exhortent à la fidélité et à l'effort, ainsi qu'à la charité ; les évangiles nous rappellent que la rédemption s'étend à tous les âges (parabole des ouvriers de la vigne) à tout homme qui s’ouvre à la parole deDieu (parabole du semeur), et qu’elle nous fait passer des ténèbres à la lumière (guérison de l’aveugle de Jéricho, qui suit l’annonce de la Passion).
Quelle est l'origine de ce temps ?
La Septuagésime remonte aux VIe et VIIe siècles, alors que Rome et l'Italie étaient sans cesse menacées par les invasions barbares, la peste et la famine. Les textes des messes reflètent ce temps d'angoisse et d'incertitude, et nous invitent à prendre conscience d'un autre danger, plus grave encore, celui du péché.
Quelles sont les particularités liturgiques de ce temps ?
Les ministres sacrés revêtent des ornements violets, et les chants de joie que sont le Gloria et l'alléluia sont supprimés. La suppression totale de l’alléluia est riche de signification. On compare en effet le temps de la Septuagésime aux soixante-dix ans de captivité du peuple juif à Babylone : l’alléluia, un chant du ciel, est suspendu pendant ce temps, parce que depuis le péché d'Adam nous sommes en exil à Babylone, image de la vie terrestre, loin de la Jérusalem céleste, et nous faisons nôtre cette parole du psaume 136 : Comment chanterons-nous le cantique du Seigneur sur une terre étrangère ?
Quelle grâce particulière demander en ce temps ?
La lumière intérieure sur notre condition de pécheurs, notre besoin de la grâce de Dieu pour nous relever. Sans tristesse ni désespoir. Bien au contraire ! Nous devons aimer cette pauvreté : c'est notre richesse ! Nous pouvons ainsi tout espérer de la divine miséricorde.
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