De Jean Mercier (La Vie) :

Il fallait s’y attendre. Le célibat sacerdotal sera, de toute évidence, la victime collatérale de l’incurie de l’Eglise catholique sur les questions des abus sexuels des prêtres. En 2010, alors que l’Eglise belge était en pleine tempête à ce propos, Mgr De Kesel, actuel archevêque de Malines-Bruxelles, suggérait l’ordination d’hommes mariés comme une solution à ce problème. Il s'exprime à nouveau sur le sujet (http://www.la-croix.com/…/On-ne-peut-exiger-le-celibat-de-t…). Comme je l’ai expliqué dans mon livre (Célibat des prêtres, la discipline de l’Eglise va t-elle changer ?), envisager d’ordonner des hommes mariés pour éviter les désordres sexuels des célibataires ou pallier la pénurie des vocations sacerdotales est une fausse bonne idée, qui méconnaît d'ailleurs presque toujours les problèmes spécifiques liés à un clergé marié, qui ne sont pas minces. Mais je comprends que cette “solution” vienne à l’esprit. D’autant plus si l’on considère le manque de crédibilité de l’institution quand elle prétend réagir face aux abus sexuels du clergé, comme l’a bien écrit Jean-Pierre Denis http://www.lavie.fr/…/pedophilie-veut-on-en-finir-03-05-201…
En dépit d’une communication réalisée dans la panique, les évêques restent globalement dans le déni. Qu’en est-il de leur action en ce qui concerne les abus commis sur des mineurs de 15 à 18 ans (ce n’est pas considéré stricto sensu comme de la pédophilie), alors que les statistiques du Vatican ont montré que la plupart des abus concernent l’éphébophilie, soit l’une des sous catégorie des homosexualités masculines ? Ce problème spécifique de l'homosexualité cléricale est un véritable tabou. Qu’en est-il de l'action de l'Eglise face aux abus sexuels commis sur des adultes par des prêtres qui usent de leur autorité spirituelle ? Sur tout cela, c’est le grand silence. Cette incurie et ce déni fabriquent autant de (nombreuses) bombes à retardement. Une grande majorité de catholiques, dont je fais partie, estiment que des prêtres qui se sont rendus coupables d’actes peccamineux sur une longue période et de manière répétée doivent être démis de l’état clérical, même s’il n’ont pas abusé de mineurs, parce que cela discrédite totalement leur autorité spirituelle. L'Eglise devrait créer pour eux un Ordre spécifique de pénitents où ils pourraient servir le corps de l'Eglise par la prière et la pénitence (il ne s'agit pas de les exclure du Corps, mais de leur offrir une autre vocation plus adaptée, tout en les aidant à dépasser les conséquences de leurs actes par des soins appropriés et diligents). On a bien "déprêtrisé" des dizaines de milliers de prêtres parce qu'ils se mariaient... ! Sans ce courage et ce refus du déni, le trésor que représente le célibat sacerdotal (en termes de fruits spirituels pour l'Eglise) connaîtra une fin aussi tragique qu’injuste. Injuste, car la discipline du célibat n’est nullement à l'origine de ces abus, même si elle a pu servir de paravent à la perversion qui se trouve toujours à la racine de abus sexuels des prêtres.

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